Werner Ferrari

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Werner Ferrari
Tueur en série
Image illustrative de l’article Werner Ferrari
Information
Naissance (77 ans)
Bâle
Sentence Prison à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes 5
Période -
Pays Suisse
États AG, BL, SO, ZH
Arrestation

Werner Ferrari, né le à Bâle, est un tueur en série suisse. Il commet ses crimes sur de jeunes enfants entre 1971 et 1989.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Werner Ferrari naît le à Bâle[1],[2].

Sa mère, Gertrud, n'a que 18 ans à la naissance de son enfant. Elle se marie à trois reprises jusqu'en 1958 et ne sait pas qui est le père de son enfant, qui passe les quatre premières années de sa vie chez sa grand-mère. Peu après son deuxième mariage, la mère reprend l'enfant, mais tant elle que le beau-père, alcoolique, le maltraitent. Elle le remet à un foyer de Rümlingen, dans le canton de Bâle-Campagne, en 1951. L'enfant passe d'un foyer à l'autre, d'abord à Wiesen (Grisons), puis à Herisau (Appenzell Rhodes-Extérieures) et à Igis (Grisons)[2].

Premiers délits et diagnostics[modifier | modifier le code]

En 1954, à l'âge de 7 ans, Werner Ferrari passe six mois dans un centre d'observation à Rüfenach (Argovie), où on lui diagnostique plusieurs troubles du développement et de la concentration. Il est ensuite placé à Adelboden (Berne), où un rapport le qualifie de menteur, voleur et énurétique, mais aussi en manque d'amour, affectueux et travailleur[2].

En 1958, l'adolescent entre dans une maison d'éducation pour garçon à Liestal (Bâle-Campagne). Il commet de petits larcins et des incendies. En , après avoir tenté de faire dérailler un train en posant une de ses chaussures sur les voies, il est interné dans une clinique psychiatrique à Zurich, puis à Bâle après de nouveaux délits. Le médecin traitant lui diagnostique une personnalité infantile, un sous-développement intellectuel et des caractéristiques psychopathes et juge possible qu'il commette un crime pédophile. Il est toutefois autorisé à quitter l'hôpital deux ans plus tard[1],[2].

Vie adulte[modifier | modifier le code]

Il vit de petits boulots, notamment dans l'agriculture ou comme manœuvre dans la région de Pratteln (Bâle-Campagne)[1],[2]. En , il décroche un poste d'aide-cuisinier dans un orphelinat de Oberägeri (Zoug), mais il est licencié en mars de l'année suivante pour avoir tenté de s'en prendre sexuellement à un enfant[2].

Il cherche la compagnie d'enfants et passe beaucoup de temps avec eux. Certains viennent lui rendre visite dans son appartement et lui écrivent, même après son arrestation[2].

Crimes[modifier | modifier le code]

Le soir du , il emmène dans un bois près de Therwil un garçon de dix ans, Daniel Schwan, rencontré dans une fête villageoise à Reinach et, après avoir procédé à des attouchements, l'étrangle lorsqu'il se met à crier. Il se trahit en appelant le lendemain une auberge de Liestal pour savoir si la radio avait rapporté la disparition d'un jeune garçon alors que celle-ci n'était pas encore publique. Arrêté le , il passe aux aveux le 18 et conduit la police sur les lieux du crime. Le , il est condamné à douze ans de prison pour meurtre. Il purge sa peine à l'établissement pénitentiaire de Thorberg jusqu'en , puis à celui de Regensdorf. Considéré comme guéri, il est relâché pour bonne conduite avec trois ans de probation (« patronage »), aux termes desquels il est félicité par écrit pour être rentré dans le droit chemin[1],[2],[3],[4].

Entre le et le , dix enfants sont portés disparus ou retrouvés morts dans plusieurs cantons. C'est le meurtre de Fabienne Imhof le à Hägendorf (Soleure), retrouvée morte à la lisière d'un bois le lendemain d'une fête villageoise, qui permet l'arrestation de Werner Ferrari dans son appartement à Olten le , grâce aux recoupements entre les meurtres et à la description du tueur faite par une camarade de la dernière victime, qui les avait accompagnés en dehors de la fête[2].

