Dinde
Meleagris
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Aves |
Ordre | Galliformes |
Famille | Phasianidae |
Espèces de rang inférieur
- Meleagris gallopavo Linnaeus, 1758
- Meleagris ocellata Cuvier, 1820
La dinde est un oiseau de basse-cour élevé pour sa chair. Le mâle porte le nom de dindon et le petit porte le nom de dindonneau.
La dinde glougloute.
Histoire
En Mésoamérique, elle fut le seul volatile domestiqué et élevé entre 300 avant J.-C. et 100 après J.-C. par la civilisation maya de l'époque préclassique[1]. Au Mexique, où elle était et est toujours connue sous le nom de guajolote, du nahuatl huexōlōtl (avec une symbolique de virilité à cause de ses appendices charnus, et de fécondité), elle tient encore une place importante dans la gastronomie mexicaine[2]. Les Européens la connaissent par les premiers colons espagnols qui l'appelaient « poule d'Inde »[3] et les missionnaires jésuites qui la ramenèrent vers 1500 en Europe où elle se diffusa rapidement (contrairement à la néophobie envers les aliments du Nouveau Monde tels que le maïs, la tomate, le chocolat ou la pomme de terre) car cet oiseau était assimilé aux volailles de basse-cour (poulet, pintade)[4]. Les termes coq d'Inde et poule d'Inde sont abrégés en dinde, l'emploi de ce mot étant attesté en 1600 dans le traité Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs de l'agronome Olivier de Serres, qui parle de « l'importun piaulement des dindes », le nom étant à cette époque aussi bien masculin que féminin, usage qui perdure dans bon nombre de parlers populaires[5].
La dinde arrive d'Espagne en France probablement via la Navarre : un contrat nous apprend que Marguerite d'Angoulême en faisait élever en 1534 dans son château d'Alençon par un fermier navarrais [6]. Les premières dindes mangées en France sont attestées en 1549 lors d'un banquet donné à Paris en l'honneur de Catherine de Médicis[7] et en 1570 aux noces du roi Charles IX[8].
Liste des espèces
D'après la classification de référence (version 2.2, 2009) du Congrès ornithologique international (ordre phylogénique) :
- Meleagris gallopavo Linnaeus, 1758 – Dindon sauvage
- Meleagris ocellata Cuvier, 1820 – Dindon ocellé
Le nom scientifique de genre se réfère au coq (genre Gallus) en raison de sa ressemblance à ce gallinacé et au paon (genre Pavo) car les mâles de ces deux espèces se pavanent et font la roue[9].
Les dindes domestiques proviennent quasi-exclusivement du Dindon sauvage, le Dindon ocellé étant très rare en élevage[10].
Poids économique
La France serait le deuxième producteur mondial, avec 625 000 t/an (déclaration de la France à la FAO en 2004, pour 2 millions de tonnes de volailles de toutes espèces confondues produites en 2004 en France). Le tonnage produit en 2005 était de 550 600 tonnes équivalent carcasse (tec) selon l'OFIVAL (devenu l'Office de l'élevage en 2005). Plus du tiers de la production française est voué à l'export (220 000 tec en 2005 selon l'Office de l'élevage). La plupart de ces exportations sont destinées à des pays européens, au premier rang desquels se trouve l'Allemagne. Le premier producteur mondial, les États-Unis, produit 2657 000 tonnes équivalent-carcasse en 2009[11].
Depuis les années 2000, la production française de dinde, confrontée à une baisse de la consommation intérieure (d'abord au profit de l'oie puis du chapon) et des exportations sur le marché européen, se replie[11].
Maladies
Cet oiseau est particulièrement sensible à plusieurs zoonoses, dont :
- la grippe aviaire et notamment au virus H5N1 ; les éleveurs sont tenus d’appliquer scrupuleusement les mesures de confinement obligatoires dans les zones à risque. On ne recense en France qu’un seul cas de H5N1, déclaré en 2006 dans un élevage de dindes (situé à Versailleux, dans l'Ain).
