Autoréduction

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L’autoréduction est une pratique collective qui consiste pour un groupe de personnes à imposer la baisse du prix d'un produit ou d'un service, voire sa gratuité. Le service ou produit ciblé est généralement considéré par les militants comme étant de première nécessité et devant être accessible de manière égalitaire pour tous. Il s'agit d'une pratique anticapitaliste.

Concept[modifier | modifier le code]

L'autoréduction exige une action groupée et concertée. Elle peut prendre des formes variées, comme le non-paiement des transports en commun ou les réquisitions ou vols dans les supermarchés[1]. Elle peut résulter du refus d'intégrer une augmentation du loyer, de l'électricité, du gaz ou de l'eau[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Si l'origine de l'autoréduction est difficile à dater, les premiers mouvements remarqués ont lieu dans les années 1970 en Italie[3]. Les grèves de loyers sont nombreuses et touchent les grandes villes, comme Rome, Milan et Turin[4]. Les grèves de paiement de l'électricité sont en partie motivées par le sentiment d'injustice lié au fait que l'électricité était moins chère pour les industries que pour les particuliers[5].

Cette pratique de réappropriation prolétarienne a été systématisée par le mouvement autonome qui parlait aussi de communisme immédiat. En France, ce fut le cas lors de la grève des loyers à la Sonacotra à partir de 1975.

Après une accalmie dans la pratique de ce type d'actions, elles ont subi un regain d'intérêt à partir de la crise économique mondiale des années 2008 et suivantes. Fin 2008, plusieurs autoréductions sont organisées par des groupes politisés composés de salariés précaires, de chômeurs, d'intermittents, et d'étudiants en lutte, notamment à Paris, Rennes et Grenoble.

Typologie[modifier | modifier le code]

Réquisitions et vols dans les supermarchés[modifier | modifier le code]

L'autoréduction concerne aussi les denrées alimentaires dans les grandes chaînes de distribution, considérées comme des symboles du capitalisme et de l'exploitation des plus précaires. L'action consiste à remplir plusieurs caddies de produits alimentaires de base (pâtes, fruits & légumes...) et de bloquer les caisses par refus de payer. Commencent alors les dialogues avec la direction. Les militants comptent sur le temps du blocage aux caisse qui peut représenter un manque à gagner pour le magasin supérieur au montant des produits réquisitionnés dans les caddies, quand certains clients décident d'abandonner leurs achats du fait de la situation. Si la direction accepte de laisser passer les militants avec leurs caddies, il ne s'agit pas légalement d'un vol, mais d'une extorsion[6]. Les produits réquisitionnés sont alors partagés collectivement ou redistribués dans des quartiers populaires, pour montrer le caractère militant et désintéressé de l'action.

Transports en commun[modifier | modifier le code]

Les transports en commun sont l'un des secteurs cibles des actions d'autoréduction[7]. Il s'agit généralement de laisser entrer un grand nombre de passagers dans le transport sans payer, tout en distribuant des tracts parmi les passagers pour faire connaître la démarche. Le but affiché est la gratuité de ce type de transport en ville, comme c'est déjà le cas dans certaines villes de France[8]. La démarche aurait aussi une dimension écologique, dans l'optique que la gratuité des transports en commun favoriserait leur utilisation et réduirait le parc automobile en ville, générateur de pollution. Ce type d'action a donc été repris par des mouvements écologistes militant dans le cadre du camp action climat.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Yann Collonges, Pierre Georges Randal, Les autoréductions : grèves d'usagers et luttes de classes en France et en Italie (1972-1976), Genève : Entremonde, 2010, 147 pages, notice en ligne.
  • David Servenay, Autoréduction au Monoprix : pour redistribuer, partir sans payer, 01/01/2009, Rue89, lire en ligne.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hans Lindahl, Fault Lines of Globalization : Legal Order and the Politics of A-Legality, OUP Oxford, , 286 p. (ISBN 978-0-19-960168-4, lire en ligne)
  2. Recherches, (lire en ligne)
  3. Francesco Berardi, Les "untorelli", Recherches, (lire en ligne)
  4. Autrement, Association Autrement, (lire en ligne)
  5. Laurent Samuel, Guide pratique de l'écologiste, Belfond, , 251 p. (ISBN 978-2-7144-1132-7, lire en ligne)
  6. Autoréduction ou extorsion ?
  7. Alain Bihr et Jean-Marie Heinrich, La Néo-social-démocratie ou le Capitalisme autogéré, FeniXX réédition numérique, , 290 p. (ISBN 978-2-402-03541-5, lire en ligne)
  8. Comme à Vitré, Châteauroux, Aubagne...

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]