L'Intendant Sansho

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis L’Intendant Sansho)
L'Intendant Sansho
Description de cette image, également commentée ci-après
Affiche japonaise originale du film.
Titre original 山椒大夫
Sanshō dayū
Réalisation Kenji Mizoguchi
Scénario Yoshikata Yoda
Fuji Yahiro (en)
Mori Ōgai (nouvelle)
Acteurs principaux
Sociétés de production Daiei
Pays de production Drapeau du Japon Japon
Genre Drame
Jidai-geki
Durée 124 minutes
Sortie 1954

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

L'Intendant Sansho (山椒大夫, Sanshō dayū?) est un film japonais réalisé par Kenji Mizoguchi et sorti en 1954, d'après la nouvelle homonyme de Mori Ōgai.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Tamaki voyage à travers le Japon avec ses deux jeunes enfants, Zushiô et Anju. Ils rentrent au village natal après de longues années, et ils évoquent le moment où ils ont été forcés de partir : le mari de Tamaki, le père des enfants, maire du village, a perdu la confiance de ses supérieurs à cause de son désir de justice vis-à-vis des paysans pauvres. En même temps, les enfants se rappellent les conseils de leur père : les hommes ont les mêmes droits et il faut avoir de la pitié, même avec les ennemis. Un soir ils se réfugient dans le logis d'une prêtresse. Celle-ci va aider des bandits à voler les enfants. Tamaki est vendue pour être prostituée, tandis que les enfants deviennent des esclaves de Sansho, un propriétaire cruel et misérable. Le fils de Sansho a pitié de ces deux enfants et il leur conseille de cacher leur identité noble.

Après dix ans au domaine de Sansho, Zushiô semble avoir oublié les conseils de son père. Il est devenu l'un des plus cruels parmi les travailleurs de Sansho. Anju, sa sœur, travaille toujours dans de pénibles conditions et elle souffre quand elle apprend ce que son frère est capable de faire. Un jour, une nouvelle esclave arrive. Elle chante une chanson qui parle de deux enfants perdus et regrettés : elle raconte à Anju qu'une vieille prostituée de l'île d'où elle vient chantait cette chanson. Grâce à cette chanson, Anju apprend que leur mère, Tamaki, ne les a pas oubliés.
Zushiô et Anju sont obligés de mener une vieille femme mourante à la montagne, pour qu'elle soit dévorée par les fauves afin qu'il n'y ait pas besoin de l'enterrer quand elle mourra. Anju encourage son frère à s'enfuir, elle le protégera pendant ce temps. Zushiô charge la vieille femme et s'enfuit, tandis que sa sœur se donne la mort pour que la torture ne la force pas à avouer l'endroit où son frère se cache. Des prêtres bouddhistes accueillent Zushiô et la vieille femme et ils les cachent des travailleurs de Sansho qui les traquent.

La femme restera au temple tandis que Zushiô va en ville pour demander au gouverneur sa liberté. Quand sa vraie identité est découverte, il est restitué à sa position et il est nommé gouverneur par le conseiller spécial de l’empereur, il occupera le même poste que jadis avait occupé son père, mort il y a un an. En tant que gouverneur, il publie une loi où il octroie la liberté à tous les esclaves. Il se présente à la propriété de Sansho pour l'arrêter, même si celui-ci n'est pas sous sa loi puisqu'il dépend directement du ministère de la justice. Après avoir envoyé Sansho en exil, il démissionne et part chercher sa mère, qu'il trouvera vieille, aveugle et abandonnée.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Autour du film[modifier | modifier le code]

Caractéristique des films de Mizoguchi, la trame narrative n'y est pas apparente mais enfouie dans les actes propres à chacun des protagonistes, actes qui les montrent face à un destin qui leur est imposé avec violence. Si par le sacrifice de sa sœur, Zushiô finit bien par retrouver sa mère, vieille et aveugle, finalement l'amour filial est toujours présent. Dans la dernière scène, très émouvante, cet amour filial apparaît comme le seul sentiment qui ait animé Zushiô dans sa dureté acquise auprès de l'intendant Sansho. On peut aussi remarquer la construction classique, autour de quatre personnages principaux, Anju, Zushiô, leur mère Tamaki et l'intendant Sansho. Bien plus que le mal, ce dernier personnage incarne une cruauté qui renvoie à une autre douleur, attachée au souvenir d'un paradis perdu, du temps où le père d'Anju et Zushiô, homme épris de justice et de bonté envers les hommes, était encore parmi eux. D'où le choix de Sanshō dayū comme titre du film, alors même que sa présence physique dans le film est très succincte et se manifeste surtout par ses ordres cruels, exécutés par d'autres. Cette décision de Mizoguchi de nous montrer si peu Sansho nous le fait estimer absent, et le situe au même niveau que le père disparu. C'est devant cette dualité contradictoire des figures paternelles que les destins et les caractères d'Anju et de son frère Zushiô, vont s'affirmer et la tâche de cette quête entre le bien et le mal en sera plus rude et plus solitaire pour le garçon, devenant même un temps incompris par sa sœur au vu de sa dureté nouvellement acquise auprès de Sansho. Dureté qu'Anju mettra à l'épreuve chez son frère lors de la scène du transport de la vieille mourante hors du camp et de leur fuite. Son corps mis au contact de celui de la mourante qu'il porte sur son dos et Zushiô ne pouvant retourner dans le camp, l'amour qu'il éprouve toujours pour sa mère, va lui être révélé par le sacrifice de sa sœur qui se suicide plutôt que de révéler la cache de son frère sous la torture. Car même si la scène est de la pure poésie, le suicide d'Anju n'est pas absence de violence, par pur esthétisme gratuit. Son frère à peine parti, elle se laisse disparaître dans l'eau, élément qui renvoie toujours chez Mizoguchi à la notion de temps infini (Mizoguchi ne montre pas les morts, ni le père, ni Anju). C'est en rejoignant ce symbole du temps infini, qu'Anju prend place, pour Zushiô, aux côtés de leur père disparu, dans les souvenirs de son frère, et se montre à lui comme un exemple de l'amour filial qui devra le guider et qui seul l'aidera à retrouver leur mère.

Ce film a beaucoup contribué à l'essor du cinéma japonais en Europe et aux États-Unis.

Récompenses[modifier | modifier le code]

Kyōko Kagawa et le Lion d'argent de L'Intendant Sansho.

Ce film a obtenu le Lion d'argent, le deuxième prix de la Mostra de Venise, en 1954[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography: A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509 p. (ISBN 9-780786-400324), p. 346
  2. a b et c (ja) L'Intendant Sansho sur la Japanese Movie Database
  3. « L'Intendant Sansho », sur Centre national du cinéma et de l'image animée (consulté le ).
  4. Liste des prix de la Mostra de Venise 1954

Liens externes[modifier | modifier le code]