Si Amar Ou Said Boulifa
Ammar ben Saïd ben Ammar Boulifa, ou Si Amar Ou Said Boulifa (en kabyle : Si Aɛmer U Sɛid n At Belqasem U Aεmer), homme de lettres kabyle et élève de Belkassem Ben Sedira, est considéré comme le « précurseur berbériste », vraisemblablement né en 1863 au village d’Adeni dans l’actuelle commune d’Irdjen, près de Tizi Ouzou, en Kabylie, et mort en 1931 à Alger.
Biographie
[modifier | modifier le code]Boulifa est né en 1865 au village d'Adni dans la tribu Irjen, de la confédération kabyle tribal de At Iraten en Kabylie. Sa famille, les Aït Belkacem ou Amar (kabyle : At Belqasem u Aεmer), sont une famille de marabout (d’où le « Si » de son nom). Boulifa est son nom patronymique à l'état civil français. Son père, Amar, l'a laissé orphelin très jeune. Mais, assez chanceux pour être apparenté par sa mère à la tribu At Ameur, une puissante famille de caïds de Tamazirt.[1][2] Si Moula, son oncle maternel, le fait scolariser à Tamazirt, la toute première école arabe-française ouverte en Kabylie (1873), pour lesquels les candidats étaient alors rares.[1][3][4]
Un établissement qui formera de nombreuses générations au savoir moderne. Instituteur formé à l’école normale de Bouzaréah dans les années 1890, il devient par la suite linguiste, sociologue et historien (notamment à la Faculté des Lettres d'Alger). Il s’insurge contre les conclusions intentionnées du général anthropologue Adolphe Hanoteau faites sur la société kabyle à travers son ouvrage d’analyse poétique intitulé : Poésies Populaires de la Kabylie du Jurjura. Pour rappel, le général faisait partie de la vaste conquête de la région engagée par les forces d’occupation françaises à partir de 1857.
Il prit sa retraite en 1929 et mourut le à l'hôpital Mustapha Pacha, inhumé au cimetière de chretiens de Saint-Eugène près de Bab Al Oued à Alger.
Œuvres
[modifier | modifier le code]Linguistique berbère :
- Textes berbères en dialectes de l'Atlas marocain, Paris 1908, 388 pp.
- Une première année de langue kabyle (dialecte Zouaoua). A l'usage des candidats à la prime et au brevet de kabyle, Alger 1897 (2. éd. 1910), 228 pp.
- Méthode de langue kabyle (cours de deuxième année), Alger 1913, 544 pp.
Littérature berbère :
- Recueil de poésies kabyles. Texte Zouaoua traduit, annoté et précédé d'une étude sur la femme kabyle et d'une notice sur le chant kabyle (airs de musique), Alger 1904, 555 pp. (rééd. Awal, Paris, 1990)
- Manuscrits berbères du Maroc, in « Journal Asiatique 10/6 (1905) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), p. 333-362
Archéologie :
- L’Inscription d'Ifigha, in « Revue archéologique juillet-décembre 1909 (4e sér., t. XIV) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Paris, E. Leroux, p. 387-415
- Nouveaux documents archéologiques découverts dans le Haut-Sébaou in Revue africaine n° 55, 1911.
- Nouvelle mission archéologique en Kabylie in Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1912.
Histoire :
- Mémoire sur l’enseignement des indigènes de l’Algérie, in Bulletin de l’enseignement des indigènes, Alger, Jourdan, 1897.
- Le kanoun de la zaouia de Sidi Mansour des Ait Djennad, Mélange René Basset, Tome I, Paris, Leroux, 1923 [repris dans le Djurdjura à travers l’histoire].
- Le kanoun d'Adni, texte et traduction avec une notice historique, in Recueil de Mémoires et de textes, XIVe Congrès International des Orientalistes, Alger 1905, p. 15-27.
- Le Djurdjura à travers l'histoire depuis l'Antiquité jusqu'en 1830 : organisation et indépendance des Zouaoua (Grande Kabylie), Alger 1925, 409 pp. (rééd. Alger s.d., .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Chaker 1991, p. 1592.
- Pouillon 2012, p. 144.
- Pouillon 2012, p. 145.
- Alfred Rambaud et Pierre Foncin, « L’enseignement primaire chez les indigènes musulmans d’Algérie, notamment dans la Grande-Kabylie (Suite et fin) », Revue pédagogique, vol. 20, no 1, , p. 111–133 (lire en ligne, consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Mbarek Awadi, « Un écrivain d’expression kabyle: Ammar ben Said Ben Ammar Boulifa » Si 3mmar U Said U 3mmar Bulifa, Tisuraf, nº 3, 1979, pp.
- Salem Chaker, « Boulifa », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, vol. 10 : Beni Isguen – Bouzeis, Aix-en-Provence, Édisud, (ISBN 2-85744-549-0, lire en ligne), p. 1592-1594
- Salem Chaker, article Boulifa dans Hommes et femmes kabyles, p. 119-123.
- Salem Chaker, « Le grand précurseur berbérisant: Ammar Ben Said Ben Ammar Boulifa (1863-1931) », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, n° 44, 2e trim. 1987, p. 102-113.
- Jean Déjeux, Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française, Paris, Éditions Karthala, 1984, p. 80-81 (ISBN 2865370852).
- Ouahmi Ould-Braham, « Le voyage de Boulifa au Maroc d’après son Journal de route (Bled-es-Siba, 1904-1905) », Études et Documents Berbères, n° 12, 1994, p. 35-105.
- Ouahmi Ould-Braham, « Voyages scientifiques de Boulifa (Maroc 1905 ; Kabylie 1909-1912) », Études et Documents Berbères, n° 13, 1995, p. 27-78.
- M'Barek Redjala, « Un prosateur kabyle : Boulifa », Littérature orale arabo-berbère, n° 4, 1970, p. 79-84.
- Tassadit Yacine, « Relire Boulifa » in Les voleurs de feu. Éléments d’anthropologie sociale et culturelle, p. 17-47, Paris, La Découverte/Awal, 1993 [version légèrement retouchée de la présentation de la réédition du Recueil de poésie kabyle de Saïd Boulifa, Alger, Awal, 1990].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (it) - Letteratura berbera - article du Wikipedia italien sur la littérature berbère.