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Utilisateur:Froideval67/Brouillon/Alice Daul (épouse Gillig)

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Alice Gillig née Daul le à Strasbourg (Bas-Rhin) est une résistante française. Durant la seconde Guerre Mondiale elle appartient au réseau d'évasion l'Equipe Pur Sang qui est composé de Guides de France. Elle est militante de La Vie Nouvelle et de l'Union féminine et sociale (UFCS). Elle est décédée le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Une famille francophile et patriote[modifier | modifier le code]

Alice, Jeanne, Joséphine Marie Daul est née allemande le à Strasbourg pendant l'annexion de l'Alsace de 1970-1918. Comme beaucoup d'alsacien, elle changera quatre fois de nationalité au grès des évènements historiques de sa région (1870 Allemande, 1918 Française, 1940 Allemande, 1945 Française). Elle a été élevé dans une famille profondément francophile et patriote[1].

Son grand-père, François-Xavier Daul (1855-1911) est le co-fondateur de la Distillerie Strasbourgeoise " Pfister et Daul : Dolfi "[2]. Sa grand-mère n'a jamais accepté l'annexion de l'Alsace en 1870 par les Prussiens. Elle ne s'exprime qu'en français et envoie ses enfants étudier à Nancy (Meurthe et Moselle) pour qu'il maitrise parfaitement la langue française[1].

Son père, Charles Daul (1887-1963) succède à son père à la direction de la distillerie. Sa mère Adèle Bich (1891-1976) l'assistait dans la gestion du personnel[1].

Comme la majorité des Alsaciens (français avant 1870), la famille est réintégrée en 1919[1].

Alice fréquente pendant toute sa scolarité l'institution Notre-Dame de Sion où elle obtient son baccalauréat en 1936. Elle s'investit dans le scoutisme[3].

Elle entre au sein des Guides de France. Elle choisie Bayard comme totem et prononce sa promesse en [3].

Elle s'inscrit à l'académie de médecine pour devenir infirmière et signe un engagement comme infirmière militaire en cas de guerre[1][3].

En 1938, elle s'inscrit avec sa sœur Marie-Thérèse à l'Institut d'Enseignement Commercial Supérieur de Strasbourg (IECS)[1][3].

Son action pendant la seconde Guerre Mondiale[modifier | modifier le code]

En , la guerre interrompt ses études et elle est mobilisée comme infirmière militaire au mont Sainte-Odile puis à Neufchâteau (Vosges). En , elle est démobilisé à Pau (Pyrénées Atlantique)[3].

Elle rentre à Strasbourg et travaille comme secrétaire-comptable dans la distillerie familiale La Cigogne de Strasbourg[3]. Elle rejoint Lucienne Welchinger qui est responsable des Guides de France pour Strasbourg et qui crée le réseau Equipe Pur Sang auquel elle adhère avec sa sœur Marie-Thérèse.

Au début, il ne s'agit d'adoucir le sort des prisonniers de guerre très nombreux à Strasbourg en leur faisant parvenir du linge, de la nourriture des cigarettes et de faire passer le courrier.

En , Lucienne et Lucie Welker font fuir deux officiers polonais évadés à travers les Vosges. C'est le premier succés à l'origine de la filière d'évasion de l'Equipe Pur Sang au sein duquel Alice s'engage entièrement.

Avec Lucie Welker, elle trouve un passage derrière le cimetière d'Hégenheim (Haut-Rhin) permettant de passer en Suisse. Ce passage n'est utilisé que six mois car trop dangereux. Avec sa sœur Marie-Thérèse elle recherche un nouveau passage dans la vallée de Munster. Elle en trouve un au rocher du Tanet situé à 1100 mètres d'altitude, entre le col de la Schlucht et le lac Blanc[4]. Les rondes des douaniers sont réglées à la minute près, les moments propices sont faciles à déterminer. Le site est également très fréquenté pour des excursions ce qui permet de faire passer les évadés pour des randonneurs surtout le Weekend[3]. Après le passage de la frontière les fugitifs sont accueillis par les Sœurs de Notre-Dame de Sion à Gérardmer (Vosges) puis grâce à des cheminots résistants ils sont acheminés sur Lyon. L'hiver - interdit l'accès au massif de Tanet. Lors d'un passage d'évadés, Alice et sa sœur se retrouve prisonnière d'une tempête de neige. Il faut trouver un passage moins élevé. Il est trouvé à Landange (Moselle)[3].

