Robert Lyon (espion)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Robert Lyon ( - ) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive. Il fut l’une des premières recrues de la section F en , mais très vite arrêté par la police de Vichy, il fut l’un des évadés de Mauzac le et rejoignit l'Angleterre, via les Pyrénées. En , il fut envoyé en mission en France où il devint chef du réseau ACOLYTE dans la région de Roanne, participant activement à la libération.

Identités[modifier | modifier le code]

  • État civil : Robert Lyon
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Adrien »
    • Nom de code opérationnel : ACOLYTE (en français ACOLYTE, aussi)
    • Autres pseudos : Bobichon (en 1941)[1], Bradley (en Espagne, 1942) ; Gilbert Calvert (en France 1943-1944)

Services militaires (guerre) :

  • du au
  • du au
  • du au  : SOE, section F ; grade : captain ; puis DGER.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

1897. Robert Lyon naît le à Paris 2e.

1914-1918. Engagé volontaire le . Démobilisé le .

1939. Mobilisé le comme interprète à la Mission française de liaison, il est affecté à l'état-major du lieutenant-colonel britannique Whrite, commandant le 53rd Medium Regiment Royal Artillery.

1940. Campagne de Belgique du 10 au . Retraite sur Dunkerque et évacuation sur l'Angleterre la . Retour en France le au dépôt des interprètes (4e escadron du Train, Le Mans). Retraite sur Tarbes à partir du . Démobilisation à Tarbes le .

1941

  • Août. Le 8 à Marseille, Robert Lyon est contacté par Jacques Vaillant de Guélis, en mission pour un mois en France. Il contracte un engagement P2 avec la section F.
  • Octobre. Il reçoit et héberge deux officiers britanniques parachutés le . Dans le cadre d’une vague d’arrestations conduite par la police de Vichy contre les premiers agents du SOE, il est arrêté le 24 à Marseille au café Le Mont Ventoux, puis emprisonné à la prison de l'Évêché. Il est incarcéré à la prison de Beleyme à Périgueux le .

1942. Avec ses camarades, Robert Lyon est transféré à la prison de Mauzac le . Il s'en évade le , avec dix camarades (voir l'article évasion de Mauzac). Il part en Angleterre (via Lyon, l’Espagne, Gibraltar, Lisbonne, Bristol) et parvient à Londres le , accueilli par Jacques Vaillant de Guélis[2].

1943. Janvier. Le 10, il commence l'entraînement d'agent en vue d'une mission en France.

Mission en France
Définition de la mission : mettre sur pied un réseau de fourniture d'armes, ACOLYTE, dans la région du nord-ouest de Lyon ; activités : recrutement et instruction d'agents, reconnaissance d'objectifs ; parachutages d'armes, d'explosifs et de personnel)
  • Juin.
    • Tentatives infructueuses : dans la nuit du 20 au 21, il n'y a pas d'accueil à l'arrivée et l'avion doit retourner en Angleterre sans déposer ses passagers ; dans la nuit du 22 au 23, une panne de la génératrice provoque une interruption générale de l'alimentation électrique de l'avion, qui oblige le pilote à faire demi-tour.
    • Dans la nuit du 23 au , un avion le dépose en France[3].
Récit. Lors de leur troisième voyage en commun, les deux passagers, Robert Lyon et le colonel Émile Bonotaux découvrent qu’ils ont servi dans le même régiment d’artillerie en 1915-1916 et qu’ils ont été blessés tous les deux. Le colonel révèle qu’il n’est pas un agent du SOE, mais travaille pour l’organisation de résistance de l’armée française, et qu’il est allé à Alger pour prendre contact avec le général Giraux. Vol sans histoire. À l’atterrissage, Lyon et Bonotaux sont accueillis par Henri Déricourt et son assistant Rémy Clément. On dissimule une partie de leurs bagages dans une meule de foin sur le terrain. Déricourt les guide vers un taillis, en leur recommandant d’y rester cachés jusqu’à 7 heures, le premier train pour Paris devant quitter à 8 heures la gare d’Amboise, située à moins de cinq kilomètres.
Le matin, en gare d’Amboise, quatre jeunes-gens sont là avec des vêtements par trop voyants. Ce sont des membres de la Gestapo française, tout ce dont dispose Hans Kieffer ce jour-là, car ses meilleurs limiers sont affectés avenue Henri-Martin (ils viennent effectivement dans la nuit d’y arrêter Andrée Borrel « Denise » et Gilbert Norman « Archambault ») et rue de Mazagran (ils vont y arrêter Francis Suttill « Prosper » dans la matinée). Robert Lyon et le colonel Émile Bonotaux prennent le train pour Paris, voyageant séparément. Robert Lyon voit Déricourt se promener de long en large dans le train. Du menton, Déricourt désigne aux truands les deux agents venus de Londres. À la gare d’Austerlitz, aucun contrôle de police, Hans Kieffer y a veillé. Les deux arrivants s’engouffrent dans le métro. Ils prennent deux lignes différentes, obligeant leurs anges gardiens à se séparer en deux équipes. Robert Lyon change deux fois de rame avant de descendre à Porte-de-la-Chapelle. Il flâne jusqu’à la rue de Flandre et pénètre dans un immeuble. Les sbires d’Henri Lafont battent la semelle devant le portail durant des heures, jusqu’à ce qu’ils découvrent que l’immeuble est pourvu d’une double issue s’ouvrant sur la rue voisine. Robert Lyon est déjà loin, en route pour Lyon[4].
  • Juin (suite). Robert Lyon, devenu Gilbert Calvert, commence à développer ses contacts dans la région de Roanne.

