Élections législatives russes de 2021

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Élections législatives russes de 2021
450 sièges de la Douma
(Majorité absolue : 226 sièges)
17 -
Corps électoral et résultats
Inscrits 109,2 MVoir et modifier les données sur Wikidata
Votants 56,3 MVoir et modifier les données sur Wikidata
Russie unie – Dmitri Medvedev
Sièges en 2016 343
Parti communiste de la fédération de Russie – Guennadi Ziouganov
Sièges en 2016 42
Parti libéral-démocrate de Russie – Vladimir Jirinovski
Sièges en 2016 39
Russie juste – Sergueï Mironov
Sièges en 2016 23
Président du gouvernement
Sortant
Mikhaïl Michoustine
Indépendant

Les élections législatives russes de 2021 ont lieu du 17 au afin de renouveler les 450 sièges de la 8e législature de la Douma, chambre basse de l'Assemblée fédérale de la Russie.

Contexte

Institutionnel

Le parti Russie unie du président Vladimir Poutine est majoritaire à la Douma, ayant remporté les élections de septembre 2016 avec 54,20 % des voix et 343 sièges sur 450.

Les élections législatives de 2021 devaient être les dernières à être organisées sous la présidence de Poutine. Le mandat de celui ci - élu notamment en 2012 et 2018 - devait en effet s'achever en 2024, la constitution limitant alors à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs. La population russe approuve cependant la remise à zéro du compteur des mandats de Vladimir Poutine lors du référendum de 2020, permettant à celui ci d'effectuer deux mandats supplémentaires.

La Russie est marquée depuis quelques années par une grogne sociale et une stagnation économique, en partie due aux sanctions économiques infligées au pays à la suite de l'annexion de la Crimée, tandis que la popularité du parti au pouvoir, Russie Unie, s'effondre à l'été 2018 du fait de l'adoption de la très impopulaire loi relevant l'age de départ à la retraite[1]. Lors des élections infranationales de septembre 2019, un grand nombre de scrutin ont lieu en l'absence des principaux candidats de l'opposition, empêchés de se présenter par la Commission électorale[2]. En réaction, d'importantes manifestations pacifiques sont organisées au cours des deux mois précédents le scrutin pour réclamer des élections libres, notamment à Moscou où 50 000 personnes se réunissent le [3]. Le journaliste Ilya Azar (en), l'avocate Lioubov Sobol et le militant Nikolaï Liaskine, meneurs de la contestation, sont arrêtés et placés en détention préventive pour avoir participé à des « troubles massifs ». La police procède à près de 2 700 arrestations[1]. Le parti Russie unie remporte cependant les élections avec l'ensemble des gouverneurs élus et la majorité absolue dans tous les parlements, un résultat reproduit lors des élections infranationales de septembre 2020.

En dépit de la popularité de Vladimir Poutine et du soutien de la plupart des médias, le parti présidentiel Russie uni apparait plus en difficulté que lors des élections législatives précédentes, étant notamment affaibli par la détérioration du niveau de vie dans le pays. Selon le Service fédéral des statistiques de l'État russe, la pauvreté concerne 19,1 millions de personnes au premier semestre 2021 (soit 13,1 % de la population), et pourrait encore augmenter dans les prochains mois. Sur les six derniers mois, l’inflation — qui atteint en août 8,5 % pour les produits alimentaires — conduit deux Russes sur cinq à se passer de produits de première nécessité faute de moyens, selon les sondages publiés par le Centre Levada. A la situation sociale s'ajoutent les réformes impopulaires comme l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, la corruption, la gestion de la crise sanitaire et les infrastructures vieillissantes[4].

Les principaux partis de l’opposition (Parti communiste, Russie juste, Iabloko) subissent le rejet de plusieurs dizaines d’inscriptions de leurs candidats, dont celle de Pavel Groudinine, arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle de 2018[4].

Réforme des retraites

En septembre 2018 est adoptée une réforme des retraites impopulaire qui allonge de 5 ans l'âge de départ à la retraite. C'est alors la première fois depuis 90 ans que le système des retraites est modifié. La réforme, qui provoque d'importantes manifestations et réunit à son encontre les signatures de plus de deux millions de personnes tentant en vain de déclencher sa mise à référendum, conduit à une chute rapide et durable de la popularité du parti Russie Unie. L'opposition au projet réunit notamment le Parti communiste, Russie juste et l'activiste Alexeï Navalny[5],[6].

Manifestations de 2021

Les élections ont lieu dans le contexte des manifestations de protestation organisées à partir de janvier 2021 contre l'arrestation d'Alexeï Navalny, figure de l'opposition empoisonnée en août 2020.

Pandémie de Covid-19 et faible taux de vaccination

Pendant la campagne électorale, la Russie subit une résurgence de la pandémie de Covid-19 avec un nombre de morts relativement élevé[7].

Le taux de vaccination reste également très faible : selon un sondage réalisé le 13 juillet, 31% des russes refusent catégoriquement de se faire vacciner et 26% ne le feront que si c'est nécessaire dans le cadre de leur profession[8]. Quant aux restrictions, un passe sanitaire fut brièvement mis en place à Moscou et dans plusieurs régions quelques mois avant le scrutin[7]. Le Parti communiste s'y est opposé et a organisé une manifestation rassemblant quelques centaines de personnes à Moscou[9],[8].

Mode de scrutin

Bâtiment de la Douma à Moscou.

La Douma est la chambre basse de l'Assemblée fédérale, le parlement bicaméral de la Russie. Elle est composée de 450 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle. Sur ce total, 225 sièges sont ainsi pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions. Les électeurs votent pour un candidat dans leur circonscription, et le candidat arrivé en tête est déclaré élu. Les 225 sièges restants sont pourvus au scrutin proportionnel plurinominal avec listes fermées et seuil électoral de 5 % dans une unique circonscription nationale. Après décomptes des voix, les sièges sont répartis entre tous les partis ayant franchi le seuil électoral selon la méthode du plus fort reste, en appliquant le quota de Hare. La répartition des sièges à la proportionnelle n'est pas faite de manière à compenser le décalage entre les parts des voix des électeurs et celles des sièges obtenus par l'autre moitié, mais s'additionne simplement à celle ci, donnant au scrutin une forte tendance majoritaire[10],[11].

Ce système électoral parallèle est en vigueur dans le pays depuis la mise en place du multipartisme, à l'exception des élections de 2007 et de 2011 au cours desquelles la proportionnelle intégrale avec un seuil électoral de 7 % a été appliquée[12].

Forces en présences

Principales forces politiques
Parti Idéologie Dirigeant Résultats en 2016
Russie unie
Iédinaïa Rossiïa (IR)
Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, nationalisme russe, étatisme, national-conservatisme
Dmitri Medvedev 54,20 % des voix
343 sièges
Parti communiste de la fédération de Russie
Kommunisticheskaya Partiya Rossiyskoy Federatsii (KPRF)
Extrême gauche
Communisme, marxisme-léninisme
Guennadi Ziouganov 13,34 % des voix
42 sièges
Parti libéral-démocrate de Russie
Liberalno-demokratitcheskaïa partiïa Rossii (LDPR)
Droite à extrême droite
Ultranationalisme, libéral-conservatisme, conservatisme social
Vladimir Jirinovski 13,14 % des voix
39 sièges
Russie juste
Spravedlivaya Rossiya (SR)
Centre gauche à centre droit
Social-démocratie, progressisme, état-providence, troisième voie
Sergueï Mironov 6,22 % des voix
23 sièges

Sondages


Résultats

Résultats des législatives russes de 2021
Partis Circonscriptions Proportionnelle Total +/-
Voix % Sièges Voix % Sièges
Russie unie
Parti communiste
Parti libéral-démocrate
Russie juste
Rodina
Plateforme civique
Nouvelles personnes
Autres partis
Indépendants
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 100 225 100 225 450 en stagnation
Abstentions
Inscrits / participation

Articles connexes

Notes et références

Notes

Références

  1. a et b Russie : des figures de l’opposition devant le tribunal avant les élections
  2. Russie : un été marqué par la répression, avant les élections locales
  3. Russie : mobilisation record à Moscou pour réclamer des « élections libres »
  4. a et b Vadim Kamenka, « Législatives en Russie : le parti de Poutine mise sur l’apathie », sur L'Humanité,
  5. « Russie : l’impopulaire réforme des retraites adoptée en deuxième lecture », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « En Russie, une réforme des retraites fait chuter la popularité de Vladimir Poutine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « Coronavirus en Russie : nombre record de morts du Covid en 24 heures », sur RTBF Info, (consulté le )
  8. a et b (en) Robyn Dixon, « Want to skip the vaccine in Russia? You could be suspended from work. », sur washingtonpost.com,
  9. (en) « Communists Rally Against 'Mandatory' Vaccination In Hard-Hit Moscow », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty (consulté le )
  10. « Russie : un système mixte sans compensation en évolution », sur aceproject.org (consulté le ).
  11. (ru) « После обработки 97% протоколов Партия лидирует на выборах в Госдуму с 54,12% », sur er.ru,‎ (consulté le ).
  12. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: FEDERATION DE RUSSIE (Gossoudarstvennaya Duma), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).