École nationale de la France d'outre-mer

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École nationale de la France d'outre-mer
Histoire
Fondation
1889
Dissolution
Prédécesseur
École coloniale (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Successeur
Institut des hautes études d'outre-mer (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Cadre
Type
Siège
Pays
Coordonnées
Carte
Bâtiment de l'ancienne École nationale de la France d'outre-mer construit en 1895 par Maurice Yvon, aujourd'hui Institut international d'administration publique, intégré à l'ENA.
Plaque sur le bâtiment.

L’École nationale de la France d’outre-mer (ENFOM), fondée en 1889 sous le nom d'École coloniale, connue familièrement sous le nom de « la Colo », est une école française chargée de former les cadres de l'administration coloniale (administrateurs, inspecteurs du travail et magistrats).

L'École coloniale reçoit en 1934 le nom d’École nationale de la France d’outre-mer (ENFOM), à laquelle succède en 1959 l’Institut des hautes études d’outre-mer (IHEOM), puis en 1966 l'Institut international d'administration publique (IIAP). Celui-ci est intégré à l'École nationale d'administration (ENA) en 2002.

École sélective et prestigieuse[1], elle se situait au 2, avenue de l'Observatoire à Paris, dans un bâtiment de style mauresque, construit par l’architecte Maurice Yvon.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'École coloniale est fondée en 1889, sous la IIIe République, pour succéder à un centre de stage en activité depuis 1885 sous le nom d'École cambodgienne. À cette date, Auguste Pavie, sous-chef du service télégraphique au protectorat du Cambodge, déplorant le manque de personnel qualifié pour assurer ces activités, envoie dans la capitale une dizaine de jeunes fonctionnaires d'origine khmère dont le stage professionnel sera de fait, sous ce terme, l’embryon de la future école coloniale.

Emmanuel Goldscheider, fonctionnaire au sous-secrétariat d'État aux colonies, organise ces formations qui débouchent en 1889 sur la création d'une école coloniale très soutenue par Eugène Étienne, député d'Oran. Sont associés aux Cambodgiens, à partir de 1892, des élèves africains, ce qui élève à environ une vingtaine le nombre de stagiaires, tous susceptibles d'entrer ensuite dans l'administration coloniale. C'est à cette date que le conseiller d’État Paul Dislère, ancien polytechnicien, prend la direction du conseil d’administration et exerce, jusqu’à sa mort en 1928, un magistère qui éclipse de fait le rôle d'Étienne Aymonier[réf. nécessaire], le premier directeur, par ailleurs spécialiste de la civilisation cambodgienne.

Paul Dislère sera en effet le moteur du développement initial, ayant tout au long d'une action acharnée, accru le rôle de l’École et développé son audience. Si les débuts sont difficiles, presque confidentiels puisque certains parlementaires en viennent à réclamer en 1909 la création d'une structure qui existe déjà, le succès est patent, notamment dans le cadre de la concurrence acharnée que la nouvelle institution mène contre l'École libre des sciences politiquesÉmile Boutmy a créé une section pour former les administrateurs pour l'Indochine. Après la fermeture de cette section en 1892, Dislère obtiendra le monopole de cette spécialité en 1912.

À la suite d'Outrey, en 1926, la direction est confiée à un jeune professeur, spécialiste des questions scolaires, Georges Hardy. En universitaire chevronné, ce dernier fonde des classes préparatoires à l'École coloniale aux lycées Louis-le-Grand, Chaptal et Henri IV, ouvertes en , imitées les années suivantes dans des établissements de province. Il fait aussi passer les études de deux à trois ans. En 1931, soutenu par Ernest Roume, le directeur obtient la gratuité de l’enseignement contre l’obligation de servir cinq ans dans l’administration coloniale. Cette mesure élargira le recrutement de l'École aux classes moyennes et renforcera encore le prestige de l'institution. Juste après le départ de Hardy, l'École coloniale devient en 1934 l’École nationale de la France d'outre-mer (ENFOM) mais elle conserve, notamment parmi les élèves, son appellation familière de « Colo ».

Dans un beau bâtiment édifié en 1895 par l'architecte Yvon, les fonctionnaires-stagiaires sont répartis en deux sections : Français et étrangers. Leurs études durent 2 ou 3 ans au bénéfice de promotions variant de 11 à 50 élèves et comprennent des enseignements de langues des pays d'outre-mer, d'ethnologie, de droit coutumier, de droit colonial public et privé.

La loi-cadre du ayant posé le principe de l’africanisation des cadres de l’administration d’outre-mer, les trois dernières promotions (1956, 1957 et 1958) comptèrent autant d’Africains et de Malgaches que de métropolitains.

En 1959, l’ENFOM devient l'Institut des hautes études d'outre-mer (IHEOM) destiné à former les cadres des États d’Afrique et de Madagascar membres de la Communauté française. L’IHEOM cède la place à l'Institut international d'administration publique (IIAP) en 1966, qui est finalement intégré à l'École nationale d'administration en 2002.

Personnalités liées à l'établissement[modifier | modifier le code]

Directeurs[modifier | modifier le code]

Professeurs[modifier | modifier le code]

Élèves[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Adrien Blazy, « Les magistrats formés à l’école coloniale : un ordre à part de la magistrature » in Les désunions de la magistrature : (XIXe – XXe siècles), Toulouse, Presses de l’Université Toulouse Capitole. En ligne.
  2. Louis Vignon, Un programme politique coloniale. Les questions indigènes., Paris, Plon,
  3. Bernard Le Calloc'h et Gyula Batâri, « Un bibliothécaire original : Alexandre Csoma de Kôrôs », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 79, no 296,‎ , p. 341–365 (ISSN 0300-9513, DOI 10.3406/outre.1992.3018, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Charles-Robert Ageron, « Les colonies devant l'opinion publique française (1919-1939) », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 77, no 286,‎ , p. 31–73 (ISSN 0300-9513, DOI 10.3406/outre.1990.2759, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dictionnaire biographique des anciens élèves de l'École nationale de la France d'outre-mer, promotions de 1889 à 1958, Association des anciens élèves de l'ENFOM, 2 vol., 2003
  • Delcroix, Une école coloniale en France, imprim. Bandieri, Le Caire, 1892, 45 p.
  • Pierre Foncin, Rapport général sur le fonctionnement de l'École coloniale, présenté à M. le sous-secrétaire d'État des colonies, Impr. des journaux officiels, Paris, 1892, 52 p.
  • Organisation et fonctionnement de l'École coloniale, ministère du Commerce, de l'Industrie et des Colonies, sous-secrétariat d'État aux Colonies, Trouillet, 1890-1891 (rééd. ult.), Paris, 2 vol.
  • Timothy Collier (Thèse de doctorat en Histoire du droit), L'École coloniale : la formation des cadres de la France d'outre-mer, 1889-1959, Aix-Marseille, (lire en ligne)
  • Adrien Blazy, « Les magistrats formés à l’école coloniale : un ordre à part de la magistrature » in Les désunions de la magistrature : (XIXe – XXe siècles), Toulouse, Presses de l’Université Toulouse Capitole. En ligne.
  • Pierre Gentil, École nationale de la France d'outre-mer, Académie des sciences d'outre-mer, 1986.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]