Corps des ingénieurs de l'armement
Le corps militaire des ingénieurs de l'armement constitue un corps d'officiers de la Direction générale de l'Armement. Les ingénieurs de l'armement assurent l'encadrement supérieur technique du ministère de la Défense, ainsi que des fonctions interministérielles[1].
Au sein de la haute fonction publique française, c'est le seul grand corps technique de l'État (recrutant en majorité sur classement de sortie parmi les anciens élèves de l'École polytechnique) ayant un statut de militaire. Les autres corps techniques de niveau équivalent (ingénieurs des mines et des télécommunications, ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, administrateurs de l'Insee) ayant le statut de fonctionnaire.
Il s'agit plus largement de l'un des quatre corps techniques de l'État à statut militaire, avec celui des ingénieurs des études et techniques de l'armement (IETA), des ingénieurs militaires d'infrastructure de la défense (IMI) et des ingénieurs des essences.
Historique
Il est issu de la fusion le 1er janvier 1968 des anciens corps d'ingénieurs militaires :
- ingénieurs du génie maritime et de l'artillerie navale;
- ingénieurs militaires de l'air;
- ingénieurs militaires des poudres;
- ingénieurs militaires des fabrications d'armement;
- ingénieurs militaires des télécommunications.
En 1970, le corps des ingénieurs hydrographes a été également fusionné dans celui des ingénieurs de l'armement.
Recrutement
Les ingénieurs de l'armement sont recrutés :
- principalement, parmi les élèves français de l'École polytechnique, sur classement de sortie ;
- sur concours sur épreuves ou sur concours sur titre parmi les élèves de dernière année ou les diplômés des écoles suivantes :
- un recrutement latéral existe aussi, en particulier parmi les ingénieurs militaires du corps des ingénieur des études et techniques de l'armement mais également parmi les ingénieurs civils du ministère de la défense : ingénieurs d'études et de fabrications (IEF) et ingénieurs sur contrat (ICT)[1].
Le décret n°2008-941 du 12 septembre 2008 portant statut particulier du corps militaire des ingénieurs de l'armement précise, par ailleurs, que la proportion d'ingénieurs issus de Polytechnique ne pourra pas être inférieure à 67 %.
Formation
La plupart des ingénieurs de l'armement, issus de l'École polytechnique, effectuent après la fin de leur cursus à l'X une année dite d'école d'application, généralement à l'ISAE (cursus SUPAERO) ou à l'ENSTA ParisTech ou encore dans une autre école, notamment Telecom ParisTech. Certains ingénieurs de l'armement suivent après l'X une formation par la recherche en réalisant une thèse de doctorat (on les appelle IA recherche).
Emploi
Selon les textes fondateurs du corps : « les ingénieurs de l'armement participent à la conception et à la définition des programmes d'armement ; ils en préparent, dirigent et contrôlent l'exécution scientifique, technique et industrielle. Ils assurent toute autre mission scientifique, technique, industrielle ou administrative qui leur est confiée, soit au sein du ministère de la défense, soit au sein d'autres départements industriels ou services publics. »
Environ 50 % des ingénieurs de l'armement sont employés par la Direction Générale de l'Armement (DGA), l'administration du ministère de la défense dont la mission principale est d'assurer l'équipement des forces armées, pour y assurer principalement des fonctions de :
- conduite des programmes d'armement (maîtrise d'ouvrage étatique);
- préparation de l'avenir (conduite d'études technologiques, préparation des programmes futurs);
- définition et accompagnement de la politique industrielle et internationale d'armement.
Plus largement, en comptant également les anciens ingénieurs de l'armement ayant quitté le corps mais ayant toujours une activité professionnelle, un grand nombre d'entre eux travaillent dans le domaine de l'industrie et des services.
Carrière
Au cours de leur carrière, les ingénieurs de l'armement sont appelés à occuper des postes de haut fonctionnaire pour le compte de la Direction Générale de l'Armement mais aussi d'autres administrations publiques (CNES, CEA, ONERA...) ou internationales (OTAN, OCCAR).