D' à , 350 prisonniers ou réfractaires retrouvent la liberté grâce au réseau de l'Equipe Pur Sang. Les six jeunes cheftaines Scouts préparaient et guidaient les fuyards. Elles avaient établie des réseaux d'entraide pour trouver des lieux d'hébergements, des vêtements, de la nourriture, de l'argent et des faux papiers. Leurs connaissances de leur région, leur entrainement à la marche , leur pratique des cartes et de la boussole dus au scoutisme étaient d'un précieux secours. Le à h 30 Alice et sa sœur prennent en charge à la gare de Strasbourg Marcel Rudloff, le futur maire de Strasbourg. Elles lui font passer la frontière par le rocher du Tanet dans la vallée de Munster[5].

Le , de retour d'un passage en France de l'intérieur[6],Lucie Welker est arrêté à la gare d'Avricourt (Meurthe-et-Moselle) par la police allemande. La Gestapo trouve la liste des membres du groupe dans son logement. Alice est arrêté le sur son lieu de travail à Strasbourg. Avec elle presque tous les membres du réseau sont arrêté et enfermés à la prison de Kehl (Allemagne). Après plusieurs semaines d'interrogatoire elles sont transférées au camp de redressement de Schirmeck le [3]. Alice Daul continue de provoquer les autorités nazis, dans le camp elle confectionne des coussins à épingles aux couleurs tricolores, assortis de breloques telles que la croix de Lorraine, les armoiries de Strasbourg ou la croix scoute [7]. Un coussin est encore visible dans la collection du musée historique de Strasbourg.

Le à la prison Sainte-Marguerite de Strasbourg, Alice est sa soeur sont jugées par le tribunal du peuple (Volksgerichtshof) de Strasbourg[8]. Le elles sont condamnées à huit ans de prison pour aide à l'évasion[9]. Le Alice est déportée à Stuttgart (Allemagne). En , elle est transférée à la maison centrale de Ziegenhain au nord de Francfort-sur-le-Main pendant deux ans[3]. Le travail y est obligatoire et consiste à coudre des boutons sur des toiles de tentes militaires pendant dix heures par jours sans chauffage. Les détenues sont par huit dans une cellule individuelle ne contenant qu'une seule paillasse.

Son évasion[modifier | modifier le code]

Alice décide de préparer son évasion. Grâce à ses compétences professionnelles elle travaille au bureau de la prison et peut circuler sans attirer l'attention. Avec ingéniosité et patience, elle se procure tout ce qui est nécessaire à son projet (papiers administratifs, cartes, équipements, habits, provisions…). Le elle décide de s'évader car elle vient d'apprendre que Strasbourg est libre depuis le et aucune représailles ne peut plus être exercés sur sa famille. Elle se cache dans la prison. Après être restée toute la nuit à démonter la serrure d’une porte, elle doit renoncer[9]. Au petit matin en retournant à sa cachette, elle saisie l'opportunité de sortir par la porte que vient d’ouvrir la gardienne qui surveille les détenus préparant le petit déjeuner des prisonnières. Elle se retrouve en dehors de l'enceinte[10].

