Valentin Abeille (résistant)

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Valentin Abeille
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Fonction
Sous-préfet de Provins
Provins
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 36 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Jean-Pierre Abeille (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/709, F/1bI/1036)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque en mémoire de Valentin Abeille à Provins.

Valentin Abeille, né à Alençon le et mort le à Paris, est un haut fonctionnaire et résistant français qui fut l'un des compagnons de la Libération sous les ordres d’Henri Frenay. Il devint le délégué militaire régional de la Région M, non seulement la plus grande des 12 régions des Forces françaises de l'intérieur, mais également celle qui fut la plus critique lors des préparatifs du débarquement de Normandie.

En tant que résistant, son numéro était le 732[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Ses études de droit l’amènent à faire carrière dans la préfectorale. Sous-préfet à Provins et donc non-mobilisable, il s’engage tout de même au début de la Seconde Guerre mondiale dans le 29e régiment de Dragons, à l'image de son père tombé au champ d'honneur en 1914. Après sa démobilisation le , il rejoint son poste à Provins et est relevé le par le Régime de Vichy à cause de son appartenance à la franc-maçonnerie, puis nommé à Marseille avant d’être à nouveau révoqué moins d'un an plus tard en [3].

Officiellement, il déménage alors à Lons-le-Saunier pour pratiquer le droit, mais en fait il s’engage activement dans la Résistance avec qui il a des relations depuis ses débuts[4]. Constatant ses compétences et son dévouement, Marcel Peck le nomme en chef départemental de l’Armée secrète dans le Jura. Son surnom est alors « Colléone », mais il en utilisera de nombreux autres dont le plus connu a été probablement « Fantassin ».

Son identité ayant été découverte par la Gestapo en , il doit alors entrer totalement dans la clandestinité. Dans la nuit du 19 au , il fuit pour Londres où il est rapidement affecté au Bureau central de renseignements et d'action (qui deviendra le DGSS par décret le )[5]. Nommé délégué militaire[4] pour la région « M » (pour « Le Mans » : Normandie-Bretagne-Anjou), il participe activement aux préparatifs du débarquement de Normandie. Le , il est à nouveau en France où il regroupe les forces militaires de 14 départements du nord-ouest de la France avec l'assistance de Maurice Guillaudot[6]. Ces forces ont pour principale mission de supporter la future tête de pont en nuisant le plus possible aux déplacements, communications et ravitaillement des forces Allemandes tout en fournissant des informations précises sur le terrain.

La Gestapo fait énormément d'efforts pour infiltrer le Bureau des opérations aériennes (BOA), l'agence qui a remplacé le Service des opérations aériennes et maritimes (SOAM) quand les alliés ont réalisé qu'elle a été complètement infiltrée et utilisée pour trouver les espions et les chefs de la résistance. Mais c'est un jeu qui a été joué des deux côtés, avec l'Abwehr dont la direction est si profondément infiltrée par des résistants Allemands secrètement antinazis qu'elle a à son service de nombreux juifs (qui sont bien les derniers à les dénoncer).

Le , le général de division Louis-Alexandre Audibert et délégué militaire départemental est pris par la Gestapo, mais même sous la torture il ne révèle rien.

Possiblement trahi par sa secrétaire, Valentin Abeille est arrêté à Paris le et est grièvement blessé par balles lors de son arrestation, ce qui ne lui épargne pas d'être interrogé et torturé par la Gestapo. Il décède de ses blessures le à l'Hôpital de la Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris sans dévoiler sa véritable identité[7], mais son silence (il n'aurait pas dit un seul mot)[8],[4] et son sacrifice contribuent à maintenir le secret sur le débarquement qui aura lieu 4 jours plus tard.

Son successeur Jean Kammerer a été à son tour arrêté le avec 13 autres dirigeants, mais même cela n'arrête pas les opérations, les décisions étant décentralisées contrairement à une armée traditionnelle, ce que l'Armée secrète n'est certainement pas[9].

