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Escadrille 2

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Escadrille 2
Photo noir et blanc d'un avion au sol
Avion Letord 5 no 422 appartenant à l'escadrille 2. On peut voir sur son fuselage l'insigne de l'escadrille: un triskèle.

Création
Dissolution
Pays Drapeau de la France France
Allégeance FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Branche Aéronautique militaire
Type Escadrille
Rôle Observation
Guerres Première Guerre mondiale

L'escadrille 2 est une unité de l'aéronautique militaire française pendant la Première Guerre mondiale. Elle change plusieurs fois de nom au cours du conflit pour devenir successivement l'escadrille MF 2, F 2, AR 2, SPAbi 2 et BR 2[note 1].

L'escadrille 2 est formée au camp de Chalons-sur-Marne le , sous le nom d'escadrille MF 2[2] pour refléter son équipement avec des avions Farman MF.7[3]. Elle est déplacée à Verdun le et s'y trouve toujours au déclenchement de la Première Guerre mondiale, sous les ordre du capitaine Léon Bretey. Le , l'escadrille 2 est rattachée à la 3e armée, créée le même jour[3]. Elle reste dans le secteur de Verdun, tandis que l'armée qu'elle soutient est engagée dans la bataille des Ardennes[3]. Après l'enlisement du conflit dans la guerre des tranchées, l'escadrille 2 est envoyée dans le secteur de Clermont-en-Argonne le [3]. En juillet de la même année, elle est rattachée au 5e corps d'armée et ne le quittera plus jusqu'à la fin de la guerre. Dans le secteur de Clermont-en-Argonne, l'escadrille 2 mène des missions de reconnaissance, de réglage d'artillerie et de bombardement, lors desquelles elle subit des pertes : trois équipages de deux hommes sont tués, respectivement le , et [3].

Après l'attaque allemande qui ouvre la bataille de Verdun le et le bombardement du terrain d'aviation de Clermont-en-Argonne, l'escadrille 2 gagne l'aérodrome voisin de Auzéville-en-Argonne puis Autricourt[2]. Elle y reste jusqu'en août, où elle gagne le camp de Mailly pour des exercices avant d'être engagée dans la bataille de la Somme en septembre[3]. Le , elle est déplacée à Treux, à l'arrière du front, pour une période de repos[2]. Le , le 5e corps d'armée est déplacé dans le secteur du Chemin des Dames sous le commandement de la 5e armée et l'escadrille 2 est stationnée à Matougues[2]. A la mi avril 1917, la bataille du Chemin des Dames est lancée et le 5e corps y est impliqué sous les ordres de la 10e armée[3]. L'escadrille 2 combat au-dessus de Juvincourt-et-Damary et La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert[3].

Photo noir et blanc d'un avion au sol.
SPAD XI no 379 appartenant à l'escadrille 2.

L'escadrille 2 reste basée à Treslon entre mars et [2]. En octobre, elle prend le nom d'escadrille AR 2[2] après avoir reçu des Dorand AR.1 (et des Letord) avant de devenir la SPAbi 2[2] moins d'un mois plus tard en raison de son rééquipement avec des biplaces SPAD XI[3]. Le , l'Empire allemand lance sa vaste offensive du Printemps et l'escadrille 2 est engagée dans la défense de Noyon jusqu'au [3]. Une semaine plus tard, le 5e corps d'armée occupe les alentours de Morisel, et combat à partir du entre Ailly-sur-Noye, Morisel et l'Avre, avec le soutien de l'escadrille 2. En mai, un déplacement vers l'Alsace est annulé et le 5e corps est impliqué dans la 3e bataille de l'Aisne (faisant donc son retour dans le secteur du Chemin des Dames). L'escadrille 2 continue à soutenir son corps d'armée par ses missions de reconnaissance[3].

Photo noir et blanc d'un homme en uniforme.
Portrait du lieutenant danois Niels Paulli Krause-Jensen, engagé volontaire dans l'armée française et affecté à l'escadrille 2. Krause-Jensen travaille dans le secteur de l'aviation en France avant la guerre. Il s'engage dans la Légion étrangère en août 1914 avant d'être transféré en octobre dans l'escadrille 2. Il y reste jusqu'à la fin de la guerre. Blessé trois fois au cours du conflit (perdant son œil droit au passage), il est décoré de la Médaille militaire, de la croix de guerre avec 7 palmes, de la Médaille interalliée, de l'Insigne des blessés militaires et est fait chevalier de l'Ordre de Dannebrog dans son pays en 1919[4].

En juillet 1918, l'escadrille est engagée dans la 4e bataille de Champagne avant de combattre à partir du dans la 2e bataille de la Marne autour de Tincourt, ce jusqu'au . Le 5e corps passe le mois suivant à fortifier le secteur de la Vesle[3]. Le , les Alliés lancent une offensive vers la Ligne Hindenburg et l'escadrille 2 soutient la progression du 5e corps et des troupes américaines qui l'accompagnent entre la Vesle et l'Aisne[3]. Elle accompagne ensuite l'avancée alliée face aux troupes allemandes en retraite. Lorsque l'armistice du 11 novembre prend effet, la SPAbi 2 est à Roucy[2].

À la fin de la guerre, l'escadrille 2 totalise 7 victoires aériennes homologuées, et a perdu 15 de ses membres (tués ou disparus)[5]. Elle a également obtenu une citation à l'ordre du corps d'armée et été décorée de la croix de guerre avec une étoile de vermeil (ce qui symbolise cette citation à l'ordre du corps[6])[5]. L'escadrille SPAbi 2 devient l'escadrille BR 2 après son passage sur Breguet 14A2 en 1919 et reste stationnée pour un temps en Champagne, d'abord à La Cheppe, puis à Matougues[2]. En , elle est affectée au Groupe d'escadrilles marocaines et transférée à Meknès en août[2].

Le , dans le cadre de la restructuration de l'aéronautique militaire, l'escadrille 2 cesse d'exister sous ce nom : ses traditions sont reprises par la 3e escadrille du 7e régiment d'aviation[2].

Photo en couleur d'un triskèle sur une poterie antique.
Triskèle semblable à celui des avions de l'escadrille 2, sur un vase grec antique au musée archéologique régional d'Agrigente, en Sicile.

Jusqu'en 1916, l'escadrille 2 ne tolère pas d'insigne sur ses avions. Elle finit toutefois par adopter pendant la bataille de la Somme un insigne représentant trois jambes féminines pliées et présentées en hélice ou triskèle, le tout inscrit dans un cercle dont la couleur peut varier en fonction des pilotes. L'emblème se rapproche du symbole associé à la Sicile depuis la Grèce antique. Ces jambes disposées en hélice étaient notamment peintes sur les boucliers de certains guerriers grecs[2].

Liste des commandants

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  • Capitaine Léon Bretey : -
  • Capitaine Joseph Collard : -
  • Lieutenant Hubert Petyst de Morcourt : -
  • Capitaine Henri Ribault : -
  • Lieutenant Jean Boijoux : jusqu'à l'absorption au sein du 7e régiment d'observation

Appareils utilisés

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Deux photos noir et blanc juxtaposées montrant un avion détruit dans un champ.
Carcasse d'un avion Maurice Farman de l'escadrille 2, détruit près de Fleury-sur-Aire, dans la Meuse, en 1916.

Pour remplir son rôle d'observation et de reconnaissance, l'escadrille 2 utilise au cours de son histoire les types d'appareils suivants (avec les dates d'adoption entre parenthèses)[5] :

L'équipement détaillé de l'escadrille est connu à certains moments précis de la Première Guerre mondiale grâce à l'étude de son carnet de comptabilité en campagne[5]. Le , elle possède en tout 6 Farman MF.11 dotés d'un moteur de 80 chevaux et 3 MF.11 avec un moteur de 130 chevaux. Le de la même année, l'escadrille 2 est dotée d'un assortiment d'appareils divers : 4 MF.11 de 80 chevaux (les No 976, 1029, 1324 et 1338), 4 MF.11 de 130 chevaux (les No 1149, 1176, 1197 et 1854), le Farman F.40 no 1854 et les Caudron G.4 no 1081 et 1257. Pour le , l'escadrille est repassée à une dotation homogène de 12 avions Farman. En octobre 1917, elle est passée à 12 Dorand AR et 3 Letord 5 (en)[5].

Notes et références

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  1. Les lettres avant le numéro d'escadrille dépendent du type d'avion utilisé par l'escadrille et changent donc en fonction des changements d'équipement qui interviennent au cours de la guerre[1].

Références

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  1. SHAA 2004, p. 12.
  2. a b c d e f g h i j k et l SHAA 2004, p. 23.
  3. a b c d e f g h i j k l et m Albin Denis, « Escadrille_2 », sur Albin Denis (consulté le )
  4. (en) J. R. Westh,, « Danish pilots in the French Air Force 1914-1918 », The Medal Collector, vol. 49, no 4,‎ s.d., p. 25-27
  5. a b c d et e SHAA 2004, p. 24.
  6. « La Croix de guerre », sur Chemins de mémoire (consulté le )

Bibliographie

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  • (en) Frank W. Bailey et Christophe Cony, French air service war chronology, 1914-1918, Londres, Grub street, (ISBN 978-1-902304-34-2)
  • Philippe Bartlett, Les insignes de l'aéronautique militaire française jusqu'en 1918, Indo, (ISBN 978-2-914086-02-8)
  • Myrone Nicolas Cuich, De l'aéronautique militaire à l'Armée de l'air : 1912-1976, FeniXX, , 398 p. (ISBN 978-2-307-41659-3)
  • Myrone Nicolas Cuich, Les insignes de l'aéronautique militaire: 1912-1982, vol. 1, (ISBN 978-2-902883-01-1)
  • Myrone Nicolas Cuich, Les insignes de l'aéronautique militaire: 1912-1982, vol. 2, (ISBN 978-2-902883-01-1)
  • (en) Norman L. R. Franks et Frank W. Bailey, Over the front: a complete record of the fighter aces and units of the United States and French Air Services, 1914-1918, Londres, Grub Street, (ISBN 978-0-948817-54-0, OCLC ocm28223455, lire en ligne)
  • Commandant E. Moreau-Bérillon, L'Aviation Française 1914 - 1940. Ses Escadrilles - Ses Insignes,
  • SHAA, Les escadrilles de l'aéronautique militaire française: symbolique et histoire, 1912-1920, Vincennes, Service historique de l'armée de l'air, (ISBN 978-2-11-094692-8)

Liens externes

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