Aller au contenu

Marie-Élisabeth Cons-Boutboul

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Marie-Élisabeth Cons-Boutboul
Meurtrière
Information
Nom de naissance Marie-Élisabeth Cons
Naissance
à Orléans (France)
Décès (à 96 ans)
Blois (France)
Condamnation
Sentence 15 ans de réclusion criminelle
Actions criminelles Assassinat
Victimes 2 : Jacques Perrot et Bruno Dassac
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Île-de-France
Ville Paris
Arrestation

Marie-Élisabeth Cons, épouse Boutboul, née le à Orléans et morte le à Blois[1], est une criminelle française. Ancienne avocate radiée de l'Ordre des avocats pour escroquerie et mère de la jockey Darie Boutboul, elle a été condamnée le pour avoir commandité le meurtre de son gendre, l'avocat Jacques Perrot, en 1985.

Née à Orléans le , Marie-Élisabeth Cons est la fille aînée d’un père premier clerc de notaire et d’une mère au foyer, catholique très pratiquante[2]. Elle est élevée très strictement. Son père veut qu'elle soit magistrate alors qu'elle préfère le piano et la composition musicale. Elle déclarera avoir échoué volontairement, par deux fois, au concours de la magistrature et qu'elle se voyait plutôt avocat pour, dit-elle « défendre la veuve et l’orphelin »[réf. nécessaire]. Néanmoins, son cursus universitaire est correct : licence en droit et CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat) en , DES de droit romain et d'histoire du droit, thèse et doctorat en droit en [réf. nécessaire]… Entre-temps, elle a prêté serment d'avocat devant la cour d'appel de Paris le . Les choses deviendront un peu plus complexes sur son exercice de la profession d’avocat : pas d’adresse professionnelle, pas d’inscription à la CARPA (Caisse de règlement professionnel des avocats), pas de traces non plus de dossiers dans lesquels elle serait intervenue[3].

Vie familiale

[modifier | modifier le code]

Arrivée à Paris, Marie-Élisabeth Cons s'éprend, à la fin des années 1950, d'un dentiste juif tunisien, le docteur Robert-Nessim Boutboul, avec lequel elle aura une fille, Darie Boutboul. Tous deux désireux de mener leur propre vie respective, ils se sépareront peu après. Par souci de convenances sociales et d'un commun accord, la séparation est maquillée en décès du docteur Boutboul[4].

Rencontre avec Jacques Perrot

[modifier | modifier le code]

En 1982 Darie Boutboul fait la connaissance sur les champs de course de Jacques Perrot, avocat et ami de Laurent Fabius (ils se sont connus sur les bancs du lycée Janson-de-Sailly) ; Darie étant enceinte de leur fils, Adrien, le mariage a lieu rapidement en 1982, Laurent Fabius sera d'ailleurs le témoin du marié.

Concernant la radiation de sa belle-mère, Jacques Perrot découvre très rapidement, en se faisant recevoir par le bâtonnier de l'ordre des avocats à la Cour d'appel de Paris, que celle-ci, contrairement à ce qu'elle affirmait jusqu'alors, n'était plus avocate depuis plusieurs années, ayant été radiée de l'ordre en , pour des faits de corruption et de détournements de fonds.

En effet, saisie en sa qualité d'avocate, à la fin des années 1960, par la Société des Missions étrangères de Paris d'un dossier relatif à un contentieux opposant l'Ordre à des organismes africains, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul fait durer la procédure de telle sorte que celle-ci, de report en report, dure une dizaine d'années. Elle n'omet cependant pas de facturer ses honoraires aux prêtres missionnaires qui, en dix ans, lui verseront plus de dix millions de francs de l'époque, sur ses comptes numérotés en Suisse[4].

Ne s'apercevant de la supercherie qu'en , l'ordre des Missions étrangères, soucieux de ne pas éventer l'affaire, se contente de demander la radiation de Maître Cons-Boutboul, obtenue en .

Jacques Perrot souhaite se séparer de Darie et obtenir un divorce à l'amiable assorti de la garde alternée de son fils Adrien. Le , après une audience de non-conciliation, le juge confie la garde d'Adrien à Darie, mais il obtient un droit de visite libre et l'interdiction de sortie du territoire pour son fils. Fort de toutes ces découvertes sur la mystérieuse vie de sa belle-mère, il prend rendez-vous avec elle le , pensant pouvoir faire pression, en menaçant de tout révéler à Darie s'il n'obtient pas de revoir Adrien[5].

Le meurtre de Jacques Perrot

[modifier | modifier le code]

Le rendez-vous n'aura jamais lieu car, le soir du , Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, après avoir « fixé » son gendre au 29, avenue Georges-Mandel où il réside, dans le 16e arrondissement de Paris, dans l'appartement de ses parents depuis qu'il est séparé de sa femme, décommande le dîner au dernier moment[4]. Un dîner-alibi est organisé le soir même à 20 h 15 par Marie-Élisabeth chez son vieil ami et ancien patron, maître Pierre Delphy, en présence de Darie[2].

