Gérard van Goetsenhoven
Gérard van Goetsenhoven | ||||||||
Entrée du cimetière attenant à l'abbaye de Parc. | ||||||||
Biographie | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nom de naissance | De Goetsenhoven, Gossenhove, de Gossoncourt | |||||||
Naissance | XIVe siècle Louvain |
|||||||
Ordre religieux | Ordre des Prémontrés | |||||||
Ordination sacerdotale | ||||||||
Décès | ||||||||
Abbé de l'Église catholique | ||||||||
24e abbé de Parc | ||||||||
– | ||||||||
| ||||||||
Autres fonctions | ||||||||
Fonction religieuse | ||||||||
Archichapelain des ducs de Brabant | ||||||||
Fonction laïque | ||||||||
Chargé de missions diplomatiques | ||||||||
modifier |
Gérard van Goetsenhoven, né à Louvain vers 1380, fut un prélat de l'abbaye de Parc, monastère prémontré situé dans le duché de Brabant, près de Louvain, fondé en 1129 et toujours en activité dans la province actuelle du Brabant flamand, en Belgique.
Il fut le 24e abbé de cet établissement religieux de 1414 à sa mort en 1434, en se distinguant notamment en tant qu'archichapelain des ducs de Brabant, comme dignitaire présent à l'inauguration de l'Université de Louvain en 1425, ainsi que pour son habileté diplomatique.
Chronologie
[modifier | modifier le code]Gérard van Goetsenhoven naît à Louvain vers 1380[1],[note 1]. Il est issu d'une ancienne et noble famille[2]. Il devient profès en 1373, prêtre en 1390, pitancier en 1397, proviseur de Parc en 1403, puis est promu à la dignité d'abbé à l'unanimité des voix de ses confrères, le [3]. Il meurt le et est enterré au chapitre du monastère où un de ses successeurs a fait placer une pierre sépulcrale avec son effigie en cuivre, enlevée pendant la tourmente révolutionnaire[4],[note 2],[5].
Abbatiat
[modifier | modifier le code]Intendance
[modifier | modifier le code]Du temps de l'abbé Gérard van Goetsenhoven, 19 religieux furent acceptés à l'abbaye, dont 2 convers[3].
En 1423, la tour de l'église ayant été frappée par la foudre et entièrement détruite par l'incendie induit, il engage 173 couronnes 20 1/2 plecken pour la construction d'une nouvelle flèche[6].
Pour contrarier les malfaiteurs qui ont leur repaire dans les bois qui environnent l'abbaye, lesquels occasionnent de gros dégâts, il commence à élever une muraille entre la porte de Tirlemont et celle du monastère[note 3],[4].
En 1430, il lance, pour un montant supérieur à 104 couronnes, une construction remarquable en qualité de nouvelle porte vers la route de Tirlemont, laquelle comprend une vingtaine de fenêtres[4].
Arts et culture
[modifier | modifier le code]En 1420, l'abbé Gérard van Goedsenhoven fait exécuter par l'orfèvre Henri van Velpen un calice en argent doré portant les armes de l'abbé, du poids de 13 onces et 3 esterlins[7].
En 1427, il entreprend de restaurer les orgues, faisant réaliser des travaux de peinture[6]. Il commande d'autre part à l'artiste Henri Van Velpe un nouvel ostensoir pour le saint-sacrement, les frais de main-d'œuvre s'élevant à 45 1/2 couronnes, somme considérable pour l'époque[6].
En 1446, il met en place au chevet du choeur de l'église de Werchter, un vitrail peint représentant l'institution de la confrérie de Notre-Dame[note 4],[7],[8].
Sur le plan des sciences sacrées, l'abbé Gérard van Goetsenhoven a enrichi notablement la collection de manuscrits de la bibliothèque en confiant principalement les transcriptions et la fabrication des reliures de ces livres aux religieux du couvent de Bethléem, près de Louvain[6],[5].
Affaires religieuses
[modifier | modifier le code]Comme pour ses prédécesseurs, l'abbé Gérard van Godtsenhoven possède le privilège de faire le service divin à la chapelle de la cour, à Bruxelles, ce qui lui confère le titre de archichapelain des ducs de Brabant[2],[1]. Les livres aux comptes de l'abbaye montrent précisément que c'est en 1415 qu'il officie pour la première fois à la chapelle ducale[2]. En outre, il reçoit, le , du duc de Brabant Jean IV, pour lui et ses successeurs, la confirmation de ce privilège, de façon à pouvoir célébrer les offices divins devant les ducs de Brabant et être leurs confesseurs perpétuels[2].
