Fonds de Moscou

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Le fonds de Moscou est un très important ensemble d'archives françaises : archives policières et militaires prises après la défaite de 1940, archives des services spéciaux prises après l'invasion de la zone libre. L'ensemble, transporté en Allemagne, saisi par les troupes soviétiques en 1945 en Allemagne est rendu à la France en 1994 et 2004. Les fonds les plus importants concernent le ministère de la Guerre et celui de la Sûreté générale, ancêtre de la police nationale et conservé aux Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine.

Historique[modifier | modifier le code]

Des archives militaires et policières ont été saisies par l'armée allemande lors de son entrée dans Paris en 1940. Des archives des services spéciaux ont été saisies après l'invasion de la zone libre. Entre 1940 et 1945, elles sont conservées en Tchécoslovaquie et en Pologne, triées, exploitées par les Allemands, avant d'être transférées à Moscou en 1945 après leur récupération par les Soviétiques. Pendant 50 ans, elles sont inventoriées et exploitées par diverses administrations (ministère des Affaires étrangères, KGB…) avant d'être restituées, sans doute en partie seulement, à la France en 1994 et 2004. Outre les archives publiques saisies dans les ministères de la Guerre et de l'Intérieur, des archives privées ont été saisies : archives d'intellectuels et d'hommes politiques (Léon Blum), archives d'association (telles que la Ligue des droits de l'homme), de syndicats, de partis politiques et de loges maçonniques.

Archives restituées aux Archives nationales[modifier | modifier le code]

Boîte du Fichier central de la sûreté nationale (Archives nationales)

Aux Archives nationales, on trouve des dossiers et un fichier de surveillance nominatifs, provenant du fichier central, fusion de différents fichiers et des documents produits par les différents organes de la Sûreté (6 kilomètres linéaires). Ils datent essentiellement des années 1930. En 2013, ils ont été adjoints aux fonds du département Justice et Intérieur à Pierrefitte-sur-Seine. Les reclassements effectués par les Russes ont été conservés dans les versements rapatriés en France.

Dans son livre Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus publié en 2012, Ivan Jablonka a raconté comment il a retrouvé les dossiers individuels de ses proches dans les archives de la Sûreté du « Fonds de Moscou »[1].

Archives restituées conservées au Service historique de la Défense[modifier | modifier le code]

Depuis leur restitution au ministère de la Défense, les archives saisies au ministère de la Guerre ont été reclassées en fonction du service producteur. Elles provenaient principalement du Conseil supérieur de la guerre, du Conseil supérieur de la défense nationale, du cabinet du ministre, du secrétariat général du ministère, du Comité militaire allié de Versailles, des commissions militaires interalliées de contrôle, des 1er et 4e bureaux de l'état-major des armées et du grand quartier général en 1914-1918 et 1939-1940. D'autres concernent les services spéciaux[2],[3]

Sources complémentaires[modifier | modifier le code]

Aux Archives nationales, le fonds de Moscou fait écho à des dossiers non saisis en 1940 par l'armée d'occupation qui se trouvent dans la série F7.

Sur Geneawiki : Fonds de Moscou ainsi que les collections indexées et numérisées dans le projet correspondant intitulé : Fichier central de sûreté nationale].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jablonka, Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus, Paris, Seuil, 2012 - p. 132.
  2. Gwladys Longeard, « Le fonds « Moscou » au département de l'Armée de terre », Revue historique des armées, 246, 2007, 130 (en ligne).
  3. Jean Vigreu, « Les archives rapatriées de Russie, traitement, exploitation, valorisation », sur Paprik@2F (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sophie Cœuré, La Mémoire spoliée. Les archives des français, butin de guerre nazi puis soviétique, de 1940 à nos jours, Paris, Payot, 2006, 270 p. Réédition : Petite bibliothèque Payot, 2013, 384 p.
  • Sophie Cœuré, « Les “fonds de Moscou”, bilans et perspectives vingt ans après les premiers retours », dans Bertrand Fonck, Hélène Servant et Sophie Coeuré, sous la direction de, Les fonds de Moscou. Regards sur les archives rapatriées de Russie et les saisies de la Seconde guerre mondiale, Rennes : Presses universitaires de Rennes ; Vincennes : Service historique de la défense, 2019, pp.215-222.
  • Dominique Devaux, « Les archives de la direction de la Sûreté rapatriées de Russie », La Gazette des archives, no 176,‎ 1er trimestre 1997, p. 78-86 (lire en ligne).
  • Bertrand Fonck (dir.), Hélène Servant (dir.) et Sophie Cœuré (dir.), Les fonds de Moscou : regards sur les archives rapatriées de Russie et les saisies de la Seconde guerre mondiale, Rennes / Vincennes, Presses universitaires de Rennes / Service historique de la Défense, coll. « Histoire. Archives, histoire et société », , 235 p. (ISBN 978-2-7535-7729-9, présentation en ligne).
  • Gwladys Longeard, « Le fonds « Moscou » au département de l'Armée de terre », Revue historique des armées, no 246,‎ , p. 130 (lire en ligne).
  • Frédéric Monier, Sophie Cœuré et Gérard Naud, « Le retour de Russie des archives françaises : le fonds de la Sûreté », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 45,‎ , p. 133-139 (lire en ligne).
  • Archives nationales, Fiche de recherche no 108
  • « Restitution. La bataille des archives françaises de Moscou », Courrier international, no 484, , p. 14.

Articles connexes[modifier | modifier le code]