Se guidant avec les étoiles, elle se dirige immédiatement vers la ville la plus proche, pariant sur le fait que les recherches pour la retrouver seront lancées en direction de la forêt, destination logique celon elle de tout fuyard. Vers h du matin, sur la route, un gendarme à vélo la repère et l’attrape par le bras. Elle garde son sang-froid, prend un ton courroucé et lui demande ce qu’il veut une heure pareille. Surpris, le gendarme la lâche. Alice coupe immédiatement à travers les champs inondés, traverse par deux fois des cours d’eau à la nage[10].

Elle rencontre un prisonnier de guerre qui lui donne de l’argent ce qui lui permet de prendre le train en direction de la Suisse[9]. Elle parcourt 600 km à pied et en train dans une Allemagne en pleine débâcle, se cachant, échappant par deux fois à des attaques de train par l’aviation alliée. Alice arrive le près du Lac de Constance à Singen à deux kilomètres d’une enclave suisse en Allemagne. Dans la nuit, elle se glisse sous l’énorme réseau de barbelés marquant la frontière. Elle atteint en loques, ensanglantée et échevelée le poste frontière suisse le vers h du matin[10][9].

Elle est rapatriée en France le .

L'après guerre[modifier | modifier le code]

En les femmes obtiennent le droit de vote. Alice est élue conseillère municipale de Strasbourg. Elle est une des trois premières femmes à occuper cette fonction à Strasbourg[3]. Elle ne se représentera pas car elle ne s'estime pas faite pour une carrière politique[11]. En elle marie sa sœur en tant qu'officier d'état civil[1].

Le elle épouse Cyrille Gillig qu'elle a connu pendant ses études. Son époux est aussi un résistant. Avec cinquante officiers alsaciens il est désigné pour être incorporé dans les Wafen SS. 42 refusent de porter l'uniforme allemand est sont envoyés au camp de concentration de Neuengamme au nord de l'Allemagne. Vingt survivants seront libérés par les anglais. Le couple aura six enfants[1].

Elle ahère à Jeune Alsace, l’institution mise en place par l’administration de l’Éducation nationale, la première Armée et les organisations de résistance alsaciennes qui veulent promouvoir la reconstitution des mouvements de jeunes d’avant-guerre[12]. Alice Daul est chargée de la formation des cheftaines du mouvement catholique Guides de France. Comme la majorité des membres de Jeune Alsace, Alice Daul participe à l’activité de l’Union nationale alsacienne pour la rénovation (UNAR)[11].
En Alice et Cyrille adhèrent au mouvement " La Vie Nouvelle " pendant quinze ans. Avec d'autres membres, ils prennent la responsabilité d'une Maison Familiale de Vacances dans les Vosges de à [1][3].

En Alice adhère à l'Union féminine civique et sociale (UFCS) et participe à l'animation de la section de Strasbourg. Cette association œuvre pour une meilleure compréhension et une meilleur participation des femmes à la vie de la cité. Elle en devient la déléguée régionale et y est très active. En 1999 elle écrit une brochure sur " l'histoire de l'UFCS en Alsace entre 1950 et 1990 ".

Après le décès de son mari le elle décide de participer au rencontres nationales organisées par " Poursuivre " émanation de " La Vie Nouvelle ". A la demande des responsables elle crée un groupe sur Strasbourg. En , elle arrête cette activité[1].

Alice Daul décède le [11].

Décorations[modifier | modifier le code]

  • Médaille de la résistance française ().
  • Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze.
  • Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur le avec la citation suivante :

    « Fervente patriote et résistante de la première heure, membre de l'une des plus importantes filières de rapatriement de prisonnier du Bas-Rhin, s'est particulièrement dévouée à leur acheminement de Strasbourg à Gérardmer en passant par les Vosges, et à leur ravitaillement en nourriture et en effets d'habillement. Arrêtée le 21 mars 1942, a été condamnée par le Volksgerichtshof à huit ans de Travaux Forcés. A été déportée en Allemagne le 21 mars 1943. Par son patriotisme, son intelligence et son dévouement de tous les instants, a bien servi la cause de la Résistance[3]. »

