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Utilisatrice:Vaincre et vivre/Brouillon

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Daniel Georges[modifier | modifier le code]

Daniel Georges
Naissance
Chanteloup-les-Vignes, Yvelines, France
Décès (à 82 ans)
Montreuil-sous-Bois, Seine-Saint-Denis, France
Nationalité Française
Profession
Ouvrier photograveur et offsettiste
Activité principale
Résistant et militant communiste

Militant communiste français, résistant, frère de Pierre Georges (alias le colonel Fabien).

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse communiste avant-guerre[modifier | modifier le code]

Daniel, Léon, Paul Georges naît le à Chanteloup-les-Vignes[1].

Son père, Félix, ancien combattant de la Première Guerre Mondiale, est ouvrier boulanger, militant syndical et proche du parti communiste, auquel il adhère en 1930[2], [3].

Sa mère, Blanche, est vendeuse et meurt de la tuberculose à 38 ans en 1928[2].

Daniel Georges commence à travailler à 14 ans. Il devient ouvrier photograveur et offsettiste dans l'imprimerie. En 1928, il adhère aux Jeunesses communistes, où on lui confie bientôt des responsabilités au sein de la Fédération des pionniers. C'est ainsi qu'il effectue en 1930 un stage de formation de trois mois à Moscou, dans une école de cadres du mouvement des pionniers. Inscrit au parti communiste à partir de janvier 1934, il séjourne une nouvelle fois à Moscou du au , afin d'y participer au VIe Congrès de l'Internationale des jeunes communistes[2], [4].

En 1936, il se porte volontaire avec son jeune frère Pierre pour aller combattre en Espagne dans les Brigades internationales. De février 1937 à novembre 1938, il y exerce les responsabilités de commissaire de compagnie dans le Bataillon Henri-Barbusse de la XIVe Brigade internationale. Victime de l'explosion d'une bombe, il est ensuite rapatrié avec un tympan déchiré[2], [3].

Peu de temps avant que n'éclate la Seconde Guerre Mondiale, Daniel Georges devient permanent du parti communiste[4]. Le , il épouse à Bobigny Raymonde Le Margueresse, rencontrée en 1938. Militante communiste et future résistante, Raymonde sera arrêtée en gare d'Avon le , puis déportée vers Auschwitz-Birkenau le . Elle y mourra du typhus au début de mars 1943, à l’âge de 26 ans[2].

Captivité en Allemagne et en Union soviétique[modifier | modifier le code]

À l'automne 1939, Daniel Georges est mobilisé sur la Ligne Maginot[2]. Pendant la Campagne de France, il est fait prisonnier par les Allemands et envoyé en Prusse orientale. En novembre 1940, alors qu'il travaille dans un Kommando à seulement quelques dizaines de kilomètres de la frontière lituanienne, il s'évade en compagnie de Marius Villeroy, un ancien camarade d'école de Bagnolet, retrouvé par hasard en captivité. Après avoir marché quelques heures vers l'est dans une région marécageuse et peu peuplée, les deux hommes entrent en Union soviétique le [4], [5].

Le Pacte germano-soviétique étant alors en vigueur, le pouvoir soviétique a pour principe d'interner les évadés, les accusant de passage illégal de la frontière, voire d'espionnage. Les gardes-frontière conduisent donc Daniel Georges et Marius Villeroy à la prison de Kaunas, alors capitale de la Lituanie. Après quelques jours ou semaines, les deux hommes sont transférés à Moscou, peut-être à la Loubianka, puis à la prison de la Boutyrka[6]. Avec une vingtaine d'autres évadés français, ils y occupent la cellule 95, où ils sont entre autres rejoints le par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, auteur d'un livre passionnant sur cet épisode russe de "sa" guerre (Prisonniers de la liberté, L’odyssée des 218 évadés par l’U.R.S.S., 1940-1941)[4].

À la suite d'une grève de la faim (à laquelle Daniel Georges, Marius Villeroy et Antoine Jacquetant, militants communistes confiants dans l'Union soviétique, refusent d'ailleurs de participer), les Français internés à la Boutyrka sont progressivement transférés à partir du vers le camp de Kozielsk, à environ 220 km au sud-sud-ouest de Moscou, entre Kalouga, Briansk et Orel[7]. Daniel Georges s'y affirme comme le chef de file de la minorité communiste parmi les évadés, ce qui conduit à des heurts avec les anticommunistes du groupe, ainsi qu'avec le trio d'officiers conservateurs Pierre Billotte-Alain de Boissieu-Jean Richemond, également internés à Kozielsk à partir d'avril 1941. De concert avec Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Daniel Georges participe néanmoins à la vie collective en faisant sept conférences sur l'histoire, l'Union soviétique et le socialisme, en animant régulièrement une causerie sur les événements politiques et militaires de la semaine, puis en assumant la responsabilité de la bibliothèque[4].

La rupture du Pacte germano-soviétique, intervenue le , modifie progressivement l'attitude des Soviétiques vis-à-vis des évadés. Ces derniers ne sont toutefois pas immédiatement libérés : la Wehrmacht déferlant vers Kozielsk, ils sont évacués le , d'abord sur Moscou, puis vers le camp de Griazoviets, près de Vologda, à 450 km au nord de Moscou, où ils arrivent le . Volontaire dès Kozielsk pour le service de l'Union soviétique et du Komintern, Daniel Georges quitte Griazoviets pour Moscou dans la nuit du 24 au , en compagnie de treize de ses camarades communistes. Au total, cent quatre-vingt-six des évadés gagneront l'Angleterre à la fin de l'été 1941 pour rejoindre la France libre, tandis que trente-deux resteront en Union soviétique[4].

Volontaire pour le service de l'Union soviétique[modifier | modifier le code]

De Moscou, Daniel Georges et ses treize compagnons sont envoyés dans une école de parti, afin d'y recevoir un entraînement militaire et un complément d'instruction politique et économique. Selon Daniel Georges, cette formation aurait eu lieu à Kountsevo, une petite ville située immédiatement à l'ouest de Moscou[5]. Cette affirmation est toutefois contestée par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, selon lequel Daniel Georges et ses camarades auraient été formés à Planernaïa, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Moscou[4], [8].

Durant son séjour à l'école de parti, Daniel Georges reçoit la visite de Raymond Guyot, député communiste de Villejuif et responsable important des Jeunesses communistes, réfugié en Union soviétique depuis le début de 1940. Raymond Guyot propose à Daniel Georges de l'accompagner dans une mission clandestine en France. Daniel Georges accepte : le , date de son trentième anniversaire, il est convoqué au siège du Komintern à Moscou, où Georgi Dimitrov lui confirme sa mission[4].

Avant son départ en mission, Daniel Georges séjourne encore quelques mois en Union soviétique. Évacué de Moscou fin octobre 1941, il gagne Kouïbychev[9] le , à bord du dernier train Pullmann dans lequel voyagent également Raymond Guyot, André Marty, Maurice Thorez et la femme de ce dernier, Jeannette Vermeersch. Il est ensuite dépêché à Oufa, capitale de la Bachkirie et siège provisoire du Komintern, puis à Kouchnarenkovo, où l'école politique du Komintern est en cours de réinstallation sous la houlette, entre autres, d'André Marty. Il n'y reste toutefois que quelques jours car, à la mi-novembre 1940, Raymond Guyot le rappelle à Moscou, où il demeure pendant quinze jours à l'hôtel Métropole durant le siège de la capitale[4], [5].

Retour en France et Résistance en zone sud[modifier | modifier le code]

Début décembre 1941, Daniel Georges, Raymond Guyot et Francine Fromond, militante communiste de 24 ans volontaire pour être opératrice radio du parti clandestin, s'envolent vers Arkhangelsk à partir d'un aérodrome de fortune. Ils embarquent ensuite pour l'Angleterre à partir d'un petit cargo soviétique mais, celui-ci ayant connu une avarie, ils dérivent vers le nord et doivent être remorqués par un brise-glace qui les ramène à Mourmansk pour la Noël. Ils atteignent finalement l'Écosse au début de février 1942, en passant par l'Islande[4].

