Bretons insulaires

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Le nom Bretons (en latin : Britanni) désigne d'abord les habitants de l'île de Bretagne[1], ou Bretagne insulaire (en latin : Britannia), ou plus exactement habitant la partie de l'île limitée au nord par les fleuves Clyde et Forth (en Écosse aujourd'hui).

Les autres habitants de l'île sont :

  • au nord de ces rivières, les Calédoniens, Maètes, Attacottes[2]..., ou, depuis la confédération, les Pictes ;
  • sur les côtes galloises, des Hibernes, ou Gaels d'Irlande.

Par la suite arriveront :

Aussi, sa définition pose la double question du peuplement de l'île de Bretagne, et du « caractère celtique » de ce peuplement.

Cette question doit être considérée pour deux périodes distinctes qui durent près de mille ans : avant la conquête romaine d'une part et durant le Haut Moyen Âge d'autre part.

Origine du nom

Bas-relief d'une femme romano-britannique, dans le Manor House Art Gallery and Museum à Ilkley, Yorkshire de l'Ouest.

La première référence connue aux habitants de la Grande-Bretagne provient du récit du voyage de Pythéas, un géographe grec originaire de Massalia, l'antique Marseille qui a fait un voyage d'exploration autour des Îles Britanniques entre 330 et 320 avant JC.

L'ouvrage de Pythéas, De l'Océan (Περί του Ωκεανού, Perì toû Ôkeanoû) a disparu, mais plusieurs auteurs antiques nous en ont transmis des bribes, principalement le géographe Strabon[3]; Ératosthène, Polybe[4], Diodore de Sicile et Pline l'Ancien. Pythéas appelle les îles αἱ Βρεττανίαι, (hai Brettaniai), traduit en îles Britanniques, mais utilise également le terme Pretannike (en). Les peuples de ces îles sont désignés comme Πρεττανοί (Prettanoi), Priteni, Pritani ou Pretani. Le terme Pritani a peut-être été transmis à Pythéas par les gaulois[5].

Lors de l'Empire romain, le nom latin des îles est Britanni ou Brittanni[6].

La Chronique anglo-saxonne, dont la rédaction est ordonnée par le roi Alfred le Grand à la fin du IXe siècle, commence par cette phrase : L'île Grande-Bretagne a 800 miles de long et 200 miles de large, et il y a dans l'île cinq nations : l'anglais, le gallois, les écossais, les pictes et le latin. Les premiers habitants étaient les Britanniques, venus d'Arménie qui ont d'abord peuplé la Grande-Bretagne par le sud. (« L'Arménie » est peut-être une transcription erronée de l’Armorique, région du nord-ouest de la Gaule[7].

Dans l'Historia regum Britanniae, Geoffroy de Monmouth rapproche le nom de Bretagne à une fondation du royaume de la même île par Brutus de Troye, présenté comme fils d'Ascagne.

En anglais, le terme « britannique » désigne à l'origine les anciens Britanniques, plus particulièrement les Gallois, considérés comme leurs héritiers [8]. Après les Actes d'Union (1707), les terme British et Briton s'applique à tous les habitants du royaume de Grande-Bretagne[9].

Le mot gallois Brython est introduit dans l'usage de l'anglais par John Rhys en 1884 pour identifier sans ambiguïté les locuteurs brittoniques des locuteurs Gaels[10].

Des origines protohistoriques

Les Bretons, c'est-à-dire les anciens habitants de Grande-Bretagne, comprenaient, à l'époque située immédiatement avant la conquête romaine, de nombreux peuples et tribus dont le caractère celtique est avéré, notamment dans le sud de l'île et à l'embouchure de la Tamise ; pour autant « quand et comment les îles – Bretagne et Irlande – devinrent celtiques est rien moins que certain » (Barry Raftery).

Si des relations continues avec le continent existaient durant la période de Hallstatt (au premier âge du fer), la production archéologique des îles à cette période demeure résolument autochtone.

À l'époque de la Tène, une métallurgie du fer existe dans les deux îles (dès le VIIe siècle avant l'ère chrétienne en Irlande). Mais il faut attendre le IVe siècle avant l'ère chrétienne (et le IIe, voire le Ier siècle en Irlande) pour que le matériel archéologique comprenne une production métallurgique laténienne, celle-ci faisant totalement défaut pour La Tène ancienne. Dans le même temps, la « société bretonne » nous donne de nombreux indices d'une hiérarchie très forte, dominée par une classe aristocratique à même d'importer de tels objets du continent.

À la fin du IIIe siècle avant l'ère chrétienne, des émissions de monnaie ont lieu dans le sud de l'île de Bretagne, aucune monnaie (pour la période correspondant à la période préromaine de l'île de Bretagne) n'ayant été découverte en Irlande.

