SMS Nürnberg (croiseur, 1916)

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SMS Nürnberg
illustration de SMS Nürnberg (croiseur, 1916)
Un des croiseurs de la classe Königsberg en route pour Scapa Flow (novembre 1918).

Type Croiseur léger
Classe Königsberg
Histoire
A servi dans  Kaiserliche Marine
Constructeur Howaldtswerke
Chantier naval Kiel, Empire allemand
Commandé 1913
Quille posée Décembre 1914
Lancement Avril 1916
Commission Février 1917
Statut Coulé comme cible le
Équipage
Équipage 17 officiers et 458 marins
Caractéristiques techniques
Longueur 151,4 m
Maître-bau 14,2 m
Tirant d'eau 5,96 m
Déplacement 5 440 tonnes
Port en lourd 7 125 tonnes
Propulsion 2 turbines avec réducteurs
2 arbres
Puissance Système mixte de chaudières charbon et fioul : 31 000 ch
Vitesse 27,5 nœuds (50,9 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture : 60 mm
Pont : 60 mm
Château : 100 mm
Armement 8 × canons de 15 cm SK L/45
2 × canons de 8,8 cm SK L/45
4 × tubes lance-torpilles de 500 mm
200 × mines
Rayon d'action 4 850 miles à 12 nœuds
Pavillon Reich allemand

Le SMS Nürnberg est un croiseur léger de la classe Königsberg construit pour la Kaiserliche Marine pendant la Première Guerre mondiale. Il a été nommé d'après le croiseur léger SMS Nürnberg, coulé lors de la bataille des Falklands en

Commandé en 1913, sa quille est posée en au chantier naval Howaldtswerke de Kiel. Il est lancé en et mis en service dans la Hochseeflotte en .

Conception[modifier | modifier le code]

Le Nürnberg avait une longueur hors-tout de 151,4 mètres, un faisceau de 14,2 mètres et un tirant d'eau de 5,96 mètres. Il déplaçait 5 440 tonnes en charge nominale et 7 125 tonnes à pleine charge. Il était propulsé par deux turbines à vapeur avec réducteurs, alimentées par un système mixte de dix chaudières au charbon et deux de fioul. Sa puissance était de 31 000 chevaux-vapeur (23 000 kW) produisant une vitesse de pointe de 27,5 nœuds (50,9 km/h), et une autonomie de 4 850 milles marins (9 000 km) à 12 nœuds (22 km/h). Son équipage comprenait 17 officiers et 458 hommes d'équipage[1].

Il était protégé par une ceinture blindée de 60 mm, située au milieu du navire. La tourelle de commandement avait des côtés de 100 mm d'épaisseur et le pont était recouvert d'une plaque de blindage de 60 mm d'épaisseur[1].

Son armement d'origine comprenait 8 canons de 15 cm SK L/45 à tir rapide en tourelles doubles, montés sur un socle. Deux étaient placés côte à côte en avant sur le gaillard, deux se trouvaient de part et d'autre au milieu du navire et deux étaient disposés en tourelles superposées à l'arrière[2]. Ils disposaient de 1 040 cartouches de munitions, pour 130 obus par canon. Son armement secondaire était composé de 2 canons antiaériens SK L / 45 de 8,8 cm à tir rapide en tourelle simple, montés sur la ligne médiane à l'arrière des cheminées. Le navire comprenait également 4 tubes lance-torpilles de 500 mm, embarquant huit torpilles montés sur le pont au milieu du navire. Il emportait à bord 200 mines marine.

Historique[modifier | modifier le code]

Opération Albion[modifier | modifier le code]

Carte de l'opération Albion du 10 au .

Le Nürnberg a été commandé sous le nom de contrat « Ersatz Thetis » et a été mis sur cale au chantier naval Howaldtswerke de Kiel en . Il a été lancé le , s'ensuivant des travaux d'armement, avant sa mise en service dans la Hochseeflotte le [1]

Au début du mois de , à la suite de la conquête allemande du port de Riga par les russes, la marine allemande décida d'éliminer les forces navales russes occupant toujours le golfe de Riga. L'Admiralstab (le haut commandement de la marine) a planifié une opération visant à s'emparer de l'île Baltique d'Ösel, et plus particulièrement des batteries côtières russes de la péninsule de Sõrve[3]. Le , l'ordre a été donné de débuter une opération conjointe avec l'armée afin de capturer les îles d'Ösel et de Muhu. L'ordre de bataille naval comprenait le navire amiral Moltke, ainsi que les IIIe et IVe escadrons de bataille de la Hochseeflotte. La force d'invasion comptait environ 24 600 officiers et soldats[4]. Le Nürnberg et le reste du 2e groupe de reconnaissance (composé des SMS Königsberg, SMS Karlsruhe, SMS Danzig et SMS Frankfurt — commandé par le Konteradmiral Ludwig von Reuter) fournissaient un appui de soutien de la force opérationnelle des croiseurs[5].

