Langues aïnoues-minoennes

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Langues aïnoues-minoennes
Pays Abkhazie, Bhoutan, Birmanie, Chine, Inde, Japon, Russie, Thaïlande, Turquie
Classification par famille

Les langues aïnoues-minoennes forment une famille de langues hypothétique proposée par Alexander Akulov (2018) et soutenue par Tresi Nonno (2021). Il s'agit d'une variante de l'hypothèse dené-caucasienne[1], rejetée par une majorité de linguistes[2].

Classification interne[modifier | modifier le code]

Alexander Akulov (2015) tente premièrement de prouver une relation génétique entre les langues aïnoues et grand-andamanaises, dans une famille hypothétique de langues aïnoues-andamanaises[3]. Pour cela, il utilise l'index d'habilité de préfixation et l'index de corrélation verbale grammaticale. Selon lui, cette méthode prouve que l'aïnou proviendrait d'un endroit plus au Sud que celui où il est parlé actuellement[4], et que les deux familles de langues seraient aussi éloignées l'une de l'autre que l'anglais et le persan (deux langues indo-européennes)[5]. Il rejette alors l'hypothèse d'une relation entre les langues aïnoues et les langues austroasiatiques, austronésiennes ou altaïques, car il considère que la classification génétique des langues devrait se faire par l'analyse de traits structurels et grammaticaux plutôt que sur la comparaison du lexique[6],[7], mais suppose que les langues aïnoues-andamanaises sont plutôt liées à certaines langues papoues occidentales et aux langues halmaheranes[8],[9].

Par la suite, suivant la même méthode, il étend son hypothèse aux langues sino-tibétaines, formant une famille de langues aïnoues-andamanaises-sino-tibétaines. Selon lui, les langues aïnoues sont en particulier proches du qiang, ce qu'il explique par une possible influence des langues austriques sur le mandarin[10].

Ensuite, il inclut d'autres langues telles que les langues abkhazo-adyguéennes, le minoen et le hattique dans le groupe, qu'il renomme en « langues aïnoues-minoennes »[a],[11], exclut la possibilité d'une relation avec l'étrusque et les langues hourro-urartéennes en raison de leur absence de préfixation et de leur présence de suffixation et de postpositions, et ouvre des possibilités avec d'autres familles de langues. Il propose ainsi la classification suivante[12] :

Ensuite, à l'aide de mots qu'il considère comme des cognats kets et proto-ienisseïens avec les langues caucasiennes du Nord-Ouest et l'hattique[13], ainsi que des emprunts de la langue hypothétique des Paja ul deˀŋ en same de Kildin, il rattache les langues ieniseïennes et le paja ul deˀŋ aux langues aïnoues-minoennes. Il repropose une nouvelle classification, cette fois-ci avec deux branches[14],[15] :

  • Langues aïnoues-minoennes
    • branche occidentale
        • Langues caucasiennes du Nord-Ouest
          • Hattique
          • Minoen
        • Langues ienisseïennes
        • Paja ul deˀŋ
    • branche orientale
      • Langues sino-tibétaines
      • Langues aïnoues
      • Langues grand-andamanaises

Il considère plus tard que le paja ul deˀŋ se situe entre les langues ienisseïennes et les autres groupes aïnous-minoens occidentaux[16],[17].

Les langues caucasiennes du Nord-Est sont ensuite incluses, mais Akulov (2021a) critique les méthodes utilisées par Starostin et d'autres linguistes consistant à comparer le lexique dit « basique ». Par ailleurs, il rejette le lien entre cette dernière famille de langues et les langues hourro-urartéennes[18].

Ensuite, il propose de rattacher le sumérien à son hypothèse suivant la même méthode[19], et qualifie les autres hypothèses sur l'affiliation de cette langue de « ridicule » ou « semblable à une pièce de vaudeville »[20]. Il suppose que le sumérien est en particulier proche du caucasien nord-oriental[21].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le proto-aïnou-minoen serait apparu entre 50 000 et 60 000 ans avant J.-C., et les différentes branches auraient divergé par la suite. Sur la base d'analyses génétiques de l'haplogroupe Y-D, présent chez les populations qiangs, tibétaines, andamanaises et aïnoues[10], Akulov suppose que la branche orientale de sa famille hypothétique est originaire du Golfe du Bengale[22]. Selon Tresi Nonno (2021), les langues grand-andamanaises ont été les premières à se séparer du groupe[23].

