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Carnaval de Cayenne

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Carnaval de Cayenne
Carnaval de Cayenne en 2007.
Carnaval de Cayenne en 2007.
Généralités
Ville Cayenne
Lieu Place des Palmistes
Date entre l'Épiphanie et le Mercredi des Cendres
Participants le roi Vaval, le Touloulou, les Nègmarons, Zonbibaréyé, le Jé farin, Bobi, Karolin, Lanmò (la mort), Sousouri (la chauve-souris), Djab rouj (diable rouge) et les groupes de la capitale

Le Carnaval de Cayenne est le plus célèbre des carnavals guyanais, se déroulant à Cayenne, capitale de la Guyane, département et région d'Outre-mer français situé en Amérique du Sud. Ce carnaval est réputé dans le monde entier pour la diversité et l'originalité de ses costumes. Il constitue avec le carnaval de Kourou et le carnaval de Saint-Laurent, les carnavals les plus importants de la région.

Ce carnaval annuel, qui a lieu entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres marquant le début du Carême, est aussi connu pour sa parade, la Parade de Cayenne (appelée aussi Parade de la Capitale), où concourent des groupes invités venus de France métropolitaine, du Suriname, du Brésil et des Antilles.

Histoire du carnaval de Cayenne

Carnaval de Cayenne en 1903.

Ce carnaval qui est le plus ancien de Guyane, a pour origine ceux qui sont pratiqués en Europe. Au début de la colonisation, les colons pratiquaient le carnaval, mais il était interdit aux esclaves. Bravant l'interdiction, les esclaves pratiquaient le carnaval, dans des fêtes clandestines. Ils y voyaient un moyen de retrouver un peu de liberté, de commémorer comme les africains la fertilité et les moissons et de tourner en dérision les colons. Aujourd'hui les communautés métropolitaines, brésiliennes et chinoises y prennent part[1].

Il a une durée variable fixée par les fêtes religieuses, il a lieu entre l'Épiphanie au début de janvier, et le Mercredi des Cendres marquant le début du Carême calculé selon la date de Pâques en février ou mars. Il a lieu du vendredi soir au lundi matin[2].

Les jours gras clôturent le carnaval, il s'agit du mercredi des cendres[2].

Costumes traditionnels

Il existe plusieurs costumes traditionnels qui représentent des figures mythiques du carnaval guyanais.

Le roi Vaval

Figure mythique du carnaval. Il est le roi du carnaval. Il est intronisé au début du carnaval. Il meurt le mercredi des Cendres, pour renaître tel le Phénix l'année suivante[2]. On en porte le deuil jusqu'à minuit.

Le Touloulou

Des Touloulous sur la Place des Palmistes.

Le plus célèbre des personnages. C'est une dame habillée de manière élégante de la tête aux pieds. Elle porte un jupon, une cagoule, un loup (masque) et des longs gants, afin que l'on ne voie pas un centimètre de peau. Le but est que la femme se déguisant en touloulou ne soit pas reconnue. Elle défile dans la rue mais elle participe aussi aux bals masqués. Elle représente les femmes bourgeoises des XVIIIe et XIXe siècles[2].

Les nègmarons

Ce sont des groupes d'hommes vêtus d'un kalimbé (pagne rouge) et enduits d'huile et de suie. Ils ont également une graine d'Awara dans la bouche. Ils cherchent à mettre l'ordre (mettre tous les spectateurs hors de la rue où ont lieu les défilés). Ils représentent des esclaves fugitifs, appelés marrons[2].

Zonbi baréyé

Le zonbi baréyé(ou baré yé) ou tout simplement "zonbi" en créole guyanais et "zombi baréyo" dans le créole francisé est un personnage figurant un zombie[2].

Le Jé farin

Ce costume est tout blanc. Il est constitué d'un pantalon, une chemise, un chapeau pointu et un masque. Il rappelle à tous un métier traditionnel : le boulanger. La tradition veut que les enfants jouent avec lui, et en réponse le jé farin les enfarine[2].

Bobi

Parfois aussi nommé Babi ou Bubi, il est constitué de vieux sacs de pommes de terre en jute brune locale qui recouvrent le corps. Il est retenu avec une laisse. Il figure un ours affamé, il serait inspiré par les premiers montreurs d'ours[2].

Karolin

C'est une femme riche possédant de l'or et des bijoux que porte son mari sur son dos. Jalouse, elle l'oblige à se déplacer ainsi afin de le protéger des autres femmes[2].

Lanmò (la mort)

il est vêtu de blanc de la tête aux pieds, son costume permet d'envelopper les spectateurs. Ce personnage représente la mort[2].

Sousouri (la chauve-souris)

C'est un personnage vêtu d'un juste-au-corps ailé de la tête aux pieds, généralement noir ou bicolore. Plutôt maléfique et réputée pour son comportement de vampire, elle poursuit les passants dans la rue et les "pique" et Les chatouille sherl'cy[2].

Djab rouj (diable rouge)

C'est un diable vêtu de rouge et de noir. On le voit dans les rues pendant le mardi gras[2].

Autres costumes

Il existe aussi beaucoup d'autres costumes, dont pour certains sont en voie de disparition comme :

  • l'Annglé bannan,
  • les Balayeuses,
  • le Bèf vòlò bèf,
  • les Coupeuses de cannes,
  • le Djab annan bwèt,
  • les Tirailleurs sénégalais,
  • le Vidangeur.

