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Alain Michel (historien)

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Alain Michel
Conférence en 2012 à Jérusalem.
Biographie
Naissance
(70 ans)
Nancy (Lorraine)
Nationalité
Formation
Activités
Historien, animateur culturel, rabbinVoir et modifier les données sur Wikidata

Alain Michel est un historien franco-israélien né le à Nancy[1], qui vit en Israël depuis 1985. Il est également rabbin du mouvement Massorti et dirige la maison d'édition Elkana, qu'il a créée en 2003. Il est spécialiste de l'histoire de la Shoah en France et a travaillé de nombreuses années à l'institut Yad Vashem. Ses écrits sont très controversés et critiqués par les spécialistes de Vichy et de la Shoah[2].

Biographie

Jeunesse

Alain Michel est né à Nancy d'une famille juive d'Alsace-Lorraine. Son père, Paul, représentant de commerce, est issu d'une famille de bouchers juifs traditionnels. Sa mère, Yvonne Lévy, a grandi à Biesheim, un village au bord du Rhin près de Colmar. Il est le cadet de trois enfants. Sa sœur, Claudine, est musicienne et spécialiste de yoga. Son frère, Gérard, est un avocat qui a exercé près de 40 ans au barreau de Nancy.

Alain Michel fait ses études au Lycée Henri-Poincaré, où il obtient le baccalauréat en 1972. Après s'être inscrit à la faculté de sciences (année où il a essentiellement milité à l'extrême gauche, dans le cadre des grèves contre la loi Debré), il entame des études d'architecture qu'il interrompt au bout de deux ans et demi pour étudier l'Histoire.

Parallèlement Alain Michel pratique le scoutisme au sein des Éclaireuses éclaireurs israélites de France (EEIF). De 1973 à 1976, il a dirigé le groupe local nancéien de ce mouvement. Il entre au Conseil d'administration de cette association en . Pendant l'année 1975-1976, il est également l'animateur culturel du Centre communautaire André Spire de la communauté juive.

Historien

En , Alain Michel s'installe à Paris où il a été appelé à travailler au centre national des EEIF. Pendant quatre années il est responsable de la Branche perspective (15 à 17 ans), et s'implique également dans les publications, la formation et les relations avec le scoutisme français. Après avoir quitté son poste de permanent, il est membre de l'équipe nationale du mouvement jusqu'en 1985.

En , il entame à Paris-1 Panthéon-Sorbonne des études d'histoire[1]. Après avoir obtenu la licence, il s'inscrit en 1980 dans le Centre de recherches d'histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme dont le directeur est le professeur Antoine Prost, qui a une forte influence sur sa formation d'historien et sa conception du métier.

En , Alain Michel soutient, devant le professeur Antoine Prost, une maîtrise sur Les Éclaireurs israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, qui paraît en livre en 1984. Pour son travail, il s'appuie sur des archives des EEIF qui n'ont jamais été exploitées jusqu'alors. Il réalise également un certain nombre d'entretiens, utilisant les techniques d'histoire orale.

En 1985, il s'installe en Israël avec sa famille[1]. Il devient directeur des activités du Centre Yaïr, à Jérusalem, dirigé par Manitou[1]. Responsable du bureau francophone de l'École internationale pour l'enseignement de la Shoah à Yad Vashem, il dirige, en , le premier séminaire destiné à des enseignants francophones[1].

En , il soutient sa thèse d'histoire sur les EEIF, à la Sorbonne (Paris)[1], devant les professeurs André Kaspi, Antoine Prost et Gérard Cholvy.

Entre 1990 et 1994, Alain Michel fait des études de rabbinat à l’Institut Shechter à Jérusalem[1].

