Claude Garamont
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Claude Garamont, souvent orthographié Garamond, né entre et [1] à Paris où il est mort en , est un tailleur et fondeur de caractères.
Il est sans doute le plus fameux créateur de caractères français du XVIe siècle et sa célébrité dépasse celle d'artisans au talent comparable, comme Robert Granjon, Pierre Haultin ou Guillaume I Le Bé.
Il doit notamment sa célébrité à la gravure des Grecs du roi, une série de polices grecques cursives imitées de modèles manuscrits, réalisées à la demande de François Ier. Il est particulièrement renommé pour ses caractères romains, qui ont inspiré de nombreuses polices qui portent son nom (sous l'orthographe Garamond).
Biographie
[modifier | modifier le code]Claude Garamont est né d'un père imprimeur breton, probablement originaire de Morlaix (Yvon Garamour), installé à Paris[1].
Il apprend son métier auprès d’Antoine Augereau, un tailleur de caractères parisien qui était devenu libraire et imprimeur[1].
Il commence sa carrière vers 1534 comme fondeur de l'atelier du Soleil d'Or, dirigé par Claude Chevallon et Charlotte Guillard[2],[3]. Selon R. Jimenes, c'est sans doute là qu'il est repéré et distingué par l'aumônier du roi, Jean de Gagny, qui collabore fréquemment avec l'atelier du Soleil d'Or[3].
En 1535, Garamont vend sa première police de caractères à l'imprimeur lyonnais Denis de Harsy[4].
Dès 1539, Garamont semble avoir été associé à la création de l'imprimerie grecque de Conrad Néobar, financée par le trésor royal, et dédiée à la publication de textes grecs[1].
Grâce à cette expérience, en novembre 1540, Pierre Duchâtel, conseiller et aumônier de François Ier commande à Garamont les poinçons de trois corps de caractères d’une police grecque aux frais du roi — les fameux Grecs du Roi. Le contrat de cette commande, découvert en 1973 par Annie Charon, précise les conditions de travail de Garamont, qui doit reproduire l’écriture du maître écrivain crétois Ange Vergèce, auquel il doit livrer les poinçons[5]. Robert Estienne, qui vient de succéder à Conrad Néobar comme imprimeur du roi pour le grec, est chargé de payer le graveur. Les Grecs du Roi se caractérisent par un nombre très important d'esprits, d'accents et de ligatures, qui les rendent très agréables à l'œil mais difficiles à composer.
Les matrices des Grecs du Roi partent à Genève avec l'imprimerie des Estienne, mais sont rachetés par Louis XIII et intégrés au matériel de la nouvelle Imprimerie royale. Ils sont aujourd'hui classés monuments historiques, et conservés au Cabinet des poinçons de l’Imprimerie nationale.
D'après l'hypothèse de R. Jimenes, en 1541-1543, Claude Garamont est chargé avec son beau-frère Pierre Gaultier de créer une imprimerie réservée au futur Collège royal, installée dans l'hôtel de Nesle, en face du Louvre, mais l'expérience tourne court[6]. Il s’essaye alors au métier de libraire, en association avec Jean Barbé et Pierre Gaultier. Jean de Gaigny l’encourage dans cette voie nouvelle, mais Garamont renonce à cette carrière au bout de deux ans pour se consacrer pleinement à la gravure de poinçons[1].
Garamont doit sa célébrité à ses caractères romains, dont la qualité est reconnue dans l’Europe entière, et qui supplantent rapidement les caractères gothiques en usage à l’époque. Avec les caractères italiques d’Alde Manuce, ils deviennent le support privilégié de la vague de rééditions d’auteurs latins pendant la Renaissance.
À partir de 1550, Claude Garamont retaille ses poinçons de lettres romaines et surtout italiques, ces dernières d’après les caractères de Simon de Colines.
Après sa mort en 1561, ses exécuteurs testamentaires, Guillaume I Le Bé et André Wechel, achètent une partie de son matériel[7]. Mais la plupart des matrices et des poinçons sont par la suite acquis par Christophe Plantin d’Anvers, et Jacques Sabon, un fondeur de Francfort-sur-le-Main.
