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Hôtel de Lassay

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Hôtel de Lassay
L'entrée de l'hôtel de Lassay
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
Architecte
Construction
Commanditaire
Léon de Lassay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Patrimonialité
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
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L'hôtel de Lassay est un hôtel particulier situé rue de l'Université dans le 7e arrondissement de Paris, actuelle résidence du président de l’Assemblée nationale.

Historique

Armand de Madaillan, marquis de Lassay, ami et conseiller (et amant) de la duchesse de Bourbon, commande en 1722 le projet d'un hôtel particulier à un Italien nommé Giardini, qui meurt la même année. Il est remplacé par Pierre Cailleteau dit « Lassurance », qui meurt en 1724, puis par Jean Aubert et Jacques V Gabriel. On estime aujourd'hui que c'est Aubert qui fut l'auteur principal, de même que pour le Palais Bourbon adjacent ou l'hôtel Peyrenc de Moras (actuel Musée Rodin).

La construction s'échelonne entre 1726 et 1730. L'hôtel, situé entre la rue de l'Université et la Seine, est construit à l'italienne, c'est-à-dire à un étage surmonté d'un toit plat. À la mort de Lassay, l'hôtel passe à sa fille, la comtesse d'O, puis à sa petite-fille, épouse de Louis de Brancas, duc de Villars, qui le vend en 1768[1] à Louis-Joseph, prince de Condé, petit-fils de la duchesse de Bourbon.

Celui-ci souhaite s'y installer après avoir laissé à son fils, le duc de Bourbon, et à sa belle-fille, née Bathilde d'Orléans, les principaux appartements du Palais Bourbon, qu'il a fait réaménager à partir de 1764 par l'architecte Barreau de Chefdeville, remplacé après sa mort en 1765 par Le Carpentier. À l'hôtel de Lassay, il fait travailler Le Carpentier, secondé par Claude Billard de Bélisard, qui reste seul après la mort de Le Carpentier en 1773, avant d'être chassé à la suite d'un différend et remplacé vers 1780 par Jean-François Leroy.

Dans le vestibule, Le Carpentier modernise très habilement le décor datant de la Régence. Un nouveau bâtiment en forme de U est construit pour abriter les petits appartements et décoré avec un luxe extrême. Les appartements où le prince vécut avec sa maîtresse Catherine de Brignole, princesse de Monaco, ont été décrits par Dezallier d'Argenville, Thiéry[2] et par la baronne d'Oberkirch.

« Le petit palais Bourbon, construit en 1779, est annexé au grand et le complète ; c'est un bijou. M. le prince de Condé en a fait le plus joli colifichet du monde. Il est meublé avec une recherche délicieuse, mais pas assez noble peut-être pour les hôtes qu'il renferme. Il y a là des fantaisies et des bibelots comme chez Mademoiselle Dervieux. L'appartement de mademoiselle de Condé seul est d'une sévérité majestueuse ; elle y a placé un Christ du Titien, je crois ; c'est la plus touchante image de Dieu que j'aie jamais vu.
En outre du grand et du petit palais, il y a encore le moyen, ce qui rend le tout ensemble une demeure aussi étendue qu'élégante. La belle galerie de peinture est dans le palais moyen ; on y voit une suite de tableaux représentant les batailles où a figuré le grand Condé, et force tableaux de chasse. »

— Baronne d'Oberkirch, Mémoires sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789[3]

La pièce la plus admirée est le salon circulaire dont le volume et le décor étaient transformables : le plafond était fait d'un disque amovible, qu'un mécanisme permettait d'élever vers le sommet de la coupole ; ce mouvement dégageait l'oculus tandis que des miroirs sortaient du sol pour occulter les croisées ; au sommet du tambour, une balustrade circulaire dissimulait un orchestre qui pouvait se faire entendre sans être vu. La coupole, divisée en secteurs semblables à des côtes de melon, fut peinte par Callet qui y représenta l'histoire de Vénus[4].

Dans la galerie, on place des livres dans des bas d'armoire présentant à hauteur d'appui des bustes, des vases et des bronzes antiques et sur la partie supérieure des murs le prince fait accrocher les plus beaux tableaux de ses collections. La salle à manger d'hiver est chauffée par le sol « à la manière russe »[5] grâce à des tuyaux placés sous le dallage. Charles De Wailly, qui importait des marbres antiques d'Italie, vend au prince une Vénus pudique pour y faire pendant à la Vénus callipyge qu'il possède déjà. Des arbres peints sur des miroirs – des marronniers dans la salle à manger, des lilas dans la salle de billard – forment un décor nouveau et gai selon un procédé qui sera ensuite souvent imité.

Dans le jardin, un petit temple de treillage est construit pour abriter un groupe sculpté vingt ans auparavant par Pigalle pour les jardins de MMe de Pompadour au château de Bellevue, l'Amour embrassant l'Amitié.

Un petit salon de l'hôtel de Lassay

En 1792, l'hôtel est confisqué comme bien national. Il abrite la nouvelle École Polytechnique de 1794 à 1804. En 1815, il est restitué aux Condé mais, après l'extinction de la branche, le duc d'Aumale, leur héritier, loue puis vend l'hôtel à l'État, en 1843, pour servir de résidence au président de la Chambre. C'est à cette époque qu'il est surélevé d'un étage et relié par une galerie au Palais Bourbon.

En 1854, le duc de Morny, nommé président du Corps législatif, occupe l'hôtel de Lassay qui connaît une période particulièrement brillante. La fête du 20 mars 1855, honorée de la visite de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, est restée célèbre par son luxe.

De 1870 à 1879, l'hôtel de Lassay est inoccupé, le gouvernement ayant son siège à Versailles. En 1873, il accueille le chah de Perse Nasser El-Din. En 1879, il devient la résidence du président de la Chambre des députés.

Notes et références

  1. Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 61
  2. Guide des amateurs et des étrangers voyageurs dans les maisons royales, châteaux, lieux de plaisance, établissements publics, villages et séjours les plus renommés aux environs de Paris, 1788
  3. Paris, Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé, 1989, pp. 324-325
  4. Selon [[#Gallet1995|Michel Gallet, op. cit.]], p. 62 : « Lors de la démolition en 1845, ces éléments furent conservés. Ils appartenaient en 1939 à la famille Van den Broek d'Obrenan ; en 1945, ils furent confisqués en URSS par les commissaires John K Rorimer et Rose Valland, sans qu'on fût fixé sur leur provenance et leur identité. Vers 1955, ils furent reconnus par Jacques Wilhelm, en présence de Bernard Dorival, dans les combles du musée d'Art moderne. »
  5. Cité par [[#Gallet1995|Michel Gallet, op. cit.]], p. 62

Voir aussi

Sources

  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, (ISBN 2-8562-0370-1)

Articles connexes

Bibliographie

  • Paulin Paris, Le Marquis de Lassay et l'hôtel Lassay, aujourd'hui hôtel de la présidence, Paris, Jacques-Joseph Techener, , 20 p.
  • Violaine Lanselle, « Le Palais-Bourbon et l'Hôtel de Lassay », Monuments historiques, CNMHS, no 144,‎ , p. 109–132 (ISSN 0242-830X)
  • Patrice Boussel, « L'Hôtel de Lassay », La Revue française de l'élite européenne, no 271,‎ , p. 1–20 (ISSN 0048-8054)
  • Bertrand Pecquerie, L'Hôtel de Lassay : De la Régence à nos jours, Paris, Assemblée nationale, , 22 p. (lire en ligne)
  • Richard Flahaut, « L'Hôtel de Lassay », Vieilles maisons françaises, no 144 « Haute-Marne »,‎ , p. 110–113 (ISSN 0049-6316)
  • Françoise Adam-Mouton, Xavier Brun, Pierre-Antoine Gatier, Michel Couderc, Karina Perez-Arroyo, Serge Waré et François Poche (préf. Raymond Forni), L'Hôtel de Lassay : Chantier d'une Renaissance, Paris, Phileas Fogg, , 168 p. (ISBN 2-914498-01-2)
  • Jacques Wilhelm, « La Coupole peinte par Antoine Callet pour le salon de compagnie des petits appartements du Palais Bourbon », Bulletin de la Société d'histoire de l'art français,‎

Lien externe


Modèle:Résidences de la République française