L'opération a débuté au matin du , lorsque le navire Moltke et la IIIe escadre du Vizeadmiral Paul Behncke ont pris position dans la région de Tagalaht, tandis que la IVe escadre du Vizeadmiral Wilhelm Souchon pilonnait les batteries côtières russes dans la péninsule de Sõrve à Ösel[6]. Après le début du bombardement, le Nürnberg est entré dans la baie de Tagalaht avec la 2e section de transports, chargé de surveiller le bon débarquement des troupes, tandis que le Königsberg couvrait le débarquement de la 1re section de transports[7]. Les 18 et , le reste du 2e groupe de scoutisme (II Scouting Group) couvrait les dragueurs de mines opérant au large de l'île de Dagö, mais en raison de l’efficacité insuffisante des dragueurs de mines et du mauvais temps, l'opération a été reportée[8]. Le 19, les Nürnberg, Königsberg et Dantzig ont été dépêchés sur zone afin d'intercepter deux torpilleurs russes se trouvant dans la région. Ludwig von Reuter ne parvenant pas à les localiser, l'opération a été interrompu[9]. Le , les îles étaient sous contrôle allemand et les forces navales russes avaient été détruites ou forcées de se retirer. L'Admiralstab ordonna alors à la composante navale de retourner en mer du Nord[10].

Seconde bataille de Heligoland[modifier | modifier le code]

Le , les Nürnberg, Königsberg, Frankfurt, et Pillau ont été affectés à une opération de dragage de mines dans la baie de Heligoland, toujours sous le commandement de von Reuter. La force était soutenue par deux cuirassés — Kaiser et Kaiserin[11]. Six croiseurs de bataille britanniques ont soutenu une force de croiseurs légers qui ont attaqué les dragueurs de mines allemands. Le Königsberg et les trois autres croiseurs couvraient les dragueurs de mines en fuite avant de se retirer sous un écran de fumée[12]. Le Nürnberg a ouvert le feu sur les croiseurs britanniques à 08 h 55, dans un rayon de 11 km. Toutefois, un écran de fumée et du brouillard ont obscurci les navires britanniques, contraignant le Nürnberg à cesser le feu[13].

Aux environs de 10 heures, le Nürnberg a été la cible de tirs nourris par les croiseurs britanniques, ainsi que par les puissants croiseurs de bataille Courageous et Glorious, armés de canons de 15 pouces. Le Nürnberg n'a pas été touché au but, mais des éclats d'obus venant du pont ont tué un homme et en ont blessé quatre autres, dont l'un est décédé des suites de ses blessures. L'un de ses télémètres a également été endommagé par les fragments d'obus. Le navire a riposté brièvement avant que la brume ne cache à nouveau les navires britanniques[14]. Les Kaiser et Kaiserin sont intervenus quasiment à la même heure, incitant les britanniques à rompre immédiatement leurs engagements. En moins d'une heure, les forces allemandes ont été renforcées par plusieurs navires capitaux, dont le croiseur de bataille Hindenburg ; après s'être rendu compte que les britanniques s'étaient enfuis, les forces allemandes rentrèrent au port[15].

Fin de carrière[modifier | modifier le code]

En , les amiraux Reinhard Scheer et Franz von Hipper planifient une dernière attaque décisive contre les Britanniques avec la Hochseeflotte. L'opération envisagée prévoyait des raids sur les navires alliés dans l'estuaire de la Tamise et en Flandre pour attirer la Royal Navy. Le Großadmiral Scheer, commandant en chef de la flotte, avait l'intention d'infliger le plus de dégâts possible à la marine britannique, afin de garantir une meilleure position de négociation pour l'Allemagne, quel que soit le coût pour la flotte. Les Nürnberg, Karlsruhe et Graudenz ont été affectés à la force chargée d'attaquer la Flandre[16]. Le matin du , l'ordre fut donné de quitter Wilhelmshaven le lendemain. À partir de la nuit du , une mutinerie éclate à bord de plusieurs cuirassés. Les troubles se propagèrent dans le reste de la flotte, obligeant finalement Hipper et Scheer à annuler l'opération[17].

Stationnement de la flotte allemande à Scapa Flow le avec les emplacements de chaque navire (cliquez pour agrandir).

Après la capitulation de l'Allemagne en , la plupart des navires de la Hochseeflotte ont été internés dans la base navale britannique de Scapa Flow[18]. Le Nürnberg était parmi les navires concernés. La flotte est restée en captivité pendant les négociations qui ont abouti au traité de Versailles. La perspective de se voir saisir les navires par les Anglais ne fit plus aucun doute dans l’esprit du vice-amiral Von Reuter et des commandants d'unités. Il pensait que ce jour arriverait le , date butoir du délai de signature du traité de paix par l'Allemagne. En effet, ce furent les Britanniques eux-mêmes qui distribuèrent à leur insu, par l’intermédiaire des embarcations anglaises qui font le service du courrier, l’ordre du sabordage émanant de von Reuter aux commandants. À 11 h 20[19], les prises d’eau sont ouvertes, les portes des condenseurs enlevées, les collecteurs d’eau précédemment repérés sont éclatés. Écoutilles, portes étanches et hublots sont ouverts. Les guindeaux sabotés et les outils permettant de larguer les chaînes des coffres jetés à la mer[20]. Cependant, les marins britanniques ont utilisé des charges explosives pour détacher les chaînes d'ancre du Nürnberg afin de pouvoir l'échouer avant qu'il ne coule[21].

Posé sur des hauts fonds, il est rapidement renfloué en juillet avant d'être transféré sous contrôle britannique qui s'en sert de navire cible. Le , il est coulé à 32 milles marins (100 km) au sud-ouest des Needles (île de Wight[1]) par les canons du HMS Repulse. Son épave repose à une soixantaine de mètres de profondeur[22].

Commandement[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Gröner, p. 113
  2. Gardiner & Gray, p. 162
  3. Halpern, p. 213
  4. Halpern, p. 214–215
  5. Barrett, p. 127
  6. Halpern, p. 215
  7. Staff Battle for the Baltic Islands, p. 27
  8. Barrett, p. 218
  9. Staff Battle for the Baltic Islands, p. 140
  10. Halpern, p. 219
  11. Staff Battle on the Seven Seas, p. 195
  12. Halpern, p. 377
  13. Staff Battle on the Seven Seas, p. 201
  14. Staff Battle on the Seven Seas, p. 202
  15. Staff Battle on the Seven Seas, p. 204-205
  16. Woodward, p. 115–116
  17. Tarrant, p. 281–282
  18. Tarrant, p. 282
  19. Herwig, p. 256
  20. Le destin de la flotte allemande de Scapa Flow sur www.grieme.org.
  21. van der Vat, p. 178-179
  22. Dive on the wreck of SMS Nürnberg sur vimeo.com.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Michael B. Barrett, Operation Albion : the german conquest of the baltic islands, Bloomington, IN, Indiana University Press, , 298 p. (ISBN 978-0-253-34969-9)
  • Conway's All the World's Fighting Ships : 1906–1922, Annapolis, MD, Naval Institute Press, , 439 p. (ISBN 0-87021-907-3)
  • Erich Gröner, German Warships : 1815–1945, Annapolis, MD, Naval Institute Press, (ISBN 0-87021-790-9)
  • Paul G. Halpern, A Naval History of World War I, Annapolis, MD, Naval Institute Press, , 591 p. (ISBN 1-55750-352-4)
  • Holger Herwig, "Luxury" Fleet : The Imperial German Navy 1888–1918, Amherst, NY, Humanity Books, , 316 p. (ISBN 1-57392-286-2)
  • Gary Staff, Battle for the Baltic Islands, Barnsley, UK, Pen & Sword Maritime, , 178 p. (ISBN 978-1-84415-787-7)
  • Gary Staff, Battle on the Seven Seas : German Cruiser Battles 1914-1918, Barnsley, UK, Pen & Sword Maritime, , 232 p. (ISBN 978-1-84884-182-6)
  • V. E. Tarrant, Jutland : The German Perspective, London, UK, Cassell Military Paperbacks, , 350 p. (ISBN 0-304-35848-7)
  • Dan van der Vat, The Grand Scuttle : The Sinking of the German Fleet at Scapa Flow in 1919, London, UK, Hodder & Stoughton, , 240 p. (ISBN 0-340-27580-4)
  • David Woodward, The Collapse of Power : Mutiny in the High Seas Fleet, London, UK, Cassell,

Liens externes[modifier | modifier le code]