Église Saint-Charles de Marseille

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Église Saint-Charles
Façade de l'église, rue Grignan
Façade de l'église, rue Grignan
Présentation
Culte Catholique
Dédicataire Saint Charles-Borromée
Type Église paroissiale
Rattachement Archidiocèse de Marseille
Début de la construction 1826
Fin des travaux 1828
Style dominant Néo-classique
Site web https://paroisse-saint-charles.fr/
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Coordonnées 43° 17′ 31″ nord, 5° 22′ 31″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Église Saint-Charles
Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
(Voir situation sur carte : Bouches-du-Rhône)
Église Saint-Charles

L’église Saint-Charles est située dans le 1er arrondissement de Marseille au no 17 de la rue Breteuil et no 66 de la rue Grignan. Elle est consacrée à Saint-Charles-Borromée.

Elle est désignée sous le nom de Saint-Charles intra muros, l’église Saint-Charles extra muros étant celle de la Belle de Mai.

Son presbytère est situé rue Breteuil.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Charles-Borromée est construite de 1827 à 1828 grâce à la générosité des fidèles, des subventions municipales et un emprunt. Elle est consacrée le sous le vocable de saint Charles Borromée par Mgr de Mazenod, premier évêque du nouveau diocèse de Marseille rétabli à la Restauration. Son édification (tout comme celle de l'église voisine de Saint-Joseph) était nécessaire pour desservir la rive sud du Vieux-Port, insuffisamment pourvue de lieux de culte notamment depuis les destructions de l'ancienne église Saint-Ferréol (érigée sur l'actuelle place Félix Barret à partir de 1716 et détruite en 1794) et de celle du couvent des Picpus (située à l'emplacement de l'annexe du Palais de justice) durant la Révolution.

Située à quelques mètres du Palais de Justice, l'église Saint-Charles accueille traditionnellement la messe de rentrée du Tribunal de commerce et héberge la statue de Saint Yves, patron de toutes les professions juridiques.

C’est à Saint-Charles que le jeune Marcel Pagnol, pourtant né à Aubagne, reçut le baptême en avril 1898, en cachette de son père Joseph, farouche "hussard noir"[1].

C’est également sur le territoire de la paroisse que mourut en 1853 le Bienheureux Frédéric Ozanam, fondateur à Paris de la société Saint-Vincent-de-Paul.

Jusqu'au milieu du XXe siècle, l'église était le siège local de la dévotion à Notre-Dame des Malades, implantée en 1858 par le curé Guiol : chaque samedi, une messe était célébrée à l’autel de la Vierge et des prières étaient dites à l’intention des malades recommandés.

Paroisse florissante durant un siècle et demi puis quasi-désertée dans les années 1990, l'église est affectée depuis 2007, par décision de l'archevêque de Marseille, à la célébration du rite romain dans sa forme extraordinaire (messe dite de Saint Pie V). Elle est desservie depuis 2009 par les Missionnaires de la Miséricorde divine.

Description[modifier | modifier le code]

L'église construite par les entrepreneurs Mouren (qui est également considéré comme l'architecte) et Guieu est une curieuse réminiscence du classicisme français à une époque où il était révolu[2].

Elle adopte un plan parfaitement équilibré en forme de croix grecque prolongé par un sanctuaire peu profond, avec une coupole centrale sans tambour éclairée par un petit oculus.

D’un classicisme très sobre, la partie basse de la façade comporte quatre colonnes engagées de style ionique. Elle est séparée de la partie supérieure par un puissant entablement portant l’inscription dédicatoire : « A Dieu très bon et très grand sous l’invocation de Saint Charles Borromée, évêque et confesseur. 1828 ».

La partie supérieure de la façade est une copie presque conforme de celle de l’église des Chartreux, édifiée en 1680. Elle comporte quatre pilastres d’ordre corinthien entourant une fenêtre cintrée, le tout coiffé d’un fronton triangulaire surmonté d’une croix, et encadré de deux ailerons étroits.

Invisible depuis la rue, un minuscule clocher donne sur une cour privée située à l’arrière de l’église. Il est doté de trois petites cloches, toujours sonnées manuellement (sans doute les seules à Marseille de nos jours).