Lors de l'interrogatoire policier, il reconnaît trois meurtres en fournissant des détails :

  •  : Benjamin Egli, âgé de 10 ans. Werner Ferrari le rencontre à Bassersdorf (Zurich) et lui propose de le ramener chez lui, à Kloten, en voiture. Il l'emmène dans un bois, procède à des attouchements et l'étrangle à mort.
  •  : Daniel Suter, âgé de 7 ans. Werner Ferrari le rencontre à une fête villageoise à Rümlang (Zurich). Il l'emmène loin des lieux, procède à des attouchements et l'étrangle à mort lorsque l'enfant se met à pleurer. Le corps est retrouvé trois jours plus tard dans le canton d'Argovie.
  •  : Christian Widmer, âgé de 10 ans. Werner Ferrari l'enlève d'une fête à Windisch (Argovie) et l'étrangle à mort à Riniken (Argovie)[5],[6],[7].

Il revient cependant plusieurs fois sur ses aveux avant de les confirmer à nouveau. Il nie en revanche dès le début toute implication dans le meurtre de Ruth Steinmann, âgée de 12 ans, étranglée à mort en à Würenlos (Argovie)[2],[8],[9].

Procès[modifier | modifier le code]

Le procès s'ouvre le au Tribunal de district de Baden[3]. Le premier jour, Werner Ferrari revient sur ses aveux, ce qui conduit l'avocat commis d'office à remettre son mandat le lendemain[10]. Le procès est alors repoussé et reprend le [2]. Le , Werner Ferrari est condamné à la réclusion à vie pour l'assassinat de cinq enfants âgés de 7 à 12 ans entre 1980 et 1989 après avoir abusé sexuellement d'eux[11]. Le tribunal ne prononce pas l'internement, selon le président afin d'éviter de devoir examiner chaque année la possibilité d'une libération conditionnelle telle qu'imposée par la loi[2].

En 2007, il est blanchi devant le même tribunal de l'assassinat de Ruth Steinmann en raison de nouveaux éléments (une morsure ne correspondant pas à sa dentition et semblant incriminer une autre personne, suicidée en 1983 ; un poil pubien retrouvé sur le corps de l'enfant dont l'ADN ne correspond pas à celui de Werner Ferrari)[2],[4],[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Xavier Pellegrini, « Devant la justice. Le pédophile Werner Ferrari remonte à la barre », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l et m (de) Peter Holenstein, « Der Schrei : Die Geschichte des Schweizer Serienmörders Werner Ferrari », Das Magazin,‎ , p. 34 (lire en ligne)
  3. a et b Agence télégraphique suisse, « Werner Ferrari rétracte ses aveux », Journal de Genève et Gazette de Lausanne,‎ , p. 18 (lire en ligne)
  4. a et b ats/boi, « Werner Ferrari blanchi du cinquième meurtre », sur rts.ch, (consulté le )
  5. (de) dapd, « Lange Liste verschwundener und ermordeter Kinder », sur 20 Minuten, (consulté le )
  6. (de) Urs von Tobel, « Werner Ferrari: Der Mord an Ruth in neuem Licht », sur Der Beobachter, (consulté le )
  7. (de) AP/TA, « Vier Kindesmorde hat Ferrari gestanden », Tages-Anzeiger,‎ , p. 68
  8. AP, « Werner Ferrari acquitté dans le cas Ruth Steinmann », sur 20 minutes, (consulté le )
  9. (de) Peter Holenstein, « Das Rätsel vom «Chefihau» » Accès payant, sur Die Weltwoche, (consulté le )
  10. (de) T. Felber, « Ferrari-Prozess vor Bezirksgericht Baden geplatzt », Neue Zürcher Zeitung,‎ , p. 53
  11. Agence télégraphique suisse, « Réclusion à vie pour Werner Ferrari », Journal de Genève et Gazette de Lausanne,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  12. (de) Sibilla Bondolfi, « Krimis, die das Leben schrieb », sur Swissinfo, (consulté le )

Documentaire télévisé[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Peter Holenstein, Der Unfassbare : Das mörderische Leben des Werner Ferrari, Zurich, Oesch, , 509 p. (ISBN 978-3035020014)

Liens externes[modifier | modifier le code]