Réserve naturelle

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Les grandes réserves naturelles sont souvent des habitats « extrêmes », oligotrophes et/ou peu accessibles, qui ont pu être achetés et/ou protégés parce que n'intéressant ni l'industrie du bois, ni l'agriculture et l'élevage. Ils abritent néanmoins souvent des espèces rares ou « remarquables » et des paysages sources d'aménités car à haut degré de naturalité. (Ici : cirque de Peñalara, se réfléchissant dans le petit lac d'altitude (2 005 m) qui alimente, avec une vingtaine d'autres petits lacs, la réserve naturelle de Peñalara (Espagne)
Les réserves naturelles ne sont pas que des habitats protégés. En raison d'une profonde modification (anthropique) du contexte écopaysager, faute de corridors biologiques, et parce que la superficie des réserves est souvent modeste, ce sont aussi des milieux gérés par l'homme, souvent avec l'aide d'animaux (ici par exemple, avec une espèce rustique de bovin (Highland cattle qui est utilisée par le gestionnaire pour l'entretien de milieux ouverts favorables à la biodiversité) utilisés en « substitut » à certaines fonctions écologiques autrefois assurées par les grands herbivores disparus (bisons, aurochs, tarpan, cerf, élans, rennes, etc.)
Localisation des "Réserves nationales" d'Australie (réserves du Commonwealth, des États, des territoires contrôlés, des terres autochtones et les réserves gérées par des ONG ainsi que des écosystèmes protégés par les agriculteurs sur leurs terres, soit en 2013 plus de 9.700 aires protégées sur 103 millions d'hectares[1]). La taille et le type de "pattern" des réserves varient beaucoup selon les régions

Une réserve naturelle (ou « réserve écologique » au Canada) est un territoire plus ou moins intégralement protégé par un règlement et divers procédures et moyens physiques et de surveillance ;

  • de manière volontaire, c'est-à-dire à l'initiative de son propriétaire (privé ou public), ou à la suite d'une mesure imposée par un État ou une collectivité ;
  • pour préserver et gérer des ressources naturelles remarquables et/ou menacées. Il peut s'agir :
    • d'espèces vivantes animales et végétales, ou d'habitats patrimoniaux
    • d'un état potentiel qu'on cherche à restaurer
    • de minéraux, de fossiles (ex: « réserves géologiques » en France[2]),
    • de paysages exceptionnels, à haute « naturalité » ou porteurs d'information sur l'histoire de l'humanité
  • pouvant inclure des activités traditionnelles de populations autochtones, si elles sont compatibles avec les objectifs ci-dessus (et s'il ne s'agit pas d'une « réserve naturelle intégrale ») ...

Une réserve naturelle peut avoir une importance locale, régionale ou nationale. Cette importance n'est pas nécessairement liée à sa superficie.

Le classement d'une zone en réserve naturelle vise généralement à soustraire le milieu aux impacts directs d'activités humaines susceptibles de dégrader le milieu ou porter atteinte aux espèces (pollution volontaire ou non, incendie criminel, exploitation, chasse, etc.). Parfois, le gestionnaire cherche aussi via un « Plan de gestion » à limiter des phénomènes plus ou moins naturels tels qu'incendies, comblement naturel d'un lac, fermeture naturelle d'une pelouse sèche, etc.

Les réserves naturelles sont un des outils de protection des milieux naturels. Elles sont complémentaires d'autres formes de protection tels que les parcs nationaux, les parcs régionaux, le conservatoire du littoral.

L'UNESCO soutient un réseau de réserves de biosphère.

Il existe des réserves sous-marines, rurales voire urbaines, et des parcs naturels marins.

François Terrasson a souvent dans ses conférences et ses ouvrages insisté sur le paradoxe intrinsèque de ce concept. Une réserve ne peut pas être « naturelle ». Cette dénomination est une sorte de « double lien », source de dissonance cognitive pour le grand public. C'est aussi une source de malaise pour nombre de naturalistes et gestionnaires (qui savent que la nature est justement pour beaucoup, ce qui ne se gère pas mais qui s'auto-entretient). Sans nier leur utilité (comme conservatoire provisoire), il a dénoncé le fait qu'elle ne désignaient pas ce qu'elles étaient en réalité, et servaient souvent de paravent quand elles ne cautionnaient pas une large destruction de la Nature autour des aires protégées.

