Louis-Pierre Dufay

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Louis-Pierre Dufay
Fonctions
Député de Saint-Domingue

(1 an, 8 mois et 23 jours)
Gouvernement Convention nationale
Député au Conseil des Cinq-Cents

(2 ans, 6 mois et 24 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès inconnue
Lieu de décès inconnu
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Montagne
Conjoint Catherine Thérèse Joly
Profession Greffier de justice

Louis-Pierre Dufay ou Dufaÿ, né à Paris, le dans la paroisse Saint-Eustache et mort à une date inconnue (probablement en 1804), était un homme politique de la Révolution française, célèbre pour avoir fait partie de la délégation tricolore[1] de la province nord de Saint-Domingue, lors de la séance de la Convention durant laquelle fut aboli l'esclavage.

Biographie[modifier | modifier le code]

De la naissance à l'aube de la Révolution[modifier | modifier le code]

Louis-Pierre Dufay naît le à Paris. Ses origines sociales sont inconnues car selon les moments et les personnes, les déclarations changent. Il affirme ainsi dans son contrat de mariage que son père est noble, alors qu'en 1794 il explique que celui-ci était bourgeois. Sa vie durant son enfance n'est pas connue mais il est fort probable qu'il a reçu une bonne éducation puisqu'il parlait l'espagnol et savait par cœur des vers de tragiques[2]. Sa mère meurt en 1758[3]. Le , Louis-Pierre, ainsi que sa sœur Suzanne Sophie, sont émancipés. Il est donc affranchi de l'autorité parentale. Après la mort de son père en 1770[4], il dilapide le peu d'argent laissé par celui-ci et est poursuivi pour dettes. Il réussit à échapper à ses créanciers en partant pour Saint-Domingue en 1778. Là, il change son nom en Dufaÿ de la Tour et s'engage dans l'armée.

Depuis 1778, la France est alliée aux insurgés américains contre le Royaume de Grande-Bretagne et en 1779, pour soutenir militairement les Américains, le vice-amiral Charles Henri d'Estaing embarque à Saint-Domingue des troupes dont fait partie Dufay. L'armée française échoue à reprendre la ville de Savannah. Revenu sur l'île, Dufay démissionne en 1779[5]. Le dans la paroisse de Grande Rivière[6], il épouse Catherine Thérèse Joly, veuve qui possède une sucrerie, une poterie et une caféterie. Par ce mariage, Dufay rencontre les riches colons propriétaires de sucreries. Bien que tous les biens appartiennent à sa femme, Dufay s'intéresse à la gestion de la sucrerie qui assure un revenu important au couple. 141 esclaves travaillent alors dans la sucrerie[7]. En 1785, il revient en France. En 1788, vivant séparé de son épouse, il est arrêté le mais dès le lendemain il est libéré grâce à la caution d'un ami[8].

Période révolutionnaire[modifier | modifier le code]

En 1789, il est à Paris et il y reste jusqu'en 1791, date à laquelle il décide de repartir pour Saint-Domingue. Entretemps il s'était inscrit au Club de l'hôtel de Massiac[9], club composé de colons des Petites Antilles et de Saint-Domingue qui s'oppose à la Société des amis des Noirs, et au club des Jacobins à Paris. Une fois dans l'île, il est nommé inspecteur aux frontières entre la France et l'Espagne par les commissaires nationaux Sonthonax et Rochambeau[8]. Cependant, lorsque l'Espagne déclare la guerre en , il a déjà quitté ce poste et travaille au greffe du tribunal du Cap. Le , Il est élu député par la province du Nord de Saint-Domingue à la Convention. Revenu à Paris, il est emprisonné à la suite des manœuvres de ses créanciers et surtout des meouevre deses colons esclavagistes présents en France[10]. Il est rapidement libéré. Après avoir été Jacobin, il a rejoint les rangs des Montagnards et en tant que député, il soutient, en 1794, l'abolition de l'esclavage au nom des principes de la République et prononce un discours en ce sens le (16 pluviôse an II)[6]. De plus il explique que cet affranchissement ne nuira pas à la prospérité économique de l'île et des marchands qui commercent avec celle-ci[11]. Toutes ces choses il les répète le 23 avril 1794 dans une lettre secrète à Maximilien Robespierre, pleine de louanges pour l'Incorruptible, et que Mills et Belley ont co-signée, en souvenir de sa fermeté passée face aux limites du décret du 15 mai 1791. Mais à la différence de Belley il reniera après Thermidor ces propos élogieux, glofifiera l'oeuvre coloniale de la Gironde et présentera Robespierre comme un esclavagiste proche dees colons[12]. Ses activités de député ne l'empêchent pas de mener des affaires commerciales et il achète à crédit plusieurs propriétés (1 à Montrouge et 2 à Saint-Domingue). Le 4 brumaire an IV, il entre Conseil des Cinq-Cents où il siège jusqu'au 1er prairial an VI ()[13]. Il y fait adopter, le 13 frimaire an V, un amendement relatif aux secours à accorder aux déportés et réfugiés, y demande la discussion du projet sur la division des colonies et y expose, le 17 brumaire an VI, la nécessité de « fructidoriser » les colonies[réf. nécessaire]. Par la suite, il a un poste d'inspecteur de la Poste aux lettres à Amiens mais il ne semble pas s'y être jamais rendu[14].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

