Rachid Baba Ahmed
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رشيد بابا أحمد |
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À partir de |
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Fethi Baba Ahmed (d) |
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Fethi Baba Ahmed (d) |
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Rachid Baba Ahmed (en arabe :رشيد بابا أحمد) dit Rachid Baba, né le à Tlemcen et mort assassiné le à Oran (Algérie)[1], est un chanteur, musicien, compositeur et éditeur algérien. Il était également producteur de clips et d'émissions télévisées et est connu pour avoir lancé Cheb Khaled, Chaba Fadela, Cheb Sahraoui, Cheb Anouar. Son prénom était souvent associé à celui de son frère, avec lequel il formait le célèbre duo Rachid et Fethi.
Biographie
[modifier | modifier le code]Rachid Baba Ahmed est issu d’une famille de passionnés de musique, dont le père musicien, était joueur de Rabâb dans l'orchestre de Larbi Bensari. En 1963 Rachid prend des cours de musique arabo-andalouse dans l'orchestre Dar El Gharnatia pendant quatre ans. Il s'achète ensuite une guitare et avec son frère Fethi Baba Ahmed, ils fondent le groupe Les Vautours, un groupe de Rock 'n' roll / Twist avec des paroles en arabe.
Ensemble, les deux frères développeront une fascination pour la modernisation des rythmes traditionnels. À force d'expérimentations, ils introduiront plus tard, pour la première fois dans le Raï des instruments électroniques tels que les synthétiseurs, guitares électriques, basses amplifiées et boîtes à rythmes. Leur studio d’enregistrement à Tlemcen, unique en Algérie par son équipement 24 pistes, devint un véritable laboratoire musical où s’élabora la mutation du raï rural vers un son urbain et international[2].
Dans les années 1970 et 1980, Rachid Baba Ahmed s’imposa comme le plus grand producteur de raï contemporain, travaillant avec les plus célèbres chanteurs du genre, parmi lesquels Cheb Khaled, Cheb Sahraoui, Chaba Fadela, Cheb Anouar et d’autres artistes de la nouvelle génération Raï. Son influence fut déterminante : il donna au Raï une dimension pop universelle et un raffinement sonore inédit. Le mouvement qu’il initia, souvent appelé « pop-raï », introduisit un usage novateur de l’électronique, des arrangements harmonieux, des influences occidentales du funk, du rock et du disco, sans pour autant renier les racines populaires de la musique de Tlemcen et d’Oran. En 1976, il fut considéré comme l’un des responsables de la popularisation internationale du raï moderne, par des productions mêlant sonorités locales et orchestrations sophistiquées[3].
Rachid Baba Ahmed était également un producteur exigeant sur le plan moral et esthétique. Dans un entretien, il confia qu’il avait pris l’habitude de censurer certains passages jugés vulgaires ou provocants dans les chansons afin de rendre la musique acceptable pour un public plus large, notamment dans un contexte social et religieux sensible en Algérie. Cette approche équilibrée entre modernité et respect des traditions contribua à légitimer le Raï comme art à part entière, et non plus comme simple expression populaire marginale. Son album Rai Rebels, distribué aux États-Unis et en Europe, symbolisa la percée du Raï sur la scène internationale et fit de Tlemcen un lieu incontournable de production musicale dans le monde arabe[3].
Les collaborations et son duo avec son frère sous le nom de Rachid et Fethi connurent un grand succès, témoignant de leur complémentarité artistique et de leur rôle moteur dans l’évolution sonore du Maghreb. Parmi les œuvres notables figure la chanson Mexico[4], composée à la gloire de l’Équipe d'Algérie de football après sa qualification historique pour la Coupe du monde de football 1986. Les productions de Rachid Baba Ahmed se distinguaient par leur qualité technique impeccable, leur sens du rythme et leur fusion réussie entre mélodies arabes traditionnelles et influences occidentales modernes[3].
Assassinat
[modifier | modifier le code]L’essor artistique de Rachid Baba Ahmed prend fin tragiquement durant la décennie noire qui ravagea l’Algérie dans les années 1990. Le 15 février 1995, il est assassiné à Oran, victime d’une fusillade revendiquée par des groupes islamistes radicaux qui voyaient en lui un symbole de la sécularisation culturelle et de la liberté d’expression artistique. Son meurtre, qui suivit de peu celui du chanteur Cheb Hasni, marqua profondément la communauté artistique algérienne et internationale, et fut perçu comme un acte emblématique de la guerre menée contre les intellectuels et artistes durant le conflit civil[5].
Jusqu’à sa mort, Rachid Baba Ahmed demeura une figure influente, un visionnaire et un artisan infatigable ayant révolutionné la musique maghrébine. Son héritage perdure à travers le Raï moderne et les carrières des artistes qu’il révéla, ainsi que par la mémoire d’un homme qui sut unir les sons traditionnels algériens et les innovations musicales du monde contemporain[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ « Rachid Baba-Ahmed, promoteur de la musique raï, a été assassiné à Oran », sur lemonde.fr, Journal,
- ↑ « Rachid Baba-Ahmed, promoteur de la musique raï, a été assassiné à Oran », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Tlemcen : Hommage au défunt artiste Rachid Baba Ahmed »
- ↑ (en) Rachid & Fethi - Mexico 86, (lire en ligne)
- ↑ Nidam Abdi et Bouziane Daoudi, « Un pionnier du raï tué à Oran », sur Libération (consulté le )
- ↑ « Ya rayi ! Une histoire de la musique raï » [PDF], sur draeac.site.ac-lille.fr
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives à la musique : Discogs • MusicBrainz • LastFM • Africultures
- Ressources relatives à l'audiovisuel : IMDB • TMDB • MUBI
