Gustavo Corção

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Gustavo Corção
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Gustavo Corção Braga (, Rio de Janeiro - , Rio de Janeiro) était un intellectuel brésilien, l'un des représentants majeurs du nationalisme intégral et du national-catholicisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Partiellement autodidacte, Gustavo Corção fit ses études à l'École polytechnique de Rio, mais il quitte celle-ci en 1920 sans obtenir son diplôme d'ingénieur, qu'il n'obtiendra que dans les années 1960[1], se spécialisant par la suite dans l'électronique.

Rencontrant Alceu Amoroso Lima, il se rapproche du catholicisme jusqu'à s'y convertir, de façon définitive, en 1939[1], événement qu'il relate dans A descoberta do outro (1944), puis étudia le thomisme et la théologie chez les moines bénédictins. Il joua alors un rôle important au Centre Dom Vital, à Rio de Janeiro, fondé par Jackson de Figueiredo, et qui participa à la « renaissance catholique », mouvement de conversion des élites auparavant attirées par le positivisme. Il décrit l'influence de l'écrivain catholique anglais G. K. Chesterton sur son parcours dans Três alqueires e uma vaca (1946). Corção fut également fortement influencé par l'œuvre du premier Jacques Maritain, alors qu'il était encore proche de l'Action française.

Son seul roman, Lições de abismo (1950), obtenu un prix Unesco et fut traduit dans de nombreuses langues.

Corção fut également un journaliste profondément anticommuniste et écrivit après la Seconde Guerre mondiale dans différents journaux, tels que la Tribuna da Imprensa, le Diário de Notícias ou l'O Estado de S. Paulo. Dans Le Siècle de l'Enfer (O Século do Nada), il défendait avec ardeur le franquisme et Primo de Rivera, étant ainsi l'un des porte-paroles du national-catholicisme.

Selon lui, le concile Vatican II fut un « péché terminal ». En , il fonde ainsi Permanência, une scission du Centre Dom Vital, et dont les thèses intégristes reçoivent un réel écho au Brésil. Selon l'historien Antoine Compagnon, « Corção estimait lui-même qu’il était lu régulièrement par environ deux millions de personnes si l’on cumulait la diffusion de ses articles et celle de ses livres. » Le nom de la revue provenait de la revue française Permanences créée par Jean Ousset, le fondateur de la Cité catholique[2].

La même année, le professeur de droit à l'Université catholique de Rio, Adib Casseb, ex-membre du Parti intégraliste, fonde un groupe similaire, Hora Presente. Ces deux groupes, malgré leurs différences, se rejoignent dans le constat commun selon lequel les mesures imposées par la dictature militaire (1964-1985) n'iraient pas assez loin[2].

Inspirés par les théoriciens contre-révolutionnaires français (Bonald, Maurras, de Maistre ou l'abbé Barruel), fortement anti-communistes et critiques tant de la théologie de la libération (l'archevêque Hélder Câmara est une cible fréquente) que de la musique populaire brésilienne, ils militent en faveur d'une véritable réaction contre la Modernité et du rétablissement d'une théocratie catholique[2]. Corção s'élève ainsi tant contre le projet de construction de Brasilia que contre le « scandale du téléphone » et la libre entreprise[3].

Influence postérieure[modifier | modifier le code]

L'influence de Corção chez l'aile ultra-conservatrice du catholicisme persiste jusqu'à aujourd'hui, comme en témoigne la ré-édition du Siècle de l'Enfer, en 2005, par l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, proche du mouvement catholique traditionaliste, ou encore la thèse consacrée à cette figure, soutenue à l'Université de Navarre, fondée par l'Opus Dei.

L'historien Olivier Compagnon signale aussi la publication de textes de Corção dans la revue Itinéraires de Jean Madiran[2].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A Descoberta do Outro, Rio, Agir, 1944 (traduit en français, La découverte de l’autre, Le Barroux, éd. Sainte-Madeleine, 1987)
  • Três Alqueires e Uma Vaca
  • Lições de Abismo (Roman)
  • As Fronteiras da Técnica
  • Dez Anos
  • Claro Escuro
  • Machado de Assis
  • Patriotismo e Nacionalismo
  • O Desconcerto do Mundo
  • Dois Amores Duas Cidades
  • O Século do Nada, Rio, Record, 1973 (traduit en français, Le Siècle de l'Enfer, éd. Sainte-Madeleine, 1993, rééd. 2005 ; littéralement, nada signifie rien ou néant)
  • A Tempo e Contra-tempo
  • Progresso e Progressismo
  • As Descontinuidades da Criação

Études[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Carmen José Alejos-Grau, Josep Ignasi Saranyana, Teología en América Latina, Volume 2, Iberoamericana Editorial, 2002, p. 228 sq.
  2. a b c et d Olivier Compagnon, « Le 68 des catholiques latino-américains dans une perspective transatlantique », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Materiales de seminarios, 2008, Mis en ligne le 17 décembre 2008.
  3. Article du 29 janvier 1970 dans O Estado de São Paulo, cité in Compagnon, op. cit.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]