Katarzyna Kozyra

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Katarzyna Kozyra
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Distinction

Katarzyna Kozyra (née le à Varsovie en Pologne) est une artiste contemporaine polonaise[1] féministe utilisant divers médiums tels que l’installation, la performance, la vidéo et la photographie et dont les œuvres ont connu et continuent de susciter de nombreuses controverses[2].

Jeunesse et formation

De 1985 à 1988, Katarzyna Kozyra fait des études d'allemand à l'Université de Varsovie. Elle suit une formation de sculpture et sort diplômée de l'Académie des beaux-arts de Varsovie en 1993[3]. Elle passe aussi par la Hochshule für Graphik und Buchkunst de Leipzig[4].

En 2003, elle obtient une subvention du Deutscher Akademischer Austauschdienst (DAAD) pour expérimenter une nouvelle forme de performance impliquant le chant lyrique[5].

En 2011, Katarzyna Kozyra valide une thèse de doctorat à l'Académie des beaux-arts de Varsovie[5].

Carrière artistique

Pyramid of Animals, 1993, Galerie nationale d'art Zachęta

Katarzyna Kozyra se fait connaître en 1993 par l’œuvre Pyramid of Animals qui se compose de corps d'animaux (chevla, chien, chat et coq) disséqués et taxidermiés empilés, ainsi que d'une vidéo illustrant le meurtre du cheval[6]. Tout en citant le thème du conte Les Musiciens de Brême des Frères Grimm, la pièce évoque l'implication humaine dans la mise à mort des animaux et sa normalisation dans la chaîne alimentaire[7]. Il a également été dit que cette œuvre n'était pas seulement « un travail sur les animaux, mais un travail sur la mort et sa signification dans la culture contemporaine[8]. »

Katarzyna Kozyra apparaît dès lors comme une artiste controversée, d'autres œuvres telles que Blood Relationship (1995), Olimpia (1996), Bathhouse (1997) et Man's Bathhouse (1999)[6] ne feront qu'accentuer les polémiques à son égard. C'est aussi le cas le portrait photographique de Slawomir Belina exposé à Varsovie en 2000, controversé pour son érotisme, l'artiste ayant placé l'anus du modèle au centre de la composition[9].

Dans Olimpia (1996)[10], Katarzyna Kozyra expose son combat contre le cancer et les tabous portés au corps féminins nus[11]. Afin de redonner de la dignité à un corps malade et moribond en exposant les stéréotypes sociaux du corps féminin vieillissant, l’artiste juxtapose l'Olympia d'Édouard Manet (1863), une image d'un corps sain, fort et beau, avec son propre corps[12] durant un traitement de chimiothérapie[13].

L'œuvre inclut un triptyque photographique d'Olympia et une vidéo du traitement de l'artiste. La première image la montre allongée dans la même pose que l'Olympia de Manet. La deuxième image la présente nue sur un lit d'hôpital. La troisième image quant à elle montre une vieille femme assise sur un lit. Les femmes de toutes les photographies ont en commun un ruban noir enroulé autour du cou pour symboliser le deuil[14]. Le scandale vient de la représentation de la maladie et de la mort et de l'affirmation que le corps féminin n'est pas seulement un sujet de beauté pour le regard masculin[6].

Cheerleaderka / Cheerleader, Galerie nationale d'art Zachęta

Bathhouse (1997) examine comment les femmes apparaissent dans une situation où personne ne les regarde et quand elles n'ont pas besoin de suivre des canons de beauté. Katarzyna Kozyra y documente ce comportement naturel en filmant en caméra cachée des femmes dans des bains hongrois. Elle présente le corps féminin tel qu'il est et encourage les téléspectateurs à aller à l'encontre de leurs idéaux[15]. Il s'agit aussi d'une allusion aux œuvres de Rembrandt et Jean Ingres dont des reproductions introduisent et clôturent la vidéo[6].

Man's Bathhouse (1999) est pensée comme une confrontation et une continuation de Bathhouse. L'artiste entre dans un bain pour hommes munie d'un faux pénis et d'une serviette couvrant ses seins. La vidéo montre des hommes se concentrant sur leur apparence, en se regardant et se comparant. Man's Bathhouse est choisie pour représenter la Pologne lors de XXXXVIIIe Biennale de Venise[16].

The Rite of Spring (1999-2002) est une installation vidéo inspirée de la chorégraphie du ballet Le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky de 1913. Katarzyna Kozyra utilise d'anciens danseurs du ballet national polonais, elle les photographie allongés sur le sol dans des positions de danse puis anime leurs mouvements[17].

De 2003 à 2008, Katarzyna Kozrya travaille sur la série In Art Dreams Become True[1]. La série mêlant art visuel, musique et performance est diffusée par morceaux, chacun en tant qu'œuvre distincte bien qu'ils soient destinés à être combinés dans un long métrage. Dans l'œuvre, l'artiste « est manipulée alors qu'elle s'efforce de réaliser son rêve de devenir une vraie femme et une chanteuse d'opéra[6] ».

Expositions

À partir de 1997 Katarzyna Koryza expose régulièrement à l'international dans des lieux tels que l'Université Brown[18] et la Carnegie International aux États-Unis[19], mais aussi :

  • Katarzyna Kozyra. Señores de la danza, Museo Nacional Centro del Arte Reina Sofia, Madrid, 2002[20]
  • Faces, Centre national de la Danse, Paris, 2006
  • Katarzyna Kozyra: casting, Galerie nationale d'art Zachęta, Varsovie, 2010-2011[21]
  • Summertale, Turku Art Museum, Turku, 2014[22]
  • Katarzyna Kozyra: Habitat, Centre d'art contemporain, Château Ujazdowski, Varsovie, 2015[23]

Les œuvres de l'artiste sont aussi présentées dans de grandes expositions d'art féministe telles que Global Feminisms au Brooklyn Museum of Art en 2007[25].

Distinctions

En 1997, Katarzyna Kozyra reçoit le prix Paszport Polityki en tant qu'artiste la plus prometteuse de Pologne[26].

En 1999, elle est choisie pour représenter la Pologne lors de XXXXVIIIe Biennale de Venise où elle remporte une mention honorable pour l'installation vidéo Men's Bathhouse[27]. En , elle reçoit la subvention du ministère de la Culture et du Patrimoine national polonais[28].

Références

  1. a et b « Katarzyna Kozyra », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le )
  2. « Contre la censure d’une œuvre jugée trop sulfureuse, des Polonais font des “selfies bananes” », sur Les Observateurs de France 24 (consulté le )
  3. « Katarzyna KOZYRA », sur galeriegaillard.com (consulté le )
  4. « All that beauty », sur www.institutpolonais.fr (consulté le )
  5. a et b (en-US) « Katarzyna Kozyra – Body and Soul – La Biennale di Venezia 2017 » (consulté le )
  6. a b c d et e (en) « Katarzyna Kozyra », sur Culture.pl (consulté le )
  7. (en) « Katarzyna Kozyra: sculptor, installation and video artist in Poland’s ‘critical art’ movement », sur www.thefirstnews.com (consulté le )
  8. (en) Nikola Milosevic, « Katarzyna Kozyra », sur Widewalls, (consulté le )
  9. Pawel Leszkowicz, « Feminist Revolt: Censorship of Women's Art in Poland - The Feminist eZine », sur www.feministezine.com (consulté le )
  10. (pl) Huncwot.com, « Katarzyna Kozyra, Olimpia - Zachęta Narodowa Galeria Sztuki », sur zacheta.art.pl (consulté le )
  11. (pl) Vogue Polska, « Sztuka chorowania », sur Vogue Polska, (consulté le )
  12. (en) Anat Zanger, Film Remakes as Ritual and Disguise : From Carmen to Ripley, Amsterdam, Amsterdam University Press, , 158 p. (ISBN 978-90-5356-784-5, lire en ligne)
  13. « re.act.feminism - a performing archive », sur www.reactfeminism.org (consulté le )
  14. (en) Janet Elise Johnson et Jean C. Robinson, Living Gender after Communism, Indiana University Press, , 263 p. (ISBN 978-0-253-11229-3, lire en ligne)
  15. Szylak, « The New Art for the New Reality: Some Remarks on Contemporary Art in Poland », Art Journal, vol. 59, no 1,‎ , p. 54–63 (DOI 10.1080/00043249.2000.10791982)
  16. « The Men’s Bathhouse », sur Pawilon Polski w Wenecji (consulté le )
  17. Whitney Chadwick, Women, Art, and Society, New York, 5, , 488-490 p. (ISBN 978-0-500-20405-4)
  18. « Brown University News Archives », sur www.brown.edu (consulté le )
  19. (en) « Performance artists go live for opening of Carnegie International », sur Pittsburgh Post-Gazette (consulté le )
  20. (en) « Katarzyna Kozyra. Señores de la danza | Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía », sur www.museoreinasofia.es (consulté le )
  21. (pl) Huncwot.com, « Katarzyna Kozyra Casting - Zachęta Narodowa Galeria Sztuki », sur zacheta.art.pl (consulté le )
  22. « Turun taidemuseo : DARKROOM Katarzyna Kozyra: Summertale 16 May - 14 Sep 2014 », sur www.turuntaidemuseo.fi (consulté le )
  23. « Katarzyna Józefowicz at the Ujazdowski Castle Centre for Contemporary Art », sur at the Ujazdowski Castle Centre for Contemporary Art (consulté le )
  24. (en) « Katarzyna Kozyra | Katarzyna Kozyra Solo Exhibition », sur Capsule Shanghai (consulté le )
  25. (en-US) Roberta Smith, « Global Feminisms - Art - Review », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  26. (pl) PLASTYKA, « Plastyka: Katarzyna Kozyra », sur www.polityka.pl, 20091103t174400+0100 (consulté le )
  27. Maja Zoltowska, « 48e Biennale de Venise: un pavillon par jour (fin) », sur Libération.fr, (consulté le )
  28. (en) « Katarzyna Kozyra », sur Artspace (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Sabine Folie, The Impossible Theatre: Performativity in the Works of Pawel Althamer, Tadeusz Kantor, Katarzyna Kozyra, Robert Kusmirowski and Artur Zmijewski, Verlag Fur Moderne Kunst (2006), (ISBN 3-938821-03-5)
  • Laura Hoptman et Tomas Pospiszyl (éd.), Primary Documents: A Sourcebook for Eastern and Central European Art since the 1950s, The MIT Press (2002), (ISBN 0-262-08313-2)

Liens externes