Nicaise Ellebaudt

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Nicaise Ellebaudt[1] ou Nicasius van Ellebo(o)de (en latin Nicasius Ellebodius Casletanus) est un médecin, philosophe, philologue et poète flamand du XVIe siècle, né à Cassel en 1535, mort à Pozsony (l'actuelle Bratislava, alors ville de Hongrie) en juin 1577.

Biographie

Sa pierre tombale a été retrouvée à Bratislava en 1975 par Tibor Klaniczay[2], et indique ses ville et année de naissance. Son père s'appelait Hector et sa mère Jacqueline Feuts. Il s'inscrivit à l'Université de Louvain le 28 août 1549, classé dans la catégorie des pauperes. C'était un protégé d'Antoine Perrenot de Granvelle, alors évêque d'Arras. En 1555, il partit pour Rome et devint étudiant du Collegium Germanicum en philosophie, théologie et langues classiques. De là, en 1558, Miklós Oláh, archevêque d'Esztergom et chancelier du royaume de Hongrie, le recruta comme l'un des trois magistri (enseignants de première catégorie) de sa nouvelle académie de Nagyszombat (l'actuelle Trnava)[3]. Il y était chargé de l'enseignement des langues classiques. Le 26 juillet 1560, il fut nommé chanoine du chapitre d'Esztergom, ce qui lui assura une prébende importante.

Lorsque les jésuites prirent en mains l'académie de Nagyszombat, en 1561, il repartit pour l'Italie et s'installa à Padoue, où il poursuivit ses activités de philologue et se mit aussi à étudier la médecine. Il se lia alors intimement avec l'humaniste Gian Vincenzo Pinelli, qu'il appelle mio padrone dans ses lettres et qui lui ouvrit sa grande bibliothèque. Il travailla sur les textes antiques avec Nicolas Sophianos et Sigonius, notamment pour des éditions de Paul Manuce. En 1565, il se rendit à Anvers pour y publier son édition du De natura hominis de Némésios d'Émèse.

En 1571, il fut rappelé en Hongrie par István Radeczi, évêque de Nagyvárad (l'actuelle Oradea Mare), en résidence à Pozsony (Bratislava) ; ce prélat l'accueillit dans son palais et lui fit accorder de nouveaux bénéfices. Il vécut ensuite jusqu'à sa mort en Hongrie, où il fut proche de savants comme János Zsámboki (en latin Johannes Sambucus), qui était à la fois médecin et philologue comme lui, ou György Purkircher. En 1575, il fit un dernier voyage dans son pays natal, où ses parents étaient encore en vie. C'est en soignant des pestiférés qu'il trouva la mort à Pozsony en juin 1577 (le 4 ou le 14 suivant les sources). Son compatriote le médecin et botaniste Charles de L'Écluse (au service de l'empereur et roi de Bohème et de Hongrie Rodolphe II) fit placer une tombe en son honneur dans la cathédrale Saint-Martin de la ville.

Œuvre

Nicaise Ellebaudt est notamment connu pour avoir donné l'editio princeps du De natura hominis de Némésios à Anvers, chez Christophe Plantin, en 1565 (un volume in-8), avec une traduction latine supérieure à celles qui existaient déjà[4] ; cette édition fut réimprimée dans la Bibliotheca veterum patrum de Fronton du Duc à Paris en 1624 (puis en 1644). Comme philologue, il a établi et annoté des textes de plusieurs auteurs de l'Antiquité, notamment Aristote (Grande Morale, Poétique, dont il a produit une paraphrase et un commentaire importants) et Aristophane. Plusieurs manuscrits sur lesquels il a travaillé se trouvent à la Bibliothèque ambrosienne de Milan ; on y trouve aussi des traductions latines qu'il a réalisées, entre autres des Thesmophories et de Lysistrata. Il a également annoté, avec Nicolas Sophianos, la Syntaxe d'Apollonios Dyscole (en vue d'une édition des grammairiens grecs).

Il est d'autre part l'auteur de discours (dont le De calice laicis permittendo rédigé pour Andreas Dudith, évêque de Csanád, à l'occasion du concile de Trente), d'une correspondance avec plusieurs contemporains célèbres (notamment Gian Vincenzo Pinelli, Paul Manuce), et de poèmes en latin et en grec.

Bibliographie

  • Bernard Weinberg, A history of literary criticism in the Italian Renaissance, University of Chicago Press, 1961.
  • Dieter Wagner, Zur Biographie des Nicasius Ellebodius († 1577) und zu seinen Notæ zu den aristotelischen Magna Moralia, Heidelberg, Winter, 1973.
  • Fred Schreiber, « Unpublished Renaissance Emendations of Aristophanes », Transactions of the American Philological Association, vol. 105, 1975, p. 313-332.
  • Antal Sivirsky, « Nicasius Ellebodius van Kassel, kanunnik van Esztergom », De Franse Nederlanden / Les Pays-Bas français, 1976, p. 41-54.
  • Natália Rusnáková, « The correspondence of Nicasius Ellebodius Casletanus to Gianvincenzo Pinelli in the course of Ellebodius's stay at Bratislava », Bolletino di italianistica : rivista di critica, storia letteraria, filologia e linguistica, n°1, 2012, p. 131-144.

Notes et références

  1. Les matricules de l'Université de Louvain donnent aussi l'orthographe Helbault.
  2. Tibor Klaniczay (1923-1992), historien hongrois de la littérature, spécialiste de la Renaissance et des rapports entre la Hongrie et l'Italie à cette époque.
  3. Après la prise d'Esztergom par les Ottomans en 1543, les primats de Hongrie s'étaient repliés sur Pozsony (actuelle Bratislava). Plusieurs institutions dépendant de l'archevêché, dont l'académie, avaient été installées à Nagyszombat, endroit proche et plus calme.
  4. Le traité de Némésios a été traduit en latin au Moyen Âge (au XIe siècle par Alfan de Salerne, au XIIe siècle par Burgundio de Pise). À la Renaissance une traduction du dominicain Johannes Cuno de Nuremberg fut publiée à Strasbourg en 1512, et une autre de Giorgio Valla à Lyon, par Sébastien Gryphe, en 1538.