Vichy et la Shoah

En 2012, il publie un livre sur le régime de Vichy : Vichy et la Shoah : enquête sur le paradoxe français[3],[4].Alain Michel affirme qu'en dépit de l'antisémitisme de Pétain et de ses lois sur le statut des Juifs, la politique de Laval face à l'occupant nazi aurait permis à des Juifs d'échapper à la déportation[5],[6]. Alain Michel renoue avec les positions de Léon Poliakov et Raul Hilberg, plus nuancées que la présentation de l'historien américain Robert Paxton, qui reconnait avoir prononcé certains jugements « trop totalisant et parfois féroces[7] ».

La thèse d'Alain Michel est en contradiction avec l'historiographie contemporaine et les archives disponibles[8]. Il a été en effet établi que si les Juifs d'origine étrangère ont été les premiers à être déportés, des Juifs de nationalité française l'ont également été dès l'été 42, notamment lors de la rafle du Vel d'hiv où plus de 4'000 enfants français ont été emmenés en déportation sur ordre de Vichy[8], sans qu'aucun n'y survive. De même, le Décret sur le statut des Juifs du 3 octobre 1940 a été annoté de la main même de Pétain, un texte visant à durcir le sort des Juifs même en zone libre[8]

En janvier 2021, Laurent Joly revient sur ces épisodes[9] : « Ce n’est qu’en 2012 qu’un premier véritable essai de prise en charge scientifique de la thèse du « moindre mal » a vu le jour. Dans Vichy et la Shoah. Enquête sur le paradoxe français (CLD éditions), l’historien israélien Alain Michel fonde l’essentiel de son argumentation sur les justifications d’après-coup de Pétain, Laval, Bousquet, et affine les statistiques de la déportation raciale. Ses savants calculs l’amènent à conclure que seuls 8 % des Juifs français (parmi lesquels il ne compte pas les enfants d’étrangers nés en France et par conséquent, pour la plupart d’entre eux, faits français à titre définitif par la loi !) ont été déportés, et que donc Vichy a très largement protégé ces derniers (...) ».

Publications

  • Les Éclaireurs israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale : Action et évolution, Édition des E.I.F. Paris, 1984 (ISBN 978-2950038005).
  • L’Étoile et la francisque – Les institutions juives sous Vichy, avec Maurice Moch et Claire Darmon. Le Cerf, 1990 [recension sur persee.fr (page consultée le 6 novembre 2012)] (ISBN 978-2204041386).
  • Racines d'Israël - 1948, plongée dans 3000 ans d'histoire, Éditions Autrement, 1998 ; réédition 2003 (ISBN 978-2746703605).
  • Bobrek, un sous-camp d’Auschwitz, Yad Vashem, 2010.
  • Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français, CLD éditions, 2012 (ISBN 978-2854435498).

Notes et références

  1. a b c d e f et g Jacky Tronel, « Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français de l’historien Alain Michel », sur prisons-cherche-midi-mauzac.com, (consulté le ).
  2. « L’État contre les Juifs - Réponse de Laurent Joly à Alain Michel - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  3. Alain Michel, Vichy et la Shoah : enquête sur le paradoxe français, préface de Richard Prasquier, éd. Elkana, 2e édition révisée et augmentée, 2015.
  4. Jean-Pierre Allali, Présentation du livre par le CRIF.
  5. « Vichy face à la Solution finale », sur herodote.net, 19 mars 2012.
  6. « Vichy, les Juifs et la Shoah », sur afhrc.org, 15 mai 2012.
  7. « Quand je relis aujourd’hui certains jugements prononcés par moi à l’époque (comme ceux des pages 62-63 et 288), je concède qu’ils sont bien trop totalisants, et parfois féroces. Ils étaient influencés, je le reconnais, par ma répulsion devant la guerre menée au Vietnam par mon propre pays. »
  8. a b et c Sophie Malibeaux, « Les dessous de l'infox, la chronique - Polémique sur Vichy et rôle de Pétain: les contre-vérités d’Éric Zemmour », sur RFI, (consulté le )
  9. Vichy, les Français et la Shoah: un état de la connaissance scientifique, p. 7.

Annexes

Articles connexes

Liens externes