Contradictions[modifier | modifier le code]

Le consensus parmi les linguistes est que les langues de ce groupe ne sont pas apparentées. Dans certains cas, les linguistes sont partagés.

La relation entre le grand-andamanais et l'aïnou n'a été étudiée qu'à travers la méthode d'Akulov, mais l'aïnou d'un côté[24],[25],[26] et le grand-andamanais de l'autre[27] sont généralement reconnus pour être respectivement un isolat et une famille de langues isolée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. C'est ce nom qui sera utilisé pour désigner son hypothèse par la suite.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Akulov (2021a), p. 2
  2. (en) Lyle Campbell, Language Isolates, Taylor & Francis, (ISBN 978-1-317-61090-8 et 1317610903, lire en ligne Accès libre)
  3. Akulov (2015), p. 1
  4. Akulov (2015),p. 2
  5. Akulov (2015), p. 21
  6. Akulov (2015), p. 16
  7. Akulov (2018), p. 1
  8. Akulov (2015), p. 22
  9. Akulov (2016), p. 37-38
  10. a et b Akulov (2016), p. 36
  11. Akulov (2018), p. 18
  12. Akulov (2018), p. 19-20
  13. Akulov (2019), p. 14
  14. Akulov (2019), p. 16
  15. Akulov (2019), p. 4-5
  16. Akulov (2021b), p. 19-20
  17. Akulov (2022a), p. 17
  18. Akulov (2021a), p. 2 ; 7
  19. Akulov (2022b), p. 11
  20. Akulov (2022b), p. 6
  21. Akulov (2022b), p. 7-8
  22. Akolov (2018), p. 6
  23. Nonno (2021), p. 27
  24. (en) Philipp Strazny, Encyclopedia of Linguistics, vol. 1, Taylor & Francis, (ISBN 978-1-135-45523-1 et 1135455236, lire en ligne Accès libre), p. 26
  25. (en) Patrick Heinrich, The Making of Monolingual Japan : Language Ideology and Japanese Modernity, Multilingual Matters, (ISBN 978-1-847-69656-4 et 1847696562, lire en ligne Accès libre), p. 94
  26. (en) Nanette Gottlieb, Language and Society in Japan, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-53284-6 et 0521532841, lire en ligne Accès libre), p. 19
  27. (en) Shirley A. Fedorak, Global Issues : A Cross-Cultural Perspective, University of Toronto Press, (ISBN 978-1-442-60598-5 et 1442605987, lire en ligne Accès libre), p. 58

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Alexander Akulov, Ainu and Great Andamanese are relatives (proved by Prefixation Ability Index and Verbal Grammar Correlation Index), CAES, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Ainu is a relative of Sino-Tibetan stock (preliminary notes), Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Ainu-Minoan stock, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Northeast Caucasian languages and the Ainu-Minoan stock, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2021a (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, On the etymology of the hydronym Sestra, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2022a (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Substrate lexical items of Sami which correlate with words of Northeast Caucasian languages, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2021b (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Substrate lexis of Kildin Sami interpreted through languages belonging to the Western branch of the Ainu-Minoan stock: some notes on the language of Paja ul deˀŋ, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Sumerian and the Ainu-Minoan stock, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2022b (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Alexander Akulov, Yeniseian languages and Ainu-Minoan stock, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Tresi Nonno, Androgynous deities/beings in mythologies and art of the Ainu-Minoan people as a sign of positive attitude toward variations of gender, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2022a (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Tresi Nonno, A preliminary attempt to reconstruct the lexeme of "man" / "person" of the Ainu-Minoan proto-language, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, (lire en ligne Accès libre)
  • (en) Tresi Nonno, The meaning of Sumerian culture for the reconstruction of cultural patterns existing in societies speaking languages belonging to the Ainu-Minoan stock, Cultural Anthropology and Ethnosemiotics, 2022b (lire en ligne Accès libre)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) « Recent papers in Ainu-Minoan stock », Catégorie regroupant les documents parlant des langues aïnoues-minoennes Accès libre, sur academia.edu (consulté le )