Jean Dabin

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Jean Dabin
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
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Conseiller juridique, juriste, professeur d'universitéVoir et modifier les données sur Wikidata

Jean Dabin, né à Liège le et mort à Louvain le , fut un juriste belge de renommée internationale.

Académicien, titulaire de nombreux doctorats honoris causa d'universités étrangères, il dénonce sur le plan constitutionnel la reddition du roi Léopold III à l'issue de la bataille de la Lys. Il fait partie du mouvement chrétien Rénovation wallonne dès sa constitution. Comme enseignant, il est connu pour sa façon de se mouvoir et de gesticuler particulièrement dynamique.[C'est-à-dire ?][1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Jean Jules Henri Marie Dabin, de son nom complet, grandit dans une famille liégeoise catholique et d’opinion libérale. Son père, Henri Dabin est éditeur de musique. Il développe un intérêt pour le violon qui perdure toute sa vie. Il joue néanmoins de plusieurs instruments parmi lesquels figurent le cuivre, le bois, la trompette, le cor, le trombone, etc.

Quant à sa mère, elle est issue d’une famille de magistrats de père en fils, ce qui éveille très tôt chez Jean Dabin un vif intérêt pour le droit.

Après ses études, en 1914, Jean Dabin fait partie de la garde civique durant un court instant. Il est entre autres un soutien moral pour les belges durant la guerre, et participe même à la presse clandestine en publiant, sous le couvert de l’anonymat, deux brochures (La vérité sur les massacres de Dinant en 1915 et La Belgique inviolable en 1916), qui lui valent une double arrestation et incarcération[2]. Dans ces deux brochures, Jean Dabin dénonce d’une part la violation par les allemands de la convention de la Haye fraîchement signée, mais aussi l’invasion d’un pays qui soutient sa neutralité dans le conflit latent.

Famille et mariage[modifier | modifier le code]

En 1926, Jean Dabin épousa la fille du Professeur Leplat de la Faculté des Sciences agronomiques, Jeanne Leplat. Ensemble, ils eurent sept enfants, deux filles et cinq fils : deux sont devenus prêtre, Henri et François, vicaire épiscopal de Liège ; son fils Jacques est devenu professeur de droit naturel et de morale à l’Université catholique de Louvain et recteur à l’Université de Saint-Louis, et son aîné est devenu doyen de Saint-Nicolas d’Outre-Meuse. De son vivant, Jean Dabin fut grand-père onze fois[3].

Études[modifier | modifier le code]

Jean Dabin effectue des études secondaires au Collège Saint Servais, avant d’entrer à l’Université de Liège en 1907 où il obtient un doctorat en droit, mais également en histoire. Il est élu lauréat du concours universitaire en histoire en 1910 pour son Étude critique sur le mémoire du légat Onofrio, concernant les affaires de Liège de 1468. En 1911, Jean Dabin sort de l’Université de Liège docteur en droit avec la plus grande distinction[réf. nécessaire]. Dans le cadre de sa première épreuve de doctorat en 1912, il écrit par la suite un mémoire, « La politique française à Liège au XVe siècle », qui est publié dans le Bulletin de l’Institut archéologique liégeois un an plus tard. Durant la même année, il publie également l’ouvrage Le pouvoir d’appréciation du jury et les nouvelles poursuites en correctionnelle après acquittement en assises. Étude historique et critique.

Il entame en 1913 un doctorat spécial en droit, dont la thèse est détruite dans l’incendie de Louvain. Il reconstitue donc sa thèse durant la guerre et est couronné en 1919. À la suite de cela, il est nommé professeur de droit à l’Université de Liège.

Enseignement[modifier | modifier le code]

Rapidement après sa nomination à l’Université de Liège, Jean Dabin obtient un poste à l’université catholique de Louvain, pour remplacer le professeur Mabille, en tant que professeur de droit civil, sur le plan du droit des personnes et des biens.

Il enseigne pendant 40 ans pendant lesquels il devient doyen de l’Université à trois reprises.

