No 5  (parfum)

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No 5
Description de l'image CHANEL No5 parfum.jpg.
Information
Marque Chanel
Lancement 1921
Créateur Ernest Beaux, pour Coco Chanel
Cible Femmes

No 5 est un parfum des Parfums Chanel créé en 1921 par Ernest Beaux pour Coco Chanel qui désirait un parfum épuré en accord avec sa mode : « Un parfum artificiel, je dis bien artificiel comme une robe, c'est-à-dire fabriqué. Je suis un artisan de la couture. Je ne veux pas de rose, de muguet, je veux un parfum qui soit un composé. »[1]. Il s'agit peut-être aujourd'hui du parfum le plus connu au monde.

Histoire

Coco Chanel rencontre Ernest Beaux lors d'un séjour sur la Côte d'Azur à Grasse, elle lui commande : « un parfum de femme à odeur de femme »[2],[3]. Beaux présente à Chanel deux séries d'échantillons numérotés de 1 à 5 et de 20 à 24. Elle choisit, selon la légende[4], l'échantillon no 5[n 1]. À la question « Quel nom allez-vous lui donner ? », elle répondit : « Je lance ma collection le 5 mai, cinquième mois de l'année, laissons-lui le numéro qu'il porte et ce numéro 5 lui portera chance »[5],[6].

Pourtant, ce qui deviendra l'incarnation du succès de la parfumerie française est à l'origine un parfum créé avant la Première Guerre mondiale à Moscou, à destination de l'aristocratie russe[7]. Le français Ernest Beaux est alors le nez d'une entreprise russe[7].

Ernest Beaux a l'idée d'ajouter au traditionnel bouquet floral, des aldéhydes en C12, principalement le dodécanal (en) avec des notes de lys et de violet, et le 2-méthylundécanal[8] de formule semi-développée CH3-(CH2)8-C*H(CH3)-CHO. Le 2-méthylundécanal est un composé synthétique à la vague odeur d'orange. À l'époque, les ingrédients synthétiques ne sont pas utilisés par les parfumeurs[8], et les soliflores dominent le marché[3]. Le N°5 se déploie ainsi « sans note dominante, distillant une richesse florale voluptueuse avec pas moins de 80 éléments dont la puissance est démultipliée par une audacieuse surdose d'aldéhydes. Ce mariage entre les corps synthétiques et les ingrédients naturels imposera un vocabulaire résolument nouveau en parfumerie[9] ».

Coco Chanel teste le parfum lors d'un dîner dans le plus grand restaurant de Cannes où elle invite Ernest Beaux et quelques amis. Sur la table, elle place un vaporisateur sur lequel elle prend plaisir à appuyer dès que quelque élégante personne passe à proximité. Elle raconte « L'effet fut stupéfiant, toutes les femmes en passant près de notre table s'arrêtaient, humant l'air[10] ».

Le design du flacon aux lignes sobres et anguleuses serait inspiré de la trousse de toilette pour homme de la maison Charvet ou de la flasque à whisky de son ancien amant Boy Capel[11]. Ce design a eu cinq formes différentes[réf. souhaitée] : celle, initiale, de 1921, puis de 1930, 1950, 1970 et 1986. Pour le premier des années 1920, Gabrielle Chanel choisit d'enfermer le parfum sophistiqué dans un flacon relativement simple, à l'encontre de la tendance d'alors qui consistait à créer des contenants spectaculaires pour des parfums parfois moyens[7].

Le parfum est lancé le jour de la présentation de la collection Chanel, le (05 05 1921), dans sa boutique rue Cambon à Paris, et, devant son succès, elle s'associe à la famille juive des Wertheimer qui possèdent un vaste réseau de distribution dans le monde. Le , leur union commerciale donne naissance aux Parfums Chanel détenus à 70 % puis à 90 % par les deux frères Wertheimer Paul et Pierre qui assument tous les risques financiers, ce qui explique que Coco Chanel se sentira lésée ; elle verra dans sa collaboration avec les nazis un moyen opportuniste de récupérer la propriété des Parfums Chanel[12].

Dès 1929, le N° 5 de Chanel est le parfum le plus vendu au monde[13].

Longtemps parfum le plus vendu en France, No 5 perd sa place en 2011 au profit de J'adore des Parfums Christian Dior[14].

Plusieurs fragrances dérivées sont sorties : une eau de toilette en 1924 toujours par Ernest Beaux, une eau de parfum en 1986 par Jacques Polge, une Eau Première en 2008 toujours par Jacques Polge et un N° 5 L'Eau en 2016 par le fils de ce dernier, Olivier Polge[15].

Description

On classe généralement ce parfum dans la catégorie des parfums de style chics, classiques et opulents. Il appartient à la famille des floraux.

Les senteurs qui entrent dans la composition de Chanel No 5 sont[8] :

Publicités

Les femmes les plus renommées qui représentèrent ce fameux parfum furent Marie-Hélène Arnaud (la première), Suzy Parker, Ali MacGraw, Candice Bergen, Lauren Hutton, Jean Shrimpton[16], Catherine Deneuve[17], Estella Warren en 1998, dont le film publicitaire Le Chaperon rouge, Carole Bouquet, Nicole Kidman et Audrey Tautou[18],[19]. En 2012, c'est Brad Pitt qui présente le fameux parfum français.

