Relations entre le Burkina Faso et Taïwan

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Relations entre le Burkina Faso et Taïwan
Drapeau du Burkina Faso
Drapeau de Taïwan
Burkina Faso et Taïwan
Burkina Faso Taïwan

Le Burkina Faso et Taïwan ont établi leur relation diplomatique en 1961 avec une interruption en 1973 pendant une vingtaine d’années. Leur relation a par la suite repris en 1994. Elle est à nouveau rompue en 2018, après 24 ans.

Durant ces années de relations, en plus des accords officiels, l’aspect de la coopération et du développement a une place essentielle entre les deux gouvernements. Les projets bilatéraux de la part de Taïwan existent dans tous les secteurs au Burkina Faso : la formation professionnelle, l’assistance technique en agriculture, l’importation de la technique solaire, la construction d’hôpitaux, l’enseignement du chinois, etc.

La relation diplomatique[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Burkina Faso crée la relation diplomatique avec la République de Chine[Note 1] (actuel Taïwan) en 1961, lorsque le pays déclare son indépendance. Mais en 1973, avec le changement de présidence et la montée en puissance de la République populaire de Chine, le régime burkinabé, guidé par le général Sangoulé Lamizana, rompt la relation avec la République de Chine pour à la place se rapprocher de la République populaire de Chine.

Après le coup d’État de Blaise Compaoré en 1987, le président rétablit ensuite la relation diplomatique avec Taïwan à la suite des relations tendues avec la République populaire de Chine.

Quant à Taïwan, après l’exclusion de l’Organisation des Nations unies et la reconnaissance de la République populaire de Chine sur la scène internationale en 1971, les alliés de Taïwan commencent à se tourner vers la Chine continentale. À partir de ce moment-là, Pékin essaie de conquérir tout le reste des alliés de Taïwan afin de réaliser le principe d’une seule Chine. Le gouvernement taïwanais a fait tout son possible pour garder les pays alliés en continuant les visites présidentielles ou ministérielles, les projets et les aides humanitaires et techniques.

Du au [1], Ouagadougou et ses cinq présidents successifs vont entretenir une saine relation, mais modeste en termes de projets et financements, avec Pékin. Opportuniste, cette reconnaissance intervenait deux années après l’accession de la Chine dite continentale au Conseil de sécurité de l’Onu où le Burkina Faso (alors encore « Haute-Volta ») s’opposa avec les États-Unis à la résolution 2758 de l’Assemblée générale des Nations unies du décidant le « rétablissement » de la RCP dans ses droits légitimes. Maurice Yaméogo (président de 1959 à 1966) avait toutefois entretenu des relations avec Pékin avant l’officialisation des relations bilatérales, c’est-à-dire pendant la coopération taiwano-burkinabè. Mais le Burkina Faso est le seul État africain à avoir reconnu par deux fois la République de Chine : en 1964 et en 1994.

Au début de l’année 1994 d’une part, Ouagadougou, confrontée à de multiples difficultés budgétaires et économiques - dont le Programme d’ajustement structurel (PAS) mis en vigueur depuis ou à la dévaluation du franc CFA-, recherche éperdument des financements étrangers, de préférence non occidentaux. En tout état de cause, la Chine populaire ne semble pas disposée à lui proposer, bien que Compaoré ait été le premier dirigeant africain à se rendre en Chine après Tianan’men. Les impacts envisagés de la dépréciation monétaire et la situation économique générale du pays incitent le chef d’État burkinabè à choisir le seul partenaire capable de financer rapidement et sans condition – hormis sa reconnaissance – ses futurs « engagements nationaux » : Taïwan. Cette opportunité, à laquelle s’ajoute un certain nombre d’intérêts dont au moins un serait personnel, présente par ailleurs l’avantage de voir un « nouvel » acteur contribuer, d’une manière indirecte a minima, à la seconde partie du premier mandat officiel (1991-1998).

Par conséquent, Taïwan a participé à financer le programme politique de l’ex-dirigeant burkinabè qui a reçu entre 40 et 50 millions de dollars de la part de Taïwan pour reconnaitre la République de Chine au détriment de la République populaire de Chine[2].

En , les capitales du Burkina Faso et Taïwan (Ouagadougou et Taipei) sont déclarées villes sœurs[3] pour montrer la bonne entente de ces deux pays.

En , le renversement du gouvernement burkinabè remet en question le statut de la relation diplomatique entre le Burkina Faso et Taïwan. En réponse à cet événement, David Lin, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, met en place des mesures au Burkina Faso pour à la fois assurer la sécurité du personnel officiel et des expatriés et la stabilité de la relation entre les deux pays. David Lin annonce ensuite que la relation des deux pays ne changera pas. En , après la stabilisation et la formation du nouveau gouvernement à Ouagadougou, le ministre effectue une visite pour renforcer la relation diplomatique.

À partir de , en conséquence de la rupture des relations diplomatiques de Sao Tomé-et-Principe avec Taïwan, le Burkina Faso reste un des deux derniers États africains à entretenir des liens avec le gouvernement de Taipei[4].

Visites présidentielles[modifier | modifier le code]

De la part de Taïwan, en plus des nombreuses visites des envoyés spéciaux du gouvernement, en 2012, le Président Ma Ying-Jeou a fait sa première tournée diplomatique en Afrique. Durant cette visite, les accords et projets bilatéraux sont modifiés et avancés pour préparer la coopération future. Ensuite, en , pour célébrer les deux décennies de la relation diplomatique Burkina Faso-Taïwan, Ma Ying-Jeou fait une nouvelle fois le déplacement pour fêter cet événement avec le Président Blaise Compaoré.

De la part du Burkina Faso, chaque année depuis 2010, une dizaine de visites officielles ont lieu au sein des différents organes taïwanais pour échanger des rapports de recherche et discuter des possibilités futures.

Ambassades et ambassadeurs[modifier | modifier le code]

Les deux pays ont implanté une ambassade dans la capitale de chacun : une à Ouagadougou et une autre à Taipei. L’ambassadeur de Taïwan au Burkina Faso est Monsieur Shen Chen-Hong, qui y siège depuis 2013. L’ambassadeur Céline Yoda Konkobo succède à l’ancien ambassadeur Jacques Y. Sawadogo[5] en poste depuis 19 ans. Il a également reçu l’étoile brillante taïwanaise de la part du Président Ma à la fin de son mandat. Nommée en , la dernière ambassadrice est Aminata Sana Congo.

Ruptures des relations diplomatiques[modifier | modifier le code]

Le , le Burkina Faso annonce par l'intermédiaire de son ministre de l'Intérieur la rupture de ses relations avec Taïwan, après 24 ans de coopération[6].

Le développement[modifier | modifier le code]

ICDF[modifier | modifier le code]

Une des principales politiques étrangères de Taïwan reprend les projets du développement. Le Fonds taïwanais au développement et à la coopération internationaux (Taiwan International Cooperation and Developpement Fund, Taiwan ICDF) est l’organisation principale qui coopère avec le ministre taïwanais des Affaires étrangères sur les projets humanitaires.

Les catégories principales des projets sont : assistance humanitaire et sanitaire, éducation et entrainement internationaux, coopération technique et prêts et investissements.

Au Burkina Faso, les projets agricoles taïwanais contribuent à plus de 30 % dans la production totale de riz. En , dans la neuvième session de la Commission mixte de coopération entre le Burkina Faso et Taïwan, les officiels ont montré que parmi les vingt-deux projets lancés au Burkina Faso, 90 %[7] ont été réalisés, ce qui montre l’efficacité de la part des deux gouvernements.

Éducation[modifier | modifier le code]

L’éducation est essentielle pour le développement. Les ministres taïwanais des Affaires étrangères et de l’Éducation octroient principalement deux types de bourses aux étudiants burkinabés pour étudier à Taïwan. Le premier type est la Bourse d’enrichissement du Huayu (Huayu Enrichment Scholarship) qui est destiné aux étudiants voulant apprendre le chinois pendant un an sur place. Le deuxième type est la Bourse de Taïwan (Taiwan Scholarship), qui a pour but d’avoir un diplôme universitaire à Taïwan.

Au Burkina Faso, le gouvernement taïwanais a aussi établi un Centre de promotion de la langue chinoise pour promouvoir et populariser le chinois au niveau local.

Santé[modifier | modifier le code]

Des personnes ayant une formation médicale sont envoyés annuellement au Burkina Faso pour aider à enseigner différentes techniques et traitements aux Burkinabés. En outre, le gouvernement taïwanais fournit des efforts continuels dans la construction de l’Hôpital national Blaise Compaoré[8] à Ouagadougou, disposant de technologies et d’équipements médicaux de pointe afin d’offrir les meilleurs traitements. 

Technique[modifier | modifier le code]

L’agriculture est un élément important dans la vie des Burkinabés.  Le gouvernement et des organisations non-lucratives taïwanais, grâce à leur expertise dans le domaine agricole, envoient chaque année des groupes de techniciens au Burkina Faso dans le but d’améliorer les conditions de travail et d’augmenter la production des récoltes.

Autrefois, l’électricité n’était pas si commune en Afrique, surtout dans les campagnes. Le gouvernement taïwanais a ainsi coopéré avec les compagnies d’électricité et les organisations pour un projet appelé « Lighting Up Africa »  au Burkina Faso, en Gambie, à São Tomé et Principe, au Gabon, au Kenya, en Tanzanie, au Swaziland et en Afrique du Sud. Ce projet a aidé des enfants dans la campagne à avoir de la lumière pour étudier pendant la nuit. Le président taïwanais a examiné lors de sa visite les résultats du projet et il espère que celui-ci perdurera.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La république de Chine est le même régime politique, qui gouverne le territoire de Taïwan depuis 1945. Ce régime a perdu le contrôle de la Chine continentale depuis 1949 et s'est retiré à Taïwan.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Aurégan, Xavier, « « Le Burkina Faso et les « deux Chines » » », Outre-Terre,‎ , p. 381-390 (lire en ligne)
  2. Aurégan, Xavier, « « Taïwan en Afrique : un anachronisme en voie de résorption ? » », Asia Focus,‎ , p. 29 (lire en ligne)
  3. Taipei City Council. (2013). « International Sister Cities ». In Tcc.gov.tw/en/. http://www.tcc.gov.tw/en/cp.aspx?n=81569D74DD82C7D (consulté le 02/03/2015)
  4. Sébastien Le Belzic, « Taïwan n'a plus que deux alliés en Afrique », Le Monde, (consulté le ).
  5. Daouda B. (2013). « Taiwan : L’Ambassadeur Jacques SAWADOGO élevé à la dignité de "l’étoile brillante" taiwanaise » In Lefaso.net. http://www.lefaso.net/spip.php?article56634 (consulté le 12/03/2015)
  6. Roch Marc Christian Kaboré, « Le Burkina Faso rompt ses liens diplomatiques avec Taiwan », sur rfi.fr, Radio France internationale, (consulté le ).
  7. Tiga Cheick S. (2014). « Coopération Burkina-Taïwan : 22 projets exécutés à 90% ». In Lefaso.net. http://www.lefaso.net/spip.php?article62453 (consulté le 28/03/2015)
  8. Raïssa O. (2012). « Le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao fait le constat de l'infrastructure de l’hôpital » In Sante.gov.bf. http://www.sante.gov.bf/index.php/quotidien/actualites/36-hopital-national-blaise-compaore-hnbc-le-premier-ministre-beyon-luc-adolphe-tiao-fait-le-constat-de-linfrastructure (consulté le 30/03/2015)

Revue[modifier | modifier le code]

  1. Wang, A. (2012). « Partager les fruits du succès ». In Taïwan Aujourd’hui. , vol. XXIX, n° 12, p. 20-24.

Sources[modifier | modifier le code]

  1. Taipei City Council. (2013). « International Sister Cities ». In Tcc.gov.tw/en/. http://www.tcc.gov.tw/en/cp.aspx?n=81569D74DD82C7D (consulté le 02/03/2015)
  2. Ambassade de la République de Chine (Taïwan) (2012). « Au sujet de l’Ambassade de la République de Chine (Taiwan) au Burkina Faso ». In Taiwanembassy.org/BF. http://www.taiwanembassy.org/BF/ct.asp?xItem=183551&CtNode=9907&mp=417&xp1= (consulté le 06/03/2015)
  3. Daouda B. (2013). « Taiwan : L’Ambassadeur Jacques SAWADOGO élevé à la dignité de "l’étoile brillante" taiwanaise » In Lefaso.net. http://www.lefaso.net/spip.php?article56634 (consulté le 12/03/2015)
  4. Taiwan ICDF. (2015). « Projets - Bilateral Projetcs - Africa - Burkina Faso ». In Icdf.org.tw. http://www.icdf.org.tw/lp.asp?ctNode=30026&CtUnit=172&BaseDSD=100&mp=2 (consulté le 12/03/2015)
  5. Tiga Cheick S. (2014). « Coopération Burkina-Taïwan : 22 projets exécutés à 90% ». In Lefaso.net. http://www.lefaso.net/spip.php?article62453 (consulté le 28/03/2015)
  6. TAFS. (2012). « Applications – Scholarships ». In Tafs.mofa.gov.tw. http://tafs.mofa.gov.tw/Schs.aspx?loc=en (consulté le 30/03/2015)
  7. Raïssa O. (2012). « Le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao fait le constat de l'infrastructure de l’hôpital » In Sante.gov.bf. http://www.sante.gov.bf/index.php/quotidien/actualites/36-hopital-national-blaise-compaore-hnbc-le-premier-ministre-beyon-luc-adolphe-tiao-fait-le-constat-de-linfrastructure (consulté le 30/03/2015)
  8. Menelet, B. (2010). « Analyse : Taïwan et le Burkina Faso : les termes de l'échange ». In Afriquechine.net. http://www.afriquechine.net/2010/analyse+taiwan+et+le+burkina+faso+les+termes+de+l+echange.html (consulté le 02/04/2015)
  9. Sakandé, I. (2014). « Blaise Compaoré plaide pour le retour de Taïwan au sein de l’ONU ». In Dnfburkina.com. http://www.dnfburkina.com/tag/ma-ying-jeou (consulté le 02/04/2015)
  10. Juompan-Yakam, C. (2012). « Taïwan - Afrique : à fond la forme ». In Jeuneafrique.com. http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2677p035.xml0/ (consulté le 02/04/2015)