Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne

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Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne
Illustration.
Rabaut Saint-Etienne
par Joseph Boze, Paris, SHPF, 1789
Fonctions
Président de la Convention nationale

(14 jours)
Groupe politique Gironde
Prédécesseur Pierre Victurnien Vergniaud
Successeur Jean-Jacques Bréard
Député de l'Aube

(1 an, 10 mois et 23 jours)
Législature Convention nationale
Groupe politique Gironde
Successeur Antoine Nicolas Ludot
Député de la sénéchaussée de Beaucaire

(2 ans, 8 mois et 2 jours)
Législature États généraux
Assemblée constituante de 1789
Groupe politique Tiers état
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Nîmes
Date de décès (à 50 ans)
Lieu de décès Paris
Nature du décès Guillotiné
Nationalité Français
Père Paul Rabaut
Fratrie Jacques Antoine Rabaut-Pommier, Pierre-Antoine Rabaut-Dupuis
Diplômé de Université de Lausanne
Profession Pasteur protestant
Religion Protestantisme réformé

Signature de Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne

Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne dit Rabaut-Saint-Étienne, né à Nîmes le et mort guillotiné à Paris le , est un pasteur protestant français, député du Tiers état aux États généraux de 1789 puis du département de l'Aube à la Convention nationale.

Pasteur pendant l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Paul Rabaut, pasteur durant le Désert dans le Bas-Languedoc, et de Madeleine Gaidan. Il a pour frères Jacques Antoine Rabaut-Pommier et Pierre-Antoine Rabaut-Dupuis. Il étudie la théologie à l'académie de Genève à partir de jusqu'à [1], fréquente le Séminaire de Lausanne d' à [2]. Il est consacré pasteur à Lausanne le . Il devient pasteur adjoint de son père, à Nîmes, dans le synode des Basses Cévennes[3].

Rabaut Saint-Étienne s'efforce d'obtenir des droits juridiques pour les protestants français et, dans ce but, rencontre à Paris le marquis de La Fayette et le ministre de Louis XVI, Malesherbes, qui est favorable à une évolution législative en faveur des protestants. En 1786, Rabaut Saint-Étienne rédige un mémoire pour appuyer cette revendication. Cette entreprise est couronnée de succès et le roi promulgue à Versailles l'édit de tolérance le . Cet édit permet aux protestants de recouvrer un état-civil sans devoir se convertir au catholicisme. Tout en en regrettant les limites, Rabaut Saint-Étienne souligne que « la reconnaissance n’exclut point l’espérance, elle l’autorise »[3],[4].

Député pendant la Révolution[modifier | modifier le code]

Rabaut Saint-Étienne peint par David, étude pour Le Serment du Jeu de paume.
Détail central du Serment du Jeu de paume par David, 1792. L’accolade fraternelle entre le chartreux Dom Gerle, l'abbé Grégoire et le pasteur Rabaut Saint-Étienne symbolise l’avènement d'une nouvelle ère de paix avec la Révolution.

À partir de 1788, Rabaut Saint-Étienne ne se présente plus comme un pasteur[5]. Il est élu député du tiers état de la sénéchaussée de Nîmes et de Beaucaire aux États généraux de 1789. Il prête le serment du Jeu de paume et il est nommé commissaire pour les conférences. En août 1789, il demande l'égalité des droits pour les protestants et les juifs et s'écrie « Mais, messieurs, ce n'est pas même la tolérance que je réclame : c'est la liberté. »[6],[7].

Il est élu président de l’Assemblée constituante du 15 au et participe à l’élaboration de la Constitution de 1791. Il propose plusieurs décrets relatifs à l’organisation de la garde nationale et de la gendarmerie nationale. L’Assemblée constituante ayant décrété qu’aucun de ses membres ne pourrait faire partie de l’Assemblée législative, il se consacra à l’écriture et rédigea un Précis de l’histoire de la Révolution.

On retiendra et réutilisera une maxime qu’il dit à la Constituante : « L'histoire n’est pas notre code »[8]. Dans une lettre aux Églises réformées, il estime que les protestants ont un rôle à jouer dans la Révolution : « nous préparer à devenir les instituteurs de la nation », « faire couler l'instruction jusqu'aux derniers individus »[5].

Rabaut Saint-Étienne est élu député de l'Aube à la Convention nationale. Il siège sur les bancs de la Gironde, comme son frère. Il est élu au Comité de l'Agriculture. Fin décembre 1792, il prononce un discours relatif à l'éducation et à l'instruction[9]. Il préside la Convention du au . Au procès de Louis XVI, il vote pour la détention puis le bannissement à la paix et demande l'appel au peuple et le sursis. Il vote en faveur de la mise en accusation de Marat[10] mais est absent au vote sur le rétablissement de la Commission extraordinaire des Douze[11].

Rabaut Saint-Étienne est opposé à la Commune de Paris. Le , il est élu membre de la Commission des Six chargée de surveiller le tribunal extraordinaire. Le , il est nommé à la Commission des Douze, contre les complots et les conspirations menaçant la représentation nationale. Il établit un rapport le , justifiant l’arrestation du député radical Hébert.