Marilyn Monroe n'en a pas été l'égérie, mais, affirmant qu'elle portait en tout et pour tout seulement une « goutte de Chanel No 5 » pour dormir, elle participa à sa popularité[19]. Finalement en 2013, Chanel utilise des images et enregistrement d'archives de Marilyn Monroe pour réaliser une publicité.

Le Chaperon rouge

Le Chaperon rouge est une publicité alliant mystère, humour et séduction réalisée par Luc Besson en 1998. Dans le cadre de la campagne imaginée par Jacques Helleu, le directeur artistique de Chanel, le scénario fut mis en dessin par Milo Manara. C'est la mannequin et actrice Estella Warren qui fut choisie pour l'interpréter.

Train de nuit

Train de Nuit - Chanel N°5 est un spot publicitaire réalisé en par Jean-Pierre Jeunet. Interprété par Audrey Tautou, il se déroule à bord de l'Orient-Express et a été tourné à la gare de Limoges et à la gare de Haydarpaşa à Istanbul, au bord du Bosphore. Il allie la légende de l'Orient Express et le charme des bateaux sur le Bosphore. À noter que la référence historique est erronée car l'Orient Express arrivait à la gare de Sirkeci à Istanbul, et non à Haydarpaşa qui se situe sur la rive asiatique du Bosphore[20].

Dans la culture populaire

  • En 1953, alors qu'il était demandé à Marilyn Monroe ce qu'elle portait au lit, elle répondit : Why, Chanel No. 5 of course! (« Chanel No 5, bien entendu ! »)[5].
  • Dans une scène du film Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré, Godefroy de Montmirail, venant du Moyen Âge et ignorant totalement ce qu'est ce parfum (et son prix), déverse tout le contenu d'une très grande bouteille dans l'eau de son bain. Une scène similaire est présente dans le remake américain du film, Les Visiteurs en Amérique : c'est encore du Chanel No 5 qui est utilisé, le parfum étant connu internationalement.
  • Dans sa chanson Plastico, Rubén Blades évoque un « Chanel Number Three » (« Chanel No 3 »).

Postérité

On compte parmi les marques influencées[19] :

Expositions

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Une autre version dit que la superstitieuse couturière fait le choix d'un numéro à la suite de son initiation quelques années auparavant par son amant Arthur Capel à l'ésotérisme[3].

Références

  1. Pierre Galante et Philippe Orsini, Les années Chanel, Paris, Mercure de France, , 340 p. (ISBN 2715209746), p. 80
  2. « cinq histoires insolites associées à la fragrance » sur Le Parisien.fr, le 26 avril 2011
  3. a b et c Marta Represa, « Un chef-d’œuvre numéroté », L'Express Styles, Groupe Express-Roularta, no 3226,‎ , p. 20 (ISSN 0014-5270)
  4. Aurore Charlot, « Les basiques de la maison Chanel », sur elle.fr, Elle, (consulté le )
  5. a et b Histoire de Chanel
  6. Émilie Veyretout, « Gabrielle Chanel & Ernest Beaux : les parents terribles de N° 5 », Le Figaro, 11-12 août 2018, p. 14.
  7. a b et c Interview de Marie-Dominique Lelièvre : Arnaud Sagnard, « Coco Chanel, un parfum de scandale », L'Obs, no 2864,‎ , p. 58 à 59 (ISSN 0029-4713)
  8. a b et c John Emsley, Guide des produits chimiques à l'usage du particulier, Paris, Odile Jacob, , 336 p. (ISBN 2-7381-0384-7), p. 2-4
  9. « l'histoire d'un mythe » par Karina Goma, sur Elle Québec.com
  10. Pierre Galante, Philippe Orsini, Les années Chanel, Mercure de France, , p. 102
  11. (en) Tilar J. Mazzeo, The Secret of Chanel No. 5: The Biography of a Scent, HarperCollins, , p. 103
  12. (en) Tilar J. Mazzeo, The Secret of Chanel No. 5: The Biography of a Scent, HarperCollins, , p. 150
  13. Christine Rousseau, « « La Guerre du N° 5 » : un succès aux relents de soufre », sur lemonde.fr,
  14. « Les parfums que les Français adorent : Bénéficiant des moyens de LVMH, Dior s'impose en tête des ventes », Challenges, no 285,‎ , p. 33 (ISSN 0751-4417)
  15. Virginie Mouzat, « À la source », Vanity Fair n° 39, septembre 2016, page 79.
  16. Publicités anciennes pour le parfum, in : Give me five! sur le site internet de Madame Figaro
  17. Chanel advertisment, USA 1975
  18. « Le Chanel N° 5 mis en valeur par des égéries glamour » sur Le Parisien.fr, le 27 avril 2011
  19. a b et c Catherine Deydier, « N°5 de Chanel », in Le Figaro, samedi 28 / dimanche 29 juillet 2012, page 16.
  20. « Chanel N°5 - Train de Nuit / Version Courte », sur dailymotion, (consulté le )
  21. « N° 5, le nombre d'art », Obsession, no 10,‎ , p. 30 à 31 (ISSN 0029-4713)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes