Al-Lat

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Bas-relief : Némésis, al-Lāt et le dédicant. Avec l'aimable autorisation du Musée des beaux-arts de Lyon
La déesse al-Lāt accompagnée des déesses Manat et Uzza. Relief de Hatra (Irak), Ier – IIIe siècles. Musée national d'Irak.

Al-Lat ou Allāt[1] (en arabe : اللات  prononcé : /ælˈlæːt/) était une déesse de la fécondité et de la féminité vénérée en Arabie à l'époque préislamique, divinité cohabitant aussi avec le monde greco-romain, à Palmyre et Hatra, notamment. Son nom serait une contraction de al ilahat, déesse. Elle avait sa statue dans la Kaaba où elle était censée résider. Hérodote cite al-Lāt[2] comme étant l'équivalent d'Ourania[3] (l'Aphrodite céleste).

Culte

Déesse Al-Lat et un dieu masculin, Hatra

Al-Lāt, Manat et Uzza semblent avoir été les trois divinités objets du culte le plus intense à La Mecque. Ces trois déesses sont citées dans le Coran dans la sourate L'Étoile[4]. Il est dit dans le Livre des idoles que les Arabes les considéraient comme les « filles du dieu » (Allah dans le texte). On peut supposer que ce dieu était Houbal, divinité principale de la Kaaba préislamique.

Al-Lat était une déesse tout particulièrement vénérée par les Thaquif (en), tandis que les Quraysh vénéraient davantage al-Uzza[5]. Elle était vénérée dans un vaste territoire allant de Palmyre, Pétra au Hedjaz[5]. Des enfants étaient prénommés Zayd-al-Lāt ou Taym-al-Lāt[réf. nécessaire].

Elle est mentionnée sous le nom de han-'Ilat dans les inscriptions safaïtiques, Alilat chez Hérodote, Al-la-tum dans les textes akkadiens[5]. Les habitants de Palmyre et les Nabatéens lui rendaient également un culte et l'identifiaient à Athéna ou Minerve, mais en faisaient, selon Julius Wellhausen, la mère d'Houbal.

L'étymologie de ce nom est interprétée soit comme un dérivé de latta « mélanger,  pétrir la farine d’orge » et associe la déesse à Baala/Astarté soit une association au dieu Allah. Son nom serait la forme féminisée d’Allāh ou d'al-Ilāh et ferait d'al-Lât sa parèdre[5].

À l'ère islamique, al-Lāt est mentionnée dans le Coran (sourate 53:20), et le Livre des Idoles (Kitab al-Asnām) de Hicham ibn al-Kalbi selon qui Banū ʿAtb ibn Mālik du clan des Thaqīf en avait la charge et lui avait fait construire un édifice. Lors de la révélation de la sourate LIII[6], Mahomet avait, selon Tabari, dans une première version, recommandé qu'on leur rende un culte[7].

Dans l'ouvrage collectif, Le Coran des historiens, Christian Julien Robin cite ce passage qui "a une notoriété universelle grâce aux fameux versets dits "sataniques", reproduits ici entre crochets, qui ont inspiré le romancier britannique Salman Rushdie. Ces deux versets auraient été déclamés, puis abrogés parce qu'ils ne s'accordaient pas avec le monothéisme radical de la prédication muhammadienne. La vulgate ne les reproduit pas, au contraire d'autres versets également abrogés, ce qui souligne la gêne qu'il ont provoquée" :

"19. Avez-vous considéré al-Lat et al-Uzza

20. Et Manat, cette troisième autre?

20. bis [Ce sont les sublimes Déesses

20. ter. et leur intercession est certes souhaitée]

21. Avez-vous le Mâle et Lui la Femelle !"[8]

L'idole la représentant fut détruite sur l'ordre de Mahomet à la suite de la conquête de La Mecque[9].

《Ces propos sont fondés sur une fausse version. Ibn Kathir et d’autres en ont dit ceci :  ça n’a jamais été rapporté au Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) par une chaîne sûre . Ils entendent parler de : « Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a récité la sourate 53  devant les idolâtres. Quand il parvint à :  Que vous en semble (des divinités) Lât et `Ouzzâ ainsi que Manât, cette troisième autre?  (53:19-20), Satan jeta sur la langue du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) ceci :  Voilà les très hautes divinités dont l’intercession est à espérer . Les mécréants furent ravis pour cet hommage rendu à ces trois idoles et ils se prosternèrent. » Cette version est sans doute fausse pour plusieurs considérations :

1/ Sa chaîne de transmission est faible et n’est pas authentique ;

2/ Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) est infaillible dans la transmission de son message ;

3/ supposer que cette version soit vraie, les ulémas ont dit que les propos sataniques étaient jetés aux oreilles des mécréants et non sur la langue du Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) et que les mécréants les ont entendus de lui (Satan).

Voir les propos d ’Ibn Kathir (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dans lesquels il réfute cette version dans le cadre de son commentaire au verset 52 de la sourate 22. Allah le sait mieux. 》 [10]

Notes et références

  1. (en) Encyclopædia Britannica, « al-Lāt », Encyclopædia Britannica Inc
  2. Alilat, en grec : Ἀλιλάτ.
  3. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] « I, 131 » et Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] « III, 8 » où elle est identifiée à Ourania, l'Aphrodite céleste.
  4. Le Coran, « L’Étoile », LIII, 17-23, (ar) النجم.
  5. a b c et d Fahd, T., “al-Lāt”, in: Encyclopédie de l’Islam.
  6. Le Coran, « L’Étoile », LIII, (ar) النجم
  7. W. Montgomery Watt, M. V. McDonald (Traduction et commentaires), The History of al-Tabari –Muhammad at Mecca, State University of New York Press, , Volume VI, p. 111
  8. Christian Julien Robin, L'Arabie préislamique in Le Coran des historiens, Paris, Les éditions du Cerf, , 4372 p. (ISBN 978-2-204-13551-1), p. 113
  9. (en) Oxford Islamic Studies, « Lat, al- »
  10. « L’authenticité d’une version citée dans le livre versets sataniques. - Islam en questions et réponses », sur islamqa.info (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes