Château d'Aguilar

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Château d'Aguilar
Image illustrative de l’article Château d'Aguilar
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle
Protection Logo monument historique Classé MH (1949)
Logo monument historique Inscrit MH (2023)
Coordonnées 42° 53′ 26″ nord, 2° 44′ 49″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Aude
Commune Tuchan
Géolocalisation sur la carte : Aude
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Château d'Aguilar
Géolocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Château d'Aguilar
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(Voir situation sur carte : France)
Château d'Aguilar

Le château d'Aguilar (Aguilar en occitan) est un château dit « cathare », situé à environ deux kilomètres à l'est du village de Tuchan, dans le département de l'Aude. C'est un château datant probablement du XIIe siècle dont la construction continue durant les XIIIe et XIVe siècles. Château féodal aux mains de la famille de Termes, il devient au XIIIe siècle une forteresse royale.

Historique[modifier | modifier le code]

Possession de la famille des comtes de Carcassonne en 1004, le site d'Aguilar est cédé vers 1010 avec le Peyrepertusès au comte de Besalù. Dans son testament daté de 1021, le comte de Besalù, Bernat Taillefer, qualifie Aguilar de « pech » (montagne) à la limite des comtés de Narbonne et Roussillon. On ignore si à cette date Aguilar était un lieu habité et si une fortification y existait car la première mention du château remonte à 1240.

À une date inconnue, peut-être vers la fin du XIe siècle, Aguilar entre dans le patrimoine des seigneurs de Termes. Olivier de Termes, dépossédé par le roi de son château de Termes en 1228, fait d'Aguilar sa résidence principale. C’est probablement à lui que l’on doit la construction de la partie centrale du château et le développement du village fortifié qui flanquait le château au sud.

Pendant l’été 1240, le château d’Aguilar sert de point de rassemblement aux chevaliers qui se rallient à la révolte du vicomte Trencavel avant de faire le siège de Carcassonne. Après l’échec de cette révolte, Olivier de Termes se soumet au roi. En , il remet son second château, celui d’Aguilar, et le Termenès à Louis IX. Le château devient une forteresse royale, dirigée par un châtelain dont le premier est cité en 1246. Cependant dix ans plus tard, saint Louis rend Aguilar (et la plus grande partie du Termenès) à Olivier, en raison de son bon comportement en Terre Sainte. Soucieux de concourir à la défense du royaume de Franc, Olivier projette, dans son testament de 1257, de léguer le château au roi. Mais il finit par le vendre à saint Louis, lors d’un séjour à Paris en .

Six mois après, le châtelain royal Peire de Mirepoix prend possession de la forteresse. À cette occasion, il livre un état des ornements religieux et de l'armement de la garnison nous apprenant que celui comprend six arbalètes individuelles et une à tour, trois cent carreaux, onze chapeaux de fer, vingt boucliers…[1] Aguilar constitue, à partir de moment et jusqu’au traité des Pyrénées (1659), l’une des forteresses frontières défendant la France face aux royaumes hispaniques. Pour cette raison, le château est renforcé, entre le milieu du XIIIe et le début du XIVe siècle, par une seconde enceinte munie de tous les perfectionnements techniques de l’époque. Cette seconde enceinte est en partie construite sur le village fortifié qui disparaît dans le courant du XIVe siècle.

Le château vu depuis le mont Tauch, au loin la Méditerranée.

La garnison comprend, en 1302, outre le châtelain, douze sergents, un portier, un guetteur et un chapelain[2]. Malgré des défenses améliorées, la faiblesse de la garnison rend le château particulièrement vulnérable. En 1387, une compagnie de trois cents routiers s’en empare de nuit avec leurs échelles. De là, les routiers rançonnent les marchands catalans. Mais ils sont battus par une armée envoyée par le roi d’Aragon[3]. En 1525, le château est conquis par Charles Quint. En 1542, après l’échec du siège de Perpignan, le château, dans lequel s’est retirée une partie de l’armée française, est attaqué par les Espagnols. L’année suivante, une garnison d’Allemands à la solde de Charles Quint s’en empare. Le château est restitué au roi de France l’année suivante, en 1544, après la signature de la paix entre François Ier et Charles Quint. Une garnison royale occupe les lieux jusqu'à la signature du traité des Pyrénées. Ensuite, le château tombe peu à peu en ruines jusqu'à son classement comme monument historique le [4]. En 1999, il sert de décor à la série télévisée Tramontane. Aguilar fait partie des « Cinq Fils de Carcassonne » avec les châteaux de Quéribus, Puilaurens, Termes et Peyrepertuse, tous situés au sommet de pitons rocheux réputés « imprenables ».

Les ruines du château d'Aguilar et leurs abords sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1946[5].

Les ruines du fort d'Aguilar sont classées au titre des Monuments historiques par arrêté du . L'ensemble des vestiges du château d'Aguilar, à savoir la chapelle, la barbacane, les remparts du castrum, les carrières et tous les éléments de l'enceinte et du castrum sont inscripts par arrêté du [4].

Description[modifier | modifier le code]

Le château est situé sur une colline de 96 mètres de hauteur surplombant la plaine de Tuchan. Il est composé de deux enceintes séparées par des lices. Les bâtiments regroupés au centre de la deuxième enceinte sont tous pratiquement détruits. L'enceinte extérieure, construite par les ingénieurs royaux entre 1262 et le début du XIVe siècle, est composée de six tours semi-circulaires. L'enceinte intérieure, correspondant au château féodal des seigneurs de Termes, abrite un corps de logis et une citerne. À une époque tardive cette enceinte a été flanquée par une tour rectangulaire. Sur le versant sud subsistent, en avant de l'entrée principale du château, la chapelle Sainte-Anne, et quelques vestiges de l'enceinte qui protégeait le village. À noter que le château était dépourvu de donjon[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Déclaration de Pierre de Mirepoix, à Pierre d’Auteuil, sénéchal de Carcassonne, par laquelle il reconnaît avoir reçu les ornements nécessaires pour la chapelle du château et diverses armures et engins pour la garnison. Acte connu par une copie datée par erreur de 1272 à rectifier en 1262, Pierre d'Auteuil étant sénéchal de décembre 1254 à septembre 1263. Voir Gauthier Langlois, Olivier de Termes, le cathare et le croisé, Privat, , p. 173.
  2. Lucien Bayrou, « Les garnisons et l'armement des forteresses royales des Corbières (Aude) », Archéologie du Midi Médiéval, vol. 1, no 1,‎ , p. 51–58 (DOI 10.3406/amime.1983.995, lire en ligne, consulté le )
  3. Gauthier Langlois, « Tuchan : le château d'Aguilar », dans Francis Poudou et Gauthier Langlois (dir.), Canton de Tuchan et communauté de communes des Hautes-Corbières : Cucugnan, Duilhac-sous-Peyrepertuse, Maisons, Montgaillard, Padern, Palairac, Paziols, Rouffiac-des-Corbières, Tuchan, Narbonne, fédération audoise Léo-Lagrange, coll. « Vilatges al País » (no 9), (ISBN 2-9508178-8-2), p. 327-336
  4. a et b « Ruines du Fort d'Aguilar », notice no PA00102913, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. « Ruines du château d'Aguilar et leurs abords (Tuchan) ».
  6. Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 109.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Par ordre chronologique de publication :

  • Henri-Paul Eydoux, « Châteaux des pays de l'Aude », dans Congrès archéologique de France. 131e session. Pays de l'Aude. 1973, Société française d'archéologie, Paris, 1973, p. 186-190.
  • Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Languedoc Roussillon, Hachette, Paris, 1996, p. 113, (ISBN 978-2-01-242333-6).
  • Gauthier Langlois, Olivier de Termes : le cathare et le croisé (vers 1200-1274), Toulouse, éditions Privat, , 288 p. (ISBN 2-7089-7520-X).
  • Gauthier Langlois, « Tuchan : le château d'Aguilar », dans Francis Poudou et Gauthier Langlois (dir.), Canton de Tuchan et communauté de communes des Hautes-Corbières : Cucugnan, Duilhac-sous-Peyrepertuse, Maisons, Montgaillard, Padern, Palairac, Paziols, Rouffiac-des-Corbières, Tuchan, Narbonne, fédération audoise Léo-Lagrange, coll. « Vilatges al País » (no 9), (ISBN 2-9508178-8-2), p. 327-336.
  • Philippe Térès, « Le castrum d’Aguilar à Tuchan (Aude). Une communauté oubliée à l’ombre de la forteresse royale », sur persee.fr, Archéologie du Midi médiéval, juillet-août 2005-2006 (ISSN 1969-1815), p. 395-436.
  • Guilhem Baro, Georges-Édouard Pous et Philippe Térès, Le Château d'Aguilar : guide du visiteur, Carcassonne, centre d'archéologie médiévale du Languedoc, , 32 p..
  • Gauthier Langlois et Charles Peytavie, « Châteaux en Pays cathare », Archéothéma, no 23,‎ .
  • Lucien Bayrou, Languedoc-Roussillon gothique : l’architecture militaire de Carcassonne à Perpignan, Paris, Picard, , 288 p. (ISBN 978-2708409576, présentation en ligne), p. 115-118.
  • Lucien Bayrou, « Reconstruction et réaménagements des châteaux devenus royaux dans les Corbières après le traité de Corbeil (XIIIe – XIVe siècles) », dans Patrimoines du Sud, 2019, no 10 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Carte des châteaux du Pays cathare