Les peuples belges de la Tamise

C'est vers la fin de la protohistoire continentale que César mentionne une invasion de l'île de Bretagne par les Belges en -75[11]. Celle-ci, peut-être due à la pression exercée par les Germains sur les Belges, est attestée tant par le mobilier inventé dans le sud-est de l'Angleterre que par l'étymologie et le nom de certaines tribus comme les Cantiaci, les Catuvellauni et probablement les Atrebates.

Pictes, Calédoniens et peuples « non celtes »

Les Bretons sont également à distinguer de peuples ou de groupements de peuples connus à travers les sources antiques à la période romaine et dont le caractère celtique est incertain ou faux :

  • on a ainsi vu dans les Pictes (terme d'origine latine évoquant la peinture bleue dont ils s'enduisaient le corps[12]) les premiers habitants indigènes de l'île de Bretagne ; ceux-ci auraient été repoussés dans le nord de l'île à une époque incertaine. De fait, le nom de Pictes servait à désigner les populations établies au nord du mur d'Hadrien durant la période romaine, puis dans le nord et l'est de l'Écosse à l'époque de Bède le Vénérable.
  • de même, le nom de Calédoniens – c'est-à-dire les habitants de la Calédonie, soit le nom antique de l'Écosse – a pu désigner les Pictes ou d'autres peuples non celtes.

Migrations celtiques au haut Moyen Âge

À partir du milieu du Ve siècle, de nouveaux envahisseurs germaniques, les Anglo-Saxons repoussèrent progressivement les Bretons du sud et de l'est vers l'ouest de l'île de Bretagne tandis que les Irlandais effectuaient des raids sur la côte ouest de la Bretagne (c'est d'ailleurs à cette occasion que saint Patrick, qui était breton fut capturé). Ils finirent par fonder de véritables principautés sur les côtes galloises et écossaises. Si les premières furent finalement écrasées, les secondes donnèrent naissance à l'Écosse par la fusion du Dal Riada avec les royaumes britonniques du nord. Durant cette période sur laquelle les sources fiables font défaut (ce sont les « âges sombres » ou Dark Ages de l'historiographie anglaise), des populations celtes peu romanisées établirent de nombreux « royaumes celtiques » dans l'île, notamment dans le pays de Galles et d'autres migrèrent en Irlande. De même, là se trouve probablement la cause première d'une émigration en masse de Bretons vers la péninsule armoricaine, celle-ci prenant alors le nom de Bretagne.

Les Scots : des envahisseurs celtes

C'est également au haut Moyen Âge que des Celtes venus d'Irlande, les Scots s'établirent dans le nord-ouest de l'île de Bretagne. Ils donnèrent par la suite leur nom à la Calédonie qui devint l'Écosse. Cela explique, après le VIIe siècle, la présence dans l'île de groupes celtiques qui ne se comprenaient pas (Saint Colomban) : les uns parlant une langue brittonique, les autres parlant une langue gaélique.

Invasions germaniques

Héritage

Les trois langues celtiques brittoniques représentent les trois branches héritières des anciens Bretons insulaires:

Le nom de Bretagne, du latin Britannia, qui désigne simplement le pays des Bretons, est conservé dans celui de deux territoires géographiquement et politiquement distincts, celui de l'île de Grande-Bretagne au nord de la Manche, et celui de la Bretagne armoricaine au sud, ancien royaume puis duché, province étrangère et aujourd'hui région française, le nom de Bretagne armoricaine n'étant pas synonyme d'Armorique, et la Bretagne 'historique' (médiévale) ne correspondant pas à la Bretagne continentale originelle.

Compléments

Articles connexes

Notes et références

  1. Bède le Vénérable les désigne sous le nom de Brettones et les auteurs français contemporains utilisent souvent le terme de Britons pour les distinguer des habitants de la Bretagne Armorique
  2. Ammien MarcellinHistoires, Livre XXVII
  3. Strabon, Géographie, I, 4, 2-3 et II, 5, 8.
  4. (fr) Polybe, Histoire générale, vol. 3, livre XXXIV, p. 251, trad. Félix Bouchot, 1847.
  5. (en) R F Foster (editor) et Donnchadh O Corrain, Professor of Irish History at University College Cork: Prehistoric and Early Christian Ireland, The Oxford History of Ireland, Oxford University Press, , 346 p. (ISBN 978-0-19-280202-6, présentation en ligne)
  6. OED s.v. "Briton". See also Online Etymology Dictionary: Briton
  7. (en) « The Avalon Project », Yale Law School (consulté le )
  8. (en) Peter Roberts, Brendon Bradshaw (dir.) et Peter Roberts (dir.), « Tudor Wales, national identity, and British inheritance », Cambridge University Press,‎ , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  9. Modèle:Cite OED
  10. Online Etymology Dictionary: Brythonic
  11. Jules César, Guerre des Gaules, V, 12
  12. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules,
    Wikisource : LivreIV, 14

Liens externes