Lettres de l'Inde
Lettres de l’Inde | |
Auteur | Octave Mirbeau |
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Pays | France |
Genre | Récit de voyage |
Éditeur | L'Échoppe |
Lieu de parution | Caen |
Date de parution | 1991 |
Nombre de pages | 117 |
ISBN | 9782905657824 |
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Les Lettres de l’Inde sont une série de onze articles d’Octave Mirbeau, parus en 1885 dans Le Gaulois, du au , puis dans Le Journal des débats, le et le 1er août, et signés du pseudonyme de Nirvana. Ils n’ont été recueillis en volume qu’en 1991.
Mystification littéraire
[modifier | modifier le code]Il s’agit d’une imposture littéraire, car Octave Mirbeau n’a jamais mis les pieds en Inde. C’est de Paris qu’il écrit les sept premières lettres, consacrées notamment à Ceylan et Pondichéry, puis dans l’Orne, près de Laigle, que, face à des rhododendrons normands, il évoque, dans les quatre dernières lettres, les rhododendrons de douze mètres de l’Himalaya, aperçus au cours d’une pseudo-randonnée à travers le Sikkim.
À l’origine, il s’agissait de damer le pion à un journaliste du Gaulois, Robert de Bonnières, homme du monde prétentieux, qui, lui, a réellement effectué en Inde un long périple, d’où il a envoyé des « Souvenirs de voyage » publiés d’abord dans la Revue bleue, puis recueillis dans Mémoires d’aujourd’hui (1886). Mais il s’agit aussi de littérature alimentaire et de négritude[1] : car Mirbeau met en forme littéraire et donne vie et force aux rapports expédiés par son ami et commanditaire François Deloncle, qui a été envoyé en mission officieuse en Inde par Jules Ferry. Ces rapports sont conservés dans les archives du ministère des Affaires étrangères.
Un bon colonialisme ?
[modifier | modifier le code]Véritable « prolétaire de Lettres »[2], Mirbeau n’a pas encore la liberté de sa plume : il écrit sous influence. Le futur pourfendeur du colonialisme, qui transforme des continents entiers en terrifiants jardins des supplices, en est encore à opposer le “bon” colonialisme français, respectueux des peuples et de leurs coutumes, à l’odieux colonialisme des Anglais, cyniques et mercantiles oppresseurs des Indiens.
Par-delà ces compromissions obligées, il est conscient des bouleversements qui couvent en Orient ; il exprime sa fascination pour la civilisation indienne, faite de détachement, de renoncement et d’« immobilité »[3]; et il est intéressé par le bouddhisme cinghalais, présenté comme une religion sans Dieu, émancipatrice de la pensée humaine et par conséquent exempte de fanatisme.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Voir Pierre Michel, « Quelques réflexions sur la négritude », Cahiers Octave Mirbeau, n° 12, 2005, pp. 4-34.
- Mirbeau emploie cette expression dans Les Grimaces du 15 décembre 1883.
- Le pseudonyme de Nirvana témoigne de cette aspiration au détachement, que le romancier prêtera à son abbé Jules, personnage éponyme du roman de 1888.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Pierre Michel et J.-F. Nivet, Préface des Lettres de l'Inde.
- Christian Petr, « L'être de l'Inde », Actes du colloque Octave Mirbeau d'Angers, Presses de l'université d'Angers, 1992, pp. 328-337.
- Ioanna Chatzidimitriou, « Lettres de l'Inde: Fictional histories as colonial discourse ».