Sous son abbatiat, les livres aux comptes des années 1415, 1432 et 1435 témoignent de sommes dépensées pour financer des représentants de l'ordre des Prémontrés aux conciles de Constance et de Bâle[6].
Affaires politiques
[modifier | modifier le code]L'abbé Gérard van Goetsenhoven, en sa qualité de prélat, siège aux États de Brabant et prend une part active aux affaires[1]. Il signe notamment, en 1415, avec d'autres prélats et seigneurs, le pacte d'union entre le Brabant et le Limbourg[3].
Par ailleurs, les États l'ont député, en 1421, pour les affaires du pays, auprès du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne, et, plus tard, en 1423, auprès du même à Arras[2],[3],[note 5],[5].
Il assiste en tant que dignitaire, le , à côté des principaux invités, à l'inauguration de l'Université de Louvain[3]. Par la suite, il reste très lié au corps professoral de cet institut, et lui envoie quelques-uns de ses religieux pour y suivre les cours de théologie[2].
Diplomatie
[modifier | modifier le code]D'un caractère droit et conciliant, l'abbé Gérard van Goetsenhoven est tenu en grande estime par le duc de Brabant[1]. Il est de surcroît un diplomate très habile[2].
Par exemple, quand le duc Jean IV de Brabant est destitué à cause de sa conduite avec son épouse Jacqueline de Bavière, et qu'il prend la fuite à Maastricht, l'abbé y est envoyé le pour atténuer les dissensions entre le duc et ses sujets[2] et tenter une réconciliation[3],[note 6],[5].
-
Jacqueline de Bavière.
-
Jean IV, duc de Brabant.
-
Henri V, roi d'Angleterre.
-
Philippe III le bon, duc de Bourgogne.
Postérité
[modifier | modifier le code]Vitrail
[modifier | modifier le code]Au chevet du chœur de l'église de Werchter, il existait un vitrail, peint par Henri van Schoonberghen, représentant l'institution de la confrérie de Notre-Dame, lequel vitrail comportait, dans sa partie basse, l'effigie de l'abbé Gérard van Goetsenhoven avec son blason et celles du pasteur de la paroisse de Werchter et des autres membres de la confrérie de Notre-Dame[7].
Indication posthume
[modifier | modifier le code]Dans son ouvrage cité plus bas, J.E. Jansen[note 7] accompagne la chronologie de l'abbé Gérard van Goetsenhoven d'une indication en latin le concernant et qu'un utilitaire informatique traduit par : « homme très illustre, que tu regardes soit ses aïeux, soit ses œuvres »[note 8].
Dalle funéraire
[modifier | modifier le code]Dans la salle capitulaire où les restes de l'abbé Gérard van Goetsenhoven ont été déposés, le 26e abbé de Parc Thierry van Tuldel a fait placer une dalle funéraire, ornée de l'effigie de l'abbé en cuivre et de ses armoiries familiales[3]. Cette pierre sépulcrale est encadrée par des ornements de sculpture qui soutiennent un baldaquin d'une facture remarquable, chaque angle de la pierre portant un des écussons du défunt auxquels s'ajoute une inscription à l'entour du monument[note 9],[4].
Armes de l'abbé
[modifier | modifier le code]Les armes de l'abbé Gérard van Goetsenhoven se blasonnent : « parti, le premier d'azur à l'aigle d'or, le second de sable à un sautoir engrêlé d'argent »[note 10]. Elles apparaissent sur le tableau des armes des abbés qui existe à l'abbaye de Parc. Elles figurent aussi dans l'armorial des abbés de Parc.
Notes
[modifier | modifier le code]- Une contradiction apparaît d'entrée puisque, selon le chanoine archiviste J.E. Jansen, Gérard van Goetsenhoven serait devenu profès dès 1373. Dans la Biographie nationale de Belgique, Édouard van Even se contente d'affirmer qu'il prend l'habit de l'ordre de Saint-Norbert au monastère de Parc après avoir terminé ses humanités.
- La Biographie nationale de Belgique indique une date différente pour la mort de l'abbé Gérard van Goetsenhoven : . On y apprend aussi que, sur sa pierre tombale qui existe encore en partie, le défunt y est représenté en habits pontificaux, au centre d'un portail d'architecture.
- Les dépenses engagées en 1428, 1429 et 1435 pour cette muraille s'élèvent à 350 1/2 couronnes 6 plecken.
- Au bas de ce vitrail se trouvait l'effigie de l'abbé Gérard van Goetsenhoven avec son blason et celles du pasteur de la paroisse de Werchter et des autres membres de la confrérie de Notre-Dame. Cette œuvre est une production du peintre sur verre Henri van Schoonberghen qui fut payé 18 couronnes et 18 plecken. Cette fenêtre fut bouchée en 1656.
- Selon la Biographie nationale de Belgique, la députation des États auprès du duc de Bourgogne pour défendre les intérêts du duché s'est déroulée en 1422.
- La Biographie nationale de Belgique est plus diserte sur les dissensions qui existent à l'époque dans le duché de Brabant. On y apprend qu'en 1420 le duc quitte Bruxelles pour se réfugier d'abord à Bois-le-Duc puis à Maastricht d'où il négocie des alliances avec l'étranger, mais pour les États il s'agit d'un abandon de pouvoir, c'est pourquoi ils confient la direction du duché au comte Philippe de Saint-Pol, frère du duc Jean IV de Brabant. Jean IV de Brabant veut revenir alors au pouvoir les armes à la main. C'est alors que l'abbé Gérard van Goetsenhoven intervient pour convaincre le duc d'arranger les différends à l'amiable.
- J.E. Jansen est chanoine de l'abbaye de Parc, archiviste de la ville de Turnhout et membre titulaire de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique.
- L'indication d'origine en latin concernant l'abbé Gérard van Goetsenhoven est : vir sive progenitores spectes, sive opera clarissimus.
- On peut lire à l'entour du monument à la mémoire de l'abbé Gérard van Goetsenhoven : « Abbatis quondam Gerardi de Goetsenhoven Lovanii geniti hic ossa supina cubant. Hujus pro meritis qui successit Theodoricus Alter post illum hœc sternere saxa jubet. Grandia vicinœ per eum stant ostia sylvœ. Longaque ecclesiœ jus, res conservat et auget. A cunctis colitur, in domino moritur - anno M CCCC XXXIV Maii II. »
- Dans son ouvrage de référence et en rapport avec le blason de l'abbé Gérard van Goetsenhoven, J.E. Jansen indique le blasonnement suivant : « parti, le premier parti d'azur à l'aigle éployée d'or, le second parti de sable à un sautoir engrêlé d'argent ». Cet énoncé utilise le terme « éployée » qui est superflu pour une aigle. D'autre part, l'aigle représentée ici sur le blason est becquée, lampassée, allumée, membrée et armée d'argent, ce qui est une erreur. De plus, mais ça ne se blasonne pas directement, il y a un kleestengel (demi-cercle tréflé sur la poitrine et les ailes) d'argent qui est plutôt spécifique aux pays de l'est, moins à la partie occidentale de l'Allemagne qui influence les armoiries belges.
Références
[modifier | modifier le code]- Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique 1884-1885, p. 82.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 588
- J.E. Jansen 1929
- F.J. Raymaekers 1858, p. 590
- Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique 1884-1885, p. 83.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 589
- F.J. Raymaekers 1858, p. 538.
- Edward Van Even, Charles Onghena et Florimond Van Loo 1870, p. 87.
Annexes
[modifier | modifier le code]Article connexe
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- J.E. Jansen (chanoine et archiviste), L'abbaye norbertine de Parc-le-Duc - Huit siècles d'existence - 1129-1929, Malines, H. Dessain, .
- Bruno Bernhard Heim (nonce apostolique et héraldiste), Coutumes et Droit Héraldique de l'Église, .
- F.J. Raymaekers (professeur et chronologiste), « Recherches historiques sur l'ancienne abbaye de Parc », Revue catholique - Recueil religieux, philosophique, scientifique, historique et littéraire, Louvain, P.J. Verbiest, sixième série, vol. premier, année 1858, p. 588-590.
- (fr + nl + la) Edward Van Even, Charles Onghena et Florimond Van Loo, L'ancienne école de peinture de Louvain, Bruxelles, Muquardt, , 455 p..
- Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Biographie nationale de Belgique : Volume 8, Bruxelles, 1884-1885, 926 p.