Il est dénoncé par Marat dans son journal Le Publiciste de la République française[12]. Au terme de la journée du 2 juin, il est mis en état d'arrestation mais s'évade de son domicile parisien. Il est déclaré traître à la patrie. Il se réfugie chez un compatriote catholique, Peyssac, employé au bureau des subsistances. Découvert ou trahi, il est arrêté avec son frère et guillotiné le 15 frimaire an II ()[6].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Manuel des malades ou Recueil de lectures édifiantes à l'usage des malades, des vieillards et des infirmes, Lausanne, 1773
  • Le Manuel des malades, ou Recueil de lectures édifiantes à l'usage des malades, des vieillards et des infirmes. : Nouvelle édition augmentée d'une prière et de deux services funèbres pour les enterremens., Valence, Marc Aurel, (lire en ligne)
  • Le Vieux Cévenol ou anecdotes de la vie d'Ambroise Borély, recueillies par W. Jesterman [pseud. de Rabaut St-Etienne], Londres, 1784
  • Le Roi doit modifier les loix portées contre les protestans. Démonstration. Avantage que la France tirerait de cette modification, Londres, 1784
  • Lettres à Monsieur Bailly sur l'histoire primitive de la Grèce, Paris, Debure l'aîné, 1787
  • Prenez-y garde, ou avis à toutes les assemblées d’élection, qui seront convoquées pour nommer les représentants des trois ordres aux États-Généraux ; précédé d’une observation importante pour les Normands, 1789[13]
  • Projet du préliminaire de la constitution françoise, présenté par M. Rabaut de [sic] Saint-Etienne, Versailles, Baudoin, 1789[14]
  • Réflexions sur la division nouvelle du Royaume, et sur les priviléges & les assemblées des provinces d'etats. Par M. Rabaut de Saint-Étienne, membre du Comité de Constitution, Paris, Baudoin, 1789.
  • Discours de M. Rabaud de St. Étienne, dont l'impression a été ordonné par l'Assemblée nationale pour être envoyée dans toutes les provinces du royaume, Marseille, Brebion, 1790.
  • Précis de l' Histoire de la Révolution française, Paris, Didot l' aîné, 1791.
  • Projet d'éducation nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1792.
  • Almanach historique de la Révolution française pour l'année 1792, Didot l' aîné, 1792.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Céline Borello, Du Désert au Royaume : parole publique et écriture protestante (1765-1788) - Édition critique du Vieux Cévenol et de sermons de Rabaut Saint-Étienne, préface de Philippe Joutard, Paris, Honoré Champion, collection « La vie des Huguenots » no 65, 2013.
  • Céline Borello, « Les sources d'une altérité religieuse en révolution : Rabaut Saint-Étienne ou la radicalisation des représentations protestantes », Annales historiques de la Révolution française, no 378,‎ , p. 29-49 (lire en ligne)
  • Patrick Cabanel, « Rabaut-Saint-Etienne, du religieux au politique », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, janvier/, tome 147/1, p. 113-124 [lire en ligne].
  • André Dupont, Rabaut Saint-Étienne, 1743-1793 : un protestant défenseur de la liberté religieuse, Oberlin 1946 ; rééd. Genève, Labor et Fides, 1989 [1946][15].
  • Armand Lods, Essai sur la vie de Rabaut Saint-Étienne, pasteur à Nîmes, membre de l’Assemblée constituante et de la Convention nationale (1743-1793), Paris, Fischbacher, 1893.
  • Jacques Poujol, « Monsieur Rabaut de Saint-Étienne saisi par la Révolution », Autres Temps, 22, 1989, p. 29-43.
  • « Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Eugène Arnaud, « La jeunesse des trois fils de Paul Rabaut », Bulletin historique et littéraire, vol. 28, no 12,‎ , p. 529-538 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Claude Lasserre, Le Séminaire de Lausanne : Instrument de la restauration du protestantisme français., vol. 112, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, Éditions Ouverture, (ISBN 9782354790929), p. 298
  3. a et b « Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne (1743-1793) », sur Musée protestant (consulté le )
  4. « Rabaut de Saint-Etienne : "Le Roi doit modifier les lois portées contre les protestants" », sur Musée protestant, (consulté le )
  5. a et b Jacques Poujol, « Monsieur Rabaut de Saint-Étienne saisi par la Révolution », Autres Temps,‎ , p. 31. (lire en ligne)
  6. a et b Assemblée Nationale, « Jean-Paul Rabaut-Saint-Étienne - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  7. Discours de M. Rabaud de St. Étienne, député de la sénéchaussée de Nîmes, aux États généraux : prononcé a l'Assemblée nationale le 29 août 1789 sur la liberté des opinions religieuses., Montauban, Chez Vincent Teulieres, seul imprimeur du roi, breveté, place Trimond,, , 18 p. (lire en ligne)
  8. La phrase complète est : « (...) l'ancienneté d'une loi ne prouve autre chose, sinon qu'elle est ancienne. On s'appuie de l'histoire ; mais l'histoire n'est pas notre code. Nous devons nous défier de la manie de prouver ce qui doit se faire par ce qui s'est fait, car c'est précisément de ce qui s'est fait que nous nous plaignons », dans Considérations sur les intérêts du tiers état.
  9. Gazette Nationale 22 décembre 1792, N°357, intervention de Rabaud Saint Etienne, page 803.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 71.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 538.
  12. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française n°245, 1981, p. 379-389.
  13. Jean-Paul Rabaut dit Rabaut Saint-Etienne, « Prenez-y garde », sur bmlisieux.com, (consulté le )
  14. Rabaut-Saint-Étienne, Projet du préliminaire de la constitution françoise, (lire en ligne)
  15. [compte rendu] Marjolaine Chevallier, « André Dupont, Rabaut Saint-Etienne (1743-1793). Un protestant défenseur de la liberté religieuse. Introduction de Jean Baubérot. 2e édition complétée, Labor et Fides (Collection Histoire et société n°17), 1989 », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, vol. 70, no 3,‎ , p. 392-393 (lire en ligne, consulté le ).

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]