Céramique de Qallaline

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La céramique de Qallaline ou céramique de Kallaline est un type de céramique caractéristique de l'architecture tunisienne aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Il porte le nom du quartier de Qallaline à Tunis, d'où la production était le plus souvent issue[1],[2]. Le nom du quartier vient de la forme au pluriel du mot arabe qallāl signifiant « potier »[3]. La présence de gisements d'argile et de puits, ainsi que le caractère de zone péri-urbaine hors les murs du quartier a rendu possible l'installation et le développement de ces ateliers[4].

Carreaux[modifier | modifier le code]

Décoration en carreaux de Qallaline dans la mosquée du Barbier à Kairouan.

Bien que la production des carreaux ait commencé dès le XVIe siècle, avant l'avènement de la domination ottomane, l'apogée de leur production et de leur qualité artistique se situe aux XVIIe et XVIIIe siècles[2],[5]. Les dernières fournées sont cuites en 1883, à l'époque du protectorat français[3].

En plus d'être utilisés dans les bâtiments locaux, les carreaux sont également largement exportés vers l'Algérie, la Libye et même, dans certains cas, vers l'Espagne[6].

Les carreaux sont généralement peints sous glaçure avec des motifs de vases, de plantes et d'arcs. Les couleurs prédominantes sont le bleu, le vert et le jaune ocre, ce qui les distingue des carreaux ottomans contemporains[1]. Sur trois siècles de production, plus de 220 compositions différentes ont été créées, avec leurs différentes varions de couleurs. Les carreaux peuvent être classifiés en six styles différents : un style d'inspiration maghrébine, un style typiquement tunisien hafside, un troisième type inspiré de la renaissance castillane, un quatrième groupe de compositions baroques du Levant espagnol et un sixième ensemble de modèles d'influence turque ottomane[3].

Les carreaux de Qallaline se trouvent par exemple dans la mosquée du Barbier à Kairouan[1] ainsi que dans un certain nombre de palais historiques et de maisons aristocratiques de la médina de Tunis[7]. La mosquée Gurgi (en) à Tripoli, en Libye, possède également des panneaux dans un style identique à ceux de Tunis et de Kairouan[8]. Les carreaux de Qallaline se retrouvent aussi en Égypte dans des mosquées comme celle d'Abu al-Dhahab (en) au Caire[9], la mosquée Duqmaqsis de Salih Agha à Rosette et la mosquée Ibrahim Terbana d'époque ottomane à Alexandrie[10],[11].

Autres produits[modifier | modifier le code]

Les ateliers de Qallaline ont également produit d'autres objets en poterie, notamment des vases, des bocaux, des pichets et des lampes[12]. Leur qualité et leur production ont progressivement décliné au XIXe siècle[2].

Références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Qallalin tiles » (voir la liste des auteurs).
  1. a b et c (en) Jonathan M. Bloom (en) et Nicholas Warner, Architecture of the Islamic West : North Africa and the Iberian Peninsula, 700–1800, New Haven, Yale University Press, , 319 p. (ISBN 978-0300218701), p. 223–224.
  2. a b et c (en) Gérard Degeorge et Yves Porter, The Art of the Islamic Tile, Paris, Flammarion, , 288 p. (ISBN 978-2080108760), p. 84.
  3. a b et c Clara Ilham Álvarez Dopico, « About », sur qallaline.huma-num.fr (consulté le ).
  4. (es) Clara Ilham Álvarez Dopico, « Cerámica española y cerámica tunecina: la conexión morisca » [PDF], sur ria.asturias.es (consulté le ).
  5. (en) Jamila Binous, Naceur Baklouti, Aziza Ben Tanfous, Kadri Bouteraa, Mourad Rammah et Ali Zouari, Ifriqiya : Thirteen Centuries of Art and Architecture in Tunisia, Vienne, Musée sans frontières, (ISBN 978-3902782199).
  6. Degeorge et Porter 2002, p. 84–86.
  7. Degeorge et Porter 2002, p. 86–89.
  8. Degeorge et Porter 2002, p. 86.
  9. « Mosquée Muhammad Abu ad-Dhahab », sur qallaline.huma-num.fr (consulté le ).
  10. « Ibrāhīm Tarbāna », sur qallaline.huma-num.fr (consulté le ).
  11. (en) « Restoration of Tarbana Mosque, Alexandria », sur arabcont.com (consulté le ).
  12. (en) « Ceramics », dans Sheila Blair (en) et Jonathan M. Bloom (en), The Grove Encyclopedia of Islamic Art and Architecture, vol. 1 : Abarquh to Dawlat Qatar, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 978-0195309911, lire en ligne), p. 479.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Clara Ilham Álvarez Dopico, « Qallaline. Les revêtements en céramique des fondations beylicales tunisoises du XVIIIe siècle », ABE Journal, no 8,‎ (ISSN 2275-6639, DOI 10.4000/abe.10878, lire en ligne, consulté le ).
  • Jacques Chemla, Monique Goffard et Lucette Valensi, Un siècle de céramique d'art en Tunisie : les fils de J. Chemla, Tunis, Paris, Éditions de l'éclat, , 207 p. (ISBN 978-2-84162-377-8).
  • Abdelaziz Daoulatli, Poteries et céramiques tunisiennes, Tunis, Institut national d'archéologie et d'art, , 107 p.
  • Myriam Errais-Borges, « La céramique Qallaline, trésor du patrimoine culturel tunisien », dans Pierre-Noël Denieuil, De la colonie à l'État-nation : constructions identitaires au Maghreb, Paris, L'Harmattan, (ISBN 978-2-336-00895-0, lire en ligne).
  • Alain Loviconi et Dalila Loviconi, Les faïences de Tunisie : Qallaline & Nabeul, Aix-en-Provence, Édisud, , 140 p. (ISBN 978-2-857-44743-6).
  • Collectif, Couleurs de Tunisie : 25 siècles de céramique, Paris, Institut du monde arabe, , 319 p. (ISBN 978-2-876-60162-8).

Liens internes[modifier | modifier le code]

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