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Utilisateur:Kossi-Maxime/Brouillon

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L'expression Grand SEUM décrit les processus de génération, de circulation et d'exploitation du SEUM (énergie) sur le territoire du Grand Paris au début des années 2000. Concept forgé durant les années 2010, il permet de rendre visible et sensible la circulation de flux énergétiques qui animent le Grand Paris. Le SEUM ainsi généré permet d'alimenter la modernité de la capitale.

SEUM (Mot)[modifier | modifier le code]

Viendrait de l’arabe سم, sm (« venin »)

Les usages du mot SEUM[modifier | modifier le code]

seum \sœm\ masculin singulier

  1. (Argot) Rancœur, sentiment de colère, de frustration et de dégoût ; cause de ce dégoût.
    • Du seum dans les veines. Le thorax gonflé à bloc, j’ai du mal à respirer. — (Rachid Santaki & ‎Nasser Sahki, La légende du 9-3, Éditions Ombres noires, 2016)
    • Avoir le seum, comme ils disent, les mômes. Être grave vénère, même. Nique sa race. — (Rachid Ben Bella, Sylvain Érambert & Riadh Lakhéchene, Nous… La Cité, Zones, 2012)
  2. Type de haschich

Sous forme d'expression[modifier | modifier le code]

avoir le seum \a.vwaʁ lə sœm\ (se conjugue → voir la conjugaison de avoir)

  1. (Argot) (France) Être en colère, frustré ou dégoûté.
    • Ce jour-là, on avait tous le seum. Quand un voyou se fait péter, on a le seum seulement parce qu’un pote s’est fait prendre. Mais quand un pacifiste se fait embarquer, le plat de l’injustice est servi par les poulets. — (Collectif, Les Gars de Villiers, présenté par Pascale Egré, Ginkgo Éditeur, 2012)
    • J'vais pas mentir, j'ai le seum, seum, Faut calmer ton cœur, pardon — (Aya Nakamura, Sucette, 2018)
    • Les jeunes Français parlent un mélange de français, de verlan, d’arabe, de tzigane, d’anglais, de vieil argot et d’expressions inventées. « J’ai le seum » tiré de l’arabe, veut dire « Je suis en colère ». — (Isabel Rivero-Vila, L’Interculturel à travers le multimédia dans l’enseignement du français langue étrangère, Ediciones Universidad de Salamanca, 2014, page 370)

Synonymes[modifier | modifier le code]

  • l’avoir mauvaise
  • avoir les glandes
  • avoir les boules
  • avoir le démon

Le SEUM (énergie)[modifier | modifier le code]

Le SEUM est une énergie obtenue par une forte accumulation d'émotions négatives non traitées, à l'échelle individuelle et collective. Le Seum peut prendre des formes très différentes en fonction des émotions et des situations qui l'ont générés. Cela peut se nommer : sensibilité, ou : empathie, ou encore : affect.

Figure - Heptagone du SEUM

Les récentes études scientifiques réalisées par l'Institut Pasteur d'Abidjan font état de 7 formes primaires de SEUM largement répandues dans la population globale :

  • Le SEUM du déni
  • Le SEUM de la colère
  • Le SEUM de la Confusion
  • Le SEUM de la peur
  • Le SEUM de la tristesse
  • Le SEUM de la sérénité
  • Le SEUM de la joie

Bien que certaines formes de SEUM sont désignées par des termes positifs (sérénité, joie) il faut se rappeler qu'elles sont toujours le produit de situations percues comme négatives.

La majorité des personnes en état de SEUM n'en sont pas conscientes. Le SEUM les traverse en continu de manière diffuse et sans manifestations visibles.

Seules 5% des personnes en état de SEUM déclencherons un épisode aigu de SEUM aussi appelé éveil. A partir de cet éveil il leur sera possible de se réapproprier volontairement leur SEUM. On parlera alors de maitrise du SEUM.

Dans des cas extrêmes d'accumulation de SEUM sur plusieurs générations, il est possible d'assister à l'apparition d'un Ange de SEUM. Une quantité colossale de SEUM concentrée en un seul individu avec des potentialités destructrices hors du commun.

Le SEUM nait de sentiments intérieurs mais il produit un rayonnement énergétique extérieur. Il est possible de capter cette énergie extérieure et de s'en servir pour alimenter des infrastructures politiques et sociales. Depuis le 18ème siècle les empires coloniaux utilisent le SEUM pour alimenter leur modernité.

L'apparition du SEUM (énergie)[modifier | modifier le code]

Gravure - La bataille de la Sikkak

L'apparition du SEUM renvoie à une histoire pluriséculaire de conflits en contexte colonial. Les premières formes de SEUM ont été observées le 6 juillet 1836, en Algérie lors de la Bataille de la Sikkak opposant le général Bugeaud à l'Emir Abd-El-Kader.

Le récit de la bataille nous a été transmis par le Lieutenant-colonel Achille Aubier[1].

Il faut attendre 1938 pour que des ethnologues de l'Institut Fondamental d'Afrique Noire parviennent à établir un modèle d'apparition du Seum en se basant sur l'épisode des enfumades de Dahra qui a eu lieu lors de la conquête de l'Algérie en 1845 :

« Voici d’autres détails que met sous nos yeux une lettre particulière, adressée à sa famille par un soldat de la colonne Pélissier. » [...] « Quelle plume saurait rendre ce tableau ? Voir, au milieu de la nuit, à la faveur de la lune, un corps de troupes françaises occupé à entretenir un feu infernal ! Entendre les sourds gémissements des hommes, des femmes, des enfants et des animaux ; le craquement des rochers calcinés s’écroulant, et les continuelles détonations des armes ! Dans cette nuit, il y eut une terrible lutte d’hommes et d’animaux ! Le matin, quand on chercha à dégager l’entrée des cavernes, un hideux spectacle frappa des yeux les assaillants.

J’ai visité les trois grottes, voici ce que j’y ai vu.

À l’entrée, gisaient des bœufs, des ânes, des moutons ; leur instinct les avait conduits à l’ouverture des grottes, pour respirer l’air qui manquait à l’intérieur. Parmi ces animaux et entassés sous eux, se trouvaient des femmes et des enfants. J’ai vu un homme mort, le genou à terre, la main crispée sur la corne d’un bœuf. Devant lui était une femme tenant son enfant dans ses bras. Cet homme, il était facile de le reconnaitre, avait été asphyxié, ainsi que la femme, l’enfant et le bœuf, au moment où il cherchait à préserver sa famille de la rage de cet animal.

Les grottes sont immenses ; on a compté hier sept cent soixante cadavres ; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quart morts ; quarante ont pu survivre ; et au fond de grotte se tenait le plus impréssionant des rescapés. Un enfant d'une douzaine d'années flottait à 2 mètres du sol, les yeux semblables à des flammes qui ne suffisaient pas à secher ses larmes. L'enfant était innofensif. Il fallu le rattraper à l'aide d'une corde pour l'interroger mais il ne su répondre sur ce qui lui était arrivé. Le reste des survivants n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines ! »

Durant toute la période de conquête, les Bureaux Arabes font états de phénomènes surnaturels consécutifs à des répressions brutales ou à la surexploitation coloniale. Dans la majorité des cas, les personnes en état de SEUM ne savent pas expliquer ce qui leur arrive ni contrôler leurs pouvoirs. En voulant concilier démarche documentaire et démarche scientifique, les lobby de la plus Grande France commandent des missions photographiques :

"Le développement de la colonisation s’accompagnera de la mise en place de corpus photographiques assez systématiques dans les empires coloniaux afin de « recenser » les ressources naturelles, de surveiller les phénomènes d'apparition du SEUM et de « cataloguer » les collectivités humaines – tout ceci dans une évidente dynamique de valorisation de l’« œuvre » coloniale. Les preneurs d’images furent tour à tour des explorateurs, des militaires, des missionnaires, des savants ou des photographes professionnels. "[2]

La photographie y est choisie pour répondre à un besoin. Elle est utile, au-delà des formes créées. Elle va être utilisée notamment par Joseph Gallieni dans le but de conquérir de larges territoires en déclenchant le moins possible de batailles, de manière à éviter l'apparition d'Anges de SEUM.

Le Grand SEUM[modifier | modifier le code]

L'expression Grand SEUM désigne l'infrastructure nécessaire pour organiser la génération, la circulation et l'exploitation du SEUM à grande échelle. Derrière un concept simple se cache une machinerie d’une grande complexité, impliquant des quantités prodigieuses de ressources émotionnelles.

On note la première occurrence du "Grand SEUM" dans l'ouvrage de Frantz Fanon :

“ Dans le monde colonial, l'affectivité du colonisé est maintenue à fleur de peau comme une plaie vive qui fuit l'agent caustique. Et le psychisme se rétracte, s'oblitère, se décharge dans des démonstrations musculaires qui ont fait dire à des hommes très savants que le colonisé est un hystérique. Ce grand SEUM, cette affectivité en érection, épiée par des gardiens invisibles mais qui communiquent sans transition avec le noyau de la personnalité [...] " Les Damnés de la Terre, page 62.

L'infrastructure du Grand SEUM a été mise en place à partir des années 1946 dans le cadre des politiques coloniales impulsées par Albert Sarrault. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, la République Française devient l'Union Française, ce qui permet de redéfinir le rapport entre la métropole et ses colonies. Les colonies changent de statut. Officiellement ce ne sont plus des colonies, elles deviennent des Outre-mer. Mais concrètement, elles n'ont aucune autonomie politique et dépendent exclusivement de la métropole. La circulation du SEUM est ainsi déployée à l'échelle globale, chaque colonie produisant de grandes quantités de SEUM acheminées en métropole pour alimenter la modernité occidentale. On parle alors de "La Plus Grande France".

Après les indépendances, la République Française doit repenser son modèle d'exploitation du SEUM en créant une infrastructure de circulation du SEUM repliée sur le territoire de la France Européenne. C'est ainsi que les années 70 voient construire une série de Quartiers disséminés autour de la ville, créant un maillage énergétique : c’est le réseau du SEUM, qui envoie ses ondes invisibles jusqu'au centre de Paris.

Le centre, c’est le lieu du rite. C’est sur le rond-point de l’Étoile qu’est célébré l’un des rituels de la République dans un mouvement giratoire codifié, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est peut-être avant tout ce mouvement perpétuel, cyclique, qui garantit le maintien de ce centre de gravité.

C’est toute une cartographie énergétique qui se trame ainsi. Ce flux est à la fois imperceptible et très matériel, précis et très chaotique. En relevant les traces de cette énergie invisible qui tisse tout un ensemble de connexions à partir de ce qu’on considère comme des Quartiers perdus de la République, on parvient à comprendre la manière dont circule le SEUM.

Le SEUM est relationnel : en passant de cœur en cœur, il connecte des individus qui ne seront jamais amenés à se croiser, même si ils vivent dans le même quartier. Relais matériel inconscient d’un territoire élargi au-delà de ses limites habituelles, le SEUM dessine des macro-territoires diffractés, une cartographie invisible. Ce que nous appelons depuis près d’un siècle métropole, et que nous pensions être un urbanisme visant à construire un équilibre qui s’oppose à toute forme d’histoire, est au contraire un laboratoire où les émotions les plus violentes sont exploitées.

Depuis 2016, à l'image de La Plus Grande France, le projet du Grand Paris réactive un vieil avenir, un futur qui a pris de la bouteille. On répète les mêmes infrastructures empoisonnées à des échelles différentes. Cette créature émotionnelle souterraine de 200 kilomètres dessine la ville. Il faut tirer le fil de ces monstres et de ces dieux, pour en tracer la cosmogonie.

Les dangers du SEUM[modifier | modifier le code]

La majorité des personnes en état de SEUM n'en sont pas conscientes. Elles sont passives et traversées par un SEUM qui les empoisonne à petite dose. Ce poison émotionnel ronge les personnes de l'intérieur. La production d'énergie génère de la pollution. Des externalités négatives. Alors que la probabilité estimée de décès entre 18 et 65 ans s’élève à 162 pour 1 000 pour la population peu exposée au SEUM, elle est 1,7 fois plus élevée pour les personnes en état de SEUM (276 pour 1 000).

"Victime du seum et du stress qui détruit nos organes"[3] Humanoïde, Nekfeu, 2016

En contexte Français, l'état de SEUM concerne principalement des personnes non-blanches originaires de l'ancien empire colonial vivants en périphérie des grandes métropoles. L'énergie générée par cette population est captée par les réseaux de la SATP pour alimenter la modernité du centre de Paris.

L'organisation du Grand SEUM pose la question de où commence le privilège de la tranquillité émotionnelle ? Où s’arrêtent les droits émotionnels des habitant.e.s des Quartiers ? Qui peut circuler en ville sans épuisement émotionnel ?

Peut-on se protéger des dangers du SEUM ? On observe que les migrations et les années de colonisations ont sapé les cultures de soin émotionnels des communautés anciennement colonisées. Ce manque de capacité de soin favorise l'accumulation du SEUM.

"J'peux pas aller chez l'bout-mara parce que j'ai peur du ciel

J'peux pas aller chez l'psy parce que j'suis un mec de tess

J'ai plein d'principes stupides que j'dois respecter

Quand on m'demande pourquoi, j'réponds "parce que c'est comme ça au quartier"

93 mesures, Dinos, 2020

Tant que les populations en état de SEUM n'auront pas pris le temps de reconstruire des cultures de soin, elles s'exposent au risque d'apparition d'Anges comme le disait Frantz Fanon :

" Cette réappropriation pénible et douloureuse du SEUM est cependant nécessaire. Faute de la réaliser on assistera à des mutilations psychoaffectives extrêmement graves. Des gens sans rivage, sans limite, sans couleur, des apatrides, des non-enracinés, des anges. ” LES DAMNÉS DE LA TERRE, Frantz Fanon, 1961, p203-204

La Guilde du Grand SEUM[modifier | modifier le code]

Fichier:Yakomaru.webp
Yakomaru / Squealer - Shinsekai Yori

Organisation clandestine constituée de personnes éveillées au SEUM. Leur objectif est de maitriser leur SEUM et de renverser l'ordre colonial grâce à une attaque coordonnée de Paris. Iels sont convaincues qu'il existe une sorte de règle énergétique de réversibilité du SEUM. Adieu le linéaire, disent iels. Bonjour le réversible. Le SEUM serait la petite dose de poison nécessaire à la réalisation d'un vaccin contre l'ordre colonial.

"J'me promène dans les beaux quartiers avec le seum qui fait peur aux riches" Au DD, PNL, 2019

Contrairement aux personnes en état de SEUM passif, les membres de la Guilde cherchent à se réapproprier stratégiquement l'énergie produite par le SEUM. Iels refusent l'exploitation de leur SEUM par les réseaux de la SATP. C’est cette insoumission à l’ordre urbanistique qui leur vaut d'être traqués par les forces de l'ordre.

Iels sont réparties en section organisées au cœur des Quartiers. Dans ces petits espaces indomptés prolifèrent des usages du SEUM qu’aucun cadastre n’avait recensées ni ne parvient à exploiter. Les Quartiers n’auront finalement jamais été les cellules de production de SEUM dont rêvaient les pouvoirs publics, mais tout au contraire des échappatoires. La ville vécue ne se réduit jamais à la ville prévue.

Une des figures tutélaire de la guilde est Yakomaru (野狐丸), aussi connu sous le nom de Squealer. Ce personnage du manga Shinsekai Yori leur sert de repère politique.

En s’emparant d’un même mouvement du réel et de sa part de fiction, les membres de la guilde juxtaposent ce qu’iels sont et ce qu’on leur enjoint d’être, leur singularité et leur identité, tous les moyens sont bons quand il s’agit de se réapproprier ce qui ne tient pas en place.

Études et représentations du SEUM[modifier | modifier le code]

L'étude de la génération, de la circulation et de l'exploitation du SEUM permet d'appréhender la métropole du Grand Paris sous des angles différents tout en prenant en compte l’époque que nous traversons. Comment se construit la visualisation d’un territoire ? Comment cette visualisation constitue-t-elle un élément essentiel pour modifier l’approche du territoire par celles et ceux qui l’habitent, le font ou le traversent ?

Les méthodes de représentation du SEUM cherchent à rendre visible l’invisible. Ces représentations génèrent souvent une vue surplombante sur la ville, ce qui revient à l’aplanir, à en perdre la complexité. Reste à savoir si le SEUM est réel ?

Le réel est toujours pour partie fictionnel : on ne gagne rien à tenter d’enlever l’écume de mots dont les siècles l’ont recouvert. Le Grand Paris comme le Grand SEUM sont des réels lourdement lestés de fiction, un tourbillon de fictions. Que peut-on attraper au milieu d’un tourbillon ?

La stratégie du portrait[modifier | modifier le code]

Dans l'objectif de déjouer le flou de la multitude et de briser le carcan de la catégorie, les scientifiques ont démontrés que l’irréductible particularité d’un visage forme toujours l’amorce d’une histoire.

Pour appréhender les formes du SEUM il faut envisager un travail de récolte de récits. Un réseau de noms propres qui tous appellent une biographie, le récit chronologiquement ordonné d’une existence : les « vies exemplaires », forme primordiale de la littérature et de l’histoire.

Cette récolte est similaire à une enquête ethnographique à la fois personnalisée et anonymisée. Les collages mettent en évidence le décalage, la difficulté de retrouver un ancrage après un déplacement, ainsi que le risque d’un hors-sol dans la superposition imparfaite des territoires et des vies.

Nous observons l’espace à travers les corps en état de SEUM et nous voyons ce qu’iels sont en train de regarder. Iels deviennent corps énergies. Cette stratégie du portrait nous donne autant de versions du SEUM que de points de vue, ou de corps énergies.

Voir le SEUM au travers des êtres et des lieux, c’est s’emplir de leur présence sans les murer d’emblée dans notre regard rationnel. C'est accueillir ce dont iels sont porteureuses, leur irréductible singularité, sans la soumettre à ce que nous imaginons. Mis bouts à bouts, ces fragments de récits ne composent pas une nouvelle image kaléidoscopique du Grand SEUM : ils donnent à voir la réalité intrinsèquement plurielle de cette énergie, l’entrelacs de fictions – plus ou moins collectives – qui forment sa trame et qu’il est impossible de démêler.

Le combat de l’historien, c'est de renoncer à la mythologie de la vérité majuscule. Il doit plutôt essayer, de façon modeste mais plus robuste, de décrire au plus juste, éclat par éclat cette histoire schizophrénique.

Abass, DÉNI[modifier | modifier le code]

Abass approche de la 40aine. 40 années de vie au LUTH, sa cité, son village, ici il connait tout le monde. Chaque matin il part travailler au cœur de la métropole. Les noms des station rappellent les espaces où circulent les émotions récoltées çà et là, que des familles transportent dans des valises le long du RER C.

Abass est gardien de musée, comme son père avant lui. Il protège les trésors du pays de sa mère, exposés au cœur de la métropole.

Par exemple, ce costume vient de Bandiagara, au Mali, où a grandit sa mère avant de rejoindre la France par le biais d'une procédure de regroupement familial.

C'est que le père d'Abass était déjà en France. Il y est même né. Il est de la première génération d'enfant issus de l'immigration Sénégalaise. Mais Abass ne le voit pas comme ça.

En réalité la famille de son père est Française depuis 1872. C'est la date à laquelle toutes les personnes de Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar au Sénégal ont obtenue la nationalité française. Son grand-père était donc déjà un citoyen français avec le droit de voter et le devoir de se battre contre les Nazis puis contre les Algériens en quête d'indépendance.

Mais Abass n'a jamais eu accès à l'histoire complète. Les vieux de cette époque ne répondaient pas facilement aux questions.

Secrètement, chaque week-end, rejoint rejoint le QG de la Guilde du Grand SEUM hébergé clandestinement dans le vestiaire du gymnase Gaston Monnerville.

Cela fait maintenant 4 ans qu'il a éveillé son SEUM. Ça s'est passé au travail, un matin lors de l'accueil d'une classe de Lycée parisien. Pendant qu'une jeune institutrice blanche le questionnait devant toute la classe sur sa nationalité, il a remarqué une élève noire juste derrière elle. La seule noire du groupe. Elle le regardait dans les yeux, complètement terrifiée. Avant qu'il ne s'en rende compte, la classe entière était en train de hurler au point que le musée fut évacué et fermé pendant une semaine. Devant leurs yeux, l'institutrice semblait s'être évaporée.

C'est en rencontrant les membres de la Guilde du Grand SEUM, 2 ans plus tard, qu'Abass a comprit qu'il devrait apprendre à maitriser ce qu'ils appelaient un Seum de déni.

Sheïma - COLÈRE[modifier | modifier le code]

Sheïma est la dernière fille de sa mère. La seule à être née en France. Elle se prépare à débuter ses études supérieures. Sortir de la ville sortir du Quartier. Elle se demande si elle est prête à affronter le monde extérieur. Pas qu’elle soit timide mais elle ne sait pas comment ils sont les « français ». Est-ce qu’ils écoutent BTS, est-ce qu’elles aiment les mangas, est-ce qu’on va lui demander si elle mange du porc ?

Sheïma s’en est bien sorti à l’école, un bac avec spécialité éco-gestion, mais elle a d’autres ambitions. Elle veut devenir styliste en Corée, ce qui a tendance à faire bégayer les conseillères d’orientation. On lui a présenté une série de formations professionnelles, apprentissages et autres techniques pour gagner de l’argent vite et se stabiliser ! C’est pour ça qu’elle veut partir, quitter la ville et quitter la France, mais de là à se retrouver à Aix-en-Provence… c’est pourtant la meilleure affectation que lui propose ParcoursSup.


Sa maman n’a pas l’air contre l’idée, d’autant qu’elle a des choses à faire à Aix. Depuis longtemps elle garde un secret. Un de ceux qu’on a du mal à dire à ses enfants. Elle cherche à comprendre comment sa propre mère est arrivée en France.

Elle espère que c’était avant la guerre mais elle en doute de plus en plus sans oser demander. C’est pour ça qu’elle doit se rendre à Aix-en-Provence. C’est là que se trouvent les Archives de la France d’Outre-Mer, les archives de l’Empire Colonial Français. Elle espère y trouver un acte de naissance, un document d’immigration, tout ce qui pourrait lui révéler si ses parents étaient, ou pas, des Harkis. Bel espoir, joli rêve, mais dont quiconque a enduré un jour le mutisme des archives sait le caractère irréalisable.

C’est pour ce rêve qu’elle a accepté d’accompagner Sheïma au concourt d’entrée de l’école d’Aix-en Provence.

Départ de la maison à 6h30, direction Gare de Lyon, un train archi complet, Sheïma est fière de la daronne. A leur arrivée il faut encore prendre un bus. Après avoir validé leurs tickets, Sheïma ose enfin demander à sa mère le sujet de ses recherches aux archives. Mais avant d'avoir une réponse, elles sont interrompues par un contrôle des titres de transports. Sa maman à du faire tomber son ticket dans le bus car il est introuvable même en vidant son sac à main sur le fauteuil. Les contrôleurs sont intraitables. Ils se moquent discrètement d'elle sans se rendre compte que Sheïma les entends. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le bus s’enflamme.

Rankumar - CONFUSION[modifier | modifier le code]

Rankumar vient d'ouvrir son propre restaurant Indien au cœur de la métropole. Un concept nouveau, destiné à une clientèle de jeunes bobos adeptes de livraisons à domicile. Il met l'accent sur la production artisanale de ses plats. Sur son site, une grande photo de sa tante propose de nous plonger dans les secrets culinaires du Tamil Naduu.

A entendre ses blagues, à voir ses belles chemises et son sourire, on a du mal à réaliser à quel point Rankumar revient de loin.

Il y a 3 ans, jour pour jour, son père s'est ôté la vie. Un choc auquel Rankumar semblait s'être préparé depuis l'enfance.

Son père était arrivé en France à 20 ans. Originaire de Pondichery, il a grandit en admirant les bâtiments français qui structuraient cet ancien comptoir colonial.

Plus jeune, il rêvait d'être architecte pour allier architecture Tamoule et Française. Mais arrivé à Paris par le biais d'une filière clandestine, il a d'abord dû rembourser le passage. Plus de 20 000 €. Pas d'autre solution que de travailler comme la plupart des tamouls de Paris, dans la cuisine d'un grand restaurant.

C'est comme ça qu'il s'est spécialisé dans la cuisson des bavettes et des bœufs bourguignon, à tel point que son chef répétait "les meilleurs aligots que j'ai mangés on toujours été cuisinés par des indiens". C'est aussi là qu'il a rencontré sa femme. Celle qui lui donnait l'envie de se lever le matin. La seule a qui il a jamais fait confiance.

Elle était arrivée du Sri Lanka quelques années auparavant. Bien intégrée dans la communauté, elle s'occupait d'une association d'enseignement de la langue Tamoule pour les enfants nés en France. C'est elle qui lui a donné l'idée d'ouvrir son propre restaurant.

Avant même de finir de rembourser sa dette, il a décidé d'ouvrir un restaurant traditionnel Auvergnat. Auvergnat, parce qu'il y en avait peu à Paris et qu'il était bien meilleur en cuisine Auvergnate que les auvergnats eux même.

Mais le restaurant n'a jamais décollé. Le public n'était pas prêt à voir un patron indien dans un restaurant Auvergnat. Entre les moqueries et les factures qui s'accumulaient, le père de Rankumar a perdu de vue l'horizon qui lui permettait de se sentir fier.

Tout le monde à été surpris quand Rankumar à décidé de quitter sa carrière prometteuse à la BNP pour ouvrir son restaurant indien nouveau concept. Personne n'a compris qu'il y voyait un hommage à son père. Et de toute façon, il ne pouvait plus rester à la BNP car il lui était arrivé une drôle d'aventure dont on lui expliqua plus tard qu'il s'agissait de l'éveil de son SEUM. Un SEUM de confusion.

Il était en stage Team Building avec ses collègues la BNP lorsqu'il apprit la mort de son père. Mais la façade de bonne humeur et de nonchalance qu'il avait passé des années à consolider n'était pas prête de céder. Aussi, au beau milieu d'une séance d'accrobranches, après être resté silencieux, sous le choc du coup de téléphone, il entra dans une euphorie frénétique à la limite de l'hallucination.

L'ensemble du groupe se mit à tabasser joyeusement le manager tyrannique qui les avait inscrits au stage avant de démarrer 1h30 de chorégraphies des derniers films de Vijay et de pleurer ensemble en se serrant dans les bras à la manière d'un igloo humain au centre duquel Rankumar était blotti.

A la fin de la journée, l'euphorie s’arrêta sans que personne ne comprenne ce qui s'était passé. Le manager, qui avait participé à la chorégraphie et à la séance de pleurs, fut emmené à l’hôpital pour soigner ses multiples blessures. La majorité des collègues, traumatisés, prirent un congé maladie, et Rankumar posa sa démission dans la semaine qui suivit.

Marie-Anne - PEUR[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui Marie-Anne est fière de se décrire comme Guadeloupéenne. Pourtant elle est née en France Européenne, où elle a grandit jusqu'à ses 8 ans. Ses parents sont arrivés à Sarcelles en 1978 via le BUMIDOM. A l'époque, Paris avait besoin de personnel administratif peu cher et on fit appel massivement aux populations ultramarine.

Ça n'a pas été simple pour Marie-Anne de se faire une place à l'école. Elle avait à peine quelques bases de créole. Mais en grandissant, elle s'est attachée à l'ile de ses parents, à son histoire, à sa terre, à sa culture.

Depuis 2018, Marie-Anne est de retour en France Européenne pour mener un combat de longue durée autour du scandale du chlordécone.

Le chlordécone est un insecticide extrêmement toxique qui a été interdit en France dans les années 1990 sauf aux antilles où les planteurs de bananes on obtenus une dérogation pour continuer à l'utiliser malgré les risques. Selon une étude menée à grande échelle par Santé publique France en 2018, en Guadeloupe 95 % de la population est contaminée et en Martinique 92 %.

Marie-Anne est, ce qu'on appelle un Ange. Son niveau de SEUM est colossal. Il résulte de l’accumulation d'un SEUM, transmis de générations en générations depuis ses ancêtres exécutés lors de la révolte d'esclaves au prêcheur en Martinique, jusqu'à ses parents intoxiqués par le Chlordécone dans les années 1970.

Marie-Anne maitrise un SEUM de peur qu'elle compte bien mettre au service de la Guilde du Grand SEUM.

David - TRISTESSE[modifier | modifier le code]

Depuis l'enfance, David a subit les moqueries de ses camarades originaires d'Algérie, du Sénégal, de Madagascar… On l’appelait "le chinois".

Pour se protéger, il a fait le déni sur sa langue maternelle et sa culture d'origine. Il a tout fait pour s’intégrer jusqu’à devenir le meilleur rappeur de la tess.

Il a fait des conneries pour aller à l’encontre des préjugés concernant les asiatiques. Il ne sera ni poli, ni discret.

Il a mis du temps avant avant de comprendre que le vide au fond de lui ne serait pas comblé par le respect que les autres lui portait. Il y avait des choses à soigner à l'intérieur. Dans la famille, dans l'intimité.

L'histoire de sa mère déchirée par la guerre au Vietnam, les traumas qu’elle cache derrière sa politesse. Elle lui répétait souvent cette phrase qu'il n'a jamais compris : « Une famille ne respire et n’est féconde que si des femmes et des hommes (non parfaits) font librement des choix qu’ils assument devant le jugement de l’histoire. »

Il a toujours cherché à occuper le vide, à prendre la place, à combler l’absence autant qu'il le pouvais. C’est Émilie, sa compagne, qui le guide dans ce chemin.

Elle vient du 13ème, ancrée dans la communauté vietnamienne, elle est à l’aise et fière de qui elle est. C’est en s'accrochant à elle qu'il parvient à tenir debout et affronter la vie.

Depuis qu'il a arrêté les intérims, David est homme au foyer. Il s’occupe de leurs 3 filles. Parfois, à la sortie de l'école il voit la boucle se répéter, les moqueries, les yeux tirés... Surtout depuis le COVID. Sa petite sœur galère aussi, fétichisée par les copains blancs qu’elle déniche sur tinder.

Sur les conseils avisés d'Emilie, David a enfin accepté d’aller voir une psy. Mais chaque mot qui sortait de sa bouche semblait résonner avec les douleurs les plus intimes de la psy qui a dû interrompre la séance au bout de 20minutes en pleine crise de larmes. C’était l’éveil du SEUM de David. Un SEUM de tristesse.

Hirohiti - SÉRÉNITÉ[modifier | modifier le code]

Ça fait 10 ans qu’il n’est pas rentré au pays. Après des études en métropole il a enchainé avec un logement social dans la cité des ????. C’est le seul polynésien de la tess et sans doute de la ville.

Les gens pensent qu’il est Latino, on lui lâche des « El Chapo », des « Escobar » et des « Gringo » quand il rentre du Lidl. Et quand les gens osent lui demander d’où il vient, il leur demande s’ils ont regardé Koh Lanta : La Légende. Celui qui est sorti en 2021. Y’avait Freddy, Karima, Coumba, Teheiura. Et bien cette saison se déroule sur l’île Taha’a, la 2ème plus grande Ile Sous le vent, dont vous connaissez sans doutes une autre île : Bora-Bora.

C’est là qu’il a grandit. Avec environ 4000 habitant.e.s, Taha’a est principalement connue pour sa culture de la vanille exploitée localement puis intégrée dans l’économie mondiale depuis les colonisations, Britannique puis Française.

La plupart du temps, les gens les gens veulent savoir si les polynésiens se baladent toujours torse poil avec des feuilles de palmiers sur le sexe, mais Hirohiti ne répond pas. Ils ont cas venir voir par eux même.

Il est content d’être en France Européene, c’est le seul de sa famille à avoir bougé. Il est bien dans ses basket même si le pays lui manque. Il s’est rapproché d’une groupe d’amis LGBTQUIA+ au contact desquels il prend le temps d’explorer son identité, son corps, sa sensibilité.

En 2018, en sortant d'un restaurant, son groupe est pris à parti par des passants transphobes. Ils sont en infériorité numérique alors face au risque, deux de ses amis dévoilent leurs techniques de SEUM de colère. En deux minutes, les assaillants sont dispersés et Hirohiti est abasourdi. Il mettra près de 4 mois, à leur contact pour éveiller son propre SEUM. Un SEUM de sérénité.

Esther - JOIE[modifier | modifier le code]

Au pays, le papa d'Esther c’est quelqu’un d'important. Mais actuellement, Esther habite en France avec sa maman et son petit frère. Bonne à l’école, elle a toujours été ambitieuse. Le genre qui veut être ministre, médecin ou avocate. On lui raconte à quel point ses ancêtres étaient des personnes importantes.

Son grand père à connu Félix Houphouët Boigny. Il était membre du PDCI jusqu'à ce que ça tourne d’une manière., et là il a pris ses distances. Il travaillais comme attaché parlementaire et il a contribué à l'écriture de la constitution française sous la 4ème et la 5ème republique. Ça, Esther le sait ! Et elle ne manque pas une occasion de le rappeler a ses profs d'histoires qui ne savent pas de quoi ils parlent quand ils racontent que la France à accordé l’indépendance aux pays africains.

Elle essaye de leur expliquer la plus importante de l’histoire. Celle sur laquelle travaillait son papi à elle.


Au lieu de présenter une histoire binaire de la colonisation VS la décolonisation, ils devraient expliquer en détail les 15 années qui séparent la fin de la seconde Guerre Mondiale et le début des indépendances.

A cette période est née l’Union Française. La France n’était plus officiellement un Empire colonial. Les états de l’union étaient associés au sein d’un ensemble dirigé par la France, ce qui permettait aux africains d’être représentés au parlement et à l’assemblée nationale, mais sans réelle égalité politique.

Son grand-père s’est battu pour que tous les citoyens de l’Union aient les mêmes droits. Il s’est battu pour que la république soit réellement une et indivisible, mais à l'époque, les blancs étaient terrifiés par le fait que si l’égalité était réellement mise en place, ils se retrouveraient en minorité raciale au sein d’un empire extrêmement diversifié. Pour défendre la suprématie blanche, il ne leur restait plus d’autre option que de provoquer hâtivement l’indépendance bancale des colonies africaines.

Cette histoire, Esther en parle dans ses tweets et lors des réunions militantes qu’elle organise pour les abonnées de sa page Afroqueens 94. Son énergie, sa bonne humeur et sa détermination lui confèrent le respect de sa communauté.

Cette même détermination qui lui a permis de devenir responsable de section pour la Guilde du Grand Seum.

Elle prépare depuis 2 ans la mise en place d’une attaque coordonnée de la métropole. Chaque section de la Guilde devra frapper fort et de manière simultanée. Dans sa section, cinq personnes sont en passe de devenir expertes en manipulation de SEUM. Trois nouvelles recrues ont encore du mal à maitrise leurs nouveaux pouvoirs. Avec le renfort d’un Ange venu d’Arlit au Niger, Esther espère avoir une section opérationnelle d’ici la fin de l’année.

Elle maitrise un puissant SEUM, un SEUM de joie.

Antoine - PEUR[modifier | modifier le code]

Antoine est blanc, de famille blanche mais pas de Paris. On lui raconte des origines Auvergnate du côté paternel et Normande côté Maternel. Il aime se dire métis viking et gaulois.

Lui aussi a grandit en cité, dans le 93. Très jeune il a été racketté sans parvenir à en parler à son père, un vieux prof gauchiste incapable de comprendre la teneur du bizutage postcolonial auquel il exposait son fils.

Depuis Antoine est décidé à faire le ménage pour que plus jamais des enfants ne vivent l'impuissance d'avoir été agressés sans défense ni justice.

Antoine sait que le rapport de force joue en sa faveur. Il va pouvoir se venger en toute impunité. Il a récemment été affecté aux BRI. Sur son frigo, il affiche une modeste photo de Papon, préfet de police lors de la répression sanglante des algériens le 17 octobre 1961.

Quand les collègues d'Antoine se demandent si, au fond, les jeunes n'ont pas raison de se révolter, il aime les rappeler à la réalité en citant l'écrivain Renaud Camus, qui disait :

"Il n’est pas très courant de voir un peuple durement opprimé accourir, tout juste libéré, chez son oppresseur, pour demeurer sous son administration ; il faut croire que la France, en fait, n’avait pas laissé sur l’autre rive de la Méditerranée un trop mauvais souvenir pour que ses ex-assujettis n’aient rien eu de plus pressé, à peine sa tutelle écartée, que de se précipiter sur son sol. Ou bien venaient-ils en conquérants ?"

Les collègues d'Antoine s'en battent clairement la race et ne comprennent pas vraiment pourquoi il persiste à jouer l'intello, mais il tient vraiment à leur faire comprendre ce que Camus appelle le Grand Remplacement :

Au départ Camus explique que la France n'a pas réellement colonisé le monde, à part l'Algérie et le Canada. Et même dans ces colonies au final, la population Française était très faible par rapport aux Indigènes donc y a pas eu de remplacement. Pourtant, lorsque les indigènes se sont révoltés, personne n'a défendu les Pieds Noirs violemment chassés d'Algérie. Tout le monde a accepté que l'indépendance nécessitait que les Français quittent le territoire Algérien. Mais quand, ensuite les Algériens arrivent massivement en France, plus personne n'accepte que la France exige leur départ pour préserver son indépendance. Tout le monde regarde silencieusement le peuple Français se faire contre-coloniser. La Contre-colonisation, c'est ça la base du discours de Camus.

C'est ça qui a touché Antoine et qui lui permet de tenir tête aux wokistes décoloniaux, ou plutôt, aux wokistes contre-coloniaux.

Antoine est un exemple du fait que le Grand SEUM constitue une fiction instable : un lieu d’énonciation que sont susceptibles d’occuper – de squatter parfois – des narrateurs antagonistes.

Projets de Déseumisation[modifier | modifier le code]

Aujourd’hui, Paris «s’étale » et les Quartiers sur lesquels était prévue l'exploitation du SEUM sont au cœur des installations du Grand Paris : la ville du futur se superpose au souvenir de cette énergie empoisonnée.

Ainsi, ruines de l’histoire et chantier de la ville future se télescopent et se réunissent. Les deux états énergétiques se rencontrent, mais le but n’est plus le même : il ne s’agit plus de générer du SEUM, mais d’implanter une nouvelle population à l'avenir paisible ; il ne s’agit plus de détruire, mais de construire.

Dans le contexte de l'expansion d’une ville mythique, Paris, le Grand SEUM interroge notre rapport même à l’espace, à nos émotions et à l’histoire. Au moment où le Grand Paris est en train de se construire (physiquement mais aussi par l’écriture de son récit fondateur), il devient urgent de repenser le SEUM.

Repousser les Quartiers de SEUM est un désir exprimé dans toutes les politiques tournées vers des questions sociales, comme ce fut le cas, par exemple, en Seine-Saint-Denis après les révoltes urbaines de 2006. Alors que s’annonçait, en France, un débat sur le rôle positif de la colonisation, Jérôme Bouvier, journaliste de Radio France eu l'idée de lancer la création d'un réseau de centres d'innovations appelés Ateliers DeVinci. Ce réseau serait ancré au cœur des Quartiers présentant des risques d'apparition d'un ou plusieurs Anges.

Les Ateliers DeVinci ont pour objectif d'accueillir en résidence des innovateurices venues des métropoles du monde entier, dont le rôle est de trouver des moyens de faire baisser le niveau de SEUM, sachant qu'une partie de ces innovateurices sont elles et eux mêmes issues des Quartiers. Quelque chose comme la prise d’un avant poste en territoire ennemi, l’établissement d’une tête de pont par-delà la ligne de front. Dans l’espace démesuré des périphéries parisiennes, les Ateliers DeVinci se distinguent par leur appartenance culturelle au centre ville.

Les Ateliers DeVinci demandent aux innovateurices d’« impliquer » les habitants dans leurs projets. Cette démarche participative, adoptée depuis quelques années dans nombre de projets de déseumisation est une façon d’éviter les écueils nés d’une fracture potentielle entre les innovateurices et les populations en état de SEUM. La « consultation des habitant.e.s » – motif clé du discours de déseumisation – vise à prévenir les différends autant qu’à les régler en évitant le recours à la police. Jamais la fabrique du grand récit n’est plus visible que dans les opérations de langage au moyen desquelles il abrase les aspérités vernaculaires qui contrarient son principe d’abstraction.

Cependant, la plupart des innovations peinent à s’inscrire dans les mémoires. Les manuels qui les accompagnent expliquent rarement les intentions et ne décrivent pas plus les méthodologies ni les processus de déseumisation mis en places.

Les Ateliers DeVinci envisagent la diffusion comme partie intégrante du projet. Il peut s’agir d’expositions ou de publications web ou papier qui dévoilent les méthodologies obtenues, montrent les travaux en cours, font appel à des spécialistes de différentes disciplines afin de faire dialoguer réflexions et exercices pratiques de déseumisation.

Les lieux d’exposition dessinent une autre géographie de la métropole : les résultats sont présentés aux Comptoirs Généraux, à Montrouge et au Musée du Quai Branly, soit à la périphérie et au centre.

Mais cette infrastructure qui a la capacité d'influer sur les flux de SEUM, peut aussi générer des phénomènes d’exclusion et d’isolement. Dans le contexte de ce processus de métropolisation du monde, les innovateurices ont du mal à échapper aux systèmes d'exploitation dominants. La ville ainsi produite reste une sorte de pathologie qui témoigne de notre plus grande faiblesse. Tout revient à une relation de domination, de manipulation et d’extraction qu'une partie des êtres humains exercent sur le reste, réduits à l’état de simple bouts de matière émotionnelle. Une sorte de paternalisme, souvent soutenu par les meilleures intentions, nous aide à refouler le fait que toute ville moderne suppose une inégalité entre les périphéries et les centres.

Historiquement, la plupart des cycles de renouvellement du paysage parisien n’ont été possibles qu’à travers de violentes phases de destruction. Est-il possible de produire un nouveau récit autrement qu’en faisant table rase ? Pour échapper au cycle dual de la destruction et de la reconstruction, la réponse est peut-être à chercher dans nos mythologies.


" La citation en corps de texte constitue, par contraste, l’arme par excellence de toute guérilla narrative contre les Grands récits : elle les troue de part en part, ouvre dans les discours d’autorité les brèches par où s’entraperçoivent les récits particuliers qu’ils ont dû mutiler pour s’édifier. "

Romain Bertrand - EN NOM(S) PROPRE(S) - Regards du Grand Paris