- Plusieurs souches de salmonelles y compris pour les dindes élevées à l'extérieur, surtout pour les gros élevages et surtout d’octobre à décembre au moment du pic de production industrielle des dindes de Noël, selon un rapport de l'EFSA listant les facteurs connus de risque pour l'Union Européenne. Les cheptels détectés positifs à la Salmonella en Europe étaient tous, selon l'EFSA, concentrés dans six pays. Certaines de ces souches peuvent infecter l'humain. La vaccination diminue ce risque selon l'EFSA[12].
Facteur supplémentaire de risque : tous les élevages de dindes de la planète proviennent d'un petit nombre de reproducteurs importés puis sélectionnés depuis trois siècles, ce qui a entraîné une perte de diversité génétique, qui rend les souches domestiquées probablement plus sensibles aux flambées épidémiques.
Photographies
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Plumage du dindon
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Dindon près du lac de Bambois en Belgique
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Élevage de dindes
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Dindon
Vidéo
Remarques linguistiques
Ramené en Europe par les conquistadors espagnols en 1521, lors de la Conquête du Mexique, que l'on croyait être les Indes, ce volatile a pris le nom de « poule d'Inde », que l'usage a ramené à « dinde ». -- Curieusement, les Anglo-Saxons le désignent sous le nom de « poule de Turquie » ('Turkey Hen'). Ceci parce qu'à sa découverte elle fut confondue avec la pintade (Guineafowl), appelée alors aussi Turkey Hen, importée en Europe via la Turquie.
- Le mot « dinde » est parfois utilisé comme un terme péjoratif désignant une femme, et notamment une jeune fille, considérée comme sotte ou stupide. À ce sujet, voir idiotisme animalier.
- En gaga (parler stéphanois), l'appellation est différente : on parle d'un dinde pour le mâle. La femelle est alors appelée « dindonne ».
- Expression lorraine et champenoise : « être fier comme un dindon ». Se dit également en Bourgogne.
Calendrier républicain
- Dans le calendrier républicain, la Dinde était le nom attribué au 15e jour du mois de brumaire[13].
Notes et références
- (en) Erin Kennedy Thornton, Kitty F. Emery, David W. Steadman, Camilla Speller, Ray Matheny, Dongya Yang, « Earliest Mexican Turkeys (Meleagris gallopavo) in the Maya Region : Implications for Pre-Hispanic Animal Trade and the Timing of Turkey Domestication », PLOS ONE, (DOI 10.1371/journal.pone.0042630)
- (en) Andrew F. Smith, The Turkey : An American Story, University of Illinois Press, , p. 9
- Les termes coq d'Inde, poule d'Inde ou poulet d'Inde désignaient au Moyen Âge la pintade d'Inde, surnom de l'Abyssinie où la pintade vivait à l'état sauvage. Source : Adeline Lesot, Bescherelle Le vocabulaire pour tous, Hatier, , p. 58.
- Bruce Thomas Boehrer, Animal characters : nonhuman beings in early modern literature, Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2010, p. 141
- Georges Gougenheim, Les mots français, Place Des Éditeurs, (lire en ligne), p. 167
- Barbara Ketcham Wheaton, L'office et la bouche, Calmann-Lévy, , p. 111
- Liliane Plouvier, « Introduction de la dinde en Europe », Scientiarium Historia, vol. 21, , p. 15
- Bertrand Galimard Flavigny, Le Livre roi, Librairie Giraud-Badin, , p. 68
- Liliane Plouvier, op. cité, p. 13
- « Dindons étrangers » (consulté le )
- La dinde par les chiffres. 2010, rapport du CIDEF, Comité Interprofessionnel de la Dinde Française
- Rapport « Partie B - Facteurs relatifs à la prévalence de Salmonella chez les dindes » EFSA)
- Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 20.
Voir aussi
Articles connexes
- Dindon sauvage
- Dinde de Noël
- Volaille
- Action de Grâce (Thanksgiving)
- Liste des races de dindons
- Turducken
Liens externes
- (fr + en) Référence ITIS : Meleagridinae
- (fr + en) Référence ITIS : Meleagris Linnaeus, 1758
- (en) Référence Animal Diversity Web : Meleagridinae
- (en) Référence Animal Diversity Web : Meleagris
- (en) Référence Zoonomen Nomenclature Resource (Alan P. Peterson) : Meleagris dans Galliformes
- (en) Référence NCBI : Meleagris (taxons inclus)