Jacqueline Quatremaire

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Jacqueline Quatremaire
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 24 ans)
AuschwitzVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Henri Quatremaire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Lieux de détention
Camp de concentration du fort de Romainville (d), camp de Royallieu, camp d'extermination de BirkenauVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Jacqueline Quatremaire, née le à Igé (Orne) et morte de phtisie en déportation le au camp d'Auschwitz, est une militante syndicaliste, communiste et résistante. Elle fait partie du convoi des 31 000.

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Jacqueline Quatremaire naît à Igé, dans l'Orne le . Surnommée « Jacky », elle est la fille unique de Germaine Duhec (ou Germaine Bruhce[1]) et d’Henri Quatremaire[2]. Son père, peintre en bâtiment, est ensuite maire de Noisy-le-Sec. Et ce à plusieurs périodes d'abord du au , puis après sa réélection de 1945 à 1947, enfin il retrouve son mandat de maire de 1959 à 1971[3]. Elle obtient son brevet puis sa famille s'installe dans la région parisienne en 1934[2].

Syndicalisme et résistance[modifier | modifier le code]

De 1936 à 1939, Jacqueline Quatremaire est sténodactylo au Syndicat des produits pharmaceutiques, à la Bourse du travail de Paris (dans le 10e arrondissement de Paris)[2].

En 1937, elle dirige le foyer de l’Union des jeunes filles de France à Noisy-le-Sec[1]. Elle s’engage au Front national, qui est un mouvement de la Résistance française créé par le Parti communiste. Elle vit dans la clandestinité sous la fausse identité de « Michèle Dambreville ». Elle assure la transmission des textes et des plaques de tirage dans le groupe d’Arthur Tintelin. Responsable de la branche technique, c’est-à-dire des imprimeries et de la distribution de la propagande, Arthur Tintelin est arrêté en [4].

Arrestation et déportation[modifier | modifier le code]

Le , Jacqueline Quatremaire est elle-même arrêtée en même temps que Madeleine Dechavassine[5] avec les imprimeuses et techniciennes de l'affaire Tintelin[6] dont Madeleine Doiret, Lucienne Thevenin, Jeanne Serre et Vittoria Daubeuf[7] dans le 15e arrondissement par les inspecteurs des brigades spéciales. Le 10 août 1942, elle est transférée au camp allemand du fort de Romainville[1].

Notice de la Documentation française relative à Jacqueline Quatremaire. Archives nationales, cote 20080095/85.

Le , elle fait partie des cent premières femmes otages qui sont transférées au camp de Royallieu à Compiègne. Le , elle est conduite avec 230 femmes dans des wagons à bestiaux où sont déjà entassés 1 450 détenus hommes. Ce convoi est connu comme le convoi des 31000. Comme les autres déportés, elle jette sur la voie un message. Le sien est parvenu à ses destinataires :

« Dans une heure nous partons certainement pour l'Allemagne. Ne vous inquiétez pas le moral est excellent. Nous reviendrons bientôt. Maman, Papa, Grand-Père chéris au revoir. Ayez du courage. Mes chers amis je vous embrasse tous. Petite Mère prend soin de ma poupée, je voudrais la retrouver belle à mon retour »[1]

En gare de Halle (en Allemagne), le train se divise : les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le . Elles sont conduites au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent dans le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau le en chantant La Marseillaise[8].

Le , les « 31000 » sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Jacqueline Quatremaire porte le matricule numéro 31641. Elles partent dans les kommandos de travail. Le , Jacqueline Quatremaire est affectée comme infirmière au revier (hôpital des détenus) de Birkenau. Très maigre, couverte de poux, elle y contracte une tuberculose pulmonaire. Le bulletin de décès établi par la mairie de Noisy-le-Sec en mai 1948 donne la date du , ce que les survivantes considèrent comme exact[9].

Après la guerre, le , sa mère dépose plainte contre les inspecteurs qui ont arrêté sa fille, devant la commission d’épuration de la police[2].

Plaque rue Jacqueline Quatremaire à Drancy.

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Jacqueline Quatremaire est récipiendaire des décorations suivantes, attribuées à titre posthume en 1960[1] :

Son nom est gravé sur le monument aux morts de Noisy-le-sec et sur la plaque commémorative à l’intérieur de la Bourse du travail, avec cette épitaphe de Paul Éluard : « À la Mémoire des dirigeants de syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France – Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice »[2].

Trois écoles maternelles (à Pantin, Drancy et Villetaneuse) et une rue située à Drancy portent son nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Mémoire Vive – Jacqueline Quatremaire – 31641 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
  2. a b c d et e Daniel Grason, « Quatremaire Jacqueline, Lucienne, Adrienne », dans Le Maitron, Maitron/Éditions de l'Atelier, (lire en ligne)
  3. Claude Pennetier, « Quatremaire Henri, Marcel », dans Le Maitron, Maitron/Éditions de l'Atelier, (lire en ligne)
  4. Jean-Pierre Besse & Daniel Grason, « Tintelin Arthur alias Lombard Léon », sur Le Maitron, 18 novembre 2019, dernière modification le 11 mars 2022 (consulté le )
  5. Jean-Pierre Besse, « Dechavassine Madeleine », dans née ROGER Madeleine, Marie, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  6. « Un Grand Succès de la Brigade Spéciale 1 : L'Affaire Tintelin (1942) / Ivan AVAKOUMOVITCH. », sur pandor.u-bourgogne.fr (consulté le )
  7. Moorehead 2017, p. 233..
  8. « Présentation du convoi du 24 janvier 1943, dit convoi des 31000 », sur Mémoire Vive (consulté le )
  9. Charlotte Delbo, Le Convoi du 24 janvier 1943, Paris, éditions de Minuit, , p. 242-243

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Caroline Moorehead (trad. de l'anglais par Cindy Colin Kapen), Un train en hiver : Le train des femmes pour Auschwitz, Paris, Pocket, , 509 p. (ISBN 978-2-266-25872-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, , p. 242-243. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Liens externes[modifier | modifier le code]