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Chacta (langue)

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Chacta, choctaw
Pays États-Unis
Région Oklahoma, Mississippi
Nombre de locuteurs 9 211 en 2000[1]
Classification par famille
Codes de langue
IETF cho
ISO 639-2 cho
ISO 639-3 cho
Glottolog choc1276
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue vulnérable (VU) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde

Le chacta, ou choctaw (en anglais choctaw), est la langue des Chactas. Cette langue muskogéenne est parlée aux États-Unis, dans le sud-Est de l'Oklahoma et dans le Mississippi par environ 10 000 personnes[2]. Elle est proche du chicacha.

Avant le déplacement forcé des Chactas vers l'Oklahoma, dans les années 1830, la langue était parlée dans le Sud-Est des États-Unis.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée américaine utilise des Chactas pour ses communications cryptées, ils sont plus rapides que les machines à coder[3]. La méthode est reprise durant la Seconde Guerre mondiale contre les Japonais.

Les déplacements de population et la dispersion des Chactas ont créé des dialectes, dont le nombre est mal connu. Cependant, en 1987, Pamela Munro[4] identifie trois variétés de chacta :

D'autres Chactas résident ailleurs. Ainsi un groupe existe près d'Elton, en Louisiane, lieu de la réserve Koasati.

Un premier alphabet est conçu au XIXe par les missionnaires Cyrus Byington et Alfred Wright, dans le but de traduire des ouvrages religieux dont notamment plusieurs livres de la Bible. Leur orthographe ne note pas la longueur des voyelles mais note la distinction de tension entre les voyelles tendues et les voyelles relâchées ; cette distinction est pourtant allophonique. La nasalisation est indiquée en mettant un trait sous la voyelle ‹ a̱, i̱, o̱, u̱ › ou en la suivant par une consonne nasale homorganique (en) ‹ m › ou ‹ n ›. Cet orthographe ne distingue pas le digramme ‹ hl › (noté ‹ lh › devant une consonne), représentant une consonne et la séquence des consonnes ‹ h › et ‹ l ›[5]. Les deux digrammes ‹ au › et ‹ ai › représentent des diphtongues.

Alphabet chacta de Wright et Byington[6],[7],[8]
Lettres a b ch e f h hl i k l m n o p s sh t u ʋ w y
Phonèmes /a/, // /b/ // // /f/ /h/ /ɬ/ /i/, // /k/ /l/ /m/ /n/ /o/, // /p/ /s/ /ʃ/ /t/ /o/ /a/ /w/ /j/

Dans l’édition du dictionnaire chacta de Cyrus Byington publié en 1915 par Swanton et Halbert, cet alphabet est légèrement modifié, remplaçant ‹ ʋ › par ‹ ạ › et le digramme ‹ hl › (ainsi que la séquence de consonnes ‹ h › et ‹ l ›) par ‹ ł ›, et notant la nasalisation à l’aide d’un n supérieur ‹ ⁿ › après la voyelle nasale[5].

Cet orthographe a depuis été modifié en plusieurs variantes, notamment :

  • L'orthographe Mississippi Choctaw de la Mississippi Band of Choctaw Indians des années 1970 ou celui de la Choctaw Bible Translation Committee[9].
  • Sa variante modernisée, utilisée par nombre de linguistes. Elle utilise systématiquement le digramme ‹ lh › au lieu de ‹ hl › et uniquement les trois voyelles phonémiques ‹ a, i, o ›, avec un trait souscrit lorsque nasalisées ‹ a̱, i̱, o̱ › et double lorsque longues ‹ aa, ii, oo ›. De plus, le coup de glotte est noté avec l’apostrophe et l’accent tonique est noté avec l’accent aigu sur la voyelle[10] : ‹ á, áa, á̱, í, íi, í̱, ó, óo, ó̱ ›.
Alphabet chacta modernisé
Lettres a b ch f h i k l lh m n o p s sh t w y
Phonèmes /a/ /b/ // /f/ /h/ /i/ /k/ /l/ /ɬ/ /m/ /n/ /o/ /p/ /s/ /ʃ/ /t/ /w/ /j/

Les phonèmes du chacta sont les suivants :

Labiale Alvéolaire Palatale Vélaire Glottale
Occlusive Non-voisée p t k ʔ
Voisée b
Affriquée
Fricative centrale f s ʃ h
latérale ɬ
Nasale m n
Latérale l
Semi-voyelle w j
  • Allophones :

La plupart des consonnes, en dehors des glottales, ont un allophone géminé, réalisé comme une consonne longue :

  • ãˈtʃokːa - ma maison
  • isːi - cerf
  • hiɫːah - il danse, dansa
  • pibanːah - il nous regarde
  • bitʃolːi - plier
  • hoyːa - goûter

Le choctaw a trois voyelles qui ont trois qualités : courtes, longues et nasales.

Antérieure Centrale Postérieure
Fermée i ĩ
Mi-fermée o õ
Ouverte a ã

La locution chacta « okeh » (signifiant « ainsi soit-il ») pourrait être à l'origine de l'interjection américaine « OK » : « Okeh » alias « Oke » est attesté dès 1825 dans les travaux des missionnaires Cyrus Byington et Alfred Wright[11]. Ces missionnaires ponctuaient de nombreuses phrases de leur traduction de la Bible en langue chacta avec la locution « okeh ». « Okeh » est d'ailleurs donné comme une variante orthographique de « okay » dans le dictionnaire Webster's de 1913.

Notes et références

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  1. (en) Fiche langue[cho]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  2. Broadwell 2005.
  3. Guillois 2014.
  4. P. Munro, art. cité
  5. a et b Broadwell 2006, p. 4–5.
  6. Wright et Byington 1849.
  7. Wright et Byington 1852.
  8. Wright et Byington 1872.
  9. Broadwell 2006, p. 5–7.
  10. Broadwell 2006, p. 6.
  11. Byington 1915, p. 294.

Bibliographie

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  • (en) George Aaron Broadwell, « Choctaw », dans Heather K. Hardy et Janine Scancarelli, Native Languages of the Southeastern United States, Lincoln, University of Nebraska Press, (ISBN 0-8032-4235-2)
  • (en) George Aaron Broadwell, A Choctaw reference grammar, Lincoln, University of Nebraska Press, , 375 p. (ISBN 978-0-8032-1315-9 et 0-8032-1315-8, lire en ligne)
  • (en) Cyrus Byington, A Dictionary of the Choctaw Language (edited by John R. Swanton, Henry S. Halbert), (lire en ligne)
  • (en) James M. Crawford, « Southeastern Indian Languages », dans Studies in Southeastern Indian Languages, Athens, The University of Georgia Press, (ISBN 0-8203-0334-8)
  • Margot Guillois, « 1914-1918, L’arme insoupçonnée des Américains », Courrier international,‎ (ISSN 1154-516X, lire en ligne)
  • (en) Pamela Munro, « Some Morphological Differences Between Chickasaw and Choctaw », dans Muskogean Linguistics, Los Angeles, Department of Linguistics, University of California, Los Angeles, coll. « UCLA Occasional Papers in Linguistics » (no 6),
  • (en) Thurston Dale Nicklas, « Choctaw Morphophonemics », dans Studies in Southeastern Indian Languages, Athens, The University of Georgia Press, (ISBN 0-8203-0334-8)
  • (cho) Alfred Wright et Cyrus Byington, Chahta holisso ai isht ia ʋmmona – The Choctaw spelling book, Boston, T.R. Marvin, , 5e éd. (présentation en ligne, lire en ligne)
  • (cho) Alfred Wright et Cyrus Byington, Chahta holisso ai isht ia ʋmmona – The Choctaw spelling book, Boston, T.R. Marvin, , 6e éd. (présentation en ligne, lire en ligne)
  • (cho) Alfred Wright et Cyrus Byington, Chahta holisso ai isht ia ʋmmona – The Choctaw spelling book, Richmond, Presbyterian committee of publication, , 8e éd. (présentation en ligne, lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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