De son côté, Perrot prendra rendez-vous avec un ami pour dîner, mais au moment où il sort de son appartement à 20 h 20, il est abattu sur son palier, de trois balles de 22 Long Rifle, deux dans la tête tirées à bout portant (une balle dans l'œil gauche, une autre dans la tempe) et une troisième en plein cœur. L'un des pneus de sa voiture a été crevé et l'antivol de sa moto bloqué, ce qui suggère un guet-apens[6].

La police judiciaire, arrivée sur les lieux, suspecte dès les premiers jours de l'enquête Marie-Élisabeth Cons-Boutboul d'être le commanditaire du meurtre de son gendre, sans pour autant que cette dernière avoue quoi que ce soit et que des preuves tangibles puissent être apportées.

C'est dans ce contexte que, plus de deux ans après le meurtre, le , est retrouvé dans le port du Havre le corps d'une personne identifiée comme étant Bruno Dassac, un représentant de commerce en lingerie. Ce truand havrais est un familier du monde des courses et connaît bien Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, qui a acheté plusieurs chevaux de course grâce à la fortune qu'elle a acquise frauduleusement[6].

Les enquêteurs parviennent alors à faire le lien entre Bruno Dassac et Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, un des comptes suisses de cette dernière ayant été débité de 140 000 francs afin d'alimenter celui du premier[7].

Il apparaît à la police que, bien que Marie-Élisabeth Cons-Boutboul l'ait toujours nié, Bruno Dassac avait été engagé par celle-ci pour assassiner Jacques Perrot, dont l'enquête personnelle et les découvertes la menaçaient directement.

Dans un deuxième temps, le tueur, devenu gênant, aurait à son tour été exécuté.

Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est placée en garde à vue le , puis en détention provisoire à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, inculpée pour « complicité d'homicide volontaire » dans l'affaire du meurtre de Bruno Dassac. Darie Boutboul fait également l'objet d'une garde à vue, mais est finalement relâchée après vingt-quatre heures d'interrogatoire[8].

En , Isauro Figuier, un chauffeur de taxi parisien, se rend au commissariat. Il déclare qu'il lui est arrivé de conduire régulièrement Mme Cons-Boutboul à Paris, en province (Rouen et Deauville notamment) et à Genève (Suisse) en assurant avoir entendu un jour sa cliente affirmer qu'elle souhaitait « donner une correction » à son gendre, ajoutant : « S'il ne s'en remet pas, ce sera tant mieux ». Le témoignage de Figuier permet de conforter l'hypothèse des enquêteurs, qui étaient déjà convaincus, quatre ans plus tôt, qu'elle était liée à la mort de son gendre, Jacques Perrot[9].

Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est extraite de la prison de Fleury-Mérogis, le pour le meurtre de son gendre. Inculpée pour « complicité d'assassinat » dans le meurtre de son gendre, elle est transférée à la prison de Rouen[9]. L'instruction dure des années, et plusieurs pistes sont évoquées (le milieu, la Loge P2, les affaires secrètes du Vatican, le SAC, Albert Spaggiari) pour expliquer l'assassinat de Jacques Perrot[10].

Procès et condamnation

[modifier | modifier le code]

Henri Leclerc et Philippe Sarda sont les avocats de la famille Perrot. Olivier Schnerb est l'avocat de Darie Boutboul[11]. Jacques Mouton est l'avocat général.

Le , la cour d'assises de Paris condamne Marie-Élisabeth Cons-Boutboul à 15 ans de réclusion criminelle pour « complicité d'assassinat » dans le meurtre de son gendre[12].

Libération et décès

[modifier | modifier le code]

Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est libérée le pour raisons de santé et bonne conduite[13], n'ayant jamais avoué sa participation au crime.

Elle meurt le à Blois, à l'âge de 96 ans[1].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. a et b Jacqueline Rémy, « L'incroyable Mme Cons-Boutboul », sur L'Express,
  3. Serge Raffy, op. cit., p. 27
  4. a b et c Ondine Millot, « Le gendre qui en savait trop », sur Libération,
  5. Dominique Simonnot, « Madame Cons, accusée d'un meurtre sans assassin », sur Libération,
  6. a et b Raphaëlle Bacqué, « L'affaire Boutboul : le gendre était trop curieux », sur Le Monde,
  7. Michel Beaulier, « Peu après l'assassinat de Jacques Perrot Mme Cons-Boutboul a versé 140 000 F à Bruno Dassac », sur Le Monde,
  8. « JUSTICE Quatre ans après l'assassinat de Jacques Perrot L'enquête sur un crime commis au Hâvre entraine l'audition de Darie Boutboul et de sa mère », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b « Après le témoignage tardif d'un chauffeur de taxi Mme Cons-Boutboul inculpée de complicité dans l'assassinat de son gendre Jacques Perrot », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Mystères et secrets de Marie-Elisabeth Cons-Boutboul », sur la Dépêche,
  11. « Début des plaidoiries au procès Cons-Boutboul » Article publié le 23 mars 1994 dans L'Humanité
  12. « Mme Cons-Boutboul recouvre la liberté », sur Le Parisien,
  13. « Mme Cons, de Fleury à Darie. Après neuf ans de prison, elle est libérée et vivra chez sa fille » Article de Dominique Simonnot publié le 28 décembre 1998 dans Libération

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Articles de presse

[modifier | modifier le code]

Documentaires télévisés

[modifier | modifier le code]

Article connexe

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]