Robert Bach (préfet)

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Robert André Félix Bach
Fonction
Préfet de la Haute-Loire
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Robert André Félix BachVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/716, F/1bI/1038)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Robert André Félix Bach, né le à Paris et mort le à Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais) est un haut-fonctionnaire français, préfet de la Haute-Loire du au , sous le régime de Vichy.

Ayant juridiction sur le village du Chambon-sur-Lignon, il aurait aidé au sauvetage de réfugiés juifs en alertant ou en faisant alerter le pasteur André Trocmé sur les rafles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Robert Bach est né le à Paris[2]. Il est « désigné comme protestant au colloque de 1990 au Chambon-sur-Lignon ; il est pourtant un catholique avéré »[3].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Robert Bach fait son service militaire du au , en finissant comme sous-lieutenant. Il devient alors officier de carrière jusqu'au . Durant la Première Guerre mondiale, il est nommé lieutenant en 1915, puis capitaine à titre temporaire en 1918 et définitif en 1919. Il est chef d'escadron en 1931. Il entre au secrétariat général du conseil supérieur de la défense nationale, détaché successivement à ce titre aux ministères des Finances, de la Justice, des Affaires Étrangères et secrétaire du haut comité militaire, de 1933 à 1937. Il agit comme hors cadre, de 1937 à 1940, avec des missions pour les affaires étrangères. Il devient lieutenant-colonel en 1938. Il rentre en France en 1940. Il est chef d'état major à Pau, le 25 juin 1940. Il est commandant militaire des Landes jusqu'au 25 juin 1941. Il devient colonel au tableau en 1941 puis est en congé d'armistice[2].

Préfet de la Haute-Loire[modifier | modifier le code]

Robert Bach est nommé préfet de la Haute-Loire le [4] et le demeure jusqu'au . Il est alors mis en disponibilité à la demande des Allemands « à la suite d'une évasion de détenus de la prison du Puy-en-Velay ».

Concernant le « noyau protestant du département » du canton de Tence, Bach écrit en 1941 : « les protestants semblent craindre que les mesures prises contre les Juifs le soient incessamment contre eux », et dans un autre rapport, il fait l'éloge des populations protestantes aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche : « Elles constituent une élite au point de vue intellectuel et moral, mais une élite très attachée aux idées libérales et même internationales, qu'elles considèrent tout à la fois comme un idéal de vie très élevé et comme la meilleure protection de leur liberté religieuse »[5].

Le Chambon-sur-Lignon[modifier | modifier le code]

Pendant trois semaines, la police de Vichy traque les Juifs au Chambon-sur-Lignon pour n'en trouver qu'un[6],[7]. De fait, à l'été 1942, Robert Bach a prévenu (ou a fait prévenir) les pasteurs Trocmé et Theis des rafles au Chambon[8], leur donnant 48 heures d'avance pour cacher les réfugiés.

Robert Bach joue un double jeu[9] avec les autorités allemandes et celles de Vichy. « Il a aidé à la mise en place d’un véritable département refuge en ralentissant les arrestations, en favorisant des actions de protection », selon l’historien François Boulet[10], qui estime en 1992 que « le préfet de la Haute-Loire est un véritable protecteur de la montagne-refuge du Chambon-sur-Lignon »[11],[12], parmi bien d'autres acteurs. Cet historien ajoute en 2020 : « Il a aidé à la mise en place d’un véritable département refuge en ralentissant les arrestations, en favorisant des actions de protection »[13].

Il semble que Robert Bach n'ait pas fait de zèle pour appliquer la législation contre les Juifs[14].

Il est caractérisé comme « partisan de la ligne politique du pouvoir de Vichy mais en aucun cas collaborateur »[15].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Après la Libération, sa nomination de préfet est annulée le 2 juin 1945. Il est radié des cadres. Il est acquitté par la cour d'appel de Riom le [2].

D'après des recherches en archives, il apparait « qu’en général le préfet Robert Bach et les gendarmes ont fait preuve d’une relative bienveillance »[16].

Après la guerre, André Trocmé parle favorablement de Robert Bach[13]. Il meurt le 10 novembre 1976 à Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais)[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_75 »
  2. a b c et d « Robert André Félix Bach - Parcours professionnel », sur Dictionnaire biographique des préfets (septembre 1870-mai 1982) (consulté le ), p. 71.
  3. François Boulet, « Les préfets protestants 1940-1944 », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 154,‎ , p. 549, note 2. (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
  4. (Art. 1er de la loi du 17 juillet 1940)
  5. François Boulet, « Étrangers et Juifs en Haute-Loire de 1936 à 1944 », Cahiers de la Haute-Loire,‎ , p. 301-350 (passage 349-350).
  6. « The town that defied the Nazis », sur www.churchtimes.co.uk (consulté le )
  7. (en) Weapons of the Spirit by André Pierre Colombat.1993.
  8. (en) Limore Yagil, Désobéir : des policiers et des gendarmes sous l'occupation 1940-1944, Nouveau Monde Editions, (ISBN 978-2-36942-656-1, lire en ligne)
  9. line, « Comment Le Puy a protégé « ses » réfugiés juifs », sur InfoJmoderne, (consulté le )
  10. « Actualités du Chambon-sur-Lignon - Auvergne - Haute-Loire (43) », sur ville-lechambonsurlignon.fr (consulté le )
  11. François Boulet, « Juifs et Protestants 1940-1944 », Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale, Paris (Actes du colloque du palais du Luxembourg, 19-21 novembre 1992), Société de l'histoire du protestantisme français,‎ , p. 364. (ISBN 2-85628-000-5)
  12. Gérard Cholvy, « Histoire et mémoire des Justes du Chambon-sur-Lignon » (Compte-rendu de La montagne refuge - Accueil et sauvetage des juifs autour du Chambon-sur-Lignon, dir. Patrick Cabanel, Philippe Joutard, Jacques Semelin, Annette Wieviorka, Albin Michel, 2013), Annales du Midi, vol. 125, no 283,‎ , p. 473–475 (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b Christophe Darne, « Les secrets du Puy en Velay - Comment Le Puy a protégé « ses » réfugiés juifs (1/2) », sur www.leveil.fr, (consulté le )
  14. Olivier Vallade, « Le Chambon-sur-Lignon, une terre de « Justes » en Haute-Loire », sur Maison des sciences de l'homme-Alpes, , [lire en ligne].
  15. Marie-Claude Tanguy. Maurice Chantelauze, 1888-1963. Maire de La Chaise-Dieu et Préfet de la Résistance. Cahiers de la Haute-Loire. 2011. yadvashem-france.org.
  16. Sylvain Bissonnier, « Des mémoires au Lieu de mémoire », dans Images des comportements sous l'Occupation : Mémoires, transmission, idées reçues, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-5573-0, lire en ligne), p. 139–148

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]