Boycott universitaire d'Israël

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Les boycotts académiques d'Israël sont des actions mises en œuvre par certains universitaires pour le boycott d'Israël.

Angleterre[modifier | modifier le code]

L'idée d'une campagne européenne de boycott universitaire et culturel a émergé en Angleterre au printemps de l'année 2002, dans une lettre ouverte[1] signée par 125 universitaires et publiée par The Guardian[2]. Ils suggérèrent d'appeler à un « moratoire » à un niveau national et européen[1].

Cette lettre conduit Mona Baker, de l'Université de Manchester, à révoquer deux universitaires israéliens en . En réponse à la critique de Tony Blair, Mona Baker s'exprime au Daily Telegraph et la lettre s'allonge de 700 signatures dont dix d'universitaires israéliens[3], des universitaires britanniques[Qui ?][4], canadiens[5], américain[6] ou libanais[Qui ?][7],[8].

Irlande[modifier | modifier le code]

En Irlande, l'appel au boycott est visible d'Israël depuis au moins [9]. À la suite des manifestations de janvier 2009 appelant au boycott[10], l’Irish Times a publié une lettre ouverte le [11] puis le samedi a publié, en page 5, un "appel irlandais pour une justice en Palestine" recueillant environ 300 signataires, dont des députés, des sénateurs, des leaders politiques (dont Gerry Adams et Tony Benn), des dirigeants de syndicats, des professeurs et des artistes[12].

États-Unis[modifier | modifier le code]

Aux États-Unis, l'appel au boycott d’Israël conduit par l'American Studies Association (en), à laquelle, selon le Jerusalem Post « sont vaguement affiliés des départements universitaires et des professeurs indépendants se consacrant dans l’étude des États-Unis » a rencontré l'opposition de trois douzaines d’universités dont l'Université Yale, l'Université Wesleyenne, l'Université de Princeton, l'Université Johns-Hopkins, l'Université Cornell, l'Université Duke, l'Université Stanford, l'Université Harvard, l'Université Brown, l'Université de Chicago, l'Université de New York, l'Université Washington de Saint-Louis entre autres. Le comité exécutif de l'Association des universités américaines qui représente 60 universités américaines et 2 canadiennes a lui aussi rejeté l'appel au boycott d’Israël[13].

France[modifier | modifier le code]

En avril 2002, au même moment de la publication de la lettre ouverte dans The Guardian, la Coordination des Scientifiques pour une Paix Juste au Proche-Orient, un groupe d'universitaires français, a publié un « Appel au boycott des institutions scientifiques israéliennes »[14] sur l'internet. L'appel, en français et en anglais, a insisté sur le fait que seules les « institutions officielles israéliennes » étaient visées, et que le « boycott ne remet pas en cause [les] relations personnelles avec des collègues israéliens » ; il a été signé par plusieurs centaines d'universitaires de 30 pays. Dans les mois qui ont suivi sa publication il a fait l'objet d'un débat dans la presse française[15],[16] et dans les revues scientifiques[17],[18],[19].

En , une motion proposée au conseil d'administration de l'Université Paris 6 (Pierre et Marie Curie) vise à « ne pas renouveler l'accord d'association avec Israël ». La motion s'appuie sur les discriminations faites aux collègues palestiniens et au respect de l'article 2 de ce même accord : « les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l'Homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord ». Au contraire d'un boycott, la motion demande même que le président de l'université noue des contacts avec les autorités universitaires israéliennes et palestiniennes afin d'œuvrer dans le sens de la paix... La motion est donc adoptée le par 22 voix pour, 4 voix contre et 6 abstentions[20],[21].

Quelques centaines de manifestants rassemblés par l'Union des étudiants juifs de France sur le campus protestent contre la motion le 6 janvier 2003. Parmi eux se trouvent le philosophe Alain Finkielkraut, les journalistes Alexandre Adler et Anne Sinclair, les députés Dominique Strauss-Kahn et Pierre Lellouche. Des intervenants, dont Bernard-Henri Lévy, s'y expriment, appelant à la neutralité politique de l'institution universitaire. D'autres personnalités vont exprimer leur opposition à la motion, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë qui dans un message juge le texte « choquant », l'ex-ministre Jack Lang et l'écrivain Claude Lanzmann, qui rappelle le boycott des commerces juifs dans les années 1930[22].

Une contre-motion sera proposée et votée dès le par des conseillers : elle déclare « mesurer la vague d'émotion par sa motion du et par la lecture qui en a été faite » et affirme « son opposition à tout moratoire ou boycott dans les relations entre universités et universitaires ; demande que dans le cadre de la préparation de son sixième programme-cadre de recherche et de développement, le contrat d'association entre l'Union européenne et l'État d'Israël soit renégocié pour être étendu à la partie palestinienne (…), demande à l'Union européenne de veiller au respect par toutes les parties de l'ensemble des clauses du contrat (…) »[23],[24].