Le carnaval des rues

Tous les dimanches après-midi (vers 15H), ont lieu les défilés dans les rues de Cayenne (un peu plus tôt normalement). Des groupes déguisés selon la thématique de l'année, y défilent autour de chars décorés, au rythme des percussions, des cuivres et des instruments à corde. La préparation des groupes durent plusieurs mois avant le carnaval. Les groupes défilent devant des dizaines de milliers de spectateurs ravis qui se massent sur les trottoirs et les gradins aménagés pour l'occasion[3].

Groupes du carnaval de rues

Les groupes les plus connus sont:

  • Kassialata
  • Caimite
  • Kalajirou
  • Piraye
  • Reno Band
  • Ijakata
  • Chiré Ban'n
  • OsBand
  • les Belles de la Madeleine
  • Junior City
  • Wanted
  • Mayouri Tchô-NèG
  • Patawa Folia

Des groupes brésiliens, identiques à ceux que l'on rencontre au Carnaval de Rio, sont également appréciés pour leurs rythmes et leurs costumes affriolants. La communauté asiatique de Guyane participe également aux défilés en apportant sa touche caractéristique, avec des dragons.

Le carnaval des familles

Galette des Rois artisanale.

Durant tout le carnaval, les familles se réunissent pour manger la galette des rois et sa variante locale, la galette créole. C'est la tradition de la galette des rois connue en Europe durant l'Épiphanie, prolongée sur toute la période carnavalesque. Usuellement, le roi paye la galette la semaine suivante. On peut donc déguster soit une galette à la frangipane, soit une galette créole à la crème, à la goyave ou au coco[4].

Après l'Abolition de l'esclavage en 1848, l'économie de la Guyane est sinistrée, un nombre important de la population vit du travail de la terre dans des "habitations". Les gens cultivent la terre, on connait la valeur du travail en commun: le Mayouri(mot créole guyanais signifiant "solidarité, entraide"). En Guyane, c'est à cette époque que naissent la tradition de la galette des rois et sa variante créole ou plus précisément du "rend le bouquet". Un couple organise le repas et la fête. Il désigne à la fin le couple qui organisera la réunion suivante en lui remettant le bouquet[4].

Le Bal Paré masqué

Le carnaval de Guyane avec le touloulou du bal paré-masqué *
Image illustrative de l’article Carnaval de Cayenne
Des Touloulous dans les rues de Cayenne en 2007
Domaines Musiques et danses
Pratiques festives
Lieu d'inventaire Guyane
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)
La parade des touloulous

Les Dancings, appelés "Universités" organisent des bals masqués durant lesquels les hommes viennent danser avec les touloulous. Les soirées ont lieu les vendredi et samedi soir selon la commune. Cette tradition est propre à la Guyane, elle n'existe nulle part ailleurs[2], mais il existe maintenant des dancings sur Paris et certaines villes de France qui organisent ses bals.

Le bal des Tololos est une innovation récente qui n'est apparue que depuis les années 1990. Lors de ces soirées, les hommes se déguisent et prennent le rôle des Touloulous (ils invitent les femmes non déguisées à danser). Ces soirées sont de plus en plus populaires et ont lieu plusieurs fois pendant le carnaval, le plus important étant le dernier vendredi avant les jours gras.

Les danses du carnaval sont la mazurka, la polka, la biguine et le piké djouk. C'est le Touloulou qui invite les hommes à danser, ils ne peuvent pas refuser[5]. Seules les touloulous ont le droit de danser, si une femme non déguisée danse, l'orchestre s'arrête.

La capitale ne compte qu'une seule université, Nana.

Groupes et orchestres des bals

Les Blues Stars

Il existe plusieurs groupes carnavalesques, les plus célèbres sont :

  • Les Mécènes, qui officient dans la salle Polina, leur chanteur vedette était Bernard Inglis, décédé en 2002, il reste un pilier du carnaval Guyanais.
  • Les Blues Stars, qui jouent chez Nana (le Soleil levant). Leur chanteur vedette est Victor Clet, dit Quéquette, si populaire que sa photo était imprimée sur les bouteilles de Rhum Saint-Maurice lors du carnaval 2006[6].
  • Karnivor, qui compte en son sein Saül Sylvestre(auteur, compositeur)et 18 musiciens, Arnaud Champestaing, chanteur, Nadège Chauvet, chanteuse du groupe. Lors de la cérémonie des Lindor, qui récompense les artistes guyanais pour leur production durant l'année, le groupe Karnivor fut récompensé par sept Lindor[7].

À la fin du carnaval, le dernier dimanche, deux groupes s'affrontent au cours d'un duel musical dans la salle du Grand Blanc.

Les Vidés

Cette expression vient de "vider la salle" de bal. Ces vidés ont donc toujours lieu au petit matin du dimanche après le bal paré-masqué du samedi soir et a pour objectif d'entraîner tous les danseurs et danseuses à l'extérieur, dans la rue, afin que tous ces fêtards finissent par rentrer chez eux.

Initialement, il y avait aussi toujours un Vidé après le dernier groupe du carnaval de rue du dimanche en début de soirée. Une foule de jeunes et de moins jeunes suivait un camion sur lequel était installé un orchestre qui jouait des rythmes du carnaval.

Malheureusement, certains vidés ont entraîné des violences entre bandes de jeunes de quartiers différents ayant eu de lourdes conséquences. Aussi, ces vidés ont été longtemps interdits.

Aujourd'hui les publics des vidés sont majoritairement composés d'amateurs de vidés qui se lèvent tôt dans la matinée pour participer aux vidés.

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes