Jules Le Gall

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Jules Le Gall est un ouvrier de l'Arsenal de Brest, militant anarchiste, syndicaliste et franc-maçon né le à Brest et mort en déportation à Buchenwald le 13 ou le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Engagement syndical[modifier | modifier le code]

Jules Le Gall est le fils d'Eugène Le Gall et d’Émeline Charpentier, il entre dans la vie active comme chaudronnier à l'Arsenal de Brest. Il travaille alors avec Victor Pengam avec qui il cofonde en 1903 un des premiers groupes de la jeunesse syndicale qui compte par la suite une soixantaine de jeunes adhérents, tous ouvrier de l'Arsenal. A la suite des grèves de mai et , se crée la bourse du travail de Brest dont il est secrétaire et Victor Pengam le trésorier. En , il est délégué de la Confédération générale du travail (CGT) lors du congrès confédérale de Bourges. En , il est poursuivi en justice pour « incitation à la désobéissance », son procès se conclut par un acquittement en , il continue ses activités de délégué de la CGT[1].

Engagement libertaire[modifier | modifier le code]

Pacifiste convaincu et internationaliste, il défend le droit d'asile pour les anarchistes espagnols Durruti et Ascaso, accueille à Brest des exilés pourchassés dans leur pays comme l'ukrainien Nestor Makhno et l'italien Pio Turroni, et participe activement aux manifestations en faveur de Sacco et Vanzetti.

Il participe dans les rangs républicains à la guerre civile espagnole, aux côtés de Louis Lecoin et Sébastien Faure[2].

Engagement maçonnique[modifier | modifier le code]

Jules Le Gall est initié en franc-maçonnerie en au sein de loge brestoise appartenant au Grand Orient de France, « Les amis de Sully ». Il y côtoie plusieurs élus de la ville, au sein d'une loge fortement engagée dans l'action sociétale comme les phalanstères fouriéristes, la ligue de la régénération humaine de Paul Robin ou encore par des aides à la Ruche de Sébastien Faure. Le combat pour la laïcité crée une dynamique avec les militants libertaires et les libres penseurs. Sa loge soutien son projet de maison du peuple pour laquelle il lance une souscription en 1920[3]. Il participe régulièrement aux travaux de la loge et produit de nombreuses synthèses de qualité sur l’anarchisme qu'il juge mal expliqué dans la société, la laïcité mais aussi sur le symbolisme, il s'expose comme un orateur de qualité et occupe plusieurs postes d'officier[4]. Il est élu vénérable maitre le [5] et engage la loge dans un rapprochement avec une autre loge « L'Heureuse rencontre » dont il partage avec le nouveau vénérable l'avocat Jean-Louis Laloüet, les idéaux pacifistes[6]. Il réalise ensemble la fondation d'une société qui prend le nom de Club philosophique qui achète un immeuble pour le reconstruire et donner un temple commun aux francs-maçons de Brest. Durant les mouvements de grève de 1935 ou deux ouvriers meurent, les deux loges se mobilisent et soutiennent le mouvement en réunissant des fonds pour les familles des grévistes tués[7]. Jules Legall reconduit pendant neuf ans quitte la charge de vénérable à la veille de la guerre[7].

En , dénoncé comme franc-maçon, il est convoqué par la police allemande qui le questionne sur l'activité de la loge des Amis de Sully. Leur but étant d'avoir la liste des membres et de confisquer le temple à leur profit[8]. Il est finalement arrêté chez lui le , les Allemands exigent la liste complète des francs-maçons de Brest. Son refus de répondre entraine son incarcération à proximité de Nantes à la prison maritime des Rochettes. En il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne, il est ensuite déporté avec 1 942 autres détenus politiques au camp de Buchenwald après avoir été blessé lors d'une tentative d'évasion organisé par ses amis[8]. Porteur du matricule 44186, il meurt en déportation le 13 ou le probablement d'une gangrène[1],[9].

Posterité[modifier | modifier le code]

Sa tombe au cimetière de Saint Martin de Brest disparu[8], la ville de Brest donne son nom à un jardin en 2008, en rappelant dans la délibération et sur la plaque ses engagements d'anarchiste et de franc-maçon[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-Yves Guengant, Georges-Michel Thomas et Rolf Dupuy, « LE GALL Jules, Louis [Dictionnaire des anarchistes] », sur maitron.fr, (consulté le ).
  2. Jean-Yves Guengant, "Nous ferons la grève générale. Jules Le Gall, les anarchistes et l'anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne", éditions Goater, 2019, (ISBN 979-1097465-19-3)
  3. Jean-Yves Guengant 2019, p. 18.
  4. Jean-Yves Guengant 2019, p. 20.
  5. Jean-Yves Guengant 2019, p. 23.
  6. Jean-Yves Guengant 2019, p. 24.
  7. a et b Jean-Yves Guengant 2019, p. 25.
  8. a b et c Jean-Yves Guengant 2019, p. 29.
  9. a et b Y.G, « Jules Le Gall, anarchiste et franc-maçon » », sur Ouest France, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Yves Guengant, Nous ferons la grève générale : Jules Le Gall et les anarchistes, Édition Goater, coll. « Mémoires immédiates », , 384 p. (ISBN 979-1097465193).
  • Jean-Yves Guengant (Dossier : la franc-maçonnerie de l'entre-deux-guerres), « Jules Le Gall, anarchiste et franc-maçon », Chronique d'histoire maçonnique, no 84,‎ .