Selon Geneviève Guilleminot, qui a découvert son testament, Claude Garamont semble avoir adhéré à la Réforme[8]. En effet, contrairement aux habitudes de son temps, son testament n’invoque ni la Vierge, ni aucun saint. Garamont a demandé des obsèques modestes, en présence d'un simple vicaire et ne commande ni prières ni messes ultérieures. Il s'est par ailleurs associé vers 1550 avec un imprimeur strasbourgeois ouvertement protestant : Rémy Guédon[9]. Son exécuteur testamentaire André Wechel déclare quant à lui ouvertement sa foi protestante peu après.
Le caractère « Garamond »
[modifier | modifier le code]Postérité
[modifier | modifier le code]La vie de Claude Garamond, tout comme celle d’Antoine Augereau, sert de toile de fond au roman d’Anne Cuneo, Le Maître de Garamond. Antoine Augereau, graveur, imprimeur, éditeur, libraire, publié en aux éditions Stock (ISBN 2-253-10995-9).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Rémi Jimenes, Claude Garamont. Typographe de l'humanisme., Éditions des Cendres, (ISBN 978-2-86742-311-6 et 2-86742-311-2, OCLC 1344296166, lire en ligne).
- Guillaume I Le Bé, ca., Sixteenth-century French typefounders : the Le Bé memorandum, Privately printed for A. Jammes, (OCLC 906048616, lire en ligne).
- Jimenes, Rémi., Charlotte Guillard, Presses universitaires François-Rabelais, (ISBN 978-2-86906-523-9, 2-86906-523-X et 2-86906-675-9, OCLC 1122593833, lire en ligne).
- William Kemp, « The first Garamont type? Claude Garamont’s gros-canon roman used in Lyons in 1535 by Denis de Harsy and Antoine Vincent », Bulletin du Bibliophile, no 2, , p. 167-188.
- Annie Parent-Charon, « Humanisme et typographie : les "Grecs du Roi" et l'étude du monde antique », L'art du livre à l'imprimerie nationale, , p. 55-67.
- Rémi Jimenes, « François Ier et l'imprimerie royale : une occasion manquée ? », Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, vol. 2, , p. 259 (lire en ligne, consulté le ).
- Stanley Morison, Lʹ inventaire de la Fonderie Le Bé selon la transcription de Jean-Pierre Fournier, Paris, librairie Paul Jammes, (OCLC 174429898, lire en ligne).
- Geneviève Guilleminot-Chrétien, « Le testament de Claude Garamont », dans Le Livre et l’historien : études offertes en l’honneur du Professeur Henri-Jean Martin, Droz, (ISBN 2-600-00198-0 et 978-2-600-00198-4, OCLC 37028250, lire en ligne).
- Guillaume Berthon, Dick Wursten et William Kemp, « De Strasbourg à Cambridge, l’itinéraire d’un imprimeur : Rémy Guédon (1546-1553). Première partie. De Claude Garamont à Martin Bucer, autour de deux lettres de 1549 et 1550 », Bulletin du bibliophile, no 1, , p. 21 (lire en ligne, consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Rémi Jimenes, Garamont, typographe de l’humanisme (biographie), édition des Cendres, , 288 p. (ISBN 9782867423116).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ministère de la Culture et de la Communication, « Claude Garamont », sur le site de référence Garamond, .
- Etienne Diémert, « Aux origines historiques du Garamond », sur Le Blog Gallica, (consulté le ).
- Jean-Christophe Loubet del Bayle, « Claude Garamond, graveur et fondeur de caractères », sur Typographie.org, (consulté le ).
- Le Manuscrit médiéval / The medieval manuscript http://manuscrit7.rssing.com/chan-5252971/all_p7.html.
- « Claude Garamont typographe, appelez la police ! : épisode 3/4 du podcast Histoires d’écritures », sur France Culture (consulté le ).
- « Aux origines historiques du Garamond | Le blog de Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
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