Aller au contenu

Émeutes de 1962 à l'université du Mississippi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 6 février 2022 à 05:25 et modifiée en dernier par RobokoBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Le chef du United States Marshals Service James J. P. McShane (en) (gauche) et l'assistant du procureur général aux droits civiques John Doar (en) (droite) escortant James Meredith en classe à Ole Miss.

Les émeutes de 1962 à l'université du Mississippi (Ole Miss riot of 1962) ont débuté le à l'université du Mississippi, surnommée localement Ole Miss. Elles ont impliqué des civils ségrégationnistes, des forces de l'État du Mississippi ainsi que des forces fédérales américaines[1].

Les ségrégationnistes s'opposaient à l'inscription à cette l'université par le militaire afro-américain James Meredith.

Lors de la première nuit, deux civils ont été tués, dont un journaliste français, et près de 70 personnes ont été blessées. Jusqu'à la fin du conflit, environ 300 personnes seront blessées, dont près d'un tiers des marshal déployés sur le campus[2].

Des frictions sont demeurées entre les forces étatiques et fédérales au cours des semaines suivant la fin des émeutes.

Histoire

Contexte

En 1954, la Cour suprême des États-Unis statue dans le jugement Brown v. Board of Education que la ségrégation dans les écoles publiques est inconstitutionnelle.

Diplômé de l'université d'État de Jackson et vétéran de l'United States Air Force, Meredith applique à l'université du Mississippi. Mise au courant de la situation, l'administration Kennedy a plusieurs discussions avec le gouverneur Ross Barnett et son équipe à propos de la protection de Meredith.

Cependant, Barnett affirme publiquement que la ségrégation se poursuivra à l'université, et toute la classe politique de l'état, qui était alors totalement favorable à la ségrégation, manifeste son opposition totale à toute intégration: la législature de l'état vota une résolution exprimant son "mépris complet, entier et total pour l'administration Kennedy et ses tribunaux fantoches[trad 1]" tandis qu'en novembre, le Sénat de l'état appela à l'impeachment du président sur quatre chefs d'accusation, l'accusant entre autres d'incitation à l'émeute à Ole Miss[3],[4]. Le , le sénateur E. K. Collins proclama à la chambre haute que "nous devions gagner ce combat quelque soit le cout en temps, en efforts et en vies humaines[5]."

Au Mississippi, une propagande extrême se déchainait dans cette société fermée, ce qui échauffait les esprits contre le gouvernement fédéral.

Émeutes

Des étudiants blancs ainsi que des manifestants provenant des quatre coins de l'État démarrent une émeute sur le campus d'Oxford (Mississippi). La police d'État est dépassée par les événements et le procureur général Robert Francis Kennedy ordonne à 500 marshals de se rendre sur les lieux.

Les frères Kennedy étaient réticents à utiliser les forces fédérales pour plusieurs raisons. Robert Kennedy espérait que les moyens légaux, conjugués avec la présence des marshals, suffirait à forcer le gouverneur à se conformer[6]. Il craignait également une « mini guerre civile » entre l'armée et les manifestants[6]. Cependant, avec la montée de la violence, ils ont dû se résigner à faire intervenir les forces fédérales[7].

Le président John Fitzgerald Kennedy ordonne à la police militaire de l'United States Army d'intervenir. Des milliers d'hommes, incluant l'United States Border Patrol et la garde nationale, ainsi que du personnel médical de l'U.S. Navy, sont alors envoyés sur les lieux.

Lors de la première nuit, deux personnes sont tuées : le journaliste français Paul Guihard[8], envoyé par le journal londonien Daily Sketch et retrouvé derrière un édifice avec une blessure par balle derrière la tête, et Ray Gunter, un réparateur de juke-box de 23 ans qui visitait le campus. Les officiers de justice ont affirmé que les deux morts ressemblaient à une exécution[9].

Conséquences et héritage

« Dans une victoire majeure contre la suprématie blanche, nous avons infligé un coup décisif à la résistance des Blancs contre le mouvement des droits civiques et amené le gouvernement fédéral à utiliser sa puissance pour soutenir le combat des Noirs pour la liberté[trad 2]. »

— Charles W. Eagles, The Fight for Men's Minds[12]

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ole Miss riot of 1962 » (voir la liste des auteurs).

Traductions

  1. (en) « complete, entire and utter contempt for the Kennedy administration and its puppet courts »
  2. (en) « In a major victory against white supremacy, he had inflicted a devastating blow to white massive resistance to the civil rights movement and had goaded the national government into using its overpowering force in support of the black freedom struggle. »

Références

  1. « L'AFFAIRE D'OXFORD POURRAIT GOUTER des sièges aux démocrates dans le Sud », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Debbie Elliott, « Integrating Ole Miss: A Transformative, Deadly Riot », sur npr.org, .
  3. (en) James W. Silver, Mississippi: The Closed Society, Univ. Press of Mississippi, (ISBN 978-1-62846-975-2, lire en ligne)
  4. (en) William Doyle, An American Insurrection: The Battle of Oxford, Mississippi, 1962, Knopf Doubleday Publishing Group, (ISBN 978-0-385-50487-4, lire en ligne)
  5. (en) James W. Silver, Mississippi: The Closed Society, Univ. Press of Mississippi, (ISBN 978-1-61703-313-1, lire en ligne), p. 118 :

    « We must win this fight regardless of the cost in time, effort, money and in human lives. »

  6. a et b Schlesinger 2002, p. 317-320
  7. Bryant 2006, p. 71.
  8. (en) « Though the Heavens Fall (5 of 7) », TIME,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Bryant 2006, p. 70-71.
  10. (en) « 1962: Mississippi race riots over first black student », BBC News - On this day,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Leslie M. Alexander et Walter C. Rucker, Encyclopedia of African American History, Volume 1, ABC-CLIO, , p. 890.
  12. (en) Charles W. Eagles, « 'The Fight for Men's Minds': The Aftermath of the Ole Miss Riot of 1962 », The Journal of Mississippi History, vol. 71, no 1,‎ , p. 1–53 (lire en ligne)
  13. (en) « Civil Rights Monument », sur http://www.olemiss.edu
  14. (en) Alan Blinder, « Racist Episodes Continue to Stir Ole Miss Campus », sur The New York Times,
  15. (en) Yasuhiro Katagiri, The Mississippi State Sovereignty Commission: Civil Rights and States' Rights, Univ. Press of Mississippi, (ISBN 978-1-4968-0125-8, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Nick Bryant, « Black Man Who Was Crazy Enough to Apply to Ole Miss », The Journal of Blacks in Higher Education, no 53,‎ , p. 60–71 (lire en ligne [archive du ]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Arthur Jr. Schlesinger, Robert Kennedy and His Times, New York, First Mariner Books, (ISBN 0-618-21928-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes