Débitage Discoïde

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Nucléus discoïde

Le débitage Discoïde[N 1] est l'une des méthodes de taille de la pierre employées au cours du Paléolithique. Il apparaît dans différentes industries lithiques couvrant un vaste espace géographique et un large champ chronologique mais est surtout caractéristique d'industries appartenant aux phases anciennes et moyennes du Paléolithique.

Historique[modifier | modifier le code]

Les préhistoriens du début du XXe siècle appelaient « disques moustériens » de petits nucléus plats qu'ils interprétaient parfois comme des projectiles. Les premières appellations considèrent le terme discoïde comme une morphologie, sans doute dans un objectif typologique, et non comme une technique de débitage. Dans les années 1950, François Bordes est un des premiers à les interpréter comme de véritables nucléus[1],[2]. Toutefois, il utilise l'expression « nucléus discoïde », qui renvoie donc à sa forme, pour désigner ce qu'il est convenu d'appeler, à la suite des travaux d'Éric Boëda[3], des nucléus Levallois récurrents centripètes. L'expression « débitage Discoïde » a ensuite été réutilisée dans les années 1990 pour désigner une autre méthode de débitage.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Selon la définition proposée par Éric Boëda «Le débitage discoïde se caractérise par la production d'enlèvements de direction centripède aux dépens d'une ou deux surfaces du nucléus»[4], le débitage Discoïde est caractérisé par le débitage récurrent d'éclats de direction centripède aux dépens d'un nucléus présentant une structure bipyramidale, comportant deux surfaces convexes et non hiérarchisées (chacune peut être alternativement utilisée comme surface de débitage et comme surface de plan de frappe)[5]à l'opposé du débitage Levallois. Le plan de fracturation des éclats est sécant avec le plan d'intersection de deux surfaces du nucléus. Les produits recherchés sont des éclats comportant deux tranchants convergents opposés à un dos de débitage, nommés « pointes pseudo-Levallois ». Il est possible alors de parler de débitage Discoïde stricto sensu. Les éclats sont prédéterminants et prédéterminés, ce qui signifie qu'ils sont sélectionnés pour donner une forme particulière au nucléus et donc préparer le débitage des autres éclats. On a donc un préparation préalable du nucléus. Le tailleur débite autour du bloc de pierre en conservant la même orientation sécante. On a comme produit de ces débitages quatre types : Les pointes pseudo-Levallois et les éclats débordants, tous deux avec des enlèvements de direction cordale, puis des éclats quadrangulaires et d'autres plus larges que long avec des enlèvements de direction centripède.

Depuis la publication de cette définition, une certaine variabilité a été mise en évidence dans les séries archéologiques comportant des débitages Discoïdes : dans certains cas, les surfaces peuvent être hiérarchisées[6],[7], dans d'autres le plan de fracturation des enlèvements prédéterminés peut être quasiment parallèle au plan d'intersection des deux surfaces[8],[9]. Les produits peuvent alors avoir un tranchant aigu sur toute leur périphérie à l'exception du talon. Il est possible alors de parler de débitage Discoïde lato sensu.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans la mesure où le terme « Discoïde » correspond ici à un héritage historique de la discipline mais ne signifie pas « en forme de disque », il est composé avec une majuscule initiale ; cf. Jaubert, J. et Mourre, V. (1996) - « Coudoulous, Le Rescoundudou, Mauran : diversité des matières premières et variabilité des schémas de production d'éclats », in: Proceedings of the International Round Table : Reduction processes ("chaînes opératoires") for the European Mousterian, Bietti, A. et Grimaldi, S., (Éds.), Rome, Quaternaria Nova VI, note 1, p. 338.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Vincent Mourre, « Discoïde ou pas discoïde ? Réflexions sur la pertinence des critères techniques définissant le débitage discoïde », British Archaeological Reports (BAR), International Series, vol. 1120,‎ , p. 2 (ISBN 1 84171 496 8, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  2. François Bordes, « Principes d'une méthode d'étude des techniques de débitage et de la typologie du Paléolithique ancien et moyen », Bulletin de la société préhistorique française,‎ , p. 34
  3. Éric Boëda, « Le débitage Discoïde et le débitage Levallois récurrent centripète », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 90, no 6,‎ , p. 392-404 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Eric Boëda, « Le débitage discoïde et le débitage Levallois récurrent centripède », Société préhistorique française,‎ , p. 393 (lire en ligne)
  5. Éric Boëda, « Caractéristiques techniques des chaînes opératoires lithiques des niveaux micoquiens de Külna (Tchécoslovaquie) », Paléo, no 1 « supplément - Actes du colloque de Miskolc »,‎ , p. 57-72 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Jacques Jaubert, « Le gisement paléolithique moyen de Mauran (Haute-Garonne) : techno-économie des industries lithiques », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 90, no 5,‎ , p. 328-335 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Jean-François Pasty, « Le gisement paléolithique moyen de Meillers (Allier) : un exemple de la variabilité du débitage Discoïde », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 97, no 2,‎ , p. 165-190 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Slimak, L. (1998-1999) - « La variabilité des débitages discoïdes au Paléolithique moyen : diversité des méthodes et unité d'un concept. L'exemple des gisements de la Baume Néron (Soyons, Ardèche) et du Champ Grand (Saint-Maurice-sur-Loire, Loire) », Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, 1998-1999, t. 7-8, pp. 75-88.
  9. Slimak, L. (2003) - « Les débitages Discoïdes moustériens : évaluation d'un concept technologique », dans Peresani 2003, Discoid lithic technology - Advances and implications, p. 33-65.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) M. Peresani, Discoid lithic technology - Advances and implications, vol. 1120, Oxford, British Archaeological Reports (BAR), International Series, , 275 p. (présentation en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]