La nef centrale distribue les espaces. A droite en remontant l'église : le baptistère, l'autel de Saint Joseph, la porte de la sacristie et à sa gauche l'autel de Saint Charles-Borromée. A gauche en descendant l'église : autel du Sacré-Cœur et autel de Notre-Dame des Malades.

Une corniche court autour de la nef, au-dessus des chapiteaux des colonnes aux chapiteaux composites. Aux quatre angles de l’église se trouvent quatre coupoles aplaties, tandis que les bras de la croix formée par le bâtiment sont couverts de voûtes en plein cintre.

Au-dessus du chœur, l’abside à cinq pans est couverte d’une demi-coupole, percée en son sommet d’un petit oculus.

Les revêtements muraux et le pavement ordonnancé à partir d'un médaillon central représentant les armoiries de Saint Charles Borromée rappellent la Renaissance italienne.

Blason de Saint-Charles-Borromée

Les murs et plafonds sont intégralement peints de fresques à décors géométriques ou floraux, sauf les écoinçons de la coupole principale qui portent les armoiries de plusieurs papes et évêques du XIXe siècle : dans le sens horaire, en commençant au-dessus de la chaire, Léon XIII (pape de 1878 à 1903), Saint Charles-Borromée, Monseigneur Louis Robert (évêque de Marseille de 1878 à 1900), Saint Eugène de Mazenod (évêque de Marseille de 1837 à 1861).

Des réparations ont été nécessaires dès 1843, des lézardes étant apparues dans les voûtes à cause de l’instabilité du sol inhérente au quartier. Les voûtes et coupoles de l'église ont été partiellement (chœur et chapelles latérales) restaurées en 2020. La seconde phase (coupole, nef et tribune) aura lieu parallèlement à la restauration du Grand-Orgue à partir de 2023.

Mobilier[modifier | modifier le code]

Eglise Saint Charles Marseille - Vue depuis l'entrée (après restauration).

Il est intégralement d'origine et donc d'une grande homogénéité stylistique. Il participe ainsi, avec le décor des revêtements, à l'harmonie des lieux.

Le décor de marbre de l'intérieur de la nef a été réalisé de 1850 à 1868 par le marbrier et sculpteur Marseillais Jules Cantini, tout comme en 1891 le monumental maître-autel de style baroque[3]. Ce dernier est inspiré de celui de la chapelle des Bernardines réalisé en 1756 par Dominique Fossaty et que l’on peut admirer aujourd’hui à l’église Saint-Cannat-les-Prêcheurs.

Dans le chœur, le tabernacle en marbre est orné d’incrustation de jaune de Sienne et porte aux angles deux têtes d’anges. Quatre colonnes de marbre rouge portent une frise portant l'inscription "JESUS SALVATOR MUNDI", également de marbre, surmontée d’un spectaculaire couronnement de bois doré et peint. Un crucifix en bronze doré y scellé surmonte le tabernacle.

De part et d’autre du chœur et de l'orgue éponyme placé derrière le maître-autel, deux rangées de stalles réalisées dans un bois sombre, adossées à de grands panneaux de boiseries, sobrement sculptés d’éléments architecturaux.

Deux autels latéraux dédiés à Saint Joseph et à Notre-Dame ont été placé de part et d'autre de la nef, dans les bas-côtés de l'église ou plus précisément à l'extrémité des bras de la croix grecque. Deux autres autels latéraux situés de part et d'autre du chœur sont dédiés à Saint Charles-Borromée (surmonté de l'inscription en lettres dorées "IL DIVO CAROLO") et au Sacré-Cœur.

Ornée d'un chemin de croix polychrome, l'église comporte également quatre confessionnaux en bois placés de part et d'autre des autels de la Vierge et de Saint Joseph.

Les toiles[modifier | modifier le code]

Les cinq toiles ornant le chœur depuis 1837, classées monuments historiques au titre "objet", sont des œuvres de deux peintres marseillais :

L'église contient deux autres tableaux : un « Baptême du Christ » au-dessus des fonts baptismaux et un « Christ aux outrages » à droite de l’autel de Saint Charles, au-dessus du monument de Sainte Thérèse de Lisieux.

