Georges Daudet

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Georges Daudet
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 56 ans)
SionVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Conflits
Mouvement
Personne liée
Condamné pour

Georges Daudet, né le à Chaillac dans le département de l'Indre et mort le à Sion dans le canton du Valais, en Suisse, était un journaliste et propagandiste anticommuniste français, qui a dirigé plusieurs journaux collaborationnistes pendant l'Occupation, notamment le quotidien La France Socialiste. Inculpé d’intelligence avec l’ennemi à la Libération, il se réfugie en Suisse. Condamné à mort par contumace en , il meurt en exil.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dès sa jeunesse, Daudet adhère à des organisations de type fasciste. Il est membre du mouvement Le Faisceau de Georges Valois, puis il adhère au Parti Social National de Jean Hennessy. Plus tard, il s’initie au journalisme en collaborant au quotidien La Victoire de Gustave Hervé ainsi qu’à La Voix de l’Est Parisien. Membre d’une Ligue Internationale Anti-Communiste, il est candidat républicain indépendant en , à l'élection municipale partielle du quartier du Mail à Paris[1] et aux élections législatives du , dans la circonscription du deuxième arrondissement de Paris[2]. En , il crée la Confédération Nationale des Comités de Salut Public dont l'organe, Forces Françaises, est qualifié d'instrument de propagande nazie par le quotidien communiste L'Humanité. Sous les pseudonymes de Delhaume, Davedet ou Davdet, il justifie la politique étrangère du Troisième Reich, milite pour le rapprochement franco-allemand et condamne la Grande-Bretagne et l'Union Soviétique. Suspecté d'entretenir des liens avec l'Allemagne, il est visé par une enquête policière qui constate l'opacité de ses ressources financières ; le parquet de la Cour d'Appel de Paris se dessaisit du dossier au profit de l'Autorité Militaire à la suite de la déclaration de guerre.

Après l'armistice, démobilisé, Daudet est chargé par Pierre Laval[3] de prendre le contrôle du quotidien collaborationniste antisémite La France au travail[4], lancé le par Otto Abetz[5], qui ne parvient pas à atteindre l'audience espérée auprès de la classe ouvrière. Engagée sous sa direction dès le mois de , l'entreprise de redressement du journal échoue. Le titre disparaît le en dépit de la mise à l'écart de Georges Oltramare, dit Charles Dieudonné depuis le . Le lancement d'un nouveau quotidien de gauche collaborationniste, plus modéré, est alors planifié et aboutit le à la sortie du premier numéro de La France Socialiste[6]. Sous le contrôle conjoint de Laval et des services de l’ambassade d’Allemagne, Daudet en est le véritable patron[7],[8],[9], mais n'y signe qu'un seul article célébrant l'arrivée d'Hubert Lagardelle au poste de rédacteur en chef[10].

Jusqu'à la Libération, Daudet participe au développement du groupe de presse allemand Hibbelen[11]. Par l'intermédiaire de la Société populaire d'éditions et d'impressions, dont il est gérant, il prend le contrôle le du quotidien néo-socialiste collaborationniste L'Effort publié à Lyon[12]. A ce titre, il est condamné par contumace à cinq ans de prison pour « activité antinationale » par la Cour de Justice de Lyon le [13].

Il est membre du Comité d’honneur du Cercle européen, « Centre français de Collaboration économique et culturelle européenne », et participe le à une réception organisée en l’honneur de Léon Degrelle[14].

A la Libération, Daudet se cache chez des amis, notamment chez l’éditeur résistant Georges Ventillard, puis s'engage dans la Légion étrangère en . Sous les ordres du futur général André Lalande, qui interviendra en sa faveur auprès de la Cour de Justice de la Seine, il participe à la Bataille d'Alsace. Refusant d’échanger son impunité contre un témoignage à charge à l’encontre de Laval[15], il obtient des certificats de bonne conduite d'un militant communiste, secrétaire de rédaction à l'Humanité, Pierre Camus, et d'un associé d'Edgar Bernheim, Georges Leclerc. En , il devient gérant d'hôtels à Marseille sous son pseudonyme de légionnaire, Georges Maleine. Informé d'une citation à comparaître devant la Cour de Justice de Paris le , il fuit en Suisse, près de Genève, le et prend contact avec Jean Jardin pour organiser son séjour[16]. Arrivé le dans le Valais, il est auditionné par la police suisse qui, dans un premier temps, s'intéresse à lui comme éventuel témoin à charge dans le procès Oltramare[17], puis exige son départ du territoire helvétique, avant de tolérer sa présence compte tenu de sa condamnation à mort le [18].

Bénéficiant de quelques appuis locaux, notamment de Roger Bonvin, futur conseiller fédéral, Daudet trouve rapidement un emploi de manœuvre, puis de représentant de commerce, avant de créer la maison Valgros S.A. à Sierre[19].

Pendant son séjour en Suisse, Daudet s'abstient de toute activité journalistique et politique[20], à l'exception d'une commande de cartes de condoléances lors du décès de Philippe Pétain.

Atteint d'un cancer, il meurt le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le Petit Parisien, 10 février 1936.
  2. Le Petit Journal, 27 avril 1936.
  3. van Dongen 2008, p. 279.
  4. Oltramare 2000, p. 147-149.
  5. Lambauer 2001, p. 144.
  6. Ory 1980, p. 142.
  7. Quéval 1945, p. 62, 254-255.
  8. Sirinelli 1988, Annexe V.
  9. van Dongen 2008, p. 72.
  10. La France Socialiste, 28 janvier 1944.
  11. Dioudonnat 1981, p. 156, 163, 200-201.
  12. Peschanski 1986, p. 444.
  13. van Dongen 2005, p. 153.
  14. Les Nouveaux Temps, 8 mars 1944, p.1.
  15. Hilaire 1949, p. 313.
  16. van Dongen 2008, p. 302.
  17. van Dongen 2008, p. 306-307.
  18. van Dongen 2008, p. 309.
  19. Feuille d’Avis du Valais, 19 novembre 1958, p. 6.
  20. van Dongen 2008, p. 402-403.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre-Marie Dioudonnat, L'argent nazi à la conquête de la presse française, 1940-1944, Paris, Jean Picollec, , 309 p. (ISBN 2-86477-029-6)
  • Georges Hilaire (sous le pseudonyme de Julien Clermont), L'homme qu'il fallait tuer, Pierre Laval, Paris, Charles de Jonquières, , 374 p.
  • Barbara Lambauer, Otto Abetz et les Français ou L'envers de la Collaboration, Paris, Fayard, , 895 p. (ISBN 2-213-61023-1)
  • Georges Oltramare, Les souvenirs nous vengent, Paris, Déterna, , 197 p. (ISBN 2-913044-31-X)
  • Pascal Ory, Les Collaborateurs 1940-1945, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire (no  43) », , 331 p. (ISBN 2-02-005427-2)
  • (it) Denis Peschanski (sous la direction de), Vichy 1940-1944. Quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca, Annali, Paris-Milan, CNRS-Feltrinelli Editore, , 750 p. (ISBN 978-2222038436)
  • Jean Queval, Première page, cinquième colonne, Paris, Arthème Fayard, , 358 p., p. 62, 254-255
  • Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle : Khâgneux et Normaliens dans l'entre-deux-guerre, Paris, Fayard, , 722 p. (ISBN 978-2-13-044685-9)
  • Luc van Dongen, Le refuge des vaincus, S.l., Annales valaisannes,
  • Luc van Dongen, Un purgatoire très discret : la transition "helvétique" d'anciens nazis, fascistes et collaborateurs après 1945, Paris, Perrin, , 649 p. (ISBN 978-2-262-02650-9)