Tunnel sous le détroit de Béring
Le tunnel sous le détroit de Béring est un projet de tunnel ferroviaire[1] sous le détroit de Béring.
Historique
En 1860, William Gilpin, premier gouverneur du territoire du Colorado, imagine déjà un tel projet dans son livre The Central Gold Region[2].
Néanmoins, on notera que Jules Verne avançait déjà l'hypothèse d'un pont dans son livre César Cascabel où une famille traverse en chariot le détroit, profitant des périodes de glace. Ce livre fut édité en 1890. Verne ne laisse pas entendre que l'idée fut déjà dans l'air au moment où il écrit, ce qui semble indiquer qu'il n'avait pas connaissance du projet de Gilpin.
En 1905, l'ingénieur français Loïc Lebel proposa au gouvernement de l'Empire russe de construire un tunnel ferroviaire sous le détroit de Béring[3].
Depuis les années 1960, l'ancien gouverneur de l'Alaska et ancien Secrétaire à l'Intérieur des États-Unis, Walter Hickel est un des plus ardents défenseurs du projet.[réf. nécessaire]
Le projet d'un réseau mondial a été reproposé en 2006 dans le cadre d'un Trans Global Highway par Frank X. Didik[4].
La Chine a repris le projet dans le cadre de son grand programme d'interconnexion international dit One Belt One Road[5].
Faisabilité, difficultés
Bien que techniquement possible, car le trajet se ferait sur une seule plaque tectonique, (la plaque nord-américaine qui couvre non seulement l'Amérique du Nord mais aussi la mer de Béring et l'extrémité orientale de la Sibérie), il demande des investissements considérables qui risquent de ne jamais être rentabilisés, car les deux extrémités du tunnel ne sont ni des lieux de production, ni des lieux de consommation, ni des lieux de tourisme importants, que ce soit en Alaska ou en Sibérie. Il faudrait donc relier les extrémités des tunnels au reste du réseau des deux continents.
Le projet actuel
Un dossier de faisabilité économique est à l'examen au Conseil d'étude des forces productrices (CEFP) de Russie, parrainé par le ministère russe du Développement économique et du Commerce et par l'Académie des sciences de Russie[3].
Le tunnel aurait une longueur de 100 à 110 kilomètres (le double du tunnel sous la Manche) et relierait, approximativement, Ouelen (péninsule Tchouktche en Russie) et Wales (Alaska, États-Unis). Il faudrait entre 15 et 20 ans pour le construire. Selon une estimation faite dans les années 1990, la réalisation de ce projet coûterait 65 milliards de dollars (57,7 milliards d'euros), car il faudrait construire un total de 6 000 km de voies ferrées. Il faut en effet construire une liaison pour relier le tunnel côté russe à la ligne du transsibérien plus au sud et, côté américain, au réseau continental. Les régions traversées sont pour l'instant désertes et sans grands sites industriels pouvant justifier un tel investissement. Les partisans du projet avancent que cela permettrait le développement de ces régions et que le tunnel abriterait aussi un oléoduc et une ligne à haute tension[3].
Selon le CEFP, le retour sur investissement serait de 30 ans à partir du moment où la voie ferrée transcontinentale atteindra le rendement prévu de 70 millions de tonnes par an, ce qui est comparable au trafic marchandises des canaux de Panama et de Suez. En effet selon ses promoteurs, ce tunnel devrait assurer, à terme un fret intercontinental comparable à ceux de canaux comme Panama ou Suez (environ 70 millions de tonnes en 2006) soit 3 % du trafic mondial. Mais cette estimation de trafic est contestée en Russie même. Le directeur général d'UPS Russie, Ivan Chatskikh, a indiqué qu'un tel chiffre était une « plaisanterie[3] ».
Bien qu'à première vue un tel objectif puisse sembler irréaliste, il faut cependant remarquer que le plus court chemin entre les États-Unis et la Chine - premier exportateur mondial vers les États-Unis - passe par le détroit de Béring (rappel : les géodésiques de la sphère sont des arcs de grand cercle). Les promoteurs du projet citent en exemple les projets de tunnel sous le détroit de Gibraltar et celui du tunnel sous le Bosphore (réalisé depuis) pour rejeter les arguments invoqués contre la faisabilité technique.
- Écartement des rails : 1 829 mm (voie large)
- Système d'électrification ferroviaire : 25 kV 50 Hz alternatif (Iakoutsk - Alaska) ; 25 kV 60 Hz alternatif (Alaska - Fort Nelson)
- Rails : 76,9 kg/m
En août 2011, le gouvernement russe a donné son accord au projet, en annonçant un budget de 70 milliards d'euros pour la construction du tunnel. Le projet comprend aussi une extension à l'est du réseau ferroviaire russe, pour relier le tracé actuel du transsibérien à Iakoutsk. Cette extension longue de plus de 800 kilomètres, coûtera au gouvernement russe plus d'un milliard d'euros et sa construction devrait s'achever en 2013. Cela constituerait la première phase du projet russe, qui se poursuivrait en 2030 jusqu'à Ouelen, à la pointe Nord-Est de la Sibérie, point de départ du tunnel[6].
Le tunnel pourrait quant à lui ouvrir en 2045.
Notes et références
- Un tunnel ferroviaire sous le détroit de Béring - article de La voix de la Russie du 7 avril 2012.
- (en) « The Central Gold Region, The Grain, Pastoral and Gold Regions of North America », sur Internet Archive, (consulté le )
- RIA Novosti, revue de presse du 19 avril 2007, « La Russie rêve d'un tunnel sous le Béring »
- (en) http://www.transglobalhighway.com/
- https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/101217/un-pont-tunnel-ferroviaire-travers-le-detroit-de-bering Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering ?
- (en) Will Longbottom, « Kremlin paves way for East to West rail link after 'approving' £60bn Bering Strait tunnel », sur The Daily Mail, (consulté le )
Sources
- Le Figaro du .