Les statues[modifier | modifier le code]

Les statues de la Vierge à l'enfant (dite Notre-Dame des Malades), de Saint Joseph, de Saint-Charles-Borromée et du Sacré-Cœur surmontant les quatre autels latéraux sont en carton-pierre estampé et doré[6] et attribuées à l'atelier d'Honoré Coder (1784-1845).

Placées dans la nef près de pilier, les statues de Saint Yves[7] et de Saint Antoine de Padoue[8] sont en marbre : elles ont été sculptées par Louis Castex (1868-1954).

Ces six statues sont classées monuments historiques au titre "objet".

Près de la statue de Saint Antoine se trouve un Christ aux outrages, statue rappelant la scène de la Passion durant laquelle, après L'avoir couvert d'un manteau pourpre et couronné d'épines, les soldats romains Lui crachèrent dessus et se moquèrent de Lui.

La chaire à prêcher[modifier | modifier le code]

Réalisée d'après un modèle de l'architecte d'origine toulonnaise Gaudensi Allar, collaborateur de l'architecte marseillais Henri-Jacques Espérandieu, et d'esprit romano-byzantin, elle est en bois avec une cuve à cinq pans décorés de panneaux émaillés représentant le Christ au centre encadré des symboles des quatre évangélistes entourés de colombes et de guirlandes de fleurs et de fruits. Elle est classée au titre objet par les Monuments Historiques[9].

Le Grand-Orgue de tribune[modifier | modifier le code]

L'orgue de tribune est construit en 1859 par Aristide Cavaillé-Coll dans un buffet neuf de style Louis XV, les commanditaires (l'organiste surtout) ayant refusé le remploi d'un buffet du XVIIe siècle provenant de l'orgue de Jean de Joyeuse pour la cathédrale Saint-Michel de Carcassonne et aujourd'hui abritant l'instrument d'Aristide Cavaillé-Coll de Poligny. Cet orgue vient remplacer un premier instrument dont Aristide Cavaillé-Coll déplore dans ses correspondances la mauvaise qualité[10].

Il est harmonisé par Vincent Cavaillé-Coll, frère d'Aristide, et comprend à l'origine 24 jeux sur 2 claviers et pédalier avec machine Barker. Le concert d'inauguration est assuré par Louis James Alfred Lefébure-Wély le . Il s'agit du premier orgue construit à Marseille par la célèbre maison Cavaillé-Coll : il est classé monument historique au titre objet pour sa partie instrumentale le [11].

Il est restauré successivement par l'organier marseillais François Mader en 1883 (relevage), le parisien Charles Mutin en 1900 et l'entreprise Michel-Merklin-&-Kuhn à deux reprises en 1913 (installation d'un ventilateur électrique) puis en 1933. Cette dernière restauration apporte plusieurs modifications de modernisation : transformations de la tuyauterie afin d'en élargir la palette sonore, remplacement de la console, agrandissement des claviers de 54 à 56 notes (transmission non-mécanique pour ces notes) et du pédalier de 27 à 30 notes. A l'occasion de l'une de ces interventions Merklin, la pédale d'expression du Récit devient actionnable par un dispositif à bascule en lieu et place du dispositif à cuillère vraisemblablement d'origine.

Ont depuis été restaurés la machine Barker (par René Renevier) en 1971 et la soufflerie (par Sals et Henry) en 2005. En 2010, François Delangue remplace l'ancien moteur par deux ventilateurs neufs.

Ce superbe instrument connait de nombreux dysfonctionnements depuis de très nombreuses années et le principe de sa restauration complète dans son état d'origine (composition et console) avait d'ailleurs été accepté par les autorités compétentes dès décembre 2002. Un nouveau vote municipal de septembre 2022 couronne enfin les démarches entreprises : l'appel d'offres est lancé en février 2023[12]. C'est l'entreprise de Michel Jurine[13], grand spécialiste des instruments Cavaillé-Coll et Merklin ainsi que des machines Barker, qui a remporté le marché.

L'orgue sera démonté fin septembre 2023 et son remontage est espéré pour Noël 2025. Le projet consiste en la restauration de l'instrument dans son état lors de son inauguration en 1859 (au Grand-Orgue : remise en service du Bourdon 16' et reconstitution de la Quinte d'origine ; au Récit : modification du Cromorne pour retrouver la Voix Humaine initiale et remplacement du Cornet par l'Octavin originel reconstitué) en conservant les notes supplémentaires ajoutées en 1933 aux claviers et au pédalier.