C'est alors Robert Kaskoreff (alias « Jean Birien »), l'un des rares épargnés, qui prend la relève sans attendre la permission de ses supérieurs alors qu'il vient d'être promu lieutenant-colonel à peine deux semaines plus tôt. En effet, il vient d'être nommé DMR des sous-régions M1 et M2 le [10].

Concernant sa véritable identité, c'est seulement par une ordonnance du que le tribunal civil la révèle officiellement et demande à la mairie du 13e arrondissement de rectifier l'acte initial erroné et de publier un acte de décès modifié, ce qui sera fait le [11].

Conclusion sur les unités de la région M[modifier | modifier le code]

Valentin Abeille laisse derrière lui des troupes organisées qu'il a accepté de diriger avec un mode de commandement décentralisé, parfois à l'extrême, malgré les souhaits du haut commandement d'avoir un meilleur contrôle. Malgré le peu de stabilité dans le commandement pendant le débarquement, ce mode de fonctionnement permet d'entreprendre des opérations militaires efficaces et de maintenir un niveau de motivation très élevé.

Tous les problèmes de logistique (il faut souvent s'approvisionner en armes et munitions directement chez l'ennemi), de la chaîne de commandement constamment perturbée voire décimée par la Gestapo, des moyens de communication perturbés à l'extrême pendant le débarquement oblige les unités à beaucoup de créativité et de collaborations entre elles. Mais un commandement décentralisé a permis de profiter rapidement de toute opportunité avec peu de risques d'interception de messages par l'ennemi (puisque les unités ont agi sans attendre le consentement du haut-commandement, et se sont peu souciées de produire des rapports de mission officiels).

Ils détruisent à répétition les voies ferrées, quitte à procéder sans explosifs si nécessaire, ils forcent l'armée allemande à investir beaucoup de ressources pour protéger ses convois, ils coupent l'électricité et les lignes téléphoniques, crèvent les pneus des véhicules et perturbent considérablement les mouvements ennemis qui sont souvent exaspérés par la résilience de ces résistants prêts à tout. Même sous la torture, bien peu parleront et beaucoup préféreront mourir que de risquer de révéler des informations pouvant aider l'ennemi[12].


Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_3 »
  2. Abeille, Valentin., Rapport ... (déclaration d'utilité publique, dans le département de la Loire-Inférieure, l'établissement d'un chemin de fer d'intérêt local, à voie d'un mètre, des sorinières à Vieillevigne), par M. Valentin Allard, ... (21 mai 1901.)., Impr. de P. Mouillot, (OCLC 465853249, lire en ligne)
  3. a b c d et e « ABEILLE Valentin [dit Meridien, Colleone, Fantassin, Victor Arnoux, Jacques Valcabrère-Allègre] », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr (consulté le ).
  4. a b c et d ABEILLE Valentin – Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (France).
  5. Mémoires de Guerre – Bureau Central de Renseignements et d'Action par Roger Cousin. Consulté le .
  6. a b c et d Valentin Abeille, 1038 compagnons de la Libération — Musée de l'Ordre de la Libération, Chancellerie de l'Ordre de la Libération, consulté le .
  7. Archives de Paris 13e, acte de décès initial no 2381, année 1944 (page 9/31) avec une erreur sur son identité
  8. Valentin Abeille, un exemple pour les jeunes générations, journal La Dépêche, édition du , consulté le .
  9. Isabelle Madesclaire, « Les activités de Jean Kammerer en juin 1944 dans la résistance armée de la région M de Normandie-Bretagne », 39/45 Magazine, Les Éditions Heimdal, no 135,‎ , p. 52-53 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Robert Kaskoreff, 1038 compagnons de la Libération — Musée de l'Ordre de la Libération, Chancellerie de l'Ordre de la Libération, consulté le .
  11. Archives de Paris 13e, acte de décès rectifié no 1352, année 1945 (page 16/20)
  12. Le maquis de St-Marcel, consulté le .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Source[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]