Jean Dabin est un professeur « dogmatique » : il délaissait la théorie pure et dure pour laisser place à la pratique et au raisonnement. Il se consacre principalement au droit civil positif, qualifié dans certains de ses ouvrages de « positivisme civilisé ou éclairé »[4]. Si celui-ci enseigne principalement le droit privé, il lui arrive aussi d’enseigner le droit du travail, le droit public ou même la science politique.

En tant que juriste, ce dernier a pour caractéristique d’associer la pensée philosophique à la pensée juridique, notamment dans ses ouvrages. Jean Dabin réfute cependant dans sa dernière réédition de Théorie générale du droit le titre de philosophe du droit, prenant garde à ne pas « dénaturer » le droit. Le christianisme, ainsi que son humanisme, ont toujours également déteint sur son enseignement et ses réflexions.

De plus, le professeur Jean Dabin a enseigné à l'Université de Louvain, Paris, Strasbourg, Nancy, Montpellier et Dijon[5].

De plus, le professeur Jean Dabin a enseigné dans de nombreuses universités à l’étranger dont des universités françaises, néerlandaises et suisses.[réf. nécessaire]

Vision du droit[modifier | modifier le code]

Jean Dabin est spécialisé principalement en droit civil, puisque civiliste de formation, la théorie ou la philosophie du droit et même le droit public et la philosophie juridique.

Ce dernier refuse cependant l’appellation de « philosophe du droit, » car il ne veut pas élever le droit au rang philosophique de peur de le dénaturer. Il laisse donc la tâche aux philosophes de s’occuper de la philosophie du droit et non aux juristes.

Jean Dabin s’oppose aux concepts de « théorie générale du droit » et de « droit naturel ». En effet il considère le premier comme une analyse non précise de la science du droit, et le deuxième comme une simple morale.

Il affirme une vision positiviste, c’est-à-dire que le droit est purement construit des mains de l’homme, même si Jean Dabin intègre dans sa vision positiviste des éléments « préjuridiques », c’est-à-dire la morale ou le droit naturel politique.

Il représente ainsi l’État par une vision monolithique et très positive.[C'est-à-dire ?]

Ce dernier garde tout de même une vision pluraliste, imprégnée de philosophie, d’histoire, et même de catholicisme.

Honneurs et honoris causas[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Il reçoit en 1965 un Prix quinquennal du FNRS.

Honneurs[modifier | modifier le code]

En 1963, Jean Dabin se voit offrir deux Mélanges en sa qualité de « maître »[6] de l’Université française. Mais beaucoup d’autres honneurs ou discours élogieux suivront[non neutre], dont la plupart posthumes.

Depuis 1965, une Journée Juridique Jean Dabin est organisée chaque année par la faculté de Droit de l’Université Catholique de Louvain en son honneur. Les Journées Jean Dabin sont selon ses organisateurs « des colloques autour de thématiques caractérisées par leur actualité et l’intérêt scientifique qu’elles représentent pour différentes disciplines du droit »[7].

Honoris causa[modifier | modifier le code]

Jean Dabin a été nommé docteur honoris causa dans les universités suivantes :

Implications dans diverses organisations[modifier | modifier le code]

Jean Dabin est membre de l’Académie royale de Belgique à partir de 1947, et est même Directeur de la Classe des Lettres et Président de l’Académie en 1958.

Il est également membre de la société italienne de philosophie du droit, de l’Institut argentin de philosophie du droit, Président du Centre Interuniversitaire de droit comparé, et vice-président du groupe belge de l’Association Henri Capitant.

De plus, il est l’un des premiers à publier dans les Annales de Droit de Louvain, dans le premier numéro intitulé « Règle morale et règle juridique : essai de compétence systématique ». Il écrit également un article dans le premier numéro paru après la guerre intitulé « Les degrés d’intérêt et lésions de droit comme condition de la réparation des dommages de droit privé et de droit public ». Jean Dabin est en outre cofondateur de la Revue Critique de Jurisprudence Belge.

La Question royale[modifier | modifier le code]

Jean Dabin joue un rôle dans la Question royale de 1945 à 1951, puisqu'il fait partie du mouvement Rénovation wallonne, et s’oppose fermement d’un point de vue constitutionnel à la reddition signée par Léopold III au sortir de la bataille des Lys de .

Bibliographie de Jean Dabin[modifier | modifier le code]

Ouvrages principaux[modifier | modifier le code]

  • La Philosophie de l’ordre juridique positif, 1929.
  • La Technique d’élaboration du droit positif, 1935.
  • Doctrine générale de l’État : éléments philosophiques et politiques, 1939.
  • Théorie générale du droit, 1944.
  • Étude de droit civil, 1947 (sous la forme de six monographies).
  • Le droit subjectif, 1952.
  • L’État ou le politique : essai de définition, 1964.
  • Théorie générale du droit 3e édition, 1969.

Articles de revue marquants[modifier | modifier le code]

  • La politique française à Liège au XVe siècle, Bull. Inst. Archéol. Liégeois, XLIII, 1913, pp.99 à 190.
  • Le pouvoir d’appréciation du jury et les nouvelles poursuites en correctionnelle après acquittement en assises. Étude historique et critique, Bibl. Sé. Et. Mor. Et jurid., Bruxelles-Paris, 1913, p.217.
  • La théorie de la cause, Bruxelles, 1919, p.334.
  • Règle morale et règle juridique : essai de compétence systématique, Ann. dr., IV, Bruxelles, Bruylant, 1936, pp.130 à 169.
  • Les degrés d’intérêt et lésions de droit comme condition de la réparation des dommages de droit privé et de droit public, Ann. dr., IX, 1948, pp.7 à 58.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • COLL., Mélanges en l’honneur de Jean Dabin, I, Bruxelles, Bruylant, 1963.
  • COLL., Mélanges en l’honneur de Jean Dabin, II, Bruxelles, Bruylant, 1963.
  • COLL., Hommage au professeur Jean Dabin, Bruxelles, Goemaere, 1963.
  • « XXe journées d’études juridiques Jean Dabin : L’étranger face au droit », FACULTE DE DROIT DE L’UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN & CENTRE CHARLES DE VISSCHER POUR LE DROIT INTERNATIONAL, J.J.J. Dabin, Louvain-la-Neuve, 2008.
  • UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN, « Jean Dabin, professeur », Ann. dr., vol.49, Bruxelles, Bruylant, 1989, pp.231 à 234.
  • ASSOCIATION DES DIPLOMES EN DROIT DE L’UCL & ASSOCIATION DES ANCIEN ETUDIANTS DE LA FACULTE DE DROIT DE L’UCL, « Jean Dabin », Annales de droit : revue trimestrielle de droit belge, vol.31, Bruxelles, Goemaere, 1971, pp.241 à 246.
  • P. de VISSCHER, « Notice sur Jean Dabin », Annuaire, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1972, pp.101 à 119.
  • F. RIGAUX, Nouvelle Biographie Nationale, V, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1999, pp.75 à 80.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Emiel Lamberts et Jan Roegiers, Leuven University 1425-1985, Louvain, Leuven University Press, , 477 p. (ISBN 90-6186-418-6), p. 311
  2. P. D E VISSCHER, « NOTICE SUR JEAN DABIN MEMBRE DE L'ACADÉMIE » (consulté le ), p. 105
  3. P. D E VISSCHER, « NOTICE SUR JEAN DABIN MEMBRE DE L'ACADÉMIE »
  4. UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN, « « Jean Dabin, professeur » », Ann. dr.,‎ , p.231 à 234
  5. P. D E VISSCHER, « NOTICE SUR JEAN DABIN MEMBRE DE L'ACADÉMIE » (consulté le ), p. 115
  6. François RIGAUX, Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, , p.79
  7. FACULTE DE DROIT DE L’UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN & CENTRE CHARLES DE VISSCHER POUR LE DROIT INTERNATIONNAL, « « XXe journées d’études juridiques Jean Dabin : L’étranger face au droit » », J.J.J. Dabin,‎

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]