Parmi les organistes  : Théodore Turner (titulaire de 1859 à 1867[14]), François de Mol, Henri Messerer (titulaire de 1873 à 1923), André Chicane (de 1923 à 1930), Robert Lopez et Véra Gastine (au moins à partir de 1933), Raul Rochelandet (à partir des années 40), Joseph Vidal (titulaire des années 50 jusqu'en 1987)[10], Stéphane Eliot (de 1986 à 1991), Blandine Piccinini et Jean-Marie Bonnifay (titulaires au cours années 1990 et 2000), Jean-Pierre Desmero (depuis 2008) ou encore Marie Pasquier (depuis les années 2010).

Raphaël Boccamaïello est l'actuel titulaire depuis . Il est également chargé de la coopération avec les autorités publiques pour la restauration du Grand-Orgue.

L'Orgue de chœur[modifier | modifier le code]

L'orgue de chœur de huit jeux a été fourni en 1883 par Mader et placé derrière le maître-autel, au centre du demi-cercle formé par les stalles. Il possède deux claviers et un pédalier en tirasse[10]. Il est toujours dans son état d'origine et parfaitement fonctionnel depuis sa restauration en 2016 par Frédéric Thibault (Manufacture Thibault à Roquevaire).

Les titulaires en sont les mêmes que ceux du Grand-Orgue.

Parallèlement à son travail sur le Grand-Orgue de tribune, Aristide Cavaillé-Coll a fourni en 1857 un devis pour un orgue de chœur de six jeux (un clavier manuel et pédalier en tirasse) qui n'a sans doute jamais été ni commandé ni réalisé.

Galerie photographique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Note
  1. Jeu actuellement muet.
  2. A remplacé une Gambe 8 ayant elle-même remplacé la Quinte initiale.
  3. A remplacé un Octavin (1933).
  4. Obtenu par modification de la Voix Humaine initiale (1933).
Références
  1. « Marcel Pagnol » Accès libre, sur Encyclopédie Larousse (consulté le )
  2. « Histoire de l’église Saint-Charles à Marseille », sur Paroisse Saint-Charles à Marseille, (consulté le )
  3. « Maître-autel avec baldaquin, gloire et statue : Christ en croix », notice no PM13002616, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  4. « Adoration des Mages (tableau et cadre) », notice no PM13001617, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  5. « La Transfiguration, Christ en croix, la Résurrection, l'Ascension (ensemble de quatre tableaux et cadres) », notice no PM13001618, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  6. « Saint Joseph (statue) », notice no PM13001626, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  7. « Saint Yves (statue) et Saint Yves intercédant pour obtenir justice (bas-relief) », notice no PM13002617, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  8. « Saint Antoine de Padoue (statue) », notice no PM13002618, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  9. « Chaire à prêcher », notice no PM13001623, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  10. a b et c Jean-Robert Caïn et Robert Martin, L'orgue dans la Ville - Le Marseille des organistes, Marseille, Parenthèses, , 450 p., p. 144.
  11. « Orgue de tribune : partie instrumentale de l'orgue », notice no PM13000729, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture (consulté le ).
  12. Loïs Elziere, « Un nouveau souffle pour l'orgue de l'église Saint-Charles, classé monument historique », sur Made in Marseille, (consulté le )
  13. « entreprise Michel Jurine facteur d'orgues », sur www.orgues-micheljurine.com (consulté le )
  14. schauenberg.org/turner (1867).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Robert Cain et Emmanuel Laugier, Trésor des églises de Marseille : Patrimoine culturel communal, Marseille, Ville de Marseille, , 368 p. (ISBN 978-2-9535530-0-0, BNF 42161295), p. 89-90
  • Jean-Robert Cain et Robert Martin, L'orgue dans la ville : le Marseille des organistes, Marseille, Parenthèses, , 472 p. (ISBN 2-86364-086-0, BNF 39902854), p. 144
  • Guides Bleus Provence, Hachette, , (ISBN 978-2-01-244711-0)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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