1944 Robert Lyon dirige le réseau ACOLYTE :

Il organise et commande deux maquis, au sud et à l'ouest de Roanne. Attaqué par les Allemands et la milice, il réussit à décrocher malgré quelques pertes et rassemble ses éléments pour la poursuite des Allemands en retraite à partir du , jusqu'aux environs d'Autun.

Fin septembre, sa mission achevée, Robert Lyon rentre à Londres.

Affecté à la DGER, il est démobilisé le comme chef de mission de 2e classe (grade d'assimilation : commandant 1er échelon)

1986. Il meurt le à Saint-Mandé et est inhumé au cimetière de Meudon Trivaux.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Robert Lyon a reçu les distinctions suivantes :

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Bobichon » est mentionné par H. Noguères, Histoire de la Résistance française, Famot, tome III, index, p. 423.
  2. Source : Lheureux, p. 31-33. Contient le récit de son retour, par Robert Lyon lui-même.
  3. Opération CURATOR/ACOLYTE ; agent : Henri Déricourt ; appareil : Lysander ; pilote : sqn Ldr Hugh Verity ; terrain : BRONCHITE ; personnes amenées (2) : colonel Émile Bonotaux, Robert Lyon ; personnes remmenées (2) : Richard Heslop, P. Taylor (météorologue évadé) ; commentaires Verity : « Atterri avant lever de la lune (expérience à ne pas renouveler) ». [Source : Verity, p. 271.]
  4. Sources : Verity, p. 125 ; et Maloubier, p. 163-164.

Sources et liens externes[modifier | modifier le code]

  • Site Special Forces Roll of Honour : fiche Robert Lyon
  • Michael R. D. Foot et Jean-Louis Crémieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la Résistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944 [« SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944 »], Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8).
    Ce livre présente la version « officielle » britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Hugh Verity (trad. de l'anglais, préf. Jacques Mallet), Nous atterrissions de nuit, Viverols, Éd. Vario, , 5e éd., 366 p. (ISBN 2-913663-10-9)
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 0, FIRST STEPS BY SOE TO START OPERATIONS IN FRANCE, et sheet 57, ACOLYTE CIRCUIT.
  • Danièle Lheureux, La Résistance "Action-Buckmaster" : Sylvestre-Farmer, avec le captaine "Michel, vol. 1 : Avec le capitaine Michel, Roubaix, Geai bleu, , 175 p. (ISBN 2-914670-01-X).
  • Jean Lartéguy et Bob Maloubier, Triple jeu : l'espion Déricourt, Paris, R. Laffont, , 337 p. (ISBN 2-221-06836-X)
  • Gens de la Lune, .
  • Adieu Mauzac, téléfilm de Jean Kerchbron, 1970. Dans ce téléfilm, qui relate l’évasion du camp de Mauzac du , le rôle de Robert Lyon, qui est un des onze évadés, est joué par Roger Rudel. Robert Lyon lui-même participe à la table ronde qui suit la diffusion le .