En , un appel au boycott académique en France est publié sur le net[25] et possède une cinquantaine de signatures dont celles de Daniel Bensaïd, Gérard Toulouse de l'Académie des sciences, coauteur en 2003 de Les scientifiques et les droits de l'homme avec Lydie Koch-Miramond également signataire et défenseur dès 2002 du boycott d'Israël, Mireille Fanon-Mendès-France une collaboratrice parlementaire, et Roland Lombard président du Collectif Interuniversitaire pour la Coopération avec les Universités Palestiniennes[26]. Ils appellent « en premier lieu [à] appliquer un programme de boycott, de cessation des investissements et de sanctions. » (campagne BDS) à la suite de la mise en place de la Campagne BDS France[27].

Au printemps 2009, l'Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP[28]) a été créée par le groupe d'universitaires qui a initié l'appel de 2002, en liaison avec la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël PACBI et avec l’organisation britannique BRICUP. L’AURDIP s’est donnée deux missions principales : (1) Promouvoir l’application du droit international en Israël et Palestine, et notamment s’opposer à l’occupation des territoires palestiniens par Israël et à la colonisation, qui bafouent impunément les conventions internationales sur les droits de l’homme, les résolutions des Nations unies et les décisions de la Cour Internationale de Justice. (2) Défendre le droit à l’éducation des Palestiniens, et soutenir le personnel et les étudiants des universités palestiniennes dans la défense de ce droit[29].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Open Letter: More pressure for Mid East peace, initiée par Steven and Hilary Rose, professeurs de biologie à l'Open University et à l'Université de Bradford, publiée par The Guardian, 6 avril 2002
  2. British academic boycott of Israel gathers pace, The Guardian, December 12 2002, accessed September 16 2006
  3. Suzanne Goldenberg, Will Woodward, Israeli boycott divides academics, Guardian, July 8 2002
  4. Growing outrage at the killings in Gaza Lettre publiée par The Guardian, 16 janvier 2009
  5. (en) 7 janvier 2009, Ontario - Academic boycott of Israel? par Uzma Khan dans The Concordian, 2 mai 2008, québec
  6. A British boycott in America, Haaretz, 2007]
  7. Academic Statement from Lebanon, Rania Masri, 18 janvier 2009
  8. Apartheid and boycotts in the Middle East, lettre ouverte signée de Jews for Boycotting Israel Goods, Guardian, April 2007
  9. Irish lecturers call on EU to boycott Israeli universities, Haaretz, 24 septembre 2006
  10. Calls for boycott of Israel at Dublin protest 17 janvier 2009. Voir les articles du 8, 9, 10, 14, 17 et 21 janvier
  11. Israeli offensive in Gaza, 23 janvier 2009
  12. Appel irlandais, .
    Source: PACBI & ei
  13. (en)http://www.jpost.com/International/Top-US-schools-reject-boycott-of-Israel-336022
  14. « Appel au boycott des institutions scientifiques israéliennes », sur Coordination des Scientifiques pour une Paix Juste au Proche-Orient, (consulté le )
  15. « Verbatim : "Les échanges scientifiques ne sont pas exempts de politique" », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Le boycottage des cerveaux et produits israéliens », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en) « Don't boycott Israel's scientists », Nature, vol. 417, no 6884,‎ , p. 1–1 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/417001a, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Ahmed Abbes, Mikhael Balabane, Emmanuel Farjoun et Michael Harris, « Palestinian scientists are already restricted », Nature, vol. 417, no 6886,‎ , p. 221–222 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/417221c, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Vivian Baladi, Ivar Ekeland, Michael Harris, « Universities under Curfew », sur Notices of the AMS, (consulté le )
  20. « Magazine Digital », sur L'Obs (consulté le )
  21. « Le boycott des universites israeliennes est un boycott de la paix ! », sur La Paix Maintenant - Les Amis de Shalom Arshav, (consulté le )
  22. Bernard Delattre, « Israël enflamme les campus parisiens », sur La Libre.be, (consulté le )
  23. Article du Monde
  24. "Quand l'université se réveille: Tout devient possible", Livre de Gilbert Béréziat, p 86
  25. « Il faut mettre fin à l'impunité d'Israël », sur L'Humanité, (consulté le )
  26. Cicup
  27. La Campagne BDS France
  28. AURDIP
  29. « Objectifs de l'AURDIP - AURDIP », sur www.aurdip.org (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]