Musiques du monde

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L’expression musiques du monde (correspondant à world music, folk music ou ethnic music en anglais, et à Weltmusik en allemand), est un terme générique qui couvre les musiques qui ne font pas partie des principaux courants occidentaux : la pop, le rock, la musique classique, le jazz, le rap, la musique électronique... et qui contiennent des composantes ethniques ou traditionnelles[1].

L’expression plurielle « musiques » est préférée au singulier « musique » car elle rend davantage compte de la réalité diverse des cultures du monde et de leurs expressions musicales. La « musique du monde » serait plus abstraite, désignant alors soit une partie des musiques du monde (la musique du monde arabe, par exemple) soit plus souvent, une tendance musicale récente correspondant à un métissage entre divers genres ou styles. Il faudrait alors la traduire plus précisément par « musique mondiale ». C'est de l'ambiguïté de cette traduction que découle la confusion entre deux genres de musique.

Définition

Le terme Weltmusik fut employé pour la première fois par Georg Capellen, un musicologue allemand, en 1906, alors qu'il rêvait d'un nouveau souffle pour la musique occidentale trouvé à partir d'emprunts ou de mélanges d'éléments exotiques ou orientaux[2] .

Depuis les années 1960[3], les ethnomusicologues, tant francophones qu'anglophones, emploient l'expression world music pour les musiques traditionnelles propres à chaque pays, qu'elles soient « classiques », « savantes » ou « folkloriques ».

Depuis les années 1980, l'expression « musiques du monde », désormais traduite, désigne aussi, et plus souvent avec l’expression anglo-saxonne world music les musiques nouvelles résultant d’un métissage culturel des patrimoines musicaux variés (style, genre, origine, etc.) émanant de cultures traditionnelles d’une part, et de courants actuels, souvent occidentaux, tels le jazz, le rock, etc. Elles résultent non seulement de déterminants musicaux et sociologiques mais aussi technologiques avec l'invention de l'échantillonneur qui peut reproduire les sons des instruments exotiques[4]. Ces musiques sont toutefois bien antérieures et ont commencé à apparaître dès les années 1960, parfois sous le nom d'ethno-jazz ou de « musique ethnique », mais aussi de folk-rock.

Lorsque le terme World music est devenu le terme prédominant dans les années 1980, une série d'expressions étaient déjà à la mode comme musiques extra-européennes, musiques extra-occidentales, musiques exotiques, musiques primitives ou musiques ethniques[5]. D'autres termes ont également été inventés dans les années 1980 : global sound, ethno pop, world beat, world fusion, global fusion, transmusic[6].

En 1985, lors d'une réunion à Londres trois producteurs dont Peter Gabriel ont créé le concept marketing de World music qui désigne la musique pop occidentale empruntant des éléments musicaux à diverses cultures du monde[5]. Comme cette dénomination a aussi été utilisée à des fins de classification par les disquaires, il en résulte souvent une confusion : des artistes traditionnels, héritiers de longues générations de musiciens classiques de leur pays, côtoient d’autres artistes, héritiers eux de la mondialisation, cherchant une voie nouvelle en mêlant diverses musiques. Ces genres toutefois ne sont pas exclusifs l’un de l’autre, mais complémentaires, car ce sont bien souvent les mêmes artistes qui pratiquent à la fois une musique traditionnelle un jour et une musique actuelle, métissée, un autre jour. Selon que l’on privilégie la tradition ou la création, on se tourne vers le passé ou le futur ; il s’agit simplement d’une autre démarche que chacun appréciera en fonction de ses goûts. La confusion du concept est encore manifeste lorsque dans certains pays comme les États-Unis la musique française de de variétés ou rock est classée au rayon world music de grands magasins de disques.

Les francophones ont traduit le terme World music par les termes eux-mêmes ambigus de « sono mondiale » ou « musiques du monde » qui désignent les musiques non occidentales savante, populaire et de variétés[5]. Le terme expressif de « sono mondiale » a été employé par les journalistes d’Actuel et Radio Nova dès les années 1980 pour décrire la mondialisation du patrimoine musical et le métissage des influences ; Paris eut un rôle majeur de carrefour d’artistes dans l’émergence de cette scène, déjà dans les années 1960 et 1970, puis dans les années 1980 avec des producteurs comme Martin Meissonier ou Philippe Constantin. La version commerciale des musiques du monde a alors supplanté les versions traditionnelles étudiés par les ethnomusicologues[5]. Mais depuis la dernière décennie du XXe siècle, la world music fait également référence aux musiques purement traditionnelles[5]. Le Guide des difficultés de rédaction en musique considère que le terme world music est un emprunt lexical inutile, la forme française correcte étant musique du monde[7].

Vers le milieu des années 2000, une génération de producteurs et de DJ's ont été largement inspirés par les sonorités et les rythmes accessibles via Internet. Ces nouveaux échanges, particulièrement évidents au sein de la club culture, ont passablement modifié les orientations actuelles de la world music si bien que l'on parle aussi de la world beat actuellement.

Classification

La catégorie Musiques du monde du Principes de classement des documents musicaux associe à une catégorisation régionale des subdivisions communes spécifiques[8] :

Quelques labels

Notes et références

  1. (en) Carl Rahkonen, Ph.D. Professeur à l'Indiana University of Pennsylvania
  2. Ein neuer exotischer Musikstil (1906).
  3. (en) Terry E. Miller, Andrew C. Shahriari, World music: a global journey, Taylor & Francis, 2008.
  4. (en) Paul Vernon, Ethnic and Vernacular Music, 1898-1960, Greenwood Publishing Group, , p. 18
  5. a b c d et e Apollinaire Anakesa Kululuka, « La World Music savante, Une nouvelle identité culturelle de la musique contemporaine ? »
  6. Robert Gregg, Gary W. McDonogh, Cindy H. Wong, Encyclopaedia of Contemporary American Culture, Routledge, , p. 296
  7. Marc-André Roberge, Guide des difficultés de rédaction en musique, Anglicismes et impropriétés, Faculté de musique de l'Université Laval, Québec, Canada
  8. [PDF] PCDM4 : tables actualisées au 1er février 2008
  9. « Centre de recherche en ethnomusicologie : corpus, collection Inédit », sur http://archives.crem-cnrs.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes