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Lutèce

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La Gaule au Ier siècle avant JC

Lutèce est une forme francisée du nom employé par les Romains Lutetia ou Lutetia Parisiorum pour désigner la ville gauloise connue aujourd'hui sous le nom de Paris ainsi que son oppidum.

Le terme est attesté en grec sous la forme Λoυϰoτοϰίαν (Strabon), Λευϰοτεϰία (Ptolémée), d'où le doublet Lucotèce, ainsi qu'en latin : Lutetia (Ier siècle avant J. C.). Albert Dauzat et Charles Rostaing[1] y voient la racine gauloise lut-, marais (équivalent du latin lŭtum, boue) reprise par Xavier Delamarre[2] sous les formes luto-, luteuo- (cf. gaëlique loth, marais, breton loudour, malpropre) que l'on retrouve dans les villes de Ludesse; Lodève (Luteua); Lutitia (Allemagne) ou Lutudarum (GB, Derbyshire).

Cependant, Pierre-Yves Lambert[3] qui se base sur les formes grecques « Lucotèce », penche pour une racine gauloise *lucot-, souris (cf. breton logod, irlandais luch).

Par convention, on nomme « Paris préhistorique » puis « Paris antique » le site jusqu'à la bataille de Lutèce en 52 avant J.-C., marquant la conquête romaine. Vers 300, Lutèce prend le nom de Paris, par une abréviation des mots latins « civitas Parisiorum » ou « urbs Parisiorum » du nom du peuple gaulois qui occupe le site depuis le IIIe siècle avant J.-C. : les Parisii.

Les découvertes archéologiques récentes compromettent fortement la localisation traditionnelle de la Lutèce gauloise : la découverte d'un large espace d'urbanisation proto-urbain (15 hectares) sur le territoire actuel de Nanterre dans les Hauts-de-Seine remet en cause le rôle joué par l'île de la Cité avant la domination romaine.

Sources

La première mention de la ville de Lutèce est due à César, lorsqu'il y réunit l'assemblée des chefs gaulois en -53[4]. Il la place chez les Parisii et la situe sur une île de la Seine [5]. Suivant une politique de la terre brulée, les gaulois révoltés en -52 incendièrent la ville et coupèrent les ponts[6].

L'urbanisme

Après la conquête, la cité romaine fut construite au Ier siècle sur la rive gauche de la Seine sur la Montagne Sainte-Geneviève. On pense qu'elle s'étendait approximativement du boulevard Saint-Germain au Val-de-Grâce et de la rue Descartes au jardin du Luxembourg et était constituée selon un plan organisé en rues perpendiculaires. Le cardo maximus se retrouvait aujourd'hui sur l'actuel tracé des rues Saint-Jacques, rue du Faubourg-Saint-Jacques et rue de la Tombe-Issoire traversant le Lucotèce, qui était le faubourg de Lutèce sur la rive gauche de la Seine, et menant ainsi à Orléans. Le centre de la ville est fixé par les architectes romains au niveau actuel des 172 et 174 de la rue Saint-Jacques au point le plus élevé de la montagne Sainte-Geneviève. Le forum s'étendait de la rue Saint-Jacques au boulevard Saint-Michel et de la rue Cujas à la rue Malebranche[7].

Les Romains aménagèrent également une voirie rectiligne sur la rive droite de la Seine, permettant l'accès à la cité par le nord et reprenant les tracé des rues Saint-Denis et Saint-Martin.

Monuments publics

Les arènes de Lutèce

Fichier:Arènes de lutèce maquette.jpg
Maquette des arènes de Lutèce.

Les arènes de Lutèce construites au Ier siècle étaient en fait un amphithéâtre romain. Il s'agissait d'un complexe hybride : de type amphithéâtre (en demi-cercle, appelé aussi cavea) avec une scène frontale de 40 mètres de long, il disposait néanmoins d'une arène elliptique de 52 mètres de long sur 46 mètres de large, destinée aux combats de gladiateurs.

Le théâtre

Lutèce était également doté d'un théâtre. On a mis au jour des murs courbes en 1861 sous le lycée Saint-Louis. Selon les reconstitutions, ce bâtiment mesurait 72 mètres sur au moins 47. La scène mesurait 40 mètres.

Maquette des thermes de Cluny.

Les thermes

Lutèce comprenait aussi plusieurs thermes romains[8] :

Le pilier des Nautes

Le pilier des Nautes est un ensemble de cinq pierres d'autel sculptées dont les quatre faces représentent des divinités datant du règne de Tibère (14-37). Mises au jour en 1710 sous les fondations de l'autel de Notre-Dame lors des travaux de réalisation du Vœu de Louis XIII, elles sont riches d'informations sur la syncrétisme gallo-romain du début du Ier siècle, et attestent d'une continuité de l'édifice et du culte chrétien avec un temple et des confréries païennes.

Autres monuments

Lutèce ne disposait pas de cirque (hippodrome dédié aux courses de chars). Les fouilles archéologiques sont claires à ce sujet. En revanche, quelques sources littéraires (Grégoire de Tours, notamment) font penser qu'il pouvait y avoir des installations provisoires afin de permettre la tenue de courses de chars.

Chronologie

  • Mai 52 av. J.-C. Bataille de Lutèce. Victoire de Labienus, lieutenant de Jules César, sur les Aulerques, les Sénons et les Parisii. Les Gaulois préfèrent détruire les ponts et incendier eux-mêmes leur cité plutôt que d’y laisser entrer les Romains. L’incendie de la Lutèce gauloise permettra aux Romains de doter la ville d’une structure romaine rapidement, d’autant qu’avec sept collines et un fleuve, le parallèle avec Rome est facile.
  • Entre 14 et 37. Les nautes de Lutèce élèvent une colonne en l’honneur de Jupiter : c’est le fameux « pilier des Nautes » mis au jour sous les fondations de Notre-Dame.
  • Entre 50 et 100 ap. J.-C. Construction du forum de Lutèce.
  • 65-66. hiver glacial.
  • Entre 100 et 200. Construction à Lutèce de trois thermes alimentée par un aqueduc de 16 kilomètres longeant la Bièvre, d’un amphithéâtre de 17 000 places et d’un théâtre de 3 000 places, notamment.
  • Vers 250. Martyre du premier évêque de Lutèce, saint Denis. Ce dernier fut l’un des sept évêques envoyés en Gaule pour l’évangéliser. Les succès enregistrés provoquèrent la haine des païens qui le firent décapiter sur la colline de Montmartre. Saint Denis prit alors sa tête dans ses mains ; c’est la représentation la plus classique du futur saint patron de la France.
  • 275 ou 276. Saccage probable par des envahisseurs germains de la rive gauche de la cité.
  • 291-292. Hiver particulièrement glacial. La Seine gèle ; c'est la première mention de ce type qui soit parvenue jusqu'à nous.
  • Vers 300. Lutèce devient Paris.

Galerie

Sites et vestiges du Paris antique

Références

  1. Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, éditions Larousse 1968.
  2. Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003.
  3. La langue Gauloise, éditions errance 1994.
  4. César B.G., VI, 3.
  5. César B.G., VII, 57.
  6. César B.G., VII, 58.
  7. Marcel Le Clère, opus citatum, p. 28-33.
  8. Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de Paris, coll. « Bouquins », Robert Laffont, 1996, (ISBN 2-22107862-4), p.12

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

wikilien alternatif2

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