Fonctions

Les réserves naturelles permettent de préserver des milieux particuliers (ici ; une zone humide alluviale, dans la réserve de Marie Mouchon, d'un grand intérêt également pour la protection de la ressource en eau, et en tant qu'élément d'un corridor écologique alluvial
Les réserves naturelles sont aussi des conservatoires d'espèces, des lieux de recherche et de pédagogie à l'environnement, parfois paradoxalement au détriment de leur naturalité notent certains auteurs, dont François Terrasson.

Les réserves outre une fonction de protection directe d'habitats et d'espèces, ont des fonctions pédagogiques et sont souvent des lieux de recherche, voire d'expérimentation (par exemple de modes de gestion restauratoire ou conservatoire).

Il existe dans certains pays dont en France des réserves de chasse (théoriquement obligatoires sur les territoires des ACCA où le gibier est censé pouvoir se reproduire).

Elles ont parfois fonction de mesure compensatoire suite à des travaux ayant détruit des ressources environnementales.

Elles sont enfin souvent des zones nodales importantes pour la connectivité écopaysagère et le fonctionnement des réseaux écologiques. Certaines espèces vulnérables à la fois à la pollution lumineuse[3] et à d'autres facteurs de régression de la biodiversité, y trouvent un dernier refuge.

Réserves linéaires de bord d'infrastructures linéaires

RNR peut aussi signifier Réserve naturelle routière. Dans divers pays - faute de milieux facilement disponibles - on développe en effet aussi des réserves naturelles le long d'infrastructures linéaires (autoroutes, routes, canaux, voies ferrées) qui ont souvent aussi fonction de corridor biologique.

Ces réserves, malgré leurs limites (environnement souvent pollué par la circulation, zones très exposées au roadkill et au dérangement et à la pollution lumineuse..) présentent un intérêt pour la flore. Elles peuvent faire partie des mesures conservatoires ou compensatoires qui visent à limiter les dégâts environnementaux des transports.

Elles incluent souvent un fossé et/ou un talus qui ont souvent aussi des fonctions connexion écologique, en tant que corridor biologique, naturel ou de substitution.

C'est un concept (« Roadside nature reserves ») qui s'est notamment diffusé au Royaume-Uni dans les années 1990-2000. Dans le Kent par exemple, le projet a été initié en 1994 pour identifier, protéger et gérer les bermes routières potentiellement importantes pour abriter certaines espèces du comté (faune notamment). Un « officier de bords de routes » (Road Verge Agent), avec l'aide d'une équipe dédiée de gardes volontaires, gère désormais de 130 réserves naturelles routière (RNRs), sur environ 55 milles (Chiffre juin 2008). Ces réserves incluent des habitats rares ou menacées (bois anciens, pelouse calcaire, lande...). En l'absence d'engrais et de pesticides, avec des fauches avec exportation ces milieux sont par exemple favorables à certaines orchidées (dont Aceras anthropophorum ou différentes orchis.

Quand ils sont bien conçus, notamment pour y limiter la pollution et le roadkill, ils peuvent aider certaines espèces menacées à survivre (blaireau, reptiles, amphibiens...) Ils peuvent aussi être connectés à de petits écoducs permettant à la faune de passer sous la route à partir de ces mini-corridors biologiques.

Signalétique : ces réserves naturelles routières sont souvent signalées, par exemple dans le Kent, par des panneaux avec un papillon bleu à chaque extrémité. Dans le Kent, le comté (Kent County Council) les encourage et les finance alors que le Kent Wildlife Trust les gères et/ou les propose)[4]. Ils font l'objet d'une gestion plus écologique (fauche tardive, absence de pesticides, zones refuges, etc.).

Dans le monde

Au Canada

En France

Au Luxembourg

Notes

  1. "National Reserve System". Australian Government Department of Sustainability, Environment, Water, Populations and Communities. 13 February 2013. Retrieved 7 August 2013
  2. France. Ministère de l'écologie et du développement durable, Billet, P., & naturelles de France, R. (2002). La protection du patrimoine géologique ; ATEN (Atelier technique des espaces naturels) et http://ct67.espaces-naturels.fr/ résumé par ENF]
  3. Notation de la qualité du ciel noir dans les parcs nationaux, régionaux et les réserves naturelles (Projet Licorness, 2006)
  4. Page du kent wildlife trust sur ce sujet

Voir aussi

Liens externes