Les carrières des ingénieurs de l'armement au sein de l'administration se déroulent généralement en deux temps : une première partie de carrière au cours de laquelle ils occupent des postes de haute responsabilité technique dans le cadre de la préparation du futur ou de la conduite des programmes d'armement, puis une deuxième partie de carrière au cours de laquelle ils sont orientés vers des postes de management et de direction au sein de la DGA, d'autres administrations publiques et ministères, ou encore d'organismes publics internationaux civils ou militaires.
De nombreux ingénieurs de l'armement ont également poursuivi leur carrière hors de l'administration, en particulier dans l'industrie aérospatiale et de défense ainsi que dans d'autres secteurs de l'industrie et des services où nombre d'entre eux occupent des responsabilités élevées.
Hiérarchie du corps des ingénieurs de l'armement
Quelques ingénieurs de l'armement
- Henri Ziegler X 1926, SupAero 1931, pilote d'essais, grand résistant (il fut chef d'état-major des FFI), ancien directeur général d’Air France, ancien directeur de Bréguet et de la SNIAS, ancien responsable du programme Concorde, considéré comme l'un des pères fondateurs d'Airbus, il fut le 1er gérant du GIE ;
- Roger Béteille X 1940, initiateur puis directeur technique du programme Airbus A300 après avoir dirigé les essais en vol de la Caravelle, membre fondateur de l'Académie de l'Air et de l'Espace ;
- Serge Dassault X 1946, SupAero 1951, ex-PDG du groupe Dassault, sénateur, propriétaire de journaux, ancien maire de Corbeil-Essonnes (juin 1995 - juin 2009), fils de l'illustre Marcel Bloch dit Dassault (SupAero 1913) ;
- Henri Martre X 1947, ancien Délégué Général pour l'Armement (1977-1983), ancien PDG de l'Aérospatiale ;
- René Audran X 1950, assassiné en 1985 par le groupe terroriste anarchiste Action directe dans ses fonctions de directeur des relations internationales de la DGA ;
- Michel Carayol X 1954, ingénieur au CEA, acteur clé de la mise au point de la bombe H en France ;
- Yves Sillard X 1955, SupAero 1960, ancien Directeur Général du CNES (1976 à 1982), ancien PDG de l'IFREMER (1982 à 1988), ancien Délégué Général pour l'Armement (1988 à 1993) ;
- François Lureau X 1963, SupAero 1968, premier directeur du programme Tigre, ancien directeur général « opérations » de Thales, ancien Délégué Général pour l'Armement (2004 à 2008) ;
- Pierre-Henri Gourgeon X 1965, SupAero 1970, ancien Directeur Général de l'aviation civile, ancien PDG d'Air France-KLM ;
- Alain Bugat X 1967, ENSTA 1972, ancien administrateur général du CEA (2003-2009) ;
- Frédéric d'Allest X 1961, responsable du programme Ariane, ancien Directeur Général du CNES et président d'honneur d'Arianespace ;
- Antonin Collet-Billon X 1941, directeur technique des engins de 1974 à 1983, considéré comme l'un des pères de la fusée Diamant et de la force de frappe française (programmes de missiles balistiques S2, S3 et M4) ;
- Laurent Collet-Billon SupAero, Délégué Général pour l'Armement depuis 2008 ;
- Jean-Paul Herteman X 1970, SupAero 1975, président du directoire du groupe Safran et président du GIFAS ;
- Serge Tchuruk X 1958, ancien PDG du groupe Total, ancien PDG d'Alcatel Lucent ;
- Edwige Bonnevie X 1973, première femme IGA, Directeur du Pôle Maîtrise des Risques au CEA ;
- Olivier Zarrouati X 1977, SupAero 1982, président du directoire de Zodiac Aerospace ;
- Jean-François Clervoy X 1978, SupAero 1983, spationaute de l'ESA ayant réalisé 3 missions spatiales sur la Space Shuttle, PDG de Novespace ;