En Grande-Bretagne, Daniel Georges et ses compagnons sont pris en charge par des officiers de l'Intelligence Service. Après un mois d'entraînement, d'abord dans le Sud de l'Angleterre, puis à Manchester, ils sont parachutés dans les environs de Pézenas dans la nuit du 3 au [10]. Au matin, ils se séparent à Agde, Daniel Georges prenant la direction de Toulouse, tandis que ses compagnons gagnent Lyon[4], [5].

Par la suite, Daniel Georges rejoint également la région lyonnaise. Il parvient à se faire démobiliser par le bureau militaire de Bourg-en-Bresse et obtient des papiers en règle en prétendant s'être évadé d'Allemagne par l'ouest. À Lyon, il travaille d'abord dans une imprimerie, avant de basculer totalement dans la clandestinité : devenu le second de Georges Marrane, ancien maire communiste d'Ivry-sur-Seine entré dans la clandestinité au début de la guerre, il joue le rôle d'agent de liaison et d'instructeur politique du Front national en zone sud, circulant de ville en ville pour transmettre sur le terrain les directives des responsables lyonnais du mouvement. C'est également à Lyon qu'il rencontre, pour la seule et unique fois de la guerre, son jeune frère Pierre, venu négocier une livraison d'armes, mais dont il ignore l'essentiel des activités résistantes. La Libération le trouve à Marseille, en tant qu'instructeur politique des sept départements du Sud-Est[3], [4].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

En septembre 1944, Daniel Georges est désigné comme maire des Lilas par le comité de Libération local, fonction qu'il occupe jusqu'en 1947. Après-guerre, il est également secrétaire du P.C.F. aux Lilas, puis à Saint-Mandé. Il termine sa carrière comme attaché culturel à la mairie de Montreuil-sous-Bois. Il décède dans cette ville le [2], [4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Maitron en ligne, université de Paris-I
  2. a b c d e f et g Mémoire vive des convois des 45000 et 31000 d'Auschwitz-Birkenau
  3. a b et c Conférence de Monique Georges du 12 décembre 2009
  4. a b c d e f g h i j k l et m Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Prisonniers de la liberté, L’odyssée des 218 évadés par l’U.R.S.S., 1940-1941, Gallimard, Paris, 2004
  5. a b c et d Interview de Daniel Georges enregistrée à Montreuil-sous-Bois le 28 septembre 1987, retranscrite par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, ibidem
  6. Dans son interview du 28 septembre 1987, Daniel Georges affirme avoir séjourné à la Loubianka pendant toute la durée de son emprisonnement moscovite. Toutefois, Jean-Louis Crémieux-Brilhac soutient que c'est bien à la Bourtyrka qu'ils ont été incarcérés ensemble.
  7. Bien que les évadés n'en aient pas eu conscience à l'époque, le camp d'internement de Kozielsk est un lieu chargé d'une histoire longue et tragique. Les évadés y sont en effet logés dans l'ermitage Saint-Jean-Baptiste, construit au XIXe siècle à quelques centaines de mètres de l'ancien monastère d'Optina Poustyn, cher à Gogol, Tourgeniev, Dostoïevski et Tolstoï. Ce faisant, ils voisinent sans le savoir avec des officiers polonais rescapés de Katyn, les victimes de ce massacre, internées à Kozielsk, ayant quitté les lieux moins d'un an avant l'arrivée des Français. Le capitaine du N.K.V.D. Soprounenko, responsable et interlocuteur fréquent des évadés, n'est d'ailleurs autre que l'un des principaux organisateurs de cette tuerie.
  8. Jean-Louis Crémieux-Brilhac pense que, la localisation, et même l'existence, des écoles de parti devant être tenues secrètes, Daniel Georges n'a pas dit la vérité sur ce point.
  9. Aujourd'hui Samara, capitale auxiliaire de l'Union soviétique durant l'invasion allemande.
  10. En vertu d'un accord secret, les Britanniques parachutèrent des agents soviétiques dans les pays occupés d'Europe occidentale, tandis que les Soviétiques parachutaient en Pologne des agents du gouvernement en exil. Ni De Gaulle, ni le B.C.R.A. ne furent mis au courant de ces actions.