De retour à Saint-Domingue, il s'installe comme propriétaire mais d'importants soucis financiers l'empêchent de concrétiser ses achats de terres. Il revient alors en métropole. Après la défaite de Toussaint Louverture en 1802, l'île qui a été le théâtre de nombreux combats semble pacifiée et en 1803, Dufay est au Havre et embarque pour Le Cap. Cependant, la politique impériale, favorable au rétablissement de l'esclavage pousse les habitants à reprendre les armes. Le corps expéditionnaire français décimé par la fièvre jaune au cours de l'année 1802, ne peut lutter contre les insurgés et en 1803 les indépendantistes prennent le pouvoir sur l'île. Dufay prête allégeance à Jean-Jacques Dessalines, futur empereur d'Haïti[15] mais cela n'empêche pas qu'il soit probablement assassiné en 1804 avec les autres Blancs encore présents sur l'île[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Avec le Noir Jean-Baptiste Belley et le métis Jean-Baptiste Mills.
  2. Benzaken 2012, p. 62
  3. Benzaken 2015, p. 24
  4. Benzaken 2015, p. 26
  5. Benzaken 2015, p. 39
  6. a et b Benzaken 2012, p. 63
  7. Benzaken 2012, p. 65
  8. a et b Benzaken 2012, p. 66
  9. Benzaken 2015, p. 127
  10. Florence Gauthier, "sources pour l'histoire de la révolution de Saint_Domingue" Révolutionfrancaise.net, mars 2021
  11. Benzaken 2012, p. 67
  12. Nicolas Roche, "La question coloniale en l'an III : l'invention du mythe de la Gironde", AHRF,1995- n° 4 ; Jean-Daniel Piquet, "Jean-Baptiste Belley et Louis Dufay : souvenir et oubli en l’an III d’une lettre à Maximilien Robespierre, « L’ami du seul peuple de Saint-Domingue… c’est-à-dire les jaunes et les noirs »", Revue Tierce Université de Poitiers, 2021-1, 8 mars 2022 (rubrique/ Sources)
  13. Benzaken 2012, p. 70
  14. Benzaken 2012, p. 74
  15. Saint-Domingue est renommée en Haïti le
  16. Benzaken 2012, p. 85

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Louis-Pierre Dufay », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Jean-Charles Benzaken, « Louis-Pierre Dufay, député abolitionniste et homme d'affaires avisé. Esquisse biographique », Annales historiques de la Révolution française, no 368,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Jean-Charles Benzaken, Louis Pierre Dufaÿ : conventionnel abolitionniste et colon de Saint-Domingue 1752-1804, Paris, SPM, coll. « Kronos », , 670 p. (ISBN 978-2-917232-21-7, lire en ligne)
  • Pierre Serna, « Que s’est-il dit à la Convention les 15, 16 et 17 pluviôse an II ? Ou lorsque la naissance de la citoyenneté universelle provoque l’invention du « crime de lèse-humanité » La Révolution française, n° 7-2014.
  • Florence Gauthier, « Sources pour l'histoire de la Révolution de Saint-Domingue », Révolutionfrancaise.net, 10 mars 2021 rubrique sources (articles aux AHRF de 1993, 1995, 1998)
  • Nicolas Roche, « La question coloniale en l'an III : l'invention du mythe de la gironde », Annales historiques de la Révolution française, AHRF, 1995 n 4.
  • Jean-Daniel Piquet, « Jean-Baptiste Belley et Louis Dufay : souvenir et oubli en l’an III d’une lettre à Maximilien Robespierre, "L’ami du seul peuple de Saint-Domingue… c’est-à-dire les jaunes et les noirs" », Revue Tierce, Université de Poitiers 2021-1, 8 mars 2022 (rubrique/ Sources).

Liens externes[modifier | modifier le code]