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

  • Les 12 et 13 mai 2012, lors de leur assemblée générale, les Scouts et guides de France ont tenu à lui rendre hommage[13].
  • Depuis le , une allée porte son nom à Strasbourg quartier de la Robertsau[14].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Alice Daul a écrit :

  • Histoire de l'UFCS en Alsace entre 1950 et 1990[1].
  • Les Pur-Sang 1940-1945[1].
  • Les Pur-Sang 1942 : Schirmeck[1].
  • Alice infirmière aux armées 1939-1940[1].
  • Origine de devenir de notre patriotisme familial[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Marie-Thérèse Cheroutre, « GILLIG Alice », sur maitron.univ-paris1.fr, (consulté le )
  2. Isabelle Blondé, « DAUL Xavier », sur alsace-histoire.org, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k l et m Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens. et Clavel, Christophe., La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698, lire en ligne)
  4. Marcel Delgiame-Fouché, Henri Noguères et Jean-Louis Vigier, Histoire de la Résistance en France (1): La première année : juin 1940-juin 1941, FeniXX, 554 p. (ISBN 978-2-2212-1200-4, lire en ligne)
  5. Marcel Rudloff et Alain Howiller, Souvenirs pour demain : entretiens avec Alain Howiller, FeniXX, , 192 p. (ISBN 978-2-4021-2557-4, lire en ligne)
  6. La France de l'intérieur est le nom donné au territoire français emputé de l'Alsace annexée.
  7. « Coussin à épingles », sur musees.strasbourg.eu (consulté le )
  8. Pour les nazis les résistants alsaciens ne sont pas des adversaires mais des traitres car pour eux l'Alsace est allemande.
  9. a b c et d Auguste GERHARDS, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés: Résistants et héros inconnus 1939-1945, Cherche Midi, , 693 p. (ISBN 978-2-7491-2067-6, lire en ligne)
  10. a b et c Jean-Jacques Gauthé, « L’héroïsme au quotidien : les Pur-Sang d’Alsace », sur latoilescoute.net, La toile scoute, (consulté le )
  11. a b et c François Igersheim, « DAUL Alice », sur alsace-histoire.org, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, (consulté le )
  12. Julien Fuchs, « Jeune Alsace, école de la Nation (1944-1947) », sur persee.fr, Agora, (consulté le )
  13. « Alice Gillig », sur Scoutopédia, (consulté le )
  14. Valérie Walch, « Trame E : Hommage à trois résistantes alsaciennes », DNA,‎ , p. 31

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Une fiche sur Alice Daul (épouse Gillig) dans le DVD pédagogique de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens. Eric Le Normand et Christophe Clavel, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marie-Thérèse Cheroutre, « notice GILLIG Alice », sur maitron.univ-paris1.fr, Maitron, (consulté le )Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Une fiche sur l'Equipe Pur Sang dans le DVD pédagogique de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens. Eric Le Normand et Christophe Clavel, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés: Résistants et héros inconnus 1939-1945, Cherche Midi, , 693 p. (ISBN 978-2-7491-2067-6, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Jean-Jacques Gauthé [archive], sur le site La toile scoute.
  • Base Numérique du Patrimoine d'Alsace : Les résistances en Alsace, les passeurs et les déserteurs [archive], par Mireille Biret publié le 1er octobre 2010.
  • Notice Gillig Alice par  [archive]Marie-Thérèse Cheroutre, Le Maitron, version mise en ligne le 10 février 2010.
  • Eric le Normand et Xavier Gillig, « Alice Daul (épouse Gillig) », sur museedelaresistanceenligne.org, Musée de la résistance, (consulté le )
  • François Igersheim, « DAUL Alice », sur alsace-histoire.org, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

A lire[modifier | modifier le code]

  • Eric Le Normand, « La résistance alsacienne », Les saisons d